Question d'origine :
Quelle est l'origine de la vierge noire ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 13/09/2005 à 13h03
Réponse du service Guichet du Savoir
Voici ce qui est indiqué dans l'ouvrage intitulé Vierges noires de Sophie Cassagnes-Brouquet :
Tout européen a eu, un jour, l'occasion de découvrir l'une des Vierges Noires qui peuplent les églises [...]. Mais très vite le premier étonnement passé, est venue l'interrogation :pourquoi des Vierges Noires quand des siècles de tradition et d'iconographie chrétienne nous ont accoutumés à l'image d'une Marie blanche et blonde ? Tous les auteurs qui se sont penchés sur le sujet des Vierges Noires se sont très vite heurtés à l'épineux problème de leurs origines. [...]
Les hypothèses les plus diverses se sont empressées de répondre à cette énigme troublante. Les présenter demande une grande circonspection car, bien souvent, elles furent échafaudées à partir de légendes, de suppositions, sans guère de preuves. Elles varient selon les auteurs du rationalisme le plus tranquille au mysticisme le plus fervent. Toutes ne méritent point d'être approfondies tant elles paraissent absurdes dès l'abord ; certaines sont plus subtiles, d'autres plus érudites.
Parmi les plus anciennes, apparaît à la fin du Moyen Âge une série de tentatives d'explication qui se veulent réalistes. Pour le père jésuite Van Steen (1556-1637), si les statues de la Vierge sont noires, c'est que les femmes de Palestine ont, elles-mêmes, le teint bronzé. [...]
Pour d'autres auteurs, ce n'est point la Vierge qui était noire mais les artistes qui auraient sculpté ses premières statues. Ainsi, des chrétiens coptes auraient été, en Egypte, à l'origine des représentations de la Vierge au teint sombre.
À ces théories toutes pragmatiques s'opposent des lectures mystiques et ésotériques des Vierges Noires. Symbole par excellence, la couleur noire répondrait à la mélancolie du Moyen Âge finissant (thèse soutenue par Louis Bréhier) et à la destinée douloureuse de la Vierge, ou bien à son appartenance à la race des pécheurs.
La fin du XIXe siècle et l'époque actuelle, marquées par le positivisme scientifique, ont tenu à régler, une bonne fois pour toutes, cette agaçante question. Pour bon nombre de chercheurs, il s'agit d'un faux problème. Le noircissement des statues est accidentel ; il résulte des péripéties historiques comme les incendies et de l'oxydation ou de l'encrassement des matières sous l'action de la fumée des cierges. Pourtant, on peut se demander pourquoi la fumée ne s'attaquerait qu'aux statues de la Vierge et non à celles des saints.
Comme on le constate, les tentatives d'explication sont nombreuses. Parmi toutes les hypothèses présentées, il est cependant possible de distinguer des thèmes unificateurs.
Bien des auteurs considèrent les Vierges Noires comme les dernières descendantes d'un culte antique, celtique ou gréco-romain, adressé à de vieilles divinités. On leur oppose, d'autre part, qu'il n'en est rien car le personnage de la Vierge est fondamentalement chrétien et qu'il répond à une lecture ésotérique ou mystique des Écritures. La traduction de ce langage codé, uniquement accessible à un petit nombre d'initiés, suffirait à résoudre l'énigme des Vierges Noires. Las de ces deux interprétations inconciliables, les historiens et historiens d'art leur ont préféré des explications positivistes, allant même jusqu'à nier l'existence des Vierges Noires. Ainsi, pour le chanoine Craplet, spécialiste de l'art roman Auvergnat, il n'y a pas de Vierges Noires, il n'y a que des statues romanes de Majesté, peintes, par la suite, en noir. Oui, mais pourquoi ? Quel besoin a-t-on ressenti de peindre certaines effigies de la Vierge tandis que d'autres conservaient une polychromie plus coutumière ?
Parmi les hypothèses les plus séduisantes, l'idée d'une persistance d'une religion plus ancienne, remontant à l'Antiquité gauloise, ne saurait être totalement écartée...
Nous vous invitons à consulter les chapitres suivants :
- La tradition celtique p. 129
- L'héritage antique p. 140
- Théories mystiques et ésotériques p. 150
- Justifications scientifiques et pratiques p. 159
Ainsi que les ouvrages suivants : Vierges noires présents à la Bibliothèque municipale de Lyon.
Voici ce qui est indiqué dans l'ouvrage intitulé Vierges noires de Sophie Cassagnes-Brouquet :
Tout européen a eu, un jour, l'occasion de découvrir l'une des Vierges Noires qui peuplent les églises [...]. Mais très vite le premier étonnement passé, est venue l'interrogation :
Les hypothèses les plus diverses se sont empressées de répondre à cette énigme troublante. Les présenter demande une grande circonspection car, bien souvent, elles furent échafaudées à partir de légendes, de suppositions, sans guère de preuves. Elles varient selon les auteurs du rationalisme le plus tranquille au mysticisme le plus fervent. Toutes ne méritent point d'être approfondies tant elles paraissent absurdes dès l'abord ; certaines sont plus subtiles, d'autres plus érudites.
Parmi les plus anciennes, apparaît à la fin du Moyen Âge une série de tentatives d'explication qui se veulent réalistes. Pour le père jésuite Van Steen (1556-1637), si les statues de la Vierge sont noires, c'est que les femmes de Palestine ont, elles-mêmes, le teint bronzé. [...]
Pour d'autres auteurs, ce n'est point la Vierge qui était noire mais les artistes qui auraient sculpté ses premières statues. Ainsi, des chrétiens coptes auraient été, en Egypte, à l'origine des représentations de la Vierge au teint sombre.
À ces théories toutes pragmatiques s'opposent des lectures mystiques et ésotériques des Vierges Noires. Symbole par excellence, la couleur noire répondrait à la mélancolie du Moyen Âge finissant (thèse soutenue par Louis Bréhier) et à la destinée douloureuse de la Vierge, ou bien à son appartenance à la race des pécheurs.
La fin du XIXe siècle et l'époque actuelle, marquées par le positivisme scientifique, ont tenu à régler, une bonne fois pour toutes, cette agaçante question. Pour bon nombre de chercheurs, il s'agit d'un faux problème. Le noircissement des statues est accidentel ; il résulte des péripéties historiques comme les incendies et de l'oxydation ou de l'encrassement des matières sous l'action de la fumée des cierges. Pourtant, on peut se demander pourquoi la fumée ne s'attaquerait qu'aux statues de la Vierge et non à celles des saints.
Comme on le constate, les tentatives d'explication sont nombreuses. Parmi toutes les hypothèses présentées, il est cependant possible de distinguer des thèmes unificateurs.
Bien des auteurs considèrent les Vierges Noires comme les dernières descendantes d'un culte antique, celtique ou gréco-romain, adressé à de vieilles divinités. On leur oppose, d'autre part, qu'il n'en est rien car le personnage de la Vierge est fondamentalement chrétien et qu'il répond à une lecture ésotérique ou mystique des Écritures. La traduction de ce langage codé, uniquement accessible à un petit nombre d'initiés, suffirait à résoudre l'énigme des Vierges Noires. Las de ces deux interprétations inconciliables, les historiens et historiens d'art leur ont préféré des explications positivistes, allant même jusqu'à nier l'existence des Vierges Noires. Ainsi, pour le chanoine Craplet, spécialiste de l'art roman Auvergnat, il n'y a pas de Vierges Noires, il n'y a que des statues romanes de Majesté, peintes, par la suite, en noir. Oui, mais pourquoi ? Quel besoin a-t-on ressenti de peindre certaines effigies de la Vierge tandis que d'autres conservaient une polychromie plus coutumière ?
Parmi les hypothèses les plus séduisantes, l'idée d'une persistance d'une religion plus ancienne, remontant à l'Antiquité gauloise, ne saurait être totalement écartée...
Nous vous invitons à consulter les chapitres suivants :
- La tradition celtique p. 129
- L'héritage antique p. 140
- Théories mystiques et ésotériques p. 150
- Justifications scientifiques et pratiques p. 159
Ainsi que les ouvrages suivants : Vierges noires présents à la Bibliothèque municipale de Lyon.
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