Question d'origine :
quelle est la définition de préadolescent et de préadolescence? Est-ce des nouveaux mots dans notre vocabulaire? Esc-ce un point de vue sociologique?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 09/09/2005 à 12h39
Le Grand Robert de la langue française indique :
Attesté 1986, mais antérieur ; de pré- et adolescence.
Période entre l'enfance et l'adolescence. La préadolescence se situe entre 11 et 13 ou 14 ans.
Voici un extrait de l'introduction signée Walter Bettschart de l'ouvrage intitulé Préadolescence : théorie, recherche et clinique :
Le choix du terme de préadolescence pour parler de cette période nécessite quelques commentaires. Il n'est pas inutile de rappeler que les âges de la vie sont une création culturelle et historique et qu'ils ont varié dans le temps. Alors que chez les Romains on était jeune ("juvenis") jusqu'à quarante ans et vieux ("senior") au-delà, c'est au VIe siècle qu'Isidore de Séville, recueillant dans ses "Etymologiae" les vestiges du savoir antique, divisa la vie en six périodes : l'"infantia" jusqu'à sept ans, la "pueritia" de sept à quatorze ans, l'"adulescentia" de quatorze à vingt-huit ans, la "juventus" de vingt-huit à quarante-neuf ans, la "senectus" de cinquante à soixante-dix-sept ans, et le "senium", de soixante-dix-sept ans jusqu'à la mort. Au Moyen Âge, comme pour les quatre saisons et pour les quatre humeurs d'Hippocrate, on privilégia le chiffre "4", avec les quatre âges de la vie : l'enfance, la jeunesse, le déclin, la vieillesse.
Selon Philippe Ariès, l'adolescence telle qu'on la connaît aujourd'hui, est une création du XIXe siècle. L'influence de J.-J. Rousseau a été prépondérante dans l'importance qu'on s'est mis à lui accorder. N'avait-il pas écrit : "Cet âge ne dure jamais assez pour l'usage qu'on doit en faire, et son importance exige une attention sans relâche : voilà pourquoi j'insiste sur l'art de le prolonger" ("L'Emile"). Au XIXe siècle, l'entrée dans l'âge adulte a été repoussée de plus en plus, c'est le temps des créations de collèges pour garçons, de pensionnats pour les filles, institutions au travers desquelles la société inculquait non seulement des savoirs et des savoir-faire, mais surtout les valeurs et les normes des classes dirigeantes.
Si l'on s'accorde à considérer globalement l'adolescence comme la période qui va de la fin de la latence à l'âge adulte, jusqu'à vingt ans environ, la subdivision à l'intérieur de l'adolescence est encore restée floue. Historiquement on peut mentionner le travail de
Pour notre part, nous avons choisi d'utiliser le terme de préadolescence pour rendre le terme anglais de early adolescence. Il ne s'agit donc pas de la puberté', mais d'une période qui s'étale entre onze ans et quinze ans. Ce concept n'est pas reconnu unanimement. Certains lui préfèrent les termes de "première adolescence" ou "prime-adolescence". Il n'est, en tout cas, pas adéquat de parler de postlatence car, en réalité, cette période ne s'inscrit pas dans la fin d'une phase évolutive ; elle inaugure plutôt une nouvelle étape. Quant au concept à'adolescence précoce, il nous paraît équivoque. Aujourd'hui, le concept de préadolescence est de plus en plus accepté et remplace judicieusement celui de puberté, terme trop limité à l'approche physique. Nous sommes ainsi en accord avec des auteurs comme Jean Piaget et Bàrbel Inhelder qui intitulent le chapitre 5 de La psychologie de l'enfant "Le préadolescent et les opérations prépositionnelles" et parlent de la période allant de onze-douze ans à quatorze-quinze ans, ainsi que de Robert Lafon qui, dans son Vocabulaire de psychopédagogie et de psychiatrie de l'enfant (1969), parle de la préadolescence comme d'une période allant de douze à quatorze ans environ.
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