Question d'origine :
le marché de la photographie d'art contemporain en expansion ? les photos vintage connaissent un véritable essor mais la photographie d'art contemporain ???
Je souhaiterai connaitre les chiffres de cette évolution au cours des dix, quinze ou vingt ans.
merci.
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 09/09/2005 à 15h50
Donner un état du marché de la photographie d’art contemporain est difficile faute d’une synthèse sur un marché évolutif.
Il faut tout d’abord préciser de quoi nous parlons. Nous citerons deux définitions qui nous paraissent pouvoir baliser le sujet.
Régis Durand (à l’époque de l’entretien directeur du Centre National de la photographie) indiquait dans « Qu'est ce que la photographie aujourd'hui? » : « Pour moi, la photographie contemporaine, c’est ce qui est non seulement actuel, mais qui reste dans l’emprise de notre connaissance ou de notre mémoire vécue. C’est ce qui relève de notre expérience directe. L’art actuel, pour moi, ce sont les trente dernières années, les années où je l’ai fréquenté ».
Raymond Moulin, dans son ouvrage « Le marché de l’art : mondialisation et nouvelles technologies » : indiquait à propos du marché des photographies contemporaines : « Même si la frontière entre elles est floue et évolutive, on peut distinguer deux grandes catégories d’épreuves photographiques. La première relève de la photographie « pure », celle que Jean Claude Lemagny désigne comme « photo créative » et qui suppose des apprentissages, des techniques et une culture spécifiques. Elle est produite par des professionnels de la photographie désignés comme « créateurs ». Elle est jugée en référence à l’histoire de la photographie, même si cette dernière n’est pas isolée de l’histoire de l’art. A la fin des années 60 une autre aventure s’est jouée, celle de la photographie d’artiste. Document, témoignage, trace, relique, la photographie est l’accompagnatrice du land art, de l’art conceptuel et des performances(…).
Le marché des photographies d’artistes présente une offre abondante, répartie entre divers courants artistiques. La gamme des prix est très étendue. Ils dépendent de la réputation de l’artiste, du nombre de tirages effectués, de la taille des différentes épreuves tirées à partir du même négatif. Le prix d’une épreuve tirée à 5 exemplaires varie souvent en ordre croissant de la première à la dernière ; l’effet de rareté est maximal si la cinquième épreuve reste seule disponible sur le marché ».
La valeur des photographies varie aussi selon la date du tirage, le fait qu’elle soit ou non contemporaine de la prise de vue, le nombre de tirages, la qualité du papier, l’état de conservation, le niveau d’authentification de la pièce.
Il fau noter que la rareté est un critère qui peut faire grimper les prix (exemple de Hamish Fulton qui décida de passer d’une édition de 50 à un exemplaire unique) mais à l’inverse, une photographie tirée à de très nombreux exemplaires peut fort bien atteindre des prix élevés (cf la photographie « Moon rising » d’Ansel Adams qui fut longtemps la photographie la plus chère du monde, dont il existerait 813 épreuves…).
Dans un article, daté de novembre 2004 (n° 563, p94-99), la revue l’Oeil indique dans une enquête sur le marché de l’art que le marché de la photographie se calme après 5 années d’envolée irrationnelle et que le secteur est parvenu à maturité.
« L’heure est à la saturation et son corollaire, la sélectivité. Selon Artprice, les produits de vente de photographies ont diminué de 10% en 2003 en raison de la contraction des échanges (- 16%), d’un taux de ravalés important (39%) et d’une baisse des prix. Le marché n’en est pas pour autant labile. Il est juste arrivé à maturité et corrige ses abus (...).
Ces dernières années la photographie plasticienne s’est mue en planche à billets. En hausse de 70% entre 1997 et 2000, les prix s’effondrent toutefois de 30% en 2003. Trop de tirages moyens, d’œuvres achetées et revendues selon un rythme spéculatif ont pollué ce marché. Une photographie de Nan Goldin est passée pas moins de 4 fois aux enchères entre mai 2000 et mai 2001. Adjugée 42 300 dollars la première fois, elle dérape à 34 705 dollars en 2001. En mai 2003, cette image ne vaut plus que 8500 euros chez Christie’s Milan (sans les frais) ».
Concernant l’évolution du marché nous vous conseillons :
la lecture des numéros de la revue l'Oeil, le marché de l’art 1999, 2000, 2001, 2002, 2003
un entretien avec Michel Durand-Dessert galeriste, analysant le marché a près environ 30 ans d’activité
un entretien avec Marc Pagneux expert, marchand, galeriste
le site Paris.art.com avec un texte d’André Rouillé « En art aussi le marché fait la loi »
le site artcult
les ouvrages de Raymond Moulin sur le marché de l’art
Le marché des tirages photographiques
La cote des photos de J.A. Akoun
Vous avez dit photographie ? : guide des lieux et activités
La consultation des bases de données Artbibliographies modern (consultable à la Bibliothèque Municipale de Lyon) et du Bulletin signalétique des arts plastiques accessible en ligne (www.ensba.fr/bsap/demoexl.html) donne les références de plus d’une soixantaine d’articles concernant le marché de la photographie.
Parmi ceux-ci nous vous recommandons particulièrement la lecture des revues suivantes consultables à la Bibliothèque Municipale de Lyon :
Art press n° 218, 1996 (p 14-15), n° 142 décembre 1989 (p 40-42)
Beaux arts magazine n° 210, novembre 2001 (p 84-99), n° 222, novembre 2002 (p 114-115)
Connaissance des arts n° 469, mars 1991 (p 128-129)
Etudes photographiques n°5, novembre 1998 (p 141-144)
Signalons enfin le Salon Paris photo, créé en 1997, qui se tiendra au Carrousel du Louvre à Paris du 17 au 20 novembre 2005.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter