homo sapiens
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 05/09/2005 à 15h21
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Question d'origine :
Bonjour,
je voudrais savoir pourquoi l´homo sapiens est l´espèce dominante sur le monde?
Et combien de temps restera-t-il encore?
Merci!
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 07/09/2005 à 09h34
Sauf à lire l'avenir dans une boule de cristal, nous ne voyons pas comment nous pouvons répondre de façon sérieuse à votre seconde question, et aucun scientifique ne s'engage à évaluer le "temps de domination" restant à l'Homme.
Voici un extrait d'un entretien accordé par Boris Cyrulnik au magazine Psychologies, qui replace l'Homme dans le monde vivant :
En fait, nous n’avons jamais appris ce que sont les animaux. Nous ne parlions que d’animalité afin de tracer une frontière, un fossé, un gouffre infranchissable entre eux et nous. L’idée que nous nous faisions des animaux était si honteuse que nous voulions à tout prix ne pas appartenir à la gente animale. Il fallait désespérément que la nature de l’homme soit surnaturelle, pour que nous soyons les seuls à posséder une âme et que les animaux ne soient que des machines.
Quand on a appliqué les techniques modernes d’exploration neurologiques et linguistiques, on a mieux compris les mondes mentaux des animaux. Le scanner a permis d’observer que tout cerveau, qu’il soit animal ou humain, s’atrophie quand il n’est pas stimulé par la sensorialité du milieu. Un oiseau élevé en isolement sensoriel atrophie son lobe temporal gauche et ne peut plus apprendre les chants de son espèce. De même, un enfant humain abandonné atrophie la base du cerveau des émotions et de la mémoire.
La caméra à positons a montré que le lobe temporal gauche des singes, qui correspond à la zone du langage analytique, est plus développé et fonctionne plus intensément que le lobe droit, plus intuitif. Et surtout, la comparaison des cerveaux de tous les êtres vivants révèle la mise en place graduelle, évolutive du cerveau préfrontal, qui traite l’anticipation, et s’associe avec le cerveau de la mémoire, qui traite le passé. Cet ensemble neurologique apparaît chez les oiseaux et se développe graduellement chez les mammifères et les singes. Il permet de se représenter un monde absent. L’homme en est le champion inter-espèces.
La notion de « coupure » a été un concept tragique puisqu’elle permettait d’attribuer la condition d’homme à quelques êtres vivants seulement. Nous ne considérions donc pas comme un crime le fait de chasser, d’atteler ou de tuer ceux qui en étaient exclus. Les femmes ont eu du mal à accéder à ce statut, et on n’a considéré le viol comme un crime qu’à partir du XIXe siècle ; les Aztèques ont longtemps été dépecés sans que les conquistadors ne soient gênés par les souffrances des Indiens.
La notion de hiérarchie dumonde vivant est un avatar de cette idée qui classe les êtres vivants en degrés d’humanité. En fait, l’intelligence existe bien avant la parole, qui crée une autre nature de l’intelligence. Nos bébés sont d’une intelligence fabuleuse. Ils apprennent à résoudre une foule de problèmes, bien avant le vingtième mois qui donne accès à l’intelligence verbale.
Le monde vivant dans son entier est structuré comme un langage d’indices, de signaux, d’images et de symboles. Tous les animaux y ont accès. Mais il faut être deux pour passer la convention d’un seul signe et se mettre d’accord pour que tel geste indique une chose ou qu’une sonorité convenue représente une idée. Les hommes ont créé la planète des signes et, depuis quelques décennies, ils y invitent les grands singes. Koko, Washoe et Kanzi sont devenus célèbres en apprenant à « gestuer » avec leurs mains le langage des signes des sourds américains. Mais le plus étonnant, c’est que ces… animaux… inventent des mots et des locutions nouvelles, les apprennent à leurs propres enfants et ont même été surpris à gestuer tout seuls, car le langage des signes améliore autant leurs communications que le monde intime de leurs représentations.
(...)
Pour en savoir plus, nous vous conseillons de consulter, outre les ouvrages de Boris Cyrulnik, en particulier le Dialogue sur la nature humaine, l'ouvrage collectif La plus belle histoire de l'Homme : Après La plus belle histoire du monde, où D. Simonnet reconstituait avec H. Reeves, J. de Rosnay et Y. Coppens, le récit des origines de l'univers de la vie, de l'homme, cet ouvrage raconte la suite de l'aventure : on voit cette fois l'intelligence succéder à la matière, la culture prendre le relais de la nature. Trois conquêtes : celle du territoire, celle de l'imaginaire, celle du pouvoir.
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