Question d'origine :
Bonjour !
J'ai entendu que le chocolat avait les effets suivants, est ce véridique?
J'ai entendu dire que le chocolat pouvait être comme une drogue, dans le sens où on pouvait difficilement s'en passer à partir dune certaine dose. Est ce véridique et si oui quelle est cette dose à ne pas dépasser?
Est-ce vrai que le chocolat favorise l'acné?
Est-ce que le chocolat est bon pour la mémoire?
Merci beaucoup !!!
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 02/09/2005 à 08h06
Le cacao contient environ 400 composés chimiques actifs : du potassium en quantité appréciable, du magnésium, du phosphore, un peu de vitamine. Mais ce sont surtout les polyphénols (dont font partie les flavonoïdes) qui retiennent l'attention. Il s'agit d'antioxydants. Les antioxydants, parce qu'ils neutralisent les radicaux libres à l'origine du vieillissement et de nombreuses maladies dégénératives, pourraient prévenir ou ralentir des maladies comme les cancers et les maladies cardiovasculaires. Un des polyphénols du chocolat, la catéchine, pourrait également intervenir dans le processus du cancer par le biais de son action au niveau cellulaire. D'autres aliments, comme les fruits et le thé, contiennent aussi des flavonoïdes, mais l'organisme a besoin que ces substances lui proviennent de différentes sources. Plus il y a de cacao dans le chocolat, plus forte est la concentration en flavonoïdes et en polyphénols. Par contre, le lait et le chocolat ne feraient pas bon ménage et empêcheraient l'absorption des antioxydants par l'organisme12.
On reproche beaucoup de choses au chocolat :
Malheureusement, l'idée selon laquelle le chocolat serait « bénéfique » pour la santé est à prendre avec un gros grain de sel. De telles affirmations - même si elles sont basées sur des données réelles - constituent des exagérations. Si le vrai chocolat contient effectivement des composés chimiques actifs intéressants, ceux-ci sont accompagnés d'une quantité importante de sucre, de gras et de calories (environ 250 kilocalories/100 g). Ce qu'on peut raisonnablement affirmer, c'est qu'il ne serait pas dommageable pour la santé - une bonne nouvelle, admettons-le, en autant qu'on le consomme avec modération, et qu'on s'assure par ailleurs d'avoir une alimentation saine riche en fruits, en légumes, en grains entiers et autres éléments nutritifs indispensables.
Allergie. Comme à peu près n'importe quel autre aliment, le chocolat peut provoquer une intolérance ou une allergie. Si l'intolérance se produit parfois (troubles digestifs, maux de tête), l'allergie est toutefois très rare et concerne souvent d'autres composantes (lait, vanilline, lécithine) que le cacao(1).
Excitabilité. La réputation qu'a le chocolat (et les autres friandises sucrées) de provoquer l'excitabilité et l'hyperactivité chez les enfants a été démentie par la recherche scientifique : 12 études en double-aveugle avec placebo n'ont jamais réussi à démontrer un tel lien (2).
Évidemment, le chocolat contient de la caféine, mais pas en concentration suffisante pour provoquer l'excitabilité. Aux États-Unis, les principales sources de caféine chez les enfants et les adolescents sont, par ordre décroissant, les boissons au thé, les boissons gazeuses et le café; les produits chocolatés (bonbons et boissons) arrivent au dernier rang. Il faudrait six tablettes de chocolat (de 50 g) pour équivaloir à la quantité de caféine contenue dans une canette de cola (3). Le chocolat contient également de la théobromine, un stimulant du système nerveux central dont l'effet est moindre que celui de la caféine.
Acné. Plusieurs recherches ont étudié l'impact du chocolat sur l'acné et aucune n'a réussi à démontrer un lien de cause à effet (4).
Cholestérol. Selon plusieurs recherches, l'acide stéarique, un des gras saturés particulièrement présent en grande proportion dans le cacao, serait différent des autres gras saturés en ce qu'il n'agirait pas sur le niveau de cholestérol, notamment parce il serait moins bien absorbé par l'organisme que les autres gras saturés9. Au cours d'une de ces études, à l'Université de Pennsylvania State, on a procédé à une expérience de huit semaines auprès de 23 personnes (10 hommes et 13 femmes, âgés de 21 à 62 ans) : la moitié du groupe consommait une alimentation typiquement nord-américaine (et donc faible en flavonoïdes parce que pauvre en fruits et légumes) alors que l'autre groupe suivait exactement le même régime alimentaire, plus un apport quotidien de 22 g de poudre de cacao et 16 g de chocolat noir. Après huit semaines, les analyses de sang ont révélé que non seulement le taux de (mauvais) cholestérol LDL n'avait pas changé, mais que le taux de (bon) cholestérol HDL avait légèrement augmenté (+ 4 %)5.
Par contre, selon des recherches de laboratoire, il est possible que l'acide stéarique augmente l'activité plaquettaire, ce qui pourrait favoriser la formation de caillots et aggraver les risques d'accidents cardiovasculaires (11).
Dépendance. Plusieurs études ont porté sur l'aspect de la dépendance au chocolat, sans qu'aucune démonstration ne puisse être faite à cet effet. Au su de ces recherches, les scientifiques croient que ce que certaines personnes appellent « leur dépendance » relèverait plutôt d'un état de manque (craving, en anglais) entretenu par une attitude mentale ambivalente : cet aliment étant considéré comme éminemment désirable, mais néfaste, toute tentative de s'en priver augmenterait le désir (6). Il faut également tenir compte de l'effet « euphorisant » du chocolat qui, comme tout aliment savoureux - et le chocolat possède une bonne cote à cet égard! - stimule la production d'endorphines (substances qui inhibent la transmission des messages douloureux) dans le cerveau (7).
Si les femmes sont, davantage que les hommes, portées aux « crises » de chocolat, on croit que cela serait lié à l'effet du chocolat sur les changements d'humeur déclenchés par les fluctuations hormonales mensuelles. La conclusion que deux nutritionnistes ont tirée de leur revue de près de 75 études publiées au cours des dernières 20 années est que les « crises » de chocolat sont attribuables tant à des composantes personnelles (sensualité, émotions, valeurs sociales, cycles hormonaux) qu'aux composés chimiques du chocolat lui-même (8).
Prévention du cancer. Que le chocolat contienne des substances antioxydantes ne fait aucun doute (9). Une étude dit même que le chocolat chaud en contiendrait plus que le thé vert et le vin rouge (13). Que ces substances puissent ralentir le processus du cancer fait encore l'objet d'une grande quantité de recherches et de nombreux débats. Que la consommation d'antioxydants provenant du chocolat soit suffisante pour influer sur quoi que ce soit à ce chapitre est très peu probable.
Notes
1. Fries JH. Chocolate: a review of published reports of allergic and other deleterious effects, real or presumed. Ann Allergy. 1978 Oct;41(4):195-207. Review.
2. Krummel DA, Seligson FH, Guthrie HA. Hyperactivity: is candy causal?Crit Rev Food Sci Nutr. 1996 Jan;36(1-2):31-47. Review.
3. Shively CA, Tarka SM Jr. Methylxanthine composition and consumption patterns of cocoa and chocolate products.Prog Clin Biol Res. 1984;158:149-78. Review.
4. Rasmussen JE. Diet and acne. Int J Dermatol. 1977 Jul-Aug;16(6):488-92. Review.
5. Kris-Etherton PM, Yu S. Individual fatty acid effects on plasma lipids and lipoproteins: human studies. Am J Clin Nutr. 1997 May;65(5 Suppl):1628S-1644S. Review.
6. Rogers PJ, Smit HJ. Food craving and food "addiction": a critical review of the evidence from a biopsychosocial perspective.Pharmacol Biochem Behav. 2000 May;66(1):3-14. Review.
7. Benton D, Donohoe RT. The effects of nutrients on mood. Public Health Nutr. 1999 Sep;2(3A):403-9. Review.
8. Bruinsma K, Taren DL. Chocolate: food or drug?J Am Diet Assoc. 1999 Oct;99(10):1249-56. Review.
9. Weisburger JH. Chemopreventive effects of cocoa polyphenols on chronic diseases. Exp Biol Med (Maywood). 2001 Nov;226(10):891-7
10. Source : Comité français d'éducation pour la santé (CFES), bulletin du 16 juin 2001.
11. Hoak JC. Stearic acid, clotting, and thrombosis. Am J Clin Nutr. 1994 Dec;60(6 Suppl):1050S-1053S. Review.
12. Serafini M, Bugianesi R, Maiani G, Valtuena S, De Santis S. & Crozier A. Plasma antioxidants from chocolate, Nature Publishing Group. 2003 Aug;10.1038/4241013a Review.
13. Source : Hot cocoa tops red wine and tea in antioxidants; may be healthier choice, Eurekalert.org, 5 novembre 2003.
Pour aller plus loin :
- Le chocolat / Katherine Khodorowsky, Hervé Robert (collection Idées reçues)
- L'ABCdaire du chocolat / Katherine Khodorowsky, Hervé Robert
- dossier Vive le chocolat, doctissimo.fr
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Les proches de personnes en situation de handicap peuvent-ils...
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter