legislation suicide
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 26/08/2005 à 15h26
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Question d'origine :
En lisant Beccaria, j'ai cru comprendre que le suicide était sous l'ancien régime considéré comme un délit par la justice civile.La position de l'Eglise sur ce point est connue, mais qu'en dit la loi de l'époque?Et si c'est un délit, quelle est la peine encourue par le suicidé?
MERCI DE ME REPONDRE
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 29/08/2005 à 15h34
Le suicide était effectivement criminalisé jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, et les peines, réelles. Voici un extrait d'une communication de Dominique Godineau (Crhisco, UHB), Approches de la mort volontaire au XVIIIe siècle :
Plusieurs centaines de cas de suicide (ou tentative) ont donc été relevés (la majorité à Paris), dans des écrits (Correspondance littéraire, Journal du libraire parisien Hardy) et surtout dans les archives judiciaires.
En tenant compte de ces réserves, on peut assurer que les juges sont plus cléments à partir des années 1770, que les suicidés sont majoritairement des hommes (60 à 80 % selon les sources), dont la moitié a entre 30 et 50 ans, avec un fort pourcentage de célibataires. Tous les milieux sociaux sont représentés, avec une dominante populaire (salariés à Paris, paysans en Bretagne). Les moyens utilisés sont variés (pendaison, majoritaire dans les campagnes, arme blanche, défenestration, noyade, arme à feu, poison), avec des différences entre hommes et femmes. Mis à part les cas de folie avérée (10 %), les témoignages ou la lettre parfois laissée par le défunt présentent le suicide comme résultant de difficultés matérielles (de la misère à la faillite), d’ennuis avec la justice (se tuer plutôt qu’être arrêté), de chagrins amoureux ou familiaux, de problèmes liés au travail, ou d’événements politiques pendant la Révolution. Les enquêtes révèlent les réactions des proches (parents, voisins, camarades de travail) et dessinent les réseaux plus ou moins lâches entourant ceux qui vivent seuls ; attention, sollicitude, surveillance forment une toile d’araignée protectrice autour de ceux qui ne vont pas bien, qui ont « du chagrin », sont « mélancoliques » ou sujets à des crises de démence. En général n’apparaît pas de réprobation marquée du suicide, mais plutôt de la compassion et de la « curiosité » : on va voir le mort, et la rumeur de son suicide circule dans les rues de la ville ou les bourgs des campagnes. Enfin, les document renseignent sur le rapport à la religion, à l’argent, au vêtement et à l’image de soi qu’on a voulu donner ou qu’on veut laisser.
Vous pouvez également consulter ce document : La punition mise à nu : pénalisation et criminalisation du suicide dans l'Europe médiévale et d'Ancien Régime disponible auprès de la librairie Decitre qui évoque également les anciennes peines corporelles et dégradantes pour comportement suicidaire.
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