Question d'origine :
bonjour,
que pouvez vous me dire sur Zoran Music ? Il s'agirait d'un peintre qui vivait à Venise, qui a connu les camps de concentration et qui est mort il y a quelques mois. Merci !
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 24/08/2005 à 12h57
Les documents qui témoignent de la vie et de l’œuvre de Zoran Music sont très nombreux : livres, catalogues d’exposition, articles, sites internet ….
Pour une première approche voici une biographie condensée de ce peintre présentée par la Galerie Michel Fillon à Paris.
Quelques repères biographiques:
Anton Zoran Music est né en 1909 à Gorizia, appartenant à l'époque à l'empire austro-hongrois. Il fait ses études à Maribor, avant de s'inscrire à l'Académie des Beaux-Arts de Zagreb. Music commence à dessiner les paysages en Dalmatie où il s'installe après un long voyage en Espagne. Zagreb puis Ljubljana accueillent ses premières expositions en 1941. Music se rend pour la première fois à Venise en 1943 et expose à Trieste puis à la Piccola Galleria de Venise où De Pisis préface le catalogue de l'exposition.
Arrêté par la Gestapo en 1944 et accusé de collaborer avec des groupes anti allemands de Trieste, Music est déporté à Dachau où il parvient à dessiner et à écrire l'horreur qu'il vit et qu'il voit. En avril 1945, le camp est libéré par les américains et Music, malade, va s'installer à Venise. Il y peint ses premiers autoportraits et ses premiers chevaux, il réalise des aquarelles aux Zattere et à Saint Marc. En 1948, Music expose pour la première fois à la Biennale Internationale de Venise, cette même année il fait la connaissance de Kokoschka, de Tobey et de Campigli avec lequel il se lie d'amitié. Il effectue en 1949 ses premières pointes sèches tirées par lui même à Venise, sur les presses de l'Academie. Il expose à la Galerie de France, Paris, en 1952, un an plus tard, New-York accueille sa première exposition. Music grave ses premières eaux-fortes à l'atelier Lacourière à Paris en 1955, activité qu'il continuera désormais très régulièrement. En 1956 Music obtient le Prix d'Art Graphique de la Biennale de Venise, puis le Prix d'Art Graphique de la Biennale de ljubljana. En 1959 Music s'installe à Paris dans l'atelier qui avait appartenu à son ami leon Gischia.
Au début des années 60, Music passe tous ses étés à Cortina pour dessiner et peindre, un an plus tard Rolf Schmücking publie le premier catalogue raisonné de l'oeuvre graphique de l'artiste de 1947 à 1961. Le musée de Bâle lui achète 26 dessins dont 10 de 1945, de Daschau.
En 1970, début du cycle NOUS NE SOMMES PAS LES DERNIERS, série de tableaux sur l'horreur des camps. Exposition à la galerie de France, puis à Munich et Bruxelles. De nombreux musées achètent des oeuvres. En 1972, Music dessine dans la forêt des Maures des chènes lièges (série motif végétal). Cette même année, le Musée d'Art Moderne de la ville de Paris consacre la première grande rétrospective du peintre. Entre 1976 et 1980, Music dessine dans la forêt de fontainebleau et dans les Dolomites, c'est la série des paysages rocheux. Beaucoup d'expositions se succèdent (Darmstat, Bâle, Oslo). Au début des années 80 Music réalise la série des Canale della Guidecca, puis la série des intérieurs de cathédrales.
En 1990 le Künstlerhaus de Klagenfurt expose des oeuvres de la Fondation Music qui a été créée par la Municipalité de la ville. De très nombreuses expositions sont organisées les années suivantes (Bâle, Genève, Antibes, Milan, Venise etc.). Zoran Music est mort en mai 2005.
Cette galerie Michel Fillon présente également des images de 23 gravures, lithographies et peintures de cet artiste italien.
Un texte de Françoise Cachin, Directeur des musées de France, en introduction au catalogue de l’exposition monographique de Z. Music au Grand Palais, à Paris, en 1995, témoigne de l’importance et de la place toute particulière de l’œuvre de l’artiste sur la scène artistique du 20e siècle :
« Parmi les grandes œuvres contemporaines, celle de Zoran Music, occupe à l’évidence une place aussi singulière qu’essentielle. Singulière parce qu’il est difficile de la définir au moyen des catégories en cours aujourd’hui, et plus encore de la rattacher à quelque courant ou à quelque « école » que ce soit. Essentielle parce que tout en portant témoignage des événements les plus terribles de notre temps, qui posent la question du sens même de l’art, elle conserve à celui-ci une émouvante confiance. Attachée à l’évocation du monde sensible et des êtres plutôt qu’à leur représentation, l’oeuvre de Music se situe aux confins du champ figuratif et de l’imaginaire, dans un espace où le réel est tantôt accablé, tantôt transfiguré par les souvenirs, sans jamais céder à la tentation de l’éloquence. »
Le catalogue Zoran Music.qui contient ce texte, est un document très riche. Il présente la reproduction d’un nombre important des oeuvres de Music de toutes les époques ainsi qu’une biographie détaillée qui mêle les événements de la vie du peintre à des citations de ses pensées. Une bibliographie conséquente (expositions, monographies, catalogues, articles, les propres écrits de l’artiste).
D’autres sources variées peuvent être intéressantes :
- Artcyclopedia pour des renseignements d’ordre commercial (ventes publiques…)
- Une interview de Z. Music par la psychanalyste Vanessa Delouya
- Un article du journal Libération au moment de la mort du peintre.
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