Question d'origine :
Bonjour, je voudrais savoir pourquoi La suisse n'a pas été envahie pendant la guerre 39-45 par Hitler.Sachant que La suisse posséde beaucoup d'argent dans ses banques de tous les pays et que l'invasion de ce pays par Hilter aurait rapporté beaucoup d'argent pour l'Allemangne...
Merci d'avance
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 09/08/2005 à 08h40
La réponse à votre question pourrait se résumer à ce court extrait d’un ouvrage paru en 1968 (réédité en 1997) : Du bonheur d'être Suisse sous Hitler / Jean-Baptiste Mauroux
"Non, ce n'est pas la soi-disant invincibilité de notre armée conjuguée à l'atout géographique de notre fortin alpin qui a fait hésiter Hitler à nous envahir (...). Mais ce sont plutôt et surtout notre étroite et active collaboration économique avec le Reich, nos accords de clearing, les armes qui sortaient de nos usines pour aller renforcer le potentiel militaire de la Wehrmacht, notre position stratégique au cour de l'Arc alpin, la sécurité et la discrétion de nos places financières qui recueillirent les tonnes d'or volées par les nazis, notre rôle de plaque tournante de l'espionnage international qui furent autant d'atouts que Hitler et son état-major ont soupesés à l'aune des seuls intérêts de leurs ambitions hégémoniques, atouts qui se sont imposés dans l'analyse des dirigeants nazis comme infiniment plus rentables qu'une invasion destructrice de notre pays."
Mais ces propos méritent d’être développés : en effet, l’aspect économique est très largement abordé dans les documents que nous avons consultés : Il y a quelques années encore, on considérait que la résistance armée du pays avait été déterminante pour éviter à la Suisse d'être envahie. Aujourd'hui, on peut affirmer que nos relations économiques avec l'Allemagne, en particulier en ce qui concerne les transactions en or effectuées avec la Banque Nationale, ont largement contribué à la préservation de notre intégrité territoriale. Dès 1940, l'Allemagne et l'Italie sont les principaux destinataires des exportations suisses. On estime que 60% de l'industrie d'armement, 50% de l'industrie d'optique et 40% de l'industrie des machines travaillent pour le Reich. Il s'agit de matériel de pointe que les Allemands peuvent difficilement trouver ailleurs. De même, la ligne ferroviaire du Gothard revêt une importance primordiale, car elle relie les deux capitales Rome et Berlin. Elle voit augmenter considérablement le transit Nord-Sud. Ce commerce avec l'Allemagne était nécessaire pour obtenir le charbon, le fer, les huiles ou les semences dont la Suisse avait besoin. Il a enrichi des banques et des industries. Pour Berne, mais aussi pour les syndicats, il est essentiel que l'économie tourne ; les considérations éthiques n'ont que peu de place dans ce raisonnement. La Banque Nationale Suisse (BNS) achète pour 1,7 milliards de francs-or (souvent pillé aux pays victimes du Reich) d'or à la Reichsbank allemande. Selon le rapport de la commission Bergier, la BNS savait en 1941 déjà que la Reichsbank lui fournissait de l'or volé.
Source : La Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale.
Quelques ouvrages :
* Le dictionnaire de la seconde guerre mondiale (Tome 2 , pp.1759-1762)
* Histoire de la Suisse / Jean-Jacques Bouquet
* Histoire de la neutralité suisse / Edgar Bonjour
Par ailleurs, un dossier en ligne intitulé « La Suisse, le national-socialisme et la seconde guerre mondiale » réalisé par l’AIDH (L'Association Internet pour la promotion des Droits de l'Homme à Genève) vous apportera des éclaircissements.
Il analyse les travaux de « La Commission indépendante d'experts Suisse - Seconde Guerre mondiale (CIE) » : Dans le cadre de son mandat, la Commission s'est attachée aux transactions portant sur l'or et les devises en rapport avec la Banque nationale suisse et les banques commerciales privées. Elle a examiné également l'ensemble des avoirs, assurances et biens culturels compris, placés en Suisse tant par les victimes du régime national-socialiste que par ses représentants ou par ceux qui y ont collaboré. Quant aux relations entretenues par les entreprises commerciales et industrielles suisses avec l'économie allemande, elles ont été analysées sous le double angle de la participation aux mesures d'aryanisation et de l'exploitation des travailleurs forcés. Un autre champ d'étude portait sur la politique à l'égard des réfugiés dans le contexte des relations de la Suisse avec les puissances de l'Axe et les Alliés. Les années d'après-guerre entraient également dans le cadre de l'analyse, qui s'est penchée sur les mesures prises par l'Etat en vue de la restitution des biens pillés (Accord de Washington, 1946; Arrêté fédéral sur les avoirs en Suisse d'étrangers ou d'apatrides persécutés pour des raisons raciales, religieuses ou politiques, 1962).
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