blondeur et rousseur
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 03/08/2005 à 20h04
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Question d'origine :
Vous avez parlé dans un de vos messages de la couleur bleue des yeux. Par extension, j'ai pensé aux cheveux.
J'aimerais savoir ce qu'il en est des cheveux blonds.
Pourquoi deux parents aux cheveux bruns peuvent-ils avoir des enfants aux cheveux blonds (c'est notre cas... mais nous étions très blonds petits... même si c'est difficile à croire pour ceux qui nous voient... ) Nous sommes très bruns, et nos enfants sont blonds-blancs ou blonds-roux. En revanche, ma soeur qui n'a jamais été blonde (son mari non plus) a un enfant très blond également. Les deux parents sont noir corbeau.
J'imagine que là encore c'est une histoire de gènes récessifs, dominants, et de dose de mélanine, etc. mais quid des roux? C'est un gène récessif ou dominant?
Pour les yeux, si j'ai bien compris, on naît tous avec des yeux bleus, et c'est la mélanine qui se dépose ou non qui fait les yeux bruns ou non.
Serait-ce à dire qu'on naîtrait tous blonds et ce serait la mélanine qui apparaîtrait plus tard qui déterminerait la couleur de nos cheveux? Cela n'a pas de sens, je connais des bébés qui naissent bruns.
Aussi, pourquoi ne reste-t-on pas blond? Beaucoup de blonds, en vieillissant, brunissent. Jusqu'à 13 ans, j'avais des cheveux très blonds(la seule de la famille, aussi, sur plusieurs membres), puis je suis devenue brune, pas châtain, mais bien brune. Alors, j'aurais de la mélanine qui se serait déposé plus tard?
Enfin, est-ce vrai que le blond est une couleur de cheveux appelée à disparaître? on me dit que, circonscrite géographiquement, elle aurait tendance à se faire supplanter par la couleur brun beaucoup plus présente dans le monde (ce serait ici aussi une quesiton de gènes récessifs et dominants)
Alors, quid des roux, encore une fois?
Mille mercis
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 04/08/2005 à 15h27
Si vous relisez attentivement la réponse faite à la question sur la couleur des yeux bleus, vous noterez qu'il n'y est pas seulement fait mention de deux gènes l'un récessif, l'autre dominant, mais de la combinaison de plusieurs gènes qui interfèrent. Les théories de génétique classique ne permettent plus de systématiser des mécanismes héréditaires que la biologie moléculaire révèle être bien plus complexes. Par ailleurs, ce qui est vrai pour les yeux ne l'est bien évidemment pas forcément pour les cheveux.
Comme la couleur des yeux, des cheveux et de la peau sont généralement liées, la pigmentation de tous les tissus pourrait être régie par un groupe de gènes polyphéniques alors que d’autres gènes influenceraient la pigmentation de chaque tissu séparément : par exemple la clarté de la peau de la race blanche serait due à la présence de gènes dominants inhibant l’action de la synthèse de la mélanine.
La présence de mélanine comme pigment responsable de la couleur des cheveux et de la peau semble confirmer cette hypothèse. Bien que la couleur de la peau soit encore déterminée par la présence de carotène dans la graisse sous-cutanée, par la concentration et le taux d’oxygénation de l’hémoglobine et par la présence dans le sang d’autre pigments, notamment d’origine biliaire, c’est la mélanine qui est responsable des différences de couleur des diverses parties du corps, des individus d’une même race et des différentes races.
Les causes de l’échec de la génétique classique dans l’explication de l’hérédité de la couleur des yeux, des cheveux et de la peau chez l’homme sont nombreuses : il est impossible d’étudier ces caractères sur des animaux de laboratoires puisqu’ils sont propres à l’homme, la vie humaine est longue et la maturité sexuelle est acquise tardivement, le taux de reproduction est faible, le patrimoine génétique humain avec 50 000 gènes est très grand, il est impossible d’obtenir des lignées pures et il est difficile de déterminer la part de l’influence du milieu et la part de l’influence génétique dans les caractères observés.
En l'état actuel des connaissances, il est impossible de déterminer quelle est la chaîne ADN qui détermine le codage de la mélanine, même si la biologie moléculaire a permis de grandes avancées, comme l'isolement de certains codages ADN pour des maladies données.
Plusieurs raisons expliquent cette impasse. La synthèse des mélanines est conditionnée par les enzymes tyrosinases dont il existe plusieurs sortes. Chacune de ces enzymes est codée par une séquence d’ADN particulière. Comme les loci de ces différentes enzymes ont toutes les chances d’être disséminés sur le génome humain et non à la suite les uns des autres, la probabilité de la présence d’un gène polymorphe est très grande. La synthèse des mélanines est aussi influencée par une hormone d’origine hypophysaire la MSH (Melanocyte Stimulant Hormon) et par la lumière du soleil.
D’autre part des inhibiteurs de l’activité des enzymes tyrosinases ont été découvert et l’un deux a été isolé: la g-glutamylcystéinylglycine (GSH). La production de mélanine est donc encore conditionnée par la présence d’inhibiteurs dont l’activité est mal connue, et dont la fabrication dépend aussi d’une séquence d’ADN particulière.
Didier Meuwly, Docteur en médecine légale, responsable du département chimie de l'Institut de Médecine Légale des Pays Bas, et auteur de l'article dont sont extraits les passages précités, "Génétique de la couleur des yeux et des cheveux : connaissances actuelles quant aux gènes responsables ?", conclut en ces termes :
Le nombre d’hypothèses non confirmées rend la conclusion difficile. Cependant, grâce à la complémentarité de la génétique classique et de la biologie moléculaire plusieurs informations peuvent tout de même être retenues : la couleur des yeux, de la peau et des cheveux sont des caractères qui varient au cours de la vie. Ils dépendent grandement de la mélanine dont la synthèse est déterminée par plusieurs gènes, peut-être polymorphes. Cette synthèse est favorisée par l’hormone MSH et la lumière du soleil et freinée par des inhibiteurs.
Il est donc difficile de quantifier l’influence de chaque facteur, car certains sont impossible à maîtriser, d’autres nous sont peut être encore inconnus. De ce fait il est aussi difficile à quantifier la variation potentielle de ces caractères chez un individu.
De grandes découvertes sont encore à attendre de la biologie moléculaire bien qu'il s’avère peu vraisemblable que la détermination de la couleur des yeux, des cheveux et de la peau puisse un jour se résumer en un test simple; de plus celui-ci n’apporterait qu’une information groupale.
Un espoir subsiste tout de même d’obtenir un jour des informations absolues sur un individu à partir d’une simple trace biologique: d’autres caractères morphologiques sont peut-être codés par des gènes simples. Cette supposition ne pourra cependant être vérifiée que lorsque le génome humain entier sera connu et cette connaissance ne sera pas acquise avant 30 à 40 ans.
En ce qui concerne la pigmentation des cheveux, plusieurs combinaisons sont possibles, car il n'existe pas une, mais des mélanines, et comme nous venons de le voir, leurs couleurs varient selon la zone à colorer. Voici celles des cheveux :
Le nom de mélanines (du grec melas, melanos, noir) recouvre une famille de pigments très divers, à la fois par leur origine, leur structure, et parfois leur couleur. Ce sont des polymères (molécules formées par l'assemblage de nombreuses petites molécules) dont la couleur varie du jaune au brun et au noir; certaines sont rouges. Dans l'organisme, elles sont souvent combinées à des protéines.
Les mélanines jouent à la fois un rôle photoprotecteur (protection contre les rayonnements solaires par absorption des photons et des radicaux libres ) et photoagressif (libération de radicaux libres.
On classe les mélanines selon leur couleur en :
phæomélanines (ou phéomélanines, jaune à rouge-brun clair, solubles dans la soude) et eumélanines (brun à noir, insolubles), mélanines animales : par exemple les pigments des cheveux, des plumes et de l'encre des Céphalopodes (sépiomélanines) qui sont des eumélanines; ils peuvent en outre (dans les plumes) participer à des phénomènes de diffraction de la lumière donnant ainsi des couleurs irisées. Les pigments de cheveux humains roux et des poils de renards rouges sont des phæomélanines. Les phæomélanines et eumélanines peuvent coexister ou s'ajouter à d'autres pigments et l'on obtient ainsi une grande variété de pigmentations (dans les plumes par exemple).
source : Analyse génétique moderne, Griffiths et al., 2001, DeBoeck Université.
Enfin, pour répondre à votre dernière question sur la "disparition des blonds", voici un communiqué de l'OMS du 1er octobre 2002 :
Clarification d'informations erronées faisant état de recherches génétiques de l'OMS sur la couleur des cheveux
1 octobre 2002 -- En réponse aux informations parues ces derniers jours dans les médias et citant une prétendue étude de l'Organisations mondiale de la Santé(OMS) prédisant l'extinction du gène "cheveux blonds", l'OMS tient à préciser qu'elle n'a jamais entrepris de recherche sur ce sujet, pas plus qu'elle n'a, à sa connaissance, publié de rapport prévoyant la probable disparition des "vrais blonds" d'ici 2202. L'OMS ignore la provenance de ces informations mais tient à souligner qu'elle n'a pas émis d'opinion quant à l'existence future des cheveux blonds.
source : OMS
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