Question d'origine :
Bonjour,
Dans L'Art, de Martine Lucchesi, l'auteure fait référence à un tableau de Nicolas Poussin, sans le nommer précisément.
Il s'agirait d'une oeuvre où la peinture serait personnifiée par une Muse, accueillie par ses consœurs qui lui tendent leurs bras.
(Référence au fait que la peinture ne figurait pas dans les muses antiques)
Je ne parviens pas à trouver le titre de cet oeuvre, alors si vous pouviez m'aider... Merci !
Clément
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 31/08/2012 à 11h29
Bonjour,
Après recherches, l’œuvre de Nicolas Poussin à laquelle vous faites référence se nomme Apollon et les Muses ou Le Mont Parnasse, peinture à l’huile de 1630 et conservée au musée du Prado, à Madrid.
En outre il apparaît qu’il n’a jamais existé de muse de la peinture (voir Dictionnaire de l'Antiquité : mythologie, littérature, civilisation) et comme nous n’avons pu consulter l’ouvrage que vous citez, L’Art de Martine Lucchesi-Belzane, nous n’avons pas pu relire le passage qui se rapporte au tableau de Nicolas Poussin.
Cependant, ainsi que nous allons vous le démontrer, le personnage en question n’est en rien une muse accueillie par ses consœurs, mais Castalie, nymphe de la fontaine du mont Parnasse.
Nous allons donc décortiquer le tableau afin de mieux illustrer notre propos.
La scène se déroule sur le Mont Parnasse, l’une des demeures du dieu Apollon et de ses Muses.
En haut à droite du tableau, Apollon, dieu de la Lumière, de la Beauté, des Arts, des Lettres et de la Divination, trône, torse nu, et tend une coupe de nectar au poète Homère, situé devant lui, à genoux.
Les neuf Muses sont côte à côte sur la gauche du tableau. Sept sont facilement identifiables, les deux dernières étant supposées.
Si nous suivons la composition du tableau de la droite vers la gauche du tableau, en partant de la gauche d’Apollon, nous pouvons distinguer :
_ Calliope, avec sa couronne d’or, muse de la poésie épique, qui appose une couronne de lauriers sur la tête d’Homère
_ Euterpe, avec sa flûte, muse de la musique
_ Polymnie, avec sa couronne de perles, muse de l’art d’écrire et de la pantomime
_ Terpsichore (?), par déduction, ici sans signe distinctif, muse de la danse
_ Erato, avec sa couronne de roses, muse de la poésie lyrique
_ Melpomène, masque tragique et épée à la main, muse de la tragédie
_ Clio, avec sa trompette, muse de l’histoire
_ Uranie (?), qui est la seule à porter un chignon, peut-être une allusion au globe terrestre qu’elle porte habituellement dans sa main, muse de l’astronomie
_ et enfin Thalie, tenant un masque comique, muse de la comédie
Au centre du tableau se trouve donc une jeune femme dénudée, assise sur un drapé bleu, les jambes dans une source, ou une cascade, et tenant une amphore : c’est donc la personnification de la nymphe Castalie, qui a donné son nom à la fontaine du mont Parnasse.
Les petits anges à ses pieds apportent l’eau purificatrice aux poètes, artistes et hommes savants, sis de part et d’autre de la fontaine, afin qu’ils puissent se purger avant de pénétrer dans le temple d’Apollon.
Nicolas Poussin a peint cette œuvre, en 1630, alors qu’il se trouvait en Italie, et a donc fortement été influencé par l’école italienne, et donc les sujets antiques, et surtout par une fresque similaire du peintre Raphaël.
Afin de compléter notre propos, voici les définitions du Mont Parnasse et de Castalie :
_ Le Mont Parnasse, sur Wikipédia :
Mont parnasse ou parnasse : (du grec ancien Παρνασσός / Parnassós)
Montagne du centre de la Grèce, qui surplombe la cité de Delphes. Particulièrement vénéré dans l'Antiquité, il était consacré à la fois au dieu Apollon et aux neuf Muses, dont il était l'une des deux résidences. Il fait partie des dix parcs nationaux de Grèce… Par ailleurs, le mont Parnasse est brièvement évoqué dans l’Odyssée d'Homère comme étant le lieux où le héros Ulysse aurait été blessé par un sanglier dans sa jeunesse.
_ Castalie :
In La grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts : par une société de savants et de gens de lettres sous la dir. de M. Berthelot.
«Source située auprès du Mont Parnasse et consacrée aux Muses et à Apollon.
La fontaine de Castalie n’était connue des Grecs que pour ses vertus expiatoires et purificatrices. On y puisait l’eau des libations accomplies au temple des Delphes. Ce fut chez les poètes romains qu’elle fut célébrée d’abord comme la source de l’inspiration poétique. »
In Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse.
« Célèbre fontaine de la Grèce antique, dans le Phocide, sur le versant du Parnasse ; elle doit son nom, d’après la Fable, à la nymphe Castalie, nymphe chaste, qui, pour échapper aux poursuites d’Apollon, se précipita dans la fontaine et s’y noya. Cette source était consacrée aux Muses, qui en furent surnommées Castalides. Ses eaux donnaient l’esprit poétique à ceux qui en buvaient.
Elle naît dans l’enfoncement qui est entre les deux cimes du mont Parnasse, Cyrrha et Nysa, et se précipite par plusieurs cascades sur la pente d’un rocher. »
Pour conclure, sachez que vous pouvez aussi écouter une analyse de ce tableau grâce à l’audio-guide (en espagnol) mis à disposition par le musée du Prado, et accessible gratuitement depuis internet, depuis le lien suivant : audio-guide de "Apollon et les Muses".
Enfin voici une autre question du Guichet du Savoir se rapportant aux Muses : neuf muses.
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