origine des gros mots
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 26/03/2011 à 15h34
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Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais savoir d'où viennent les gros mot? quelle est leur origine, quand sont t-ils apparut, ont t-ils évolués, comment se sont-ils formés (grammaticalement) ?
Merci
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 26/03/2011 à 17h13
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Nous n'avons malheureusement pas d'ouvrage traitant de l'aspect historique des "gros mots" (en existe-t-il ?) et sur cet aspect, nous ne pouvons vous donner qu'un aperçu, à travers l'introduction du Dictionnaire des mots qu'on dit grOs, de l'insulte et du dénigrement :
Ainsi, de Rabelais à Virginie Despentes, en passant par Raymond Guérin et Frédéric Dard. Ainsi de Scarron à Alphonse Boudard, en passant par Albert Simonin et Céline, mais aussi Hergé et Brassens.
Ainsi le Roman de Renard et quelques anonymes du XIIe siècle à d'autres, réédités au XXe siècle, en passant par les auteurs de comédies du XVIIe siècle trop souvent ignorées, ou les traductions sans complexe de l'Arétin ou d'Aristophane.
Les études portant sur les "gros mots" s'attachent plus à définir l'expression et à en répertorier le vocabulaire qu'à en dater les origines.
C'est de l'ouvrage Les gros mots de Catherine Rouayrenc, dont nous vous recommandons la lecture complète, que nous avons extrait les indications suivantes.
Dans l'état actuel de la langue, le gros mot - les dictionnaires (TLF1, Le Robert, Lexis) sont unanimes là-dessus - est un « mot grossier ».
[...]
Cet adjectif et ce type de définition sont en fait ceux du début du [20e] siècle, tels qu'on peut les voir dans le Larousse universel en deux volumes de 1922 et dans le Dictionnaire de l'Académie de 1935 où le gros mot est associé au juron et à l'insulte.
Il signifie aussi menaces, paroles offensantes », lit-on dans le Dictionnaire de l'Académie. Au XIXe siècle, Littré limite le sens de l'expression à celui d'insulte et de juron : « Gros mot, parole offensante ou de querelle. (...) De gros mots des jurements. » '
[...]
Au XVIIe, gros mot a un sens plus large, le qualificatif employé est « obscène » : « Gros mot est un mot obscène ». Gros mots a pour équivalent mots gras : « Ce sont des mots obscènes qui contiennent quelque impureté, qu'on ne doit point dire en une honnête compagnie, et surtout de femmes : c'est pour cela qu'ils sont retranchés du dictionnaire par le conseil de saint Paul, qui ne veut point qu'on nomme seulement la fornication. Sous ces mots sont contenus les mots ambigus, équivoques, et à double entente qui contiennent un sens obscène. » Cette équivalence de gros et de gras ne saurait étonner puisque gros est issu de grossus, qui en latin de basse époque a remplacé crassus, d'où est issu gras.
[...]
Le gros mot est-il assimilable à l'injure et/ou au juron, comme l'ont dit bien des dictionnaires ? S'il en était ainsi, ce serait relativement simple. Malheureusement, il est des injures qui ne sont pas des gros mots (par exemple pintade, panthère rosé), et, inversement, certains des mots considérés comme gros mots tels que branlette, pine ne sont par eux-mêmes ni des jurons, ni des injures. Aussi n'est-il pas étonnant que les dictionnaires contemporains aient une définition moins restrictive du gros mot en le définissant comme un mot grossier. Encore convient-il de savoir ce qu'il faut entendre par là.
Grossier est défini par « Qui offense la pudeur, qui est contraire aux bienséances » dans Le Petit Robert, qui indique par ailleurs comme synonyme « vulgaire », « trivial » et ce sont là précisément les marques d'usage qui accompagnent les gros mots dans les dictionnaires et non la mention « gros mot ». Nous voilà donc en dehors du linguistique à strictement parler ! Dire qu'un gros mot est un mot qui heurte les bienséances, c'est dire en effet que ce qui est en cause, c'est non tant le signe par lui-même que son emploi. Un gros mot est un mot interdit, un mot à travers l'usage duquel se manifestent les tabous d'une société. La notion de gros mot est donc fondamentalement sociale et de ce fait susceptible de variation, variation selon les sociétés, le groupe social, variation dans le temps.
[...]
Si le gros mot existe, c'est parce qu'il y a une norme, très fortement intériorisée, plus encore que pour l'argot, car elle concerne des domaines frappés d'interdit, si bien que toute enquête se heurte à des réticences.
[...]
Est gros mot ce que les gens considèrent comme tel, c'est-à-dire tout ce qui relève d'un domaine tabou (religion, sexualité, fonction excrémentielle), et/ou passe pour injurieux.
Voir aussi : Juron
Bonjour,
Nous n'avons malheureusement pas d'ouvrage traitant de l'aspect historique des "gros mots" (en existe-t-il ?) et sur cet aspect, nous ne pouvons vous donner qu'un aperçu, à travers l'introduction du Dictionnaire des mots qu'on dit grOs, de l'insulte et du dénigrement :
Ainsi, de Rabelais à Virginie Despentes, en passant par Raymond Guérin et Frédéric Dard. Ainsi de Scarron à Alphonse Boudard, en passant par Albert Simonin et Céline, mais aussi Hergé et Brassens.
Ainsi le Roman de Renard et quelques anonymes du XIIe siècle à d'autres, réédités au XXe siècle, en passant par les auteurs de comédies du XVIIe siècle trop souvent ignorées, ou les traductions sans complexe de l'Arétin ou d'Aristophane.
Les études portant sur les "gros mots" s'attachent plus à définir l'expression et à en répertorier le vocabulaire qu'à en dater les origines.
C'est de l'ouvrage Les gros mots de Catherine Rouayrenc, dont nous vous recommandons la lecture complète, que nous avons extrait les indications suivantes.
Dans l'état actuel de la langue, le gros mot - les dictionnaires (TLF1, Le Robert, Lexis) sont unanimes là-dessus - est un « mot grossier ».
[...]
Cet adjectif et ce type de définition sont en fait ceux du début du [20e] siècle, tels qu'on peut les voir dans le Larousse universel en deux volumes de 1922 et dans le Dictionnaire de l'Académie de 1935 où le gros mot est associé au juron et à l'insulte.
Il signifie aussi menaces, paroles offensantes », lit-on dans le Dictionnaire de l'Académie. Au XIXe siècle, Littré limite le sens de l'expression à celui d'insulte et de juron : « Gros mot, parole offensante ou de querelle. (...) De gros mots des jurements. » '
[...]
Au XVIIe, gros mot a un sens plus large, le qualificatif employé est « obscène » : « Gros mot est un mot obscène ». Gros mots a pour équivalent mots gras : « Ce sont des mots obscènes qui contiennent quelque impureté, qu'on ne doit point dire en une honnête compagnie, et surtout de femmes : c'est pour cela qu'ils sont retranchés du dictionnaire par le conseil de saint Paul, qui ne veut point qu'on nomme seulement la fornication. Sous ces mots sont contenus les mots ambigus, équivoques, et à double entente qui contiennent un sens obscène. » Cette équivalence de gros et de gras ne saurait étonner puisque gros est issu de grossus, qui en latin de basse époque a remplacé crassus, d'où est issu gras.
[...]
Le gros mot est-il assimilable à l'injure et/ou au juron, comme l'ont dit bien des dictionnaires ? S'il en était ainsi, ce serait relativement simple. Malheureusement, il est des injures qui ne sont pas des gros mots (par exemple pintade, panthère rosé), et, inversement, certains des mots considérés comme gros mots tels que branlette, pine ne sont par eux-mêmes ni des jurons, ni des injures. Aussi n'est-il pas étonnant que les dictionnaires contemporains aient une définition moins restrictive du gros mot en le définissant comme un mot grossier. Encore convient-il de savoir ce qu'il faut entendre par là.
Grossier est défini par « Qui offense la pudeur, qui est contraire aux bienséances » dans Le Petit Robert, qui indique par ailleurs comme synonyme « vulgaire », « trivial » et ce sont là précisément les marques d'usage qui accompagnent les gros mots dans les dictionnaires et non la mention « gros mot ». Nous voilà donc en dehors du linguistique à strictement parler ! Dire qu'un gros mot est un mot qui heurte les bienséances, c'est dire en effet que ce qui est en cause, c'est non tant le signe par lui-même que son emploi. Un gros mot est un mot interdit, un mot à travers l'usage duquel se manifestent les tabous d'une société. La notion de gros mot est donc fondamentalement sociale et de ce fait susceptible de variation, variation selon les sociétés, le groupe social, variation dans le temps.
[...]
Si le gros mot existe, c'est parce qu'il y a une norme, très fortement intériorisée, plus encore que pour l'argot, car elle concerne des domaines frappés d'interdit, si bien que toute enquête se heurte à des réticences.
[...]
Est gros mot ce que les gens considèrent comme tel, c'est-à-dire tout ce qui relève d'un domaine tabou (religion, sexualité, fonction excrémentielle), et/ou passe pour injurieux.
Voir aussi : Juron
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