les degrés de l'humour
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 17/01/2006 à 21h13
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Question d'origine :
Bonjour
quelle est la définition d'humour (à prendre) "au premier degré", "au second degré" ?
combien existe-t-il de "degrés" d'humour et quelle est leur signification?
Merci
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 19/01/2006 à 15h37
L'humour est une notion très difficile à définir ; de plus, elle varie énormément d'une culture à l'autre, à tel point que l'on a pu parler spécifiquement d'humour anglais ou d'humour juif, par exemple. On pourrait le définir rapidement comme une forme d'esprit permettant de dégager certains aspects cocasses ou insolites de la réalité.
L'humour peut se révéler important dans la vie de l'Homme : il lui permet en effet de prendre du recul sur ce qu'il vit ; en ce sens, la définition qu'en donne Joseph Klatzmann dans son ouvrage L'humour juif (aux PUF, collection « Que sais-je ? » n° 3370), c'est-à-dire « rire pour ne pas pleurer », trouve toute sa pertinence.
Cet extrait introduit l'article Humour de Wikipédia.
On trouve sur le site Crayons.be consacré à l'illlustration narrative, une distinction entre trois degrés d'humour :
Le premier degré : compréhension simple et directe d'un effet, d'une situation comique.
Le second degré : l'humour ne nait pas de la compréhension directe mais d'une lecture plus subtile ou intellectuelle.
Le troisième degré : humour, situations ou gags plus difficilement compréhensibles, absurdes ou intellectuels.
Il nous semble que le deuxième et le troisième se confondent aisément et vous conseillons la lecture de cet article en ligne sur le second degré sur le site de Chiennes de Garde, article qui invite à observer de façon circonspecte le second degré en tant que justificatif de dérives racistes, et bien sûr, sexistes :
Le second degré doit donc être signalé, explicité. Il y a de nombreuses manières de s’y prendre. Mais puisqu’il s’agit d’expliciter, les formes les plus subtiles, comprises d’un cercle de proches, ne sont pas perceptibles par un public d’inconnus ou presque inconnus. Quand l’auditeur prend au premier degré des propos qui se voulaient au second, la faute peut provenir des deux côtés, et notamment de celui qui a parlé sans se tenir compte de ce que les éléments qui révélaient le second degré n’étaient pas entre compréhensibles de son auditoire.
Le second degré est délicat car il joue sur les références. Pour être efficace, en plus des ressorts habituels de l’humour (caricature, outrance, décalage, absurde...), il doit trouver le moyen de souligner que celui qui parle n’en pense pas un mot. Le ton, surtout à l’oral, doublé de l’expression du visage, peut suffire si l’on a quelque talent approprié. Alors on peut même se permettre l’antiphrase, figure de style consistant à exprimer le contraire de ce qu’on pense, sans équivoque, le plus souvent sur un mode descriptif ("quelle chaleur", alors qu’il fait moins 5 degrés, ou "manger des limaces pleines de terre, mais bien sûr j’aime ça, c’est même mon plat favori").
A l’écrit la chose devient plus délicate.
C’est pourquoi le second degré généralement le plus efficace consiste à se saisir d’un stéréotype et de le modifier, le "détourner". On montre alors aisément en quoi le stéréotype en est précisément un, une image fausse et caricaturale de la réalité. Encore faut-il qu’il soit perceptible clairement que c’est bien du stéréotype que l’on se moque, au lieu qu’on se contente de le recycler, de lui donner une nouvelle jeunesse.
Le second degré qui est perçu au premier degré est un échec, quel qu’en soit le responsable, l’auteur ou le public, l’échec est le même. Il y a échec parce que le référent n’est pas le même pour tout le monde. Plus le public est large et plus l’échec est probable. Si une tentative de second degré échoue, est perçu au premier degré, alors, tout simplement, C’EST du premier degré, ni plus ni moins.
Le second degré est un humour qui se moque de lui-même. Il contient donc une critique de ce qui en serait le premier degré. Il est bien clair que tout ce qui est admis au second degré n’est pas admissible au premier degré. Pourquoi ?
Parce que l’humour est une forme de l’expression. Une forme parmi d’autres. Humour ou pas, le message est transmis, l’acte de dire existe, ce qui est dit est dit. L’humour n’enlève rien au contenu du message. Une blague antisémite reste antisémite, une blague anti-belges reste anti-belges, une blague homophobe reste homophobe, une blague sexiste reste sexiste, une blague raciste reste une blague raciste. Répliquer "t’as pas d’humour" est souvent un faux diagnostic, qui a l’inconvénient d’esquiver toute réflexion sur le contenu de la blague incriminée.
Une blague sur les belges n’est pas nécessairement une blague anti-belges, mais elle peut très bien l’être. Une blague sur les juifs peut être antisémite, mais il y a aussi des "blagues juives", qui ne le sont pas. Une blague sexiste n’est pas la même chose qu’une blague féministe, même si les deux prennent pour objet un sexe ou l’autre.
L’humour n’est pas un talisman, il n’est pas une excuse, il n’est pas un antidote, il est juste une manière drôle de dire quelque chose, mais de le dire tout de même, indéniablement. La différence entre une blague sexiste et une non-sexiste n’est pas que l’une serait drôle et pas l’autre, les deux sont potentiellement aussi drôles, mais l’une est acceptables et pas l’autre. Si l’on estime que le racisme est répréhensible, et donc les plaisanteries racistes, alors on doit appliquer le meme raisonnement pour ce qu’on estime condamnable. Cela inclue le sexisme.
Enfin, cessons de croire que tout peut être analysé en une seule dimension. Une plaisanterie peut être prise au premier ET au second degré, tout simplement parce que le langage est complexe, que les jeux de références le sont tout autant, et qu’on dit rarement une seule chose à la fois. Il en va de même pour la publicité.
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