le balai en 1800: la ferme souvent et la maison rarement
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 06/01/2020 à 10h00
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Question d'origine :
Bonjour, cher Guichet.
Mais avec quel objet nettoyait-on les sols dans une maison avant 1800?
Dans fr.wikipedia.org/wiki/Balai je lis " Autrefois on se servait surtout du balai dans les fermes et rarement dans les maisons..."
(Je crois qu'il faut comprendre maison de ville et village)
Et pour conclure cette interrogation, cette notion d' "hygiène" -de propreté salubre- vient elle du moyen âge …renaissance… siècle des lumières?
Merci, chère guichetière, cher guichetier.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 08/01/2020 à 17h00
Bonjour Osene,
Eh bien, après quelques recherches, on peut dire que le balai est apparu avec l’humanité et a évolué avec elle. L’homme préhistorique aurait utilisé les branchages aussi bien pour disperser les restes des repas que les cendres du feu. A l’origine, les balais primaires ne ressemblaient pas tout à fait à ceux qu’on connaît encore aujourd’hui – ils étaient confectionnés de simples branchages ou d’herbes. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ces outils de nettoyage, dans leur forme rudimentaire, étaient principalement constitués de branches attachées dans un tas avec un manche fait à partir d’une grosse branche.
C’est surtout lorsque les sols des fermes, à l’origine en terre battue, ont été revêtus de dalles de pierre ou de carreaux de terre cuite, les ménagères ont entrepris un ménage plus soigneux. Les balais se perfectionnèrent progressivement car sur un sol dur et lisse, ils devaient être souples pour être efficaces. Ceux en soie de porc étaient les plus recherchés, alors que les plus modestes étaient fabriqués avec des brindilles de bouleau que les artisans réunissaient en faisceau en les maintenant par un lien en baguette de coudrier ou de saule. Le manche, dans la plupart des cas une solide branche de frêne, était fixé à cette extrémité.
De manière générale, en Europe, le confort et la propreté des maisons ont été très variables, mais le goût des intérieurs astiquées est probablement né aux Pays-Bas au Siècle d’Or, c.a.d. entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle. Selon Béatrice Fontanel, la propreté hollandaise devint légendaire, véhiculée par les récits de nombreux étrangers stupéfiés d’entrer dans des maisons aussi bien astiquées que celles d’Amsterdam ou d’Utrecht. Dans son ouvrage intitulé « Nos maisons. Du Moyen Age au XXe siècle », elle constate que le foyer devenait alors un espace particulièrement soigné, très nettement séparé de la fange de la rue.
Et maintenant voici quelques dates qui marquent l'histoire du balai.
En 1797, un fermier américain du Massachusetts, Lévi Dickinson, fabriqua un balai en sorgho pour sa femme. Cette version eut un grand succès et fut commercialisée. Près d’un siècle plus tard, en 1876, Melvil Bissel, propriétaire d’une boutique de porcelaine dans le Michigan, souffrant d’allergie à la poussière, inventa le balai mécanique pour tapis. L’aventure du balai se poursuit et en 1906, un certain James M. Spangler, invente un aspirateur électrique à partir d'un ventilateur, d'une boîte et d'une taie d'oreiller.
En ce qui concerne la deuxième question, l’hygiène est un mot d’origine grecque indiquant « bon pour la santé ». Il dérive du nom d’Hygie ou Hygée (« santé » en grec), déesse de la santé et de la propreté. Fille d’Asclépios, dieu de la médecine, et de la nymphe Epione (c.a.d. « celle qui soulage les maux »), Hygie symbolise la prévention alors que sa sœur appelée Panacée, est la déesse de la guérison, associée au traitement médicamenteux de la maladie.
Les Grecs relient l’hygiène à une force purificatrice, utilisée dans les rituels propitiatoires, visant à s’accorder les faveurs ou le pardon des dieux. Le premier hygiéniste connu, qui n’était nul autre que le médecin Hippocrate, utilise l’hygiène à des fins à la fois préventives que curatives. Il consacre des écrits à ces sujets, et notamment à la question de la diététique, de la propreté et de l'hygiène. Il y préconise les exercices corporels, la pratique de bains thérapeutiques et la modération dans les consommations alimentaires et de boissons alcoolisées. Ces recommandations seront divulguées entre autres par le biais des calendriers agricoles arabes jusqu’au XIXe siècle.
Le Moyen Age voit évoluer la notion d’hygiène : elle concerne également l’espace domestique de manière plus concrète, et notamment les repas. Un véritable traité de savoir-être, intitulé « Les contenances de la table » donne quelques bons conseils rimés aux convives, « la table ostée, vos mains lavez ».
Pour en savoir plus sur les notions de propreté et de saleté et suivre l’accumulation des savoirs menant à la progression des notions d’hygiène, vous pouvez consulter les ouvrages de Georges Vigarello : « Le propre et le sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen Age », ou « Histoire des pratiques de santé. Le sain et le malsain depuis le Moyen Age ».
Bonne lecture !
Eh bien, après quelques recherches, on peut dire que le balai est apparu avec l’humanité et a évolué avec elle. L’homme préhistorique aurait utilisé les branchages aussi bien pour disperser les restes des repas que les cendres du feu. A l’origine, les balais primaires ne ressemblaient pas tout à fait à ceux qu’on connaît encore aujourd’hui – ils étaient confectionnés de simples branchages ou d’herbes. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ces outils de nettoyage, dans leur forme rudimentaire, étaient principalement constitués de branches attachées dans un tas avec un manche fait à partir d’une grosse branche.
C’est surtout lorsque les sols des fermes, à l’origine en terre battue, ont été revêtus de dalles de pierre ou de carreaux de terre cuite, les ménagères ont entrepris un ménage plus soigneux. Les balais se perfectionnèrent progressivement car sur un sol dur et lisse, ils devaient être souples pour être efficaces. Ceux en soie de porc étaient les plus recherchés, alors que les plus modestes étaient fabriqués avec des brindilles de bouleau que les artisans réunissaient en faisceau en les maintenant par un lien en baguette de coudrier ou de saule. Le manche, dans la plupart des cas une solide branche de frêne, était fixé à cette extrémité.
De manière générale, en Europe, le confort et la propreté des maisons ont été très variables, mais le goût des intérieurs astiquées est probablement né aux Pays-Bas au Siècle d’Or, c.a.d. entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle. Selon Béatrice Fontanel, la propreté hollandaise devint légendaire, véhiculée par les récits de nombreux étrangers stupéfiés d’entrer dans des maisons aussi bien astiquées que celles d’Amsterdam ou d’Utrecht. Dans son ouvrage intitulé « Nos maisons. Du Moyen Age au XXe siècle », elle constate que le foyer devenait alors un espace particulièrement soigné, très nettement séparé de la fange de la rue.
Et maintenant voici quelques dates qui marquent l'histoire du balai.
En 1797, un fermier américain du Massachusetts, Lévi Dickinson, fabriqua un balai en sorgho pour sa femme. Cette version eut un grand succès et fut commercialisée. Près d’un siècle plus tard, en 1876, Melvil Bissel, propriétaire d’une boutique de porcelaine dans le Michigan, souffrant d’allergie à la poussière, inventa le balai mécanique pour tapis. L’aventure du balai se poursuit et en 1906, un certain James M. Spangler, invente un aspirateur électrique à partir d'un ventilateur, d'une boîte et d'une taie d'oreiller.
En ce qui concerne la deuxième question, l’hygiène est un mot d’origine grecque indiquant « bon pour la santé ». Il dérive du nom d’Hygie ou Hygée (« santé » en grec), déesse de la santé et de la propreté. Fille d’Asclépios, dieu de la médecine, et de la nymphe Epione (c.a.d. « celle qui soulage les maux »), Hygie symbolise la prévention alors que sa sœur appelée Panacée, est la déesse de la guérison, associée au traitement médicamenteux de la maladie.
Les Grecs relient l’hygiène à une force purificatrice, utilisée dans les rituels propitiatoires, visant à s’accorder les faveurs ou le pardon des dieux. Le premier hygiéniste connu, qui n’était nul autre que le médecin Hippocrate, utilise l’hygiène à des fins à la fois préventives que curatives. Il consacre des écrits à ces sujets, et notamment à la question de la diététique, de la propreté et de l'hygiène. Il y préconise les exercices corporels, la pratique de bains thérapeutiques et la modération dans les consommations alimentaires et de boissons alcoolisées. Ces recommandations seront divulguées entre autres par le biais des calendriers agricoles arabes jusqu’au XIXe siècle.
Le Moyen Age voit évoluer la notion d’hygiène : elle concerne également l’espace domestique de manière plus concrète, et notamment les repas. Un véritable traité de savoir-être, intitulé « Les contenances de la table » donne quelques bons conseils rimés aux convives, « la table ostée, vos mains lavez ».
Pour en savoir plus sur les notions de propreté et de saleté et suivre l’accumulation des savoirs menant à la progression des notions d’hygiène, vous pouvez consulter les ouvrages de Georges Vigarello : « Le propre et le sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen Age », ou « Histoire des pratiques de santé. Le sain et le malsain depuis le Moyen Age ».
Bonne lecture !
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