Pièce de théâtre sur les villes postindustrielles
Le 25/02/2019 à 14h37
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Question d'origine :
Bonjour, je suis à la recherche d'écrits théâtraux ou romanesques sur les villes post industrielles, endettées ou fantômes de France
Je vous remercie
Bien à vous
Ilène G
Réponse du Guichet
bml_spec
- Département : Arts Vivants
Le 26/02/2019 à 16h11
Réponse réactualisée le 20/11/2019
Bonjour,
En introduction, nous vous proposons de consulter l’ouvrage "Le roman urbain contemporain en France" d’Audrey Evrard dans lequel vous trouverez un grand nombre de références d’écrits romanesques.
Vous trouverez également la bibliographie établie par le Learning center Ville durable de Dunkerque lors de l’exposition « Ville réelle, villes rêvées ». Cette bibliographie est plus large que votre champ d’étude mais pourra rencontrer un intérêt dans votre recherche.
Nous avons également effectué une recherche sur Mascarille, base de connaissance sur le théâtre consultable en ligne à la Bibliothèque municipale de Lyon.
Nous vous conseillons de parcourir :
Tragédie
Distribution : 5 hommes + 3 femmes
Le Fossé de l'aumône est une friche industrielle abandonnée, au centre de laquelle trône une piscine désaffectée. Autour d'elle, gravite toute une micro société de désaxés idéalistes, paumés et poètes, violents et rêveurs.
Des personnages abîmés qui trébuchent et donnent des coups. Fiback est prêt à tout pour un billet ; Dodo manie aussi bien les mots que la lame de son couteau ; Emmy vit dans sa caravane tandis que Colette, sa mère, vieille prostituée alcoolique, se démène sans vergogne pour soutirer de l'argent à Monsieur Armand, rembourser ses dettes et garder la piscine...
Distribution : 8 hommes + 7 femmes
Ces quartiers flambant neuf de barres et de tours, ces "villes nouvelles", tout juste surgis, à la périphérie des grandes agglomérations, de terres naguère agricoles, qui aurait alors songé à les qualifier de "défavorisés", de "difficiles" ?
Écrite à la fin des années 1970, la pièce dépeint avec un humour noir la vie quotidienne des habitants d'une tour dans un de ces "grands ensembles" considérés alors comme à la pointe de l'urbanisme. Pièce lauréate du concours d’écriture théâtrale NIACA
J'ai faim / DOPAGNE Jean-Pierre / 2017
Comédie dramatique
Distribution : 4 hommes + 4 femmes
Une jeune femme, sur un trottoir. Devant elle, un bout de carton sur lequel on peut lire : J'AI FAIM. Scène banale aujourd'hui dans les rues de presque toutes les villes du monde. Autour d'elle, une foule indifférente... du moins en apparence. Car la présence de cette jeune femme engendre un malaise diffus chez tous ceux qui s'approchent. Passant et repassant sur ce trottoir, notables et anonymes commentent, critiquent, compatissent, révélant du même coup leur propre angoisse de vivre en équilibre instable... Un portrait finement observé d'une société qui pourrait bien être la nôtre.
Métropole / FARASSE Vincent / Actes sud / 2015
Comédie dramatique
Distribution : 3 hommes + 3 femmes
Six personnes se croisent à Paris. Un PDG, une jeune diplômée d’école de commerce, un cadre au chômage, un étudiant en médecine d’origine modeste, une femme de ménage et une traductrice, également stripteaseuse la nuit pour gagner sa vie.
« À la base de cette pièce, il y a ce phénomène totalement fou de la grande ville, et plus particulièrement de la métropole. Plus les villes sont grandes et denses, plus les individus sont seuls. Certaines études ont même fait apparaître qu’un habitant de Paris, Lyon, ou Bruxelles, par exemple, n’avait pas plus d’amis et de relations proches, voire moins, qu’un habitant d’un village reculé. Dans la métropole n’est pas réuni un groupe, mais une multitude de trajectoires individuelles, qui, pour la plupart, ne se croisent pas. Chaque trajectoire est comme une case, dont l’habitant ignore les habitants des autres cases. Pourtant des liens invisibles lient ces trajectoires, qui, souvent à leur insu, s’influencent les unes les autres."
"La grande ville est un phénomène mondial. À quoi voulons-nous qu’elle ressemble ? Doit-on laisser séparer les riches des pauvres, le lieu de travail et d’habitation, doit-on courir sans cesse d’un bout de la métropole à l’autre ? Le visage actuel de la grande ville, inégalitaire, énergivore, n’est pas une fatalité ou une évolution naturelle : la ville est notre œuvre. Pourtant nous subissons ses effets comme nous nous soumettons aux éléments. »
Vincent Farasse
Communiqué n°10 / GALLET Samuel / Espaces 34 / 2011
Comédie dramatique
Distribution : 5 hommes + 3 femmes
Dans une mégalopole à peine futuriste, cernée par des friches où se réfugient exclus et révoltés, des violences éclatent. Un jeune homme a été tué sur un parking par un vigile. Celui-ci est en fuite et le frère de la victime ne veut pas que le crime soit impuni.
Construisant la pièce comme un puzzle, Samuel Gallet livre un texte à la limite des genres : ni réaliste, ni policier, ni surnaturel ou tout cela à la fois. Ses personnages sont complexes. Ils cherchent à maîtriser les destins écrits, à agir sur leur vie sans céder au poids du passé ou aux contraintes de la société imposées par la force.
Damien, le vigile, est tout aussi perdu qu’Anne, la rebelle, ou que la bande des enfants guerriers dont les facéties dangereuses ponctuent le cours des événements (émeutes, révolte, résistance).
Comme le dit la figure énigmatique du vieil homme : « Ce ne sont pas les morts qu’il faut venger mais les vivants qui demeurent et que les morts regrettent. »
Cette pièce a reçu de nombreux prix.
La Possibilité qui disparaît face au paysage/ GISBERT Pablo / 2018
Récit théâtral
C'est un récit pour la scène qui parcourt dix villes et îles européennes. Dans chacune d’elles, l’auteur observe une scène de la vie quotidienne de notre monde capitaliste, ou prête la parole à un artiste ou à un penseur, réel ou inventé, explorant les recoins les plus sombres de l’esprit humain, et livrant un regard désenchanté sur l’avenir de la société, de la pensée ou de la nature. Michel Houellebecq, Spencer Tunick, Paul B. Preciado, Blixa Bargeld, et une foule d’anonymes, peuplent ce paysage, le dessinant par métonymie.
L'extraordinaire tranquillité des choses / Groupe Petrol - HAMELIN Lancelot - LEVEY Sylvain - MALONE Philippe - SIMONOT Michel / 2006
Distribution : 1 homme + 2 femmes
«Ça continue. Ça continue à monter le rythme de la ville cardiaque. À courir, à parler fort. À courir plus vite que les autres. Pour se faire entendre. La ville s'éveille ce matin. Yeux cernés des mauvais jours. Yeux qui brûlent le soir.»
Paris, Dublin, New York, Saint-Pétersbourg: il arrive aux villes d'être des personnages à part entière dans la littérature. C'est bien plus rare au théâtre, où les drames reposent surtout sur les portraits et les parcours d'hommes et de femmes. La première singularité de ce spectacle serait d'avoir pris la ville de Saint-Denis comme matériau: «La ville s'éveille, il fait beau ce matin. Le calme s'accroche à un cliquetis de fourchette. C'est extraordinaire cette tranquillité des choses.»
Cette pièce vient en effet d'une double rencontre : celle de quatre auteurs dramatiques, qui ont décidé d'écrire ensemble, et celle de ces quatre auteurs et des habitants de Saint-Denis.
Seul avec un caddie qui est toute sa vie, Garisse est posé sur un coin de trottoir quand soudain Vincent, un autre SDF, vient ''squatter son pavé''...
News Trottoir, du nom du journal destiné aux sans-abri, nous fait partager le quotidien de ces deux hommes que tout le monde voit mais que peu regardent.
Or, que se passe-t-il sur les trottoirs de nos villes ?
Contes moraux et immoraux
Distribution : 1 homme + 2 femmes
L'émeute ouvrière à Denain, ville du Nord, à l'heure de la fermeture des aciéries, des mines, ayant pour conséquence l'ouverture des friches industrielles et l'avènement d'un désastre humain.
Tous les résumés sont extraits de Mascarille - avec l'aimable autorisation d'Emile Zeizig.
- Bibliographie de pièces sur le thème de la banlieue
- Bibliographie de pièces de théâtre sur le monde ouvrier
- Monologues sur la ville
Nous espérons vous avoir aidé dans vos recherches et nous vous remercions pour votre confiance.
L’équipe du département Arts vivants
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 27/02/2019 à 10h19
Bonjour,
Concernant le volet romanesque de votre question, il nous vient tout d’abord à l’esprit – actualité oblige – le souvenir du dernier prix Goncourt 2018, dont le décor n’est pas sans rappeler l’essai du sociologue Christophe Guilluy, « La France périphérique » :
« Leurs enfants après eux » de Nicolas Mathieu.
Août 1992. Une vallée perdue quelque part dans l’Est, des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, pour tuer l’ennui, il décide de voler un canoë et d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence. Avec ce livre, Nicolas Mathieu écrit le roman d’une vallée, d’une époque, de l’adolescence, le récit politique d’une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui meurt. Quatre étés, quatre moments, de Smells Like Teen Spirit à la Coupe du monde 98, pour raconter des vies à toute vitesse dans cette France de l’entre-deux, des villes moyennes et des zones pavillonnaires, de la cambrousse et des ZAC bétonnées. La France du Picon et de Johnny Hallyday, des fêtes foraines et d’Intervilles, des hommes usés au travail et des amoureuses fanées à vingt ans. Un pays loin des comptoirs de la mondialisation, pris entre la nostalgie et le déclin, la décence et la rage. (Présentation de l’éditeur)
Nicolas Mathieu s’était d’ailleurs fait remarqué avec son premier roman, en 2014, un polar qui se déroulait déjà dans l’est de la France :
« Aux animaux la guerre »
Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s’en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n’ira pas en colo cet été, un ou deux reportages au 19/20 régional et puis basta.
Sauf que les usines sont pleines de types dangereux qui n’ont plus rien à perdre. Comme Martel, le syndicaliste qui planque ses tatouages, ou Bruce, le bodybuilder sous stéroïdes. Des types qui ont du temps et la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg pour la revendre à deux caïds qui font la pluie et le beau temps entre Épinal et Nancy. Une fille, un Colt .45, la neige, à partir de là, tout s’enchaîne.
Aux animaux la guerre, c’est le roman noir du déclassement, des petits Blancs qui savent désormais que leurs mômes ne feront pas mieux et qui vomissent d’un même mouvement les patrons, les Arabes, les riches, les assistés, la terre entière. C’est l’histoire d’un monde qui finit. Avec une fille, un Colt .45, la neige. Il faut dire que le genre du polar et tout particulièrement du roman noir colle de façon idéale à votre requête tant le roman noir est contemporain du développement des grandes villes et semble tirer son essence du développement post-industriel des villes. (Présentation de l’éditeur)
Nous vous invitons d’ailleurs à prospecter du côté du polar, tant ce genre, depuis ses origines semble partie lié avec la ville, la modernité et la crise, comme le souligne parfaitement cette citation de Benoît Tadié :
Dans cette veine polar, nous pouvons donc ajouter les titres suivants :
« Les salauds devront payer » d’Emmanuel Grand
Wollaing. Une petite ville du Nord minée par le chômage. Ici, les gamins rêvent de devenir joueurs de foot ou stars de la chanson. Leurs parents ont vu les usines se transformer en friches et, en dehors des petits boulots et du trafic de drogue, l’unique moyen de boucler les fins de mois est de frapper à la porte de prêteurs véreux. À des taux qui tuent... Aussi, quand la jeune Pauline est retrouvée assassinée dans un terrain vague, tout accuse ces usuriers modernes et leurs méthodes musclées. Mais derrière ce meurtre, le commandant de police Erik Buchmeyer distingue d’autres rancœurs. D’autres salauds. Et Buch sait d’expérience qu’il faut parfois écouter la petite idée tordue qui vous taraude, la suivre jusque dans les méandres obscurs des non-dits et du passé.
Tantôt roman social trouble, tantôt thriller haletant, Les Salauds devront payer est une machiavélique histoire de vengeance. Emmanuel Grand y confirme son habileté à camper des personnages forts et à échafauder des scénarios diablement efficaces. (Présentation de l’éditeur)
« Aveu de faiblesses » de Frédéric Viguier.
Ressources inhumaines, critique implacable de notre société, a imposé le ton froid et cruel de Frédéric Viguier dont le premier roman se faisait l’écho d’une « humanité déshumanisée ». On retrouve son univers glaçant et sombre, qui emprunte tout à la fois au cinéma radical de Bruno Dumont et au roman social. Mais au drame d’un bourg désindustrialisé du nord de la France, Frédéric Viguier ajoute le suspense d’un roman noir. Dès lors, l’histoire d’Yvan, un adolescent moqué pour sa laideur et sa différence, accusé du meurtre de son petit voisin, prend une tournure inattendue.
Sans surprise, les imaginaires des romanciers se cristallisent sur les régions du Nord et de l’Est de la France particulièrement touchées par la désindustrialisation. Nous pouvons ainsi citer :
« La nuit de Walenhammes » d’Alexis Jenni
Walenhammes est la plus grande ville industrielle du nord de la France, et on sait à peine qu’elle existe. Quand les terribles événements que l’on sait commencèrent à la détruire, Charles Avril y vint sur un coup de tête, pour écrire quelques articles qu’il pourrait vendre au site d’information où il est pigiste.
À Walenhammes, après la fermeture des mines et du haut-fourneau, il ne reste qu’un peuple abondant dont on ne sait pas quoi faire. Georges Fenycz, maire de cette immense municipalité décatie, a une idée simple : la pauvreté enrichit. Alors se déverse sur Walenhammes la cruelle guignolade du libéralisme, qui absorbe toutes les critiques qu’on lui adresse, dont on ne peut plus rien dire à moins d’en écrire un roman qui déborde.
Charles en est le spectateur, tout en découvrant ce à quoi il ne s’attendait pas : l’amour d’une maître-nageuse, l’amitié d’hommes qui continuent de vivre malgré tout, et l’affection d’une petite fille qui pense devenir adulte en lisant jusqu’au bout Les Démons de Dostoïevski.
Ce roman décrit l’installation d'un monde nouveau qui désormais sera le nôtre. (Présentation de l’éditeur)
Nous pensons également aux œuvres de Gérard Mordillat et d’Olivier Adam, dont les romans sociaux ont souvent pour décor des territoires en grande difficulté sociale et économique :
« Les vivants et les morts » de Gérard Mordillat
À travers l'épopée d'une cinquantaine de personnages, Les Vivants et les Morts est le roman d'amour d'un jeune couple emporté dans le torrent de l'histoire contemporaine. Entre passion et insurrection, les tourments, la révolte, les secrets de Rudi et Dallas sont aussi ceux d'une ville où la lutte pour la survie dresse les uns contre les autres, ravage les familles, brise les règles intimes, sociales, politiques. Dans ce monde où la raison financière l’emporte sur le souci des hommes, qui doit mourir ? Qui peut vivre ? (Présentation de l’éditeur)
« Les lisières » d’Olivier Adam
Entre son ex-femme dont il est toujours amoureux, ses enfants qui lui manquent, son frère qui le somme de partir s’occuper de ses parents « pour une fois », son père ouvrier qui s’apprête à voter FN et le tsunami qui ravage un Japon où il a vécu les meilleurs moments de sa vie, tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence. De retour dans la banlieue de son enfance, il va se confronter au monde qui l’a fondé et qu’il a fui. En quelques semaines et autant de rencontres, c’est à un véritable état des lieux personnel, social et culturel qu’il se livre, porté par l’espoir de trouver, enfin, sa place. Dans ce roman ample et percutant, Olivier Adam embrasse dans un même souffle le destin d’un homme et le portrait d’une certaine France, à la périphérie d’elle-même. (Présentation de l’éditeur)
Le livre suivant nous paraît également pertinent :
« Somaland » d’Eric Chauvier
Un expert est envoyé sur le site d'une usine fabriquant des prothèses médicales. Cette usine répand dans l'atmosphère une odeur nauséabonde, arbre qui cache la forêt : le silène, substance extrêmement toxique. L'expert a pour mission de dresser un état des lieux concernant l'implica¬tion de la population dans la prévention des risques industriels. Il s'intéresse en particulier à une cité annexe, dont les habitants sont pour la plupart défavorisés. Un seul d'entre eux a été employé, en tant qu'intérimaire, sur le site. Dans son dialogue avec la directrice ou le maire, le chercheur note les failles de leurs commentaires, traque le dysfonctionnement de leurs propos. Il les situe dans les limites de leurs impératifs professionnels. Un jeune homme résidant dans cette zone dite "sensible" est persuadé que le solvant dégagé par l'usine a altéré la physiologie et le psychisme de son ex petite amie au point d’avoir provoqué la rupture de leur couple. Pensant d’abord être mis en boîte, le narrateur finit progressivement par être convaincu par ces propos. Mais que vaut une telle hypothèse dans un monde où la vérité scientifique n'est plus à l’ordre du jour, dépassée par des enjeux plus obscurs, un monde dominé par l'outil Power Point et son langage creux, agissant comme le bras armé d'une nouvelle façon de gouverner ?
Votre demande portait sur des villes de France. Toutefois, nous nous permettons d’orienter notre réponse vers des textes s’intéressant à des villes situées hors de nos frontières. Le territoire américain semble, à ce sujet, propice à cette thématique avec ses villes ravagées par la crise des subprimes. L’exemple de Detroit a marqué singulièrement les esprits comme le prouve les exemples ci-dessous :
« Il était une ville » de Thomas B. Reverdy
Ici, les maisons ne valent plus rien et les gens s’en vont, en les abandonnant purement et simplement ; la ville est en lambeaux. Nous sommes à Detroit en 2008 et une blague circule : que le dernier qui parte éteigne la lumière. On dirait que c’est arrivé. C’est dans cette ville menacée de faillite qu’Eugène, un jeune ingénieur français, débarque pour superviser un projet automobile. C’est dans un de ces quartiers désertés que grandit Charlie, Charlie qui vient, à l’instar de centaines d’enfants, de disparaître. Mais pour aller où, bon Dieu, se demande l’inspecteur Brown chargé de l’enquête. C’est là, aussi, qu’Eugène rencontrera Candice, la serveuse au sourire brillant et rouge. Et que Gloria, la grand-mère de Charlie, déploiera tout ce qui lui reste d’amour pour le retrouver. Thomas B. Reverdy nous emmène dans une ville mythique des États-Unis devenue fantôme et met en scène des vies d’aujourd’hui, dans un monde que la crise a voué à l’abandon. Avec une poésie et une sensibilité rares, il nous raconte ce qu’est l’amour au temps des catastrophes.
« Fordetroit » d’Alexandre Friederich
Autrefois métropole trépidante, Détroit forme aujourd'hui un décor de carton-pâte. Entièrement dévastée, elle répond désormais aux besoins de l'industrie du cinéma, ou bien de photographes néo-romantiques, en arrêt devant ces splendides ruines postindustrielles. Alexandre Friederich a choisi, lui, de pénétrer, par la petite porte, si désertée soit-elle, de s'y installer momentanément, de se laisser absorber par cette ville anthropophage. Détroit lui a inspiré un texte fulgurant, mi-récit d'aventure mi-reportage, forme qui lui permet, insidieusement, d'écrire un véritable roman d'anticipation. Puisque la fin du monde a déjà eu lieu ici, tentons de voir dans cet espace-laboratoire ce qu'il en reste. Quelle forme de vie est encore possible après la faillite d'une cité entière, autrefois théâtre d'’un essor économique sans précédent ? La débrouille à petite échelle, l'autogestion localisée. L'auteur décrit avec humour ces menus bricolages, ces petits potagers, ces traces aussi insignifiantes que significatives d'une vie en devenir. Enfourchant son Roadster (d'occasion), il recherche moins les vestiges du passé que la présence. La fascination pour la ville-fantôme cède devant celle de ses habitants en chair et en os, âmes égarées, voyous, buveurs, ouvriers, chômeurs et autres éclopés du Henry Ford Hospital. À la grandiloquence des images de dévastation, il préfère la trivialité d'instants ou de conversations volés, sauvés de l'oubli – une mère ébahie devant son enfant, soi-disant précoce, les recommandations littéraires d'un ancien pousse-caddie ou Lee et sa sombre histoire de lapins. Détroit forme une maquette à grande échelle du monde à venir. Ce livre en est la parabole.
Enfin, nous vous conseillons le livre suivant, qui se déroule en Italie :
« D’acier » de Silvia Avallone
Il y a la Méditerranée, la lumière, l’île d’Elbe au loin. Mais ce n’est pas un lieu de vacances. C’est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Depuis les balcons uniformes, on a vue sur la mer, sur les jeux des enfants qui ont fait de la plage leur cour de récréation. La plage, une scène idéale pour la jeunesse de Piombino. Entre drague et petites combines, les garçons se rêvent en chefs de bandes, les filles en starlettes de la télévision. De quoi oublier les conditions de travail à l’aciérie, les mères accablées, les pères démissionnaires, le délitement environnant… Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, rêvent d’évasion et parient sur une amitié inconditionnelle pour s’emparer de l’avenir. (Présentation de l’éditeur)
Bien cordialement,
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