Devenir un zombie
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 18/01/2015 à 16h36
683 vues
Question d'origine :
J'ai entendue dire qu'il était possible de faire de l'homme un zombie avec un mélange de virus telle que la rage et je ne sais plus.
est ce vrai ?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 20/01/2015 à 10h19
Bonjour,
N’en déplaise à la-fin-du-monde.fr ou zombiesworld.com, les zombies sont toujours du domaine de la fiction.
Malgré tout, Samita Andreansky, virologue à l’Université de Floride de Miami, soutient qu’il serait possible de refaire le scénario de 28 jours plus tard en créant en laboratoire un « virus zombie » hybride, dérivé de la rage et de la grippe… Mais nous ne sommes pas prêts de voir les morts se relever pour nous dévorer : ce virus n’existe pas encore, et les techniques de génie génétique actuelles rendent extrêmement difficile de créer un virus hybride… sans compter que l’on voit mal l’intérêt de développer un tel virus.
Si vous voulez en savoir plus sur les affirmations de ce scientifique, vous pouvez regarder le documentaire de National Geographic : Toute la vérité sur les zombies :
Les zombies n’existent pas, mais la réalité peut parfois se rapprocher étrangement de la fiction, surtout quand ce rapprochement est encouragé par les médias : nourri par les fantasmes collectifs, un fait divers isolé peut ainsi prendre des allures de prélude à l’invasion quand un témoin compare la scène à la série The Walking Dead.
(Source : Le «zombie cannibale de Miami» a attaqué sa victime pendant 18 minutes)
Le « zombie cannibale de Miami » n’était pas un mort-vivant, mais était sous l’emprise d’une drogue dérivée du LSD, les « sels de bains », dont les effets peuvent être particulièrement dangereux : hallucinations, hystérie, agressivité, hausse de la température, force décuplée…
(source : Cannibale de Miami : quelle est cette drogue, les sels de bain, qui a poussé au cannibalisme ?)
Aujourd’hui cette drogue est illégale dans la plupart des Etats des USA.
Si l’on revient aux origines du mythe du zombie, la thèse de la drogue est en fait plus proche du zombie « authentique » que l’idée du zombie « viral » (qui contamine les vivants par morsure et les transforme eux aussi en zombies), beaucoup plus tardive et imaginée par George Romero, réalisateur de La nuit des morts-vivants.
Toutefois, la métaphore de la pandémie et l'image du mort-vivant aux gestes mécaniques résonnent plus profondément avec nos peurs actuelles, d’où le succès phénoménal du zombie dans la culture populaire :
A l'origine du mythe du zombie se trouve une pratique vaudou bien réelle. Le zombi est une personne victime d'un houngan (prêtre vaudou), plongé dans un état cataleptique et privé de son âme par administration d'une puissante drogue. Cette drogue a pour propriété de suspendre complètement des sensations et des mouvements volontaires, mais le « futur zombi » reste conscient et continue d'entendre ce qui se passe autour de lui. Un état mental et physique qui est donc proche de celui du fait divers, avec à la base les propriétés d'une drogue qui agissent sur une personne.
L'appropriation du mythe par la culture de masse est bien différente. Lorsque Gearges A. Romero réalise en 1968 « La nuit des morts-vivants », il pose sans le savoir les bases d’un monstre mythique qui trouvera une résonnance plébéienne telle qu’il rivalisera avec les vampires, golems et autres Frankenstein en terme de popularité, tout en étant, a contrario de ces derniers, le produit de notre environnement contemporain.
Car le zombie n’est pas seulement un « flesh eater » (mangeur de chair), c’est également une critique acerbe de notre société actuelle. Romero, dans la suite de son film intitulée « Zombie », s’attaque à la société de consommation en situant le cadre de l’action dans un centre commercial et en présentant des zombies qui errent dans cette galerie, les corps reproduisant les même gestes automatisés que lors de leur existence vivante. L’absence de « happy end » nous renvoie quant à elle à notre propre finitude, notre extinction programmée en tant qu’espèce.
De par son mode de « reproduction », une simple morsure transformant un vivant en zombie qui vient grossir les rangs de la cohorte d’anthropophages, le zombie est également le monstre qui traduit notre peur de la surpopulation. La plupart des histoires de zombies ont d’ailleurs un cadre urbain, car quel autre environnement que la ville peut prétendre à fournir un vivier de carcasses suffisamment important pour représenter une menace crédible ? De cette peur découle une autre problématique : la difficulté de se réadapter à un monde où tout n’est plus assisté et automatisé.
C’est par ailleurs l’un des points fondamentaux qui fait que l’image du monde ravagé par une invasion de cannibales trouve un écho aussi fort auprès du public : la menace omniprésente qui ramène l’humain à la condition de survivant est également la promesse d’un mode de vie simplifié, où l’on reprend goût aux choses de la vie les plus simples et où les rencontres entre personnes sont de nouveau possibles. Une aspiration à laquelle de plus en plus de citadins sont sensibles.
Alors que certains sujets peinent à être abordés dans les médias, la culture populaire s’en est emparée depuis bien longtemps et pose, à travers le prisme de produits divertissants, des question de société sur des angoisses très communément partagées.
L’autre point fort du zombie est que, tel un virus, il a su muter pour s’adapter aux différentes époques. Du « mangeur de chair » des origines, déambulant avec une lenteur extrême, il ne subsiste aujourd’hui plus grand chose. Un film en particulier a symbolisé cette mutation : « 28 jours plus tard » de l’Anglais Danny Boyle (également connu pour avoir réalisé le multi-oscarisé Slumdog Millionaire ).
Sa vision du zombie est plus réaliste, cristallisée par un choix de mise en scène en DV (image « sale », basse résolution) qui instaure une proximité immédiate avec le monde réel. Le monstre devient un infecté, plus nerveux, plus rapide, en proie à un virus similaire à celui de la rage. On est cette fois-ci plus dans la peur de l’expérimentation bactériologique et de la contamination, des sujets pour le moins actuels.
Source : Le buzz du zombie de Miami : une invasion est-elle possible ?, Marianne
Pour aller plus loin :
- Guide de survie en territoire zombie : ce livre peut vous sauver la vie Max Brooks
- Vampire zombie, le Guichet du Savoir
Bonne journée.
N’en déplaise à la-fin-du-monde.fr ou zombiesworld.com, les zombies sont toujours du domaine de la fiction.
Malgré tout, Samita Andreansky, virologue à l’Université de Floride de Miami, soutient qu’il serait possible de refaire le scénario de 28 jours plus tard en créant en laboratoire un « virus zombie » hybride, dérivé de la rage et de la grippe… Mais nous ne sommes pas prêts de voir les morts se relever pour nous dévorer : ce virus n’existe pas encore, et les techniques de génie génétique actuelles rendent extrêmement difficile de créer un virus hybride… sans compter que l’on voit mal l’intérêt de développer un tel virus.
Si vous voulez en savoir plus sur les affirmations de ce scientifique, vous pouvez regarder le documentaire de National Geographic : Toute la vérité sur les zombies :
Les zombies n’existent pas, mais la réalité peut parfois se rapprocher étrangement de la fiction, surtout quand ce rapprochement est encouragé par les médias : nourri par les fantasmes collectifs, un fait divers isolé peut ainsi prendre des allures de prélude à l’invasion quand un témoin compare la scène à la série The Walking Dead.
(Source : Le «zombie cannibale de Miami» a attaqué sa victime pendant 18 minutes)
Le « zombie cannibale de Miami » n’était pas un mort-vivant, mais était sous l’emprise d’une drogue dérivée du LSD, les « sels de bains », dont les effets peuvent être particulièrement dangereux : hallucinations, hystérie, agressivité, hausse de la température, force décuplée…
(source : Cannibale de Miami : quelle est cette drogue, les sels de bain, qui a poussé au cannibalisme ?)
Aujourd’hui cette drogue est illégale dans la plupart des Etats des USA.
Si l’on revient aux origines du mythe du zombie, la thèse de la drogue est en fait plus proche du zombie « authentique » que l’idée du zombie « viral » (qui contamine les vivants par morsure et les transforme eux aussi en zombies), beaucoup plus tardive et imaginée par George Romero, réalisateur de La nuit des morts-vivants.
Toutefois, la métaphore de la pandémie et l'image du mort-vivant aux gestes mécaniques résonnent plus profondément avec nos peurs actuelles, d’où le succès phénoménal du zombie dans la culture populaire :
A l'origine du mythe du zombie se trouve une pratique vaudou bien réelle. Le zombi est une personne victime d'un houngan (prêtre vaudou), plongé dans un état cataleptique et privé de son âme par administration d'une puissante drogue. Cette drogue a pour propriété de suspendre complètement des sensations et des mouvements volontaires, mais le « futur zombi » reste conscient et continue d'entendre ce qui se passe autour de lui. Un état mental et physique qui est donc proche de celui du fait divers, avec à la base les propriétés d'une drogue qui agissent sur une personne.
L'appropriation du mythe par la culture de masse est bien différente. Lorsque Gearges A. Romero réalise en 1968 « La nuit des morts-vivants », il pose sans le savoir les bases d’un monstre mythique qui trouvera une résonnance plébéienne telle qu’il rivalisera avec les vampires, golems et autres Frankenstein en terme de popularité, tout en étant, a contrario de ces derniers, le produit de notre environnement contemporain.
Car le zombie n’est pas seulement un « flesh eater » (mangeur de chair), c’est également une critique acerbe de notre société actuelle. Romero, dans la suite de son film intitulée « Zombie », s’attaque à la société de consommation en situant le cadre de l’action dans un centre commercial et en présentant des zombies qui errent dans cette galerie, les corps reproduisant les même gestes automatisés que lors de leur existence vivante. L’absence de « happy end » nous renvoie quant à elle à notre propre finitude, notre extinction programmée en tant qu’espèce.
De par son mode de « reproduction », une simple morsure transformant un vivant en zombie qui vient grossir les rangs de la cohorte d’anthropophages, le zombie est également le monstre qui traduit notre peur de la surpopulation. La plupart des histoires de zombies ont d’ailleurs un cadre urbain, car quel autre environnement que la ville peut prétendre à fournir un vivier de carcasses suffisamment important pour représenter une menace crédible ? De cette peur découle une autre problématique : la difficulté de se réadapter à un monde où tout n’est plus assisté et automatisé.
C’est par ailleurs l’un des points fondamentaux qui fait que l’image du monde ravagé par une invasion de cannibales trouve un écho aussi fort auprès du public : la menace omniprésente qui ramène l’humain à la condition de survivant est également la promesse d’un mode de vie simplifié, où l’on reprend goût aux choses de la vie les plus simples et où les rencontres entre personnes sont de nouveau possibles. Une aspiration à laquelle de plus en plus de citadins sont sensibles.
Alors que certains sujets peinent à être abordés dans les médias, la culture populaire s’en est emparée depuis bien longtemps et pose, à travers le prisme de produits divertissants, des question de société sur des angoisses très communément partagées.
L’autre point fort du zombie est que, tel un virus, il a su muter pour s’adapter aux différentes époques. Du « mangeur de chair » des origines, déambulant avec une lenteur extrême, il ne subsiste aujourd’hui plus grand chose. Un film en particulier a symbolisé cette mutation : « 28 jours plus tard » de l’Anglais Danny Boyle (également connu pour avoir réalisé le multi-oscarisé Slumdog Millionaire ).
Sa vision du zombie est plus réaliste, cristallisée par un choix de mise en scène en DV (image « sale », basse résolution) qui instaure une proximité immédiate avec le monde réel. Le monstre devient un infecté, plus nerveux, plus rapide, en proie à un virus similaire à celui de la rage. On est cette fois-ci plus dans la peur de l’expérimentation bactériologique et de la contamination, des sujets pour le moins actuels.
Source : Le buzz du zombie de Miami : une invasion est-elle possible ?, Marianne
- Guide de survie en territoire zombie : ce livre peut vous sauver la vie Max Brooks
- Vampire zombie, le Guichet du Savoir
Bonne journée.
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