Ordre de classement des écritures (alphabétiques ou non)
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 10/02/2014 à 09h06
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Question d'origine :
Bonjour,
Je suis à la recherche de documents, en français ou en anglais, expliquant l'ordre de classement des caractères des écritures du monde.
Par exemple, pour l'alphabet latin, j'aimerais savoir pourquoi le a précède le b, le i précède le j etc. Pour l’écriture dévanagari, je sais que le classement repose sur une logique de prononciation mais j’aimerais en savoir davantage. Et ainsi de suite pour toutes les écritures du monde.
Et aussi pourquoi, dans certaines écritures telles l'alphabet latin, les lettres accentuées ne sont pas considérées comme des caractères en soi qui seraient donc classées séparément de leurs lettres racines. Ainsi, on peut trouver la succession suivante dans le dictionnaire Larousse : éleveur, elfe, élider. Le « e » et le « é » sont considérés comme une seule et même lettre et la présence d’un accent n’est pas considérée comme pertinente pour le classement des mots.
Alors qu'en japonais, par exemple, les caractères syllabiques accentués sont classés séparément de leurs caractères racines. Dans un dictionnaire classant les entrées par prononciation, on trouvera les caractères racines suivi des caractères accentués. Ainsi les mots commençant par la syllabe "ha" (は) seront indiqués avant les mots commençant par la syllabe "ba" (ば) qui précédent eux-mêmes les mots en "pa" (ぱ) ; les syllabes "ba" et "pa" étant en effet écrites à partir de la syllabe "ha" à laquelle est rajoutée un accent.
J’espère que ma question est claire et vous remercie d'avance pour votre réponse,
Pain d'épices
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 11/02/2014 à 14h00
Bonjour,
Répondre de manière globale à vos questions n’est pas aisé, puisque chaque langue et chaque système d’écriture qui lui est rattaché a une histoire qui lui est propre. Ainsi, on peut difficilement s’étonner si, entre deux alphabets n’ayant rien en commun (latin et japonais), les signes diacritiques ont un « statut » différent dans l’alphabet ou le syllabaire : ces subtilités sont liées aux spécificités historiques et culturelles de ces écritures.
Concernantl’origine de l’ordre alphabétique (essentiellement latin), vous pouvez consulter plusieurs ouvrages / ressources :
Histoire de l'alphabet, Pierre Abrioux
Voir à propos de cet ouvrage notre réponse à la question Histoire de l’alphabet
Le mystère de l'ordre alphabétique, Patrice Serres
Architecture invisible, l'ordre de l'alphabet sous-tend bien des systèmes de pensée. L'organisation du temps, de notre mémoire ou de notre imaginaire doit beaucoup à cette structure archaïque. Qui a décidé de l'ordre des lettres de l'alphabet ? De quelle nature est le lien secret qui les unit ? Pourquoi cet ordre est-il resté inchangé au fil des siècles ? Si l'origine des lettres a donné lieu à nombre d'hypothèses, l'ordre alphabétique restait, quant à lui, mystérieux. Pour la première fois, Patrice Serres démontre comment, du bassin méditerranéen à la Chine, des symboles agraires de la mesure du temps se sont mués en signes linguistiques. Leurs migrations et mutations éclairent les origines communes de systèmes aussi différents que les calendriers, zodiaques, alphabets, combinaisons horaires ou divinatoires.
AZERTY : l'alphabet du monde, Massin
Comment les majuscules, dont se servaient uniquement les Romains, sont-elles devenues, en mille ans, des minuscules ? Pourquoi la lettre Z a-t-elle été reléguée à la fin de l'alphabet ? Pour quelle raison a-t-on inventé l'italique, et pourquoi a-t-il pris ce nom, et de même pour le romain ? Quelles images les lettres suggèrent-elles à Victor Hugo ? Comment traduit-on, dans les principales langues européennes, le cri du coq, le miaulement du chat ou le bruit de la locomotive ? À quoi sert la ponctuation et depuis quand existe-t-elle ? Dans quel pays du monde appelle-t-on le Q la " vilaine lettre " ? D'où vient le nom des notes de musique ? Quels sont les ancêtres de nos posters et de nos tags actuels ? Pourquoi a-t-on longtemps confondu le I et le J, ainsi que le U et le V ? Et pourquoi, encore, la nuit est-elle noire ? Ce livre s'efforce de répondre à ces questions, et à bien d'autres aussi que font naître les cinq mille ans d'histoire de l'écriture, avec les lettres d'un alphabet qui, depuis un siècle, avec les machines à écrire, puis les ordinateurs, sont rangées dans un ordre différent, AZERTY chez nous, et auquel les Anglo-Saxons ont préféré QWERTY. Massin qui, en se réclamant de l'interaction des arts, a toujours manifesté son intérêt pour des disciplines et des moyens d'expression variés, nous livre ici, avec une documentation sans faille mais aussi avec poésie et humour, des images des métamorphoses incessantes de notre alphabet.
Contributions to a History of Alphabetization in Antiquity and the Middle Ages, Lloyd W. Daly
Dans indexation,mémoire, pouvoir et représentations au seuil du XIIe siecle : la redécouverte des feuillets de tables du liber de honoribus, premier cartulaire de la collégiale Saint-Julien de Brioud, Jean Berger donne un bref rappel de l’histoire de l’ordre alphabétique :
L’ordre alphabétique, séquence conventionnelle des lettres de l’écriture, s’impose dès les origines, au XIVe siècle avant J.-C. dans le royaume d’Ougarit. Il nous est parvenu essentiellement sous la forme didactique d’abécédaires3. Cette séquence est largement accueillie dans le monde sémitique, puis par le biais des Phéniciens elle s’étend au monde méditerranéen antique, principalement aux Grecs, aux Carthaginois puis aux Romains. Elle conserve d’ailleurs son agencement dans chacune des aires linguistiques adoptant le système d’écriture alphabétique. On attribue aux bibliothécaires d’Alexandrie, au IIIe siècle avant J.-C les premières applications documentaires du recours au classement alphabétique4. C’est le monde grec qui développera le plus l’utilisation classificatoire de l’ordre alphabétique, au sein d’ouvrages à caractère lexicographique notamment, mais pas uniquement.
Le respect de la séquence de l’alphabet, observé successivement par les nations accueillantes, cet ordre absolu lié au système d’écriture consonantique, ira jusqu’à animer les contenus de divers systèmes de croyances. Ainsi, dans la tradition hébraïque, la séquence alphabétique peut intervenir dans la composition des Psaumes, Proverbes et Lamentations. Cet héritage se transmet d’ailleurs : les psaumes 25, 34 , 37 et 118 de l’actuel canon de la Bible sont subdivisés en 22 strophes acrostiches correspondant aux lettres de l’alphabet hébreux. Ce dernier psaume, plus particulièrement, appelé abecedarium par les glossateurs, fut commenté très tôt par l’évêque Hilaire de Poitiers (315-367) et introduit au coeur de la liturgie monastique par saint Benoît (c.480-547) pour la récitation des petites heures. Dès son officialisation, le christianisme recourt à cet ordre absolu que représente la séquence alphabétique. Il est le support de la défense de la foi, dans un opus didactico-polémique africain du VIe siècle formulé à l’encontre de l’arianisme par saint Fulgence (468-533). L’Alpha et l’Oméga de la Parousie de Jean7 accompagnant le labarum de Constantin puis les chrismes paléochrétiens sont les véritables symboles du nouvel ordre chrétien ; l’alphabet sublime « le début et la fin ».
D’autres réponses du Guichet du Savoir vous donneront des pistes supplémentaires :
Alphabet
Mystère du « W »
L’ordre des lettres de l’alphabet
Enfin, vous pouvez consulter les articles de Wikipedia sur le classement alphabétique et les dictionnaires de sinogrammes :
Un dictionnaire de sinogrammes est un dictionnaire dans une langue écrite à l'aide de sinogrammes comme les différents dialectes du chinois ou le japonais.
Leur particularité tient à l'absence d'alphabet composant les sinogrammes donc à l'absence d'ordre alphabétique. L'ordre de classement dans un dictionnaire de sinogrammes utilise :
• un classement primaire selon les « clefs » qui entrent dans la composition des sinogrammes et sont en nombre suffisamment limité — il existe 214 clefs dans les dictionnaires classiques, ou 187 pour les caractères simplifiés — pour se voir fixer un ordre de classement arbitraire ;
• un classement secondaire par nombre de traits composant le sinogramme.
La bibliographie de l’article sur la Devanagari vous sera peut-être utile pour mieux comprendre l’organisation de cette écriture.
Concernantles accents dans la langue française , ceux-ci ont une histoire bien particulière (et compliquée), liée à l’imprimerie :
Les accents ont été introduits progressivement dans la langue écrite à partir de la Renaissance.
Nous sommes accoutumés aujourd’hui aux trois accents aigu, circonflexe et grave. Si ces trois accents ont fait l’objet de propositions dès la première moitié du XVIe siècle — notamment depuis la publication, en 1529, du Champleury de Geoffroy Tory —, le choix de l’orthographe ancienne, étymologisante, fortement défendu déjà par Robert Estienne (Dictionnaire francoislatin, 1539-1551) a fini par prévaloir : plus peut-être qu’une décision sur une question qui pourrait être arbitrée, le choix de l’orthographe ancienne par l’Académie française, pour la première édition de son Dictionnaire en 1694, marque peut-être davantage l’état d’un rapport de forces.
Les accents, création des éditeurs-imprimeurs de la Renaissance
L’écriture manuscrite du français médiéval ne connaissait pas les accents. Les lettrés pratiquaient le latin : c’était la langue de l’Église, des traités et même la langue d’enseignement. La prononciation du français a évolué par rapport à celle du latin (distinction u/ou par exemple ; mais aussi l’apparition de la prononciation eu que rend notre e actuel.
La Renaissance a été un prodigieux moment de révolution intellectuelle, d’essai de renouvellement et de développement de la pensée, marqué par le développement de cet outil révolutionnaire que fut l’imprimerie. Est-ce le rôle du français de Cour, avec l’invention du « bon usage » dont Vaugelas est le symbole ? Est-ce la création, par Richelieu, de l’Académie française et le rôle qu’ont pris les littérateurs dans les débats sur la langue ? En tout cas, on ignore trop souvent le rôle majeur qu’on joué les éditeurs-imprimeurs de la Renaissance dans la mise en valeur de la langue. C’est à eux qu’on doit l’emploi des accents en français écrit et pourtant qui, hormis la gent typographique et les spécialistes de l’histoire de la langue, connaît Geoffroy Tory, auteur de la première tentative de Code typographique:le Champfleury ?
De l’emploi des accents, on fut chiche : Robert Estienne n’admettait le é qu’en finale de mot ; l’accent grave ne fut initialement utilisé que sur la lettre a, et seulement pour distinguer des homophones grammaticaux (la/là ; a/à...) ; quant à l’accent circonflexe, pour la défense duquel d’aucuns se mobilisèrent énergiquement en 1990, il n’existait tout simplement pas dans la première édition (1694) du Dictionnaire de l’Académie française !
Source : langue-fr.net
Pour d’autres précisions sur les signes diacritiques dans la langue française et l’impact de l’imprimerie sur l’utilisation des accents : Comprendre l’orthographe du français, Hubert Joly,
[url]Du manuscrit à l'imprimé : le changement de support et ses répercussions sur le langage[/url], Susan Baddeley
Wikipedia.
Répondre de manière globale à vos questions n’est pas aisé, puisque chaque langue et chaque système d’écriture qui lui est rattaché a une histoire qui lui est propre. Ainsi, on peut difficilement s’étonner si, entre deux alphabets n’ayant rien en commun (latin et japonais), les signes diacritiques ont un « statut » différent dans l’alphabet ou le syllabaire : ces subtilités sont liées aux spécificités historiques et culturelles de ces écritures.
Concernant
Histoire de l'alphabet, Pierre Abrioux
Voir à propos de cet ouvrage notre réponse à la question Histoire de l’alphabet
Le mystère de l'ordre alphabétique, Patrice Serres
Architecture invisible, l'ordre de l'alphabet sous-tend bien des systèmes de pensée. L'organisation du temps, de notre mémoire ou de notre imaginaire doit beaucoup à cette structure archaïque. Qui a décidé de l'ordre des lettres de l'alphabet ? De quelle nature est le lien secret qui les unit ? Pourquoi cet ordre est-il resté inchangé au fil des siècles ? Si l'origine des lettres a donné lieu à nombre d'hypothèses, l'ordre alphabétique restait, quant à lui, mystérieux. Pour la première fois, Patrice Serres démontre comment, du bassin méditerranéen à la Chine, des symboles agraires de la mesure du temps se sont mués en signes linguistiques. Leurs migrations et mutations éclairent les origines communes de systèmes aussi différents que les calendriers, zodiaques, alphabets, combinaisons horaires ou divinatoires.
AZERTY : l'alphabet du monde, Massin
Comment les majuscules, dont se servaient uniquement les Romains, sont-elles devenues, en mille ans, des minuscules ? Pourquoi la lettre Z a-t-elle été reléguée à la fin de l'alphabet ? Pour quelle raison a-t-on inventé l'italique, et pourquoi a-t-il pris ce nom, et de même pour le romain ? Quelles images les lettres suggèrent-elles à Victor Hugo ? Comment traduit-on, dans les principales langues européennes, le cri du coq, le miaulement du chat ou le bruit de la locomotive ? À quoi sert la ponctuation et depuis quand existe-t-elle ? Dans quel pays du monde appelle-t-on le Q la " vilaine lettre " ? D'où vient le nom des notes de musique ? Quels sont les ancêtres de nos posters et de nos tags actuels ? Pourquoi a-t-on longtemps confondu le I et le J, ainsi que le U et le V ? Et pourquoi, encore, la nuit est-elle noire ? Ce livre s'efforce de répondre à ces questions, et à bien d'autres aussi que font naître les cinq mille ans d'histoire de l'écriture, avec les lettres d'un alphabet qui, depuis un siècle, avec les machines à écrire, puis les ordinateurs, sont rangées dans un ordre différent, AZERTY chez nous, et auquel les Anglo-Saxons ont préféré QWERTY. Massin qui, en se réclamant de l'interaction des arts, a toujours manifesté son intérêt pour des disciplines et des moyens d'expression variés, nous livre ici, avec une documentation sans faille mais aussi avec poésie et humour, des images des métamorphoses incessantes de notre alphabet.
Contributions to a History of Alphabetization in Antiquity and the Middle Ages, Lloyd W. Daly
Dans indexation,mémoire, pouvoir et représentations au seuil du XIIe siecle : la redécouverte des feuillets de tables du liber de honoribus, premier cartulaire de la collégiale Saint-Julien de Brioud, Jean Berger donne un bref rappel de l’histoire de l’ordre alphabétique :
L’ordre alphabétique, séquence conventionnelle des lettres de l’écriture, s’impose dès les origines, au XIVe siècle avant J.-C. dans le royaume d’Ougarit. Il nous est parvenu essentiellement sous la forme didactique d’abécédaires3. Cette séquence est largement accueillie dans le monde sémitique, puis par le biais des Phéniciens elle s’étend au monde méditerranéen antique, principalement aux Grecs, aux Carthaginois puis aux Romains. Elle conserve d’ailleurs son agencement dans chacune des aires linguistiques adoptant le système d’écriture alphabétique. On attribue aux bibliothécaires d’Alexandrie, au IIIe siècle avant J.-C les premières applications documentaires du recours au classement alphabétique4. C’est le monde grec qui développera le plus l’utilisation classificatoire de l’ordre alphabétique, au sein d’ouvrages à caractère lexicographique notamment, mais pas uniquement.
Le respect de la séquence de l’alphabet, observé successivement par les nations accueillantes, cet ordre absolu lié au système d’écriture consonantique, ira jusqu’à animer les contenus de divers systèmes de croyances. Ainsi, dans la tradition hébraïque, la séquence alphabétique peut intervenir dans la composition des Psaumes, Proverbes et Lamentations. Cet héritage se transmet d’ailleurs : les psaumes 25, 34 , 37 et 118 de l’actuel canon de la Bible sont subdivisés en 22 strophes acrostiches correspondant aux lettres de l’alphabet hébreux. Ce dernier psaume, plus particulièrement, appelé abecedarium par les glossateurs, fut commenté très tôt par l’évêque Hilaire de Poitiers (315-367) et introduit au coeur de la liturgie monastique par saint Benoît (c.480-547) pour la récitation des petites heures. Dès son officialisation, le christianisme recourt à cet ordre absolu que représente la séquence alphabétique. Il est le support de la défense de la foi, dans un opus didactico-polémique africain du VIe siècle formulé à l’encontre de l’arianisme par saint Fulgence (468-533). L’Alpha et l’Oméga de la Parousie de Jean7 accompagnant le labarum de Constantin puis les chrismes paléochrétiens sont les véritables symboles du nouvel ordre chrétien ; l’alphabet sublime « le début et la fin ».
D’autres réponses du Guichet du Savoir vous donneront des pistes supplémentaires :
Alphabet
Mystère du « W »
L’ordre des lettres de l’alphabet
Enfin, vous pouvez consulter les articles de Wikipedia sur le classement alphabétique et les dictionnaires de sinogrammes :
Un dictionnaire de sinogrammes est un dictionnaire dans une langue écrite à l'aide de sinogrammes comme les différents dialectes du chinois ou le japonais.
Leur particularité tient à l'absence d'alphabet composant les sinogrammes donc à l'absence d'ordre alphabétique. L'ordre de classement dans un dictionnaire de sinogrammes utilise :
• un classement primaire selon les « clefs » qui entrent dans la composition des sinogrammes et sont en nombre suffisamment limité — il existe 214 clefs dans les dictionnaires classiques, ou 187 pour les caractères simplifiés — pour se voir fixer un ordre de classement arbitraire ;
• un classement secondaire par nombre de traits composant le sinogramme.
La bibliographie de l’article sur la Devanagari vous sera peut-être utile pour mieux comprendre l’organisation de cette écriture.
Concernant
Les accents ont été introduits progressivement dans la langue écrite à partir de la Renaissance.
Nous sommes accoutumés aujourd’hui aux trois accents aigu, circonflexe et grave. Si ces trois accents ont fait l’objet de propositions dès la première moitié du XVIe siècle — notamment depuis la publication, en 1529, du Champleury de Geoffroy Tory —, le choix de l’orthographe ancienne, étymologisante, fortement défendu déjà par Robert Estienne (Dictionnaire francoislatin, 1539-1551) a fini par prévaloir : plus peut-être qu’une décision sur une question qui pourrait être arbitrée, le choix de l’orthographe ancienne par l’Académie française, pour la première édition de son Dictionnaire en 1694, marque peut-être davantage l’état d’un rapport de forces.
Les accents, création des éditeurs-imprimeurs de la Renaissance
L’écriture manuscrite du français médiéval ne connaissait pas les accents. Les lettrés pratiquaient le latin : c’était la langue de l’Église, des traités et même la langue d’enseignement. La prononciation du français a évolué par rapport à celle du latin (distinction u/ou par exemple ; mais aussi l’apparition de la prononciation eu que rend notre e actuel.
La Renaissance a été un prodigieux moment de révolution intellectuelle, d’essai de renouvellement et de développement de la pensée, marqué par le développement de cet outil révolutionnaire que fut l’imprimerie. Est-ce le rôle du français de Cour, avec l’invention du « bon usage » dont Vaugelas est le symbole ? Est-ce la création, par Richelieu, de l’Académie française et le rôle qu’ont pris les littérateurs dans les débats sur la langue ? En tout cas, on ignore trop souvent le rôle majeur qu’on joué les éditeurs-imprimeurs de la Renaissance dans la mise en valeur de la langue. C’est à eux qu’on doit l’emploi des accents en français écrit et pourtant qui, hormis la gent typographique et les spécialistes de l’histoire de la langue, connaît Geoffroy Tory, auteur de la première tentative de Code typographique:le Champfleury ?
De l’emploi des accents, on fut chiche : Robert Estienne n’admettait le é qu’en finale de mot ; l’accent grave ne fut initialement utilisé que sur la lettre a, et seulement pour distinguer des homophones grammaticaux (la/là ; a/à...) ; quant à l’accent circonflexe, pour la défense duquel d’aucuns se mobilisèrent énergiquement en 1990, il n’existait tout simplement pas dans la première édition (1694) du Dictionnaire de l’Académie française !
Source : langue-fr.net
Pour d’autres précisions sur les signes diacritiques dans la langue française et l’impact de l’imprimerie sur l’utilisation des accents : Comprendre l’orthographe du français, Hubert Joly,
[url]Du manuscrit à l'imprimé : le changement de support et ses répercussions sur le langage[/url], Susan Baddeley
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