Quels sont les plus gros clichés sur Lyon et les lyonnais ?
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 13/09/2013 à 12h26
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Question d'origine :
Je voudrais savoir quels sont les clichés sur les lyonnais et d'où ils viennent?
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 17/09/2013 à 10h55
Pour les millions de voyageurs qui déferlent chaque année de Paris et des pays du nord vers les rives du soleil, Lyon c’est un tunnel, deux fleuves que l’on confond, parfois une étape gastronomique. Rien de plus.
Pour les millions de français façonnés par mille ans de centralisation et cent ans d’instruction publique simplificatrice, le Lyonnais est un bourgeois riche et triste, qui travaille dans la soierie, joue aux boules dans le brouillard, va voir Guignol le dimanche (à moins qu’il n’assiste à une messe noire), tandis que sa femme mijote de la bonne cuisine dans d’obscures alcôves.
Depuis quelques affaires criminelles dans les années 70, certains rajoutent les truands aux bourgeois, et le sang à l’argent. (…)
In : Lugdunoscope : le tour de Lyon en 80 chapitres par Régis Neyret, 2000
(Cet article a été publié par Le Monde, le 23 septembre 1979)
Repris également dans : Sociologie de Lyon / par Jean-Yves Authier, Yves Grafmeyer, Isabelle Mallon, Marie Vogel, Ed. La Découverte, 2010. Suivi dans cet ouvrage de :
(…) Cette description contient un grand nombre de clichés couramment associés à Lyon et aux Lyonnais. De fait, « peu de villes françaises ont suscité autant de discours stéréotypés que l’ancienne capitale des Gaules ; sinon Paris – déjà elle » [Lequin, 1990]. Ces images ne sont évidemment pas le reflet parfait de la réalité. Mais elles ne sont pas non plus, au contraire, une pure illusion. Elaborées pour une large part au XIXe siècle Pierre-Yves Saunier, L’esprit lyonnais, XIe-XXe, éd. en 1995 et au début du XXe par différents acteurs (écrivains, historiens, hommes politiques soucieux, à la fois, d’affirmer l’indépendance lyonnaise et de produire l’unité de la ville), ces représentations sont des constructions sociales bien réelles qui à leur manière, caractérisent Lyon – et appartiennent à l’imaginaire lyonnais.
(…) Souvent structurées autour de couples d’oppositions, ces images apparaissent très marquées par l’ambivalence et la dualité. Comme le dieu Janus, avec ses deux visages opposés, Lyon possède l’image à la fois d’une ville bourgeoise et d’une ville populaire, d’une ville catholique et d’une ville franc-maçonne, d’une ville industrieuse et d’une ville épicurienne, d’une ville « fermée » et d’une ville « ouverte », d’une ville plusieurs fois capitale mais qui n’est pas Paris. Depuis quelques temps, en rupture avec ces représentations traditionnelles, une autre image est fréquemment associée à Lyon : celle d’une ville qui change (...)
Ces couples d’oppositions sont ensuite développés (toujours dans ce même ouvrage « Sociologie de Lyon »).
Ainsi, on peut lire, par exemple, dans le chapitre ville bourgeoise ville populaire
Lyon ville bourgeoise (…) Ses traits sont décrits dans plusieurs romans et notamment dans le livre de l’écrivain lyonnais Jean Dufourt, Calixte ou l’introduction à la vie lyonnaise. Publié en 1926. L’auteur dresse dans ce roman un portrait de la bourgeoisie du quartier d’Ainay. (…)
Lyon, ville bourgeoise possède en même temps, à la différence d’autres villes « bourgeoises comme Bordeaux [Victoire, 2007], une image populaire. Cette histoire renvoie à l’histoire de la soierie lyonnaise, aux ouvriers et ouvrières travaillant dans le tissage de la soie, « les canuts », et à un tout autre quartier de Lyon, la Croix-Rousse. (…)
(…) au XIXe siècle Montplaisir, Montchat, Gerland ou Vaise ont constitué des faubourgs ouvriers importants [Bonneville, 1997], habités par des ouvriers d’autres industries.
Nous ne pouvons retranscrire l’ouvrage Sociologie de Lyon, nous vous conseillons donc de lire la suite de ce chapitre consacré aux images de la ville et de ses habitants (une vingtaine de pages)
Dans la partie intitulée : Une ville qui change… d’images, on peut lire, entre autres :
« Lyon, ville triste, aux certitudes inamovibles, n’existe plus. Lyon la catholique, industrieuse et repliée sur elle-même, n’est plus. Parce que ceux qui la font, ceux qui la vivent, ne sont tout simplement plus les mêmes (….)
In Lyon révolutions tranquilles / Alice Géraud, Ed. Autrement, 2006.
Dans l’introduction de ce même ouvrage :
Toute ville, sans doute, affirmait Fernand Braudel est un être compliqué, Lyon plus qu’une autre qui frappe l’historien par sa richesse, ses brusques transformations, ses originalités, ses étrangetés (…)
A lire aussi :
La Lyonnitude : dictionnaire historique et critique / Bruno Benoit, éd. 2000
Notre Point d’Actu : Lyon change de planète
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