Question d'origine :
Jules Verne a ete Deiste ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 21/11/2014 à 14h34
Bonjour,
Olivier Dumas, président de la Société Jules Verne, aborde les opinions religieuses de Jules Verne dans le chapitre XVIII de son livre Voyage à travers Jules Verne : biographie aux pages 213 à 221. Voici ce qu'il indique en substance :
Jules Verne a reçu une éducation religieuse mais a mal supporté les contraintes imposées au petit séminaire où il a fait ses études.
Dans les années 1870, l'auteur se proclame bon catholique. Ainsi, quand Adrien Marx vient l'interroger en 1873, doit-il lui dire ce que répète le journaliste : "Sa biographie peut tenir en trois mots : Breton, Catholique et Marin."
Deux ans plus tard, aux doutes d'une correspondante, Jules Verne répond, apparemment agacé, qu'"étant breton, je suis par raison, par raisonnement, par tradition de famille, chrétien et catholique romain. Rien dans mes ouvrages ne peut faire supposer le contraire."
Ce n'est qu'à la mort de son père, très pieux, que Jules Verne osera montrer une attitude plus sceptique.
A mesure que l'écrivain vieillit, les interrogations religieuses vont se multiplier. Des doutes vont naître. Il manifeste dans ses écrits son scepticisme et même sa rancœur. La peur de la mort se conjugue avec l'angoisse de l'existence d'une vie future. Puis il assimilera le catholicisme à de la superstition.
Voici également quelques propos de Joëlle Dusseau dans la biographie Jules Verne sur son rapport à la religion (aux pages 529-530) :
Dieu unique, Dieu le père sans les autres membres de la Trinité, avec ses différents attributs de sauveur, de créateur, de juge et de justicier est donc une forte figure du monde vernien. Dieu sans les dogmes chrétiens, malgré une appartenance à la catholicité affirmée par l'auteur, sans Marie, sans les saints. Nous avons là une rupture avec ce siècle marial et christologique. On peut relier ce Dieu unique au dieu des philosophes théistes du XVIIIe siècle, ou au culte de l'Être suprême de la Révolution, qui a peu influencer ses parents. Deux autres explications sont à avancer.
D'abord l'influence maçonnique. Simone Vierne, tout en réfutant la thèse, souligne que Verne a fréquenté Jean Macé, codirecteur du Magasin et maçon de haut grade, et qu'Aristide Hignard a été initié à la loge de Nantes. Dans la dernière édition de son dictionnaire, Daniel Ligoud n'écarte pas l'hypothèse d'une initiation. [...]
Et puis... Certes, les hommes de la bourgeoise et des classes moyennes ont bien souvent exprimé une réticence, une indifférence, ou une hostilité vis-à-vis de la religion, ce que Pierre Sorlin qualifie d'athéisme et Maurice Crubelier de "Conformisme occasionnel".
Louis Veuillot dit ensuite, en parlant de Jules Verne :
On ne peut qu'être surpris en effet d'une religion sans rites, sans dogme, plus théiste que chrétienne, et plus chrétienne que catholique, œcuménique. Les femmes ont des attitudes religieuses plus marquées que les hommes, mai si elles sont pieuses, on ne les voit jamais pratiquantes. Il en est de même pour les enfants. Mais, surtout, l'image très présente d'un Dieu-Père sauveur, justicier, créateur est le reflet probable à la fois de la vision masculine de la religion et de la domination du sexe masculin, qui se retrouve dans cette image. Ce Dieu père règne dans un Panthéon vide. Ce créateur vient au secours des individus qui doivent mériter son intervention par leur courage et leur détermination. A des hommes actifs qui forcent le destin correspond donc cette religion où la notion de jugement Post mortem est absente, où récompense et châtiment interviennent sur cette terre.
Pour en savoir plus, vous pouvez contacter la Société Jules Verne.
Olivier Dumas, président de la Société Jules Verne, aborde les opinions religieuses de Jules Verne dans le chapitre XVIII de son livre Voyage à travers Jules Verne : biographie aux pages 213 à 221. Voici ce qu'il indique en substance :
Jules Verne a reçu une éducation religieuse mais a mal supporté les contraintes imposées au petit séminaire où il a fait ses études.
Dans les années 1870, l'auteur se proclame bon catholique. Ainsi, quand Adrien Marx vient l'interroger en 1873, doit-il lui dire ce que répète le journaliste : "Sa biographie peut tenir en trois mots : Breton, Catholique et Marin."
Deux ans plus tard, aux doutes d'une correspondante, Jules Verne répond, apparemment agacé, qu'"étant breton, je suis par raison, par raisonnement, par tradition de famille, chrétien et catholique romain. Rien dans mes ouvrages ne peut faire supposer le contraire."
Ce n'est qu'à la mort de son père, très pieux, que Jules Verne osera montrer une attitude plus sceptique.
A mesure que l'écrivain vieillit, les interrogations religieuses vont se multiplier. Des doutes vont naître. Il manifeste dans ses écrits son scepticisme et même sa rancœur. La peur de la mort se conjugue avec l'angoisse de l'existence d'une vie future. Puis il assimilera le catholicisme à de la superstition.
Voici également quelques propos de Joëlle Dusseau dans la biographie Jules Verne sur son rapport à la religion (aux pages 529-530) :
Dieu unique, Dieu le père sans les autres membres de la Trinité, avec ses différents attributs de sauveur, de créateur, de juge et de justicier est donc une forte figure du monde vernien. Dieu sans les dogmes chrétiens, malgré une appartenance à la catholicité affirmée par l'auteur, sans Marie, sans les saints. Nous avons là une rupture avec ce siècle marial et christologique. On peut relier ce Dieu unique au dieu des philosophes théistes du XVIIIe siècle, ou au culte de l'Être suprême de la Révolution, qui a peu influencer ses parents. Deux autres explications sont à avancer.
D'abord l'influence maçonnique. Simone Vierne, tout en réfutant la thèse, souligne que Verne a fréquenté Jean Macé, codirecteur du Magasin et maçon de haut grade, et qu'Aristide Hignard a été initié à la loge de Nantes. Dans la dernière édition de son dictionnaire, Daniel Ligoud n'écarte pas l'hypothèse d'une initiation. [...]
Et puis... Certes, les hommes de la bourgeoise et des classes moyennes ont bien souvent exprimé une réticence, une indifférence, ou une hostilité vis-à-vis de la religion, ce que Pierre Sorlin qualifie d'athéisme et Maurice Crubelier de "Conformisme occasionnel".
Louis Veuillot dit ensuite, en parlant de Jules Verne :
On ne peut qu'être surpris en effet d'une religion sans rites, sans dogme, plus théiste que chrétienne, et plus chrétienne que catholique, œcuménique. Les femmes ont des attitudes religieuses plus marquées que les hommes, mai si elles sont pieuses, on ne les voit jamais pratiquantes. Il en est de même pour les enfants. Mais, surtout, l'image très présente d'un Dieu-Père sauveur, justicier, créateur est le reflet probable à la fois de la vision masculine de la religion et de la domination du sexe masculin, qui se retrouve dans cette image. Ce Dieu père règne dans un Panthéon vide. Ce créateur vient au secours des individus qui doivent mériter son intervention par leur courage et leur détermination. A des hommes actifs qui forcent le destin correspond donc cette religion où la notion de jugement Post mortem est absente, où récompense et châtiment interviennent sur cette terre.
Pour en savoir plus, vous pouvez contacter la Société Jules Verne.
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