Mariam,dernière compagne de Rimbaud ?
Question d'origine :
La photo de Mariam, dernière compagne du poète Arthur Rimbaud n'est pas sûre du tout. Que ce soit précisément cette femme-là. La photo en question. J'ai lu beaucoup de livres sur Rimbaud - de 16 ans à aujourd'hui - ainsi que de nombreux articles. La première fois que j'ai vu cette photo, au milieu des années 90, c'était dans le cahier de photos intérieures du livre d'Alain Borer consacré à Rimbaud : " Rimbaud d'Arabie " paru en 1991. A vérifier quand même. Depuis, on a écrit que cette photo est une photo trafiquée voire folklorique représentant bien une "éthiopienne" de l'époque mais sans doute pas, hélas, la vraie compagne de Rimbaud (avec laquelle il n'aurait pas passé beaucoup de temps non plus, l'ayant congédiée assez vite de chez lui... Un document qui a l'air plutôt sérieux en parle ci-dessous : https://issuu.com/librairesassocies/doc ... ch__mariam Dans beaucoup de livres sur le poète, cette photo est tout de même régulièrement reprise. La légende est plaisante. Mais qui dit vrai ? Si vous pouviez répondre précisément à cette question, ce serait utile à la petite histoire de la grande poésie. En vous remerciant, très cordialement.
Réponse du Guichet
Il semblerait que les spécialistes rimbaldiens s’accordent à dire qu’en
Si la relation semble effectivement confirmée, nul document que nous avons consulté ne permet de valider que la femme représentée sur la photo en question soit cette Mariam avec qui Arthur Rimbaud aurait eu une liaison, et quand bien même, aucun n’évoque cette relation comme un élément clé de la vie du poète. Il s’agirait plutôt pour ce dernier de s’adapter d’ailleurs aux mœurs du pays dans lequel il vit et de prendre « épouse » comme le veut la coutume, une idée qu’il nourrit un temps mais ne concrétise pas, l’idylle dont il est question n’ayant duré que quelques mois.
« La seule liaison signalée durant cette période [La partie de sa vie passée en Arabie] fut avec une Abyssinienne de religion chrétienne, prénommée Mariam, qu’il aurait amenée du Harar à Aden. Françoise Grisard, qui s’occupait du ménage d’Alfred Bardey, son employeur, témoigna à ce sujet en des termes qui tendraient à prouver les égards qu’il avait pour cette concubine, ce qui ne l’empêchera pas bientôt de la traiter de « mascarade » et de la congédier sans le moindre regret (Lettre à Agusto Franzoj, 1885-1886 ?) »
Edmund White, biographe du poète, évoque la dite relation en ces termes :
« Pendant l’année 1884, à Aden, Rimbaud partage la vie d’une Abyssinienne qui semble être la seule maîtresse qu’il ait jamais eu. L’une des connaissances d’Arthur se souviendra qu’elle s’habillait à la mode européenne, qu’elle se promenait chaque soir avec son compagnon et qu’elle aimait fumer des cigarettes. Lorsque Rimbaud quitte la ville, il renvoie l’Abyssinienne chez elle en lui donnant de l’argent. On ignore son nom, mais une photographie nous est parvenue, sur laquelle son jeune visage aux traits réguliers et un peu masculins apparaît encadré par une coiffure d’un blanc immaculé contrastant avec sa peau noire et mate. »
Quant à Rimbaud d'Arabie, ouvrage dans lequel vous avez vu pour la première fois la fameuse photo censée représenter Mariam, Alain Borer évoque de façon lacunaire cette relation entre le poète et l’Abyssinienne, dont le prénom n’est pas précisé, mais sur laquelle il revient en décrivant leurs habitudes, chaque soir se promenant dans le souk tous les deux, elle habillée à la mode européenne et fumant des cigarettes. La durée de cette relation n’est pas détaillée précisément, il s’agirait de « plusieurs mois de 1884 ».
Et si les différents ouvrages évoquant cette relation ne suffisent pas à valider ou non votre demande de précision sur cette partie de la vie amoureuse de Rimbaud, peut-être pourrez-vous obtenir de plus amples informations en contactant les Amis de Rimbaud, une association d’envergure regroupant grands nombres de poètes, chercheurs, artistes, étudiants et lecteurs de poésie à travers le monde, tous liés par leur intérêt pour le poète et de fait, probablement à même de vous répondre plus précisément sur le sujet.
Poétiquement votre, et bon weekend !