Question d'origine :
Bonjour,
en faisant des recherches sur internet il est très difficile de savoir si des études fiables se sont réellement penchées sur la question du lien entre dégénérescence visuel et exposition aux écrans tet leurs lumières bleues) et quelles en sont leur conclusions.
Selon les pays on aura en effet plutôt une conclusion positive (France) ou négative (Canada,Royaume-Uni,Etats-unis) et on se demande un peu si ces conclusions ne viennent pas simplement d'une guerre entre vendeur d'écran et vendeur de lunettes.
Mes quelques sources sur le sujet :
- https://www.inserm.fr/actualites-et-eve ... ensives-ca
- https://www.anses.fr/fr/content/syst%C3 ... res-%C3%A0 -> https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2008sa0408.pdf
- https://www.lesnumeriques.com/ampoules- ... a3111.html
- https://www.aoqnet.qc.ca/wp-content/upl ... artie2.pdf
- https://www.aao.org/eye-health/tips-pre ... blue-light
Merci de votre réponse
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 21/04/2018 à 14h02
Bonjour,
Si le lien entre surexposition à la lumière bleue et altération de la qualité du sommeil est désormais bien établi, la nocivité de la lumière bleue pour la santé de nos yeux fait quant à elle toujours débat au sein de la communauté scientifique comme parmi les professionnels de la vue (cf. l'article que vous citez, publié dans la revue Optométriste)
Rappelons tout d’abord ce qu’est la lumière bleue : elle constitue une partie du spectre de la lumière visible. Sa longueur d'onde se situe entre 380 et 500 nanomètres. Le Soleil émet naturellement de la lumière bleue, nous y sommes donc exposés quotidiennement. Certaines sources lumineuses artificielles comme les diodes électroluminescentes (les fameuses LED) ainsi que les écrans de nos smartphones, tablettes, ordinateurs et téléviseurs, émettent de la lumière bleue.
Aujourd’hui, du fait de notre utilisation croissante des écrans et des nouveaux éclairages intérieurs et extérieurs, nous sommes de plus en plus exposés à la lumière bleue. La question d’un éventuel risque sanitaire s’est posée dès les années 2000. En 2010, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) publiait un rapport : Systèmes d'éclairage utilisant des diodes électroluminescentes (LED) : des effets sanitaires à prendre en compte dont les conclusions montraient un risque potentiel de stress toxique pour la rétine lié à la forte proportion de lumière bleue dans les LED. Depuis, les études sur le sujet tendent à confirmer ces conclusions (voir par exemple cet article : Phototoxic Action Spectrum on a Retinal Pigment Epithelium Model of Age-Related Macular Degeneration Exposed to Sunlight Normalized Conditions publié dans la revue Plos One). Outre une
Parmi ces études, l’une d’elles (Light-Induced Retinal Damage Using Different Light Sources, Protocols and Rat Strains Reveals LED Phototoxicity) a été plus particulièrement médiatisée : publiée en 2016 dans la revue Neuroscience par une équipe INSERM, elle constate la toxicité de certaines des longueurs d'onde sur la rétine de rats. Même si les observations faites chez le rat ne sont pas transposables chez l'homme, les données de cette étude sont plutôt inquiétantes puisqu’elles concluent à un mécanisme d’altération pouvant favoriser la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).
Notons par ailleurs que le nombre croissant de jeunes atteints de myopie serait lui aussi lié à la surexposition aux écrans, comme l’a montré une étude réalisée pour l'Association nationale pour l'amélioration de la vue en 2017. Toutefois les conclusions de cette étude montrent plus un impact du manque de lumière naturelle associé à une perte d’entrainement des yeux à voir de loin (dû au temps passé à l’intérieur, les yeux rivés sur un écran pendant une longue durée), qu’un réel lien entre augmentation de la myopie et lumière bleue.
En bref, en l'état actuel des connaissances, ce n'est que le principe de précaution qui devrait nous encourager à protéger nos yeux avec des verres filtrants spécifiques.
Dans ce contexte, les recommandations qu'a publiées l’ANSES début 2018 sont claires :
Dans le cadre de l’expertise, l'Anses a conduit différents essais visant à évaluer les risques de ces nouveaux éclairages à l'aune de la norme européenne de sécurité photobiologique. Certains de ces produits relèvent de groupes de risques supérieurs à ceux des éclairages traditionnels, jusqu'alors inaccessibles par le grand public. (…) L'Anses recommande que seules les LED appartenant à des groupes de risques similaires à ceux des éclairages traditionnels soient accessibles pour le grand public, les éclairages les plus à risque devant être réservés à des utilisations professionnelles dans des conditions permettant de garantir la sécurité des travailleurs. Par ailleurs, l'Agence souligne la nécessité de diminuer les intensités lumineuses perçues, afin de limiter les risques d'éblouissement. L'Agence recommande également d'éviter l'utilisation de sources de lumière riches en couleur bleue dans les lieux fréquentés par les enfants. Enfin, l'Anses formule différentes recommandations relatives à l'information du consommateur, à l'évolution et la mise en œuvre des normes en vigueur et à l'acquisition de nouvelles connaissances sur les effets sanitaires des éclairages artificiels.
Quelques lectures supplémentaires pour en savoir plus :
• Les LED sont-elles dangereuses pour les yeux ?
• Les LED, pas si inoffensives que ça...
• La lumière bleue : retour sur un débat
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