Question d'origine :
Bonjour,
Pourquoi dans les œuvres picturales la vanité est souvent symbolisée par un crâne ?
D'où vient l'origine de ce symbole et que signifie t-il vraiment ?
En outre y aurait-il un lien avec l'adjectif crâne et le verbe crâner ?
Merci pour votre réponse
Cordialement
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 26/08/2015 à 08h49
Bonjour,
Le site Dictionnaire des symboles explique la symbolique du crâne :
« Le crâne (CRâNe) se trouve au sommet du squelette. C'est la partie impérissable du corps. Il est le siège de l'âme, sa demeure, son véhicule, tout comme la grotte, la CaveRNe et le CaiRN sont des demeures de l'Esprit. Le crâne est donc réceptacle de vie, mais il symbolise aussi la mort physique, par laquelle il faut passer pour renaître à un niveau spirituel supérieur. »
Le crâne représente la mort, l’issue de tous, personne ne peut l’éviter. La mort impose l’humilité qui s’oppose à la vanité.
Le site Joconde, portail des collections des musées de France détaille la symbolique du crâne dans l’art :
« La représentation du crâne
Le crâne (ou tête de mort) signifie généralement une menace mortelle que l'on peut voir sur le drapeau des pirates ou sur les bouteilles de poison. En Europe, sa représentation a également une signification philosophique en relation avec la fragilité humaine, la brièveté de la vie : Memento mori (souviens toi que tu vas mourir) et Carpe diem (cueilles le jour). Pour les artistes, il est tantôt considéré comme objet d'étude anatomique ou tantôt chargé d'affects.
Dans la religion chrétienne, le thème du crâne est très présent, surtout à partir du 15e siècle, dans des scènes religieuses, comme celle de la Crucifixion, où un crâne est déposé au pied du Christ en croix, identifié comme le crâne d'Adam et symbolisant le passage de la mort à la résurrection. Le crâne est aussi l'attribut de saints ermites et exprime la pénitence et la méditation. De fait, à partir du 17e siècle il est fréquemment représenté auprès de sainte Madeleine, sainte Catherine de Sienne, saint Jérôme, saint François d'Assise, saint Bruno ou saint Paul.
On trouve également le crâne comme ornement sur certains vêtements religieux.
Toujours au 17e siècle, le crâne devient sujet allégorique, devant conduire à une méditation sur la mort et le temps qui passe, et on le trouve fréquemment associé à un type de natures mortes dites Vanités. Pour dénoncer la vanité des biens terrestres, des artistes (notamment protestants) exécutent avec virtuosité de riches objets du quotidien en les associant à un crâne, pour appeler au renoncement des richesses. De la même période datent les montres en forme de crâne.
Le thème de la mort s'estompe au 18e siècle, mais revient aux 19e et 20e siècles. Le personnage d'Hamlet, donne ainsi l'occasion de représenter un héros qui s'interroge sur la destinée humaine : "to be or not to be". Le crâne est également un symbole maçonnique de perfection spirituelle. »
La vanité a donc été un sujet récurrent dans les arts et plus particulièrement dans la peinture, elle a même été à l’origine d’une catégorie artistique,Les Vanités :
« Qu’est-ce que la vanité ?
Le mot « vanité » a plusieurs sens. Il désigne d'abord un défaut humain : l'orgueil. Ainsi une personne vaniteuse est prétentieuse, trop satisfaite d'elle-même. Le mot « vanité » a cependant une autre signification. Il vient en effet du mot latin « vanitas » de « vanus » signifiant « vain » c'est-à-dire ce qui est vide, creux, inutile et illusoire. Une « vanité » désigne par conséquent tout ce qui est frivole et insignifiant.
Les « Vanités », qu'est-ce que c'est ?
Les « Vanités » sont des oeuvres d'art qui nous rappellent que nous sommes mortels et que notre vie s'achèvera un jour. Il peut s'agir de tableaux, de sculptures ou même de bijoux.
Quelle est l'origine de ces « Vanités » ? Et quel est l'intérêt de parler ainsi de la mort aux vivants ?
Le principe des « Vanités » remonte à l'Antiquité. Ainsi lorsqu'un général romain défilait après une grande victoire, paradant devant le peuple lors d'une cérémonie de triomphe, un esclave se tenait debout derrière lui. Tandis que le général recevait les plus grands honneurs, se gonflait d'orgueil et de satisfaction, l'esclave brandissait une couronne de lauriers au-dessus de sa tête. Et il ne cessait de lui répéter à l'oreille : « Memento mori ! Memento mori ! ». Cela signifie : « Souviens-toi que tu es mortel, souviens-toi que tu vas mourir. ». Le général romain ne pouvait donc pas être trop prétentieux. Il était invité à profiter de ce triomphe mais aussi à se rappeler que sa joie ne pouvait être qu'éphémère et qu'après tout, il n'était qu'un homme, appelé à mourir un jour... En un mot, son orgueil était rabaissé.
Horace, un célèbre poète latin du Ier siècle avant Jésus-Christ écrit également, dans le même esprit : « Mangeons, buvons et soyons joyeux, car nous mourrons demain ». Cette fois, on le comprend, il s'agit moins de modérer une tendance à la prétention que d'inviter chacun à profiter de la vie. En ce sens, la pensée d'Horace se rapproche du célèbre adage romain : « Carpe diem », c'est-à-dire « Cueille le jour » qu'on pourrait résumer ainsi : profite de la vie !
Le rappel de cette mort qui viendra achever chaque existence humaine est également présent dans l'Ancien Testament de la Bible, dans le livre appelé « L'Ecclésiaste » ou bien « Livre de Qohelet ». Cet homme se désigne comme étant « fils de David, roi de Jérusalem ». En latin, ce discours débute ainsi : « Vanitas vanitatum et omnia vanitas » ce qui signifie : «Vanité des vanités, tout est vanité» (des extraits sont donnés en bas de cette page). Dans ce célèbre livre, il est indiqué entre autres qu' « il n'y a rien de nouveau sous le soleil » et qu' « il y a un temps pour tout ». […]
Quels sont les éléments qu'on retrouve dans les « Vanités » ?
Plusieurs éléments se retrouvent souvent dans ces oeuvres d'art appelées « Vanités ». Ainsi la fuite du temps qui passe, la brièveté de la vie, sont évoquées par des sabliers, des bougies qui se consument ou des horloges. Le crâne, bien entendu, évoque la mort prochaine, du moins la mort qui ne manquera pas d'arriver un jour. Les effets du temps sont aussi souvent représentées à travers les fleurs (qui se fanent rapidement), les fruits (qui s'abiment), les pierres (qui se lézardent)...
Les plaisirs de la vie sont considérés comme « vains ». Ils ne sont que futiles et dérisoires au moment de mourir. Ainsi les « Vanités » présentent des éléments qui font référence aux sciences (par exemple des compas ou des globes), aux arts (la musique, la littérature, la peinture...), à la puissance et aux honneurs (pièces d'argent, médailles, bijoux...) et bien sûr à la beauté (miroir...).
En effet la beauté, la puissance, la richesse, la considération sociale... tout ceci ne dure pas éternellement !»
Source: Copiedouble.
La présence du crâne dans les tableaux fait donc écho au caractère mortel de l’être humain. Il ne doit jamais oublier que la mort le frappera un jour.
Enfin, il existe bien un lien entre l’adjectif crâne et le verbe crâner. Le Grande Robert de la langue française indique ainsi :
« Crâne : adjectif et nom masculin. 1757, nom ; 1787 adjectif ; de crâne (« qui redresse le crâne, la tête »).
Vieilli. Qui a, qui montre du courage, de la bravoure. > Audacieux, brave, courageux, décidé. »
« Crâner : verbe. 1845 de crâne mais avec une valeur toujours péjorative.
1. Affecter la bravoure, le courage, la décision. > Fanfaronner, poser. Familier : faire le mail, le mariole, le dur.
2. Prendre un air fat, vaniteux (à la suite d’une prouesse, d’un succès…) »
Le verbe crâner est donc issu de l’adjectif crâne mais dans une version dépréciative.
Pour en savoir plus sur le sujet :
- La vanité et l’allégorie sur Ralentir travaux.
- Vanité sur Wikipédia.
- Une catégorie particulière: les Vanités sur le site de l’Académie de Lille.
- Etude d’une œuvre de Nicolaes Van Veerendael : Vanité du Musée des Beaux-Arts de Caen.
- La foire aux vanités sur le site de l’ENS.
- Le crâne, un symbole avec une longue histoire sur le blog Comprendre les Vanités.
- C'est la vie ! : vanités de Pompéi à Damien Hirst : exposition, Paris, Musée Maillol, 3 février-28 juin 2010, sous la direction de Patrizia Nitti, Claudio Strinati.
- Le livre des vanités, Elisabeth Quin; iconographie, Isabelle d'Hauteville.
Bonne journée.
Le site Dictionnaire des symboles explique la symbolique du crâne :
« Le crâne (CRâNe) se trouve au sommet du squelette. C'est la partie impérissable du corps. Il est le siège de l'âme, sa demeure, son véhicule, tout comme la grotte, la CaveRNe et le CaiRN sont des demeures de l'Esprit. Le crâne est donc réceptacle de vie, mais il symbolise aussi la mort physique, par laquelle il faut passer pour renaître à un niveau spirituel supérieur. »
Le crâne représente la mort, l’issue de tous, personne ne peut l’éviter. La mort impose l’humilité qui s’oppose à la vanité.
Le site Joconde, portail des collections des musées de France détaille la symbolique du crâne dans l’art :
« La représentation du crâne
Le crâne (ou tête de mort) signifie généralement une menace mortelle que l'on peut voir sur le drapeau des pirates ou sur les bouteilles de poison. En Europe, sa représentation a également une signification philosophique en relation avec la fragilité humaine, la brièveté de la vie : Memento mori (souviens toi que tu vas mourir) et Carpe diem (cueilles le jour). Pour les artistes, il est tantôt considéré comme objet d'étude anatomique ou tantôt chargé d'affects.
Dans la religion chrétienne, le thème du crâne est très présent, surtout à partir du 15e siècle, dans des scènes religieuses, comme celle de la Crucifixion, où un crâne est déposé au pied du Christ en croix, identifié comme le crâne d'Adam et symbolisant le passage de la mort à la résurrection. Le crâne est aussi l'attribut de saints ermites et exprime la pénitence et la méditation. De fait, à partir du 17e siècle il est fréquemment représenté auprès de sainte Madeleine, sainte Catherine de Sienne, saint Jérôme, saint François d'Assise, saint Bruno ou saint Paul.
On trouve également le crâne comme ornement sur certains vêtements religieux.
Toujours au 17e siècle, le crâne devient sujet allégorique, devant conduire à une méditation sur la mort et le temps qui passe, et on le trouve fréquemment associé à un type de natures mortes dites Vanités. Pour dénoncer la vanité des biens terrestres, des artistes (notamment protestants) exécutent avec virtuosité de riches objets du quotidien en les associant à un crâne, pour appeler au renoncement des richesses. De la même période datent les montres en forme de crâne.
Le thème de la mort s'estompe au 18e siècle, mais revient aux 19e et 20e siècles. Le personnage d'Hamlet, donne ainsi l'occasion de représenter un héros qui s'interroge sur la destinée humaine : "to be or not to be". Le crâne est également un symbole maçonnique de perfection spirituelle. »
La vanité a donc été un sujet récurrent dans les arts et plus particulièrement dans la peinture, elle a même été à l’origine d’une catégorie artistique,
« Qu’est-ce que la vanité ?
Le mot « vanité » a plusieurs sens. Il désigne d'abord un défaut humain : l'orgueil. Ainsi une personne vaniteuse est prétentieuse, trop satisfaite d'elle-même. Le mot « vanité » a cependant une autre signification. Il vient en effet du mot latin « vanitas » de « vanus » signifiant « vain » c'est-à-dire ce qui est vide, creux, inutile et illusoire. Une « vanité » désigne par conséquent tout ce qui est frivole et insignifiant.
Les « Vanités », qu'est-ce que c'est ?
Les « Vanités » sont des oeuvres d'art qui nous rappellent que nous sommes mortels et que notre vie s'achèvera un jour. Il peut s'agir de tableaux, de sculptures ou même de bijoux.
Quelle est l'origine de ces « Vanités » ? Et quel est l'intérêt de parler ainsi de la mort aux vivants ?
Le principe des « Vanités » remonte à l'Antiquité. Ainsi lorsqu'un général romain défilait après une grande victoire, paradant devant le peuple lors d'une cérémonie de triomphe, un esclave se tenait debout derrière lui. Tandis que le général recevait les plus grands honneurs, se gonflait d'orgueil et de satisfaction, l'esclave brandissait une couronne de lauriers au-dessus de sa tête. Et il ne cessait de lui répéter à l'oreille : « Memento mori ! Memento mori ! ». Cela signifie : « Souviens-toi que tu es mortel, souviens-toi que tu vas mourir. ». Le général romain ne pouvait donc pas être trop prétentieux. Il était invité à profiter de ce triomphe mais aussi à se rappeler que sa joie ne pouvait être qu'éphémère et qu'après tout, il n'était qu'un homme, appelé à mourir un jour... En un mot, son orgueil était rabaissé.
Horace, un célèbre poète latin du Ier siècle avant Jésus-Christ écrit également, dans le même esprit : « Mangeons, buvons et soyons joyeux, car nous mourrons demain ». Cette fois, on le comprend, il s'agit moins de modérer une tendance à la prétention que d'inviter chacun à profiter de la vie. En ce sens, la pensée d'Horace se rapproche du célèbre adage romain : « Carpe diem », c'est-à-dire « Cueille le jour » qu'on pourrait résumer ainsi : profite de la vie !
Le rappel de cette mort qui viendra achever chaque existence humaine est également présent dans l'Ancien Testament de la Bible, dans le livre appelé « L'Ecclésiaste » ou bien « Livre de Qohelet ». Cet homme se désigne comme étant « fils de David, roi de Jérusalem ». En latin, ce discours débute ainsi : « Vanitas vanitatum et omnia vanitas » ce qui signifie : «Vanité des vanités, tout est vanité» (des extraits sont donnés en bas de cette page). Dans ce célèbre livre, il est indiqué entre autres qu' « il n'y a rien de nouveau sous le soleil » et qu' « il y a un temps pour tout ». […]
Quels sont les éléments qu'on retrouve dans les « Vanités » ?
Plusieurs éléments se retrouvent souvent dans ces oeuvres d'art appelées « Vanités ». Ainsi la fuite du temps qui passe, la brièveté de la vie, sont évoquées par des sabliers, des bougies qui se consument ou des horloges. Le crâne, bien entendu, évoque la mort prochaine, du moins la mort qui ne manquera pas d'arriver un jour. Les effets du temps sont aussi souvent représentées à travers les fleurs (qui se fanent rapidement), les fruits (qui s'abiment), les pierres (qui se lézardent)...
Les plaisirs de la vie sont considérés comme « vains ». Ils ne sont que futiles et dérisoires au moment de mourir. Ainsi les « Vanités » présentent des éléments qui font référence aux sciences (par exemple des compas ou des globes), aux arts (la musique, la littérature, la peinture...), à la puissance et aux honneurs (pièces d'argent, médailles, bijoux...) et bien sûr à la beauté (miroir...).
En effet la beauté, la puissance, la richesse, la considération sociale... tout ceci ne dure pas éternellement !»
Source: Copiedouble.
La présence du crâne dans les tableaux fait donc écho au caractère mortel de l’être humain. Il ne doit jamais oublier que la mort le frappera un jour.
Enfin, il existe bien un lien entre l’adjectif crâne et le verbe crâner. Le Grande Robert de la langue française indique ainsi :
« Crâne : adjectif et nom masculin. 1757, nom ; 1787 adjectif ; de crâne (« qui redresse le crâne, la tête »).
Vieilli. Qui a, qui montre du courage, de la bravoure. > Audacieux, brave, courageux, décidé. »
« Crâner : verbe. 1845 de crâne mais avec une valeur toujours péjorative.
1. Affecter la bravoure, le courage, la décision. > Fanfaronner, poser. Familier : faire le mail, le mariole, le dur.
2. Prendre un air fat, vaniteux (à la suite d’une prouesse, d’un succès…) »
Le verbe crâner est donc issu de l’adjectif crâne mais dans une version dépréciative.
Pour en savoir plus sur le sujet :
- La vanité et l’allégorie sur Ralentir travaux.
- Vanité sur Wikipédia.
- Une catégorie particulière: les Vanités sur le site de l’Académie de Lille.
- Etude d’une œuvre de Nicolaes Van Veerendael : Vanité du Musée des Beaux-Arts de Caen.
- La foire aux vanités sur le site de l’ENS.
- Le crâne, un symbole avec une longue histoire sur le blog Comprendre les Vanités.
- C'est la vie ! : vanités de Pompéi à Damien Hirst : exposition, Paris, Musée Maillol, 3 février-28 juin 2010, sous la direction de Patrizia Nitti, Claudio Strinati.
- Le livre des vanités, Elisabeth Quin; iconographie, Isabelle d'Hauteville.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter