couilles de bressan moraine et têtes de chats

Réponse de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes

- A Lyon on désigne effectivement l’assemblage de galets en position verticale sous le nom de têtes de chat. Une précédente question nous avait été posée à ce sujet.
Dans Lyon mosaïque de pierre, on peut lire qu’il s’agit de « galets de quarzites alpins. Extraits des formations alluviales d’âge villafranchien (vers 2 Ma avant J.C.), ces galets ont servi, au XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe siècle, au pavage des rues de Lyon »

Même chose dans Géologie de Lyon :
« Les galets provenant des alluvions villafranchiennes, notamment celles situées sur les plateaux de Fourvière, Sainte-Foy, La Duchère, ont été utilisés pour la réalisation de quelques maisons, en liaison souvent avec du loess, ou bien ont été utilisés comme pavés appelés à Lyon « têtes de chat. » »

Si l’on s’en tient à la définition fournie sur Wikipedia, le Villafranchien couvre la fin du Tertiaire (Pliocène final) et le début du Quaternaire (Pléistocène initial).

- En ce qui concerne les « couilles de Bressans » (une nouvelle expression à ajouter à notre vocabulaire), ce terme n’est guère utilisé dans les ouvrages sur l’architecture de la Bresse et de la Dombes que nous avons pu consulter (bien qu'on le retrouve sur le web) :
Habitat et vie paysanne en Bresse,
Architecture rurale en Bresse du XVe au XIXe siècle,
En Bresse, construire et habiter, dedans, dehors,
Les pigeonniers et colombiers des pays de l'Ain.
Ce dernier ouvrage cite néanmoins l’usage de galets dans l’architecture de certains pigeonniers :
« La Dombes, la Côtière et la Plaine de l’Ain ont été le lieu de dépôt de galets de quartzite. Issus de glaciers alpins, ils ont recouvert cette région lors de l’ère quaternaire. Le galet est utilisé soit seul, soit associé à d’autres matériaux durs dans les soubassements des bâtiments en pisé. »

Il s’agirait donc de galets ayant la même origine que ceux utilisés à Lyon, les « galets de quartzite » d’origine alpine.

On peut lire sur le site de l’Académie de la Dombes un extrait du Parcours patrimoine en Dombes qui évoque également ces galets :
"En Dombes, comme la pierre a toujours fait défaut, une autre forme de bâti s’est imposée : la terre et les galets. Les galets, matériaux fluviaux-glaciaires déposés lors des dernières glaciations quaternaires, autrefois extraits des planes et des rivières, étaient employés la majeure partie du temps dans le sous-bassement des murs de maisons et dans les murs de clôture.
Plusieurs techniques se retrouvent dans la manière de poser ces galets afin de donner une belle allure au bâtiment ; la plus répandue – et certainement la plus ancienne – étant l’ "opus spicatum". L’opus spicatum – dit aussi "appareil en épi de blé" ou "appareil en arête de poison" était déjà très utilisé à l’époque romaine. Il s’agit d’une alternance de briques, de carrons, de galets ou plus récemment de moyen appareillage en pierre, servant à isoler le mur en pisé de l’humidité et à décorer les façades.

Peut-on pour autant parler de moraine ?

Dans un article de Charles Avocat paru dans la Revue de géographie de Lyon en 1975 et consultable sur Persee, La Dombes, milieu naturel ou milieu en équilibre ?, on lit que « Les buttes (poypes) du plateau dombiste contiennent des «galets roulés de taille variable emballés dans une argile compacte (argile à blocaux). Ce sont des moraines ou des fragments de moraines, témoins des glaciations quaternaires. »

Dans Géologie de Lyon en revanche, l’auteur évoque les galets en question lorsqu’il aborde les terrains Tertiaires de la colline de la Croix-Rousse (p. 52), mais semble réserver le terme de moraine pour une période ultérieure :

« la fin de la période Pliocène correspond à une phase de comblement du bassin rhodanien plus particulièrement constitué dans la région lyonnaise par des alluvions disposés en terrasses et constituées de galets de quartzites d’origine alpine dispersés dans une matrice argileuse. »
Le terme de moraine n’est employé qu’en abordant les terrains quaternaires (et donc postérieurs au Pliocène) :
« Les terrains quaternaires sont représentés par les formations morainiques, fluvio-glaciaires et fluviatiles. (…) Sous le nom de moraines, on range tous les terrains alluviaux liés aux glaciers würmiens, tandis que l’on réserve celui de fluvio-glaciaire pour les alluvions où l’intervention des eaux courantes de fusion est prépondérante. »

Il semble donc y avoir un usage plus ou moins strict du terme de « moraine ». N’étant pas géologues, nous vous invitons à approfondir vos connaissances en lisant plus en détail Géologie de Lyon, et si vous êtes courageux, vous pouvez également vous plonger dans la Synthèse géologique du sud-est de la France. Nos collègues de Science possèdent également plusieurs ouvrages de vulgarisation sur la géologie de la France.

En complément, voici quelques fiches de synthèse sur les alluvions de l’Ain et du Rhône sur le site rhone-mediterranee.eaufrance.fr :
Alluvions quaternaires de la vallée du Rhône entre Lagnieu et Solaize
Formations morainiques de la Dombes
Alluvions quaternaires de la vallée de l’Ain