ballet "Le rendez-vous"

ARTS VIVANTS + DE 2 ANS

Publiée par :

Le 30/08/2005 à 17h38 863 vues

Question d'origine :

Roland Petit a créé en 1945 un ballet, Le Rendez-vous, avec un argument de Prévert. J'ignore tout de la danse : je me demande si un argument, ça comprend des dialogues ou seulement des scènes à danser. Et dans le cas du Rendez-vous, sait-on s'il y avait des textes (parlés, chantés?) Mais sinon, comment faire comprendre au spectateur que le personnage principal a rencontré "la plus belle fille du monde" : il faut que la danseuse soit aussi la plus belle fille du monde ?

Par ailleurs, je suis curieuse de savoir ce qui a changé dans le "scénario" entre le ballet et le film qui s'en est inspiré : Les Portes de la nuit. Or impossible de trouver nulle part le moindre résumé de l'histoire... (du ballet, le film , je l'ai déjà vu) Enfin, savez-vous s'il est possible de lire le livret écrit par Prévert (qui a ma connaissance n'a pas été publié). Merci !

Réponse du Guichet

bml_spec - Département : Arts Vivants

Le 31/08/2005 à 13h49

Réponse du département Arts Vivants

En danse, l’argument donne l’histoire, la trame de la pièce chorégraphique. Il n’y a pas de dialogue. Pour la pièce Le Rendez-vous, voici les renseignements que nous avons trouvés :

Créé par les Ballets des Champs-Elysées au Théâtre Sarah Bernhardt (Paris) en 1945, Le Rendez-Vous est une pièce de Jacques Prévert et Roland Petit, sur une musique de Joseph Kosma, avec un rideau de Picasso.

Sur la lancée du succès des Forains, Roland Petit songea à organiser une saison au Théâtre Sarah Bernhardt, soutenu par Boris Kochno. Il fallait bien sûr reprendre Les forains mais aussi créer des œuvres nouvelles. En trois mois, un nouveau programme fut prêt, comprenant Les Forains, Quadrille, Le Rendez-Vous et Le poète. De nouveaux créateurs participaient à cette aventure. Pour le livret du Rendez-vous, Roland s’adressa à Prévert. Ils firent vite connaissance. Le poète venait le voir dans le bistrot que son père avait alors aux Halles. « Il adorait le vin rouge et nous faisions ensemble des repas pantagruéliques. Il fumait sans cesse du tabac brun qui sentait très fort et nous restions enfermés des heures dans la petite pièce enfumée dont je me suis inspiré ensuite pour La croqueuse de diamants. Prévert me parlait de tout ce qu’il avait en tête, et nous étions censés élaborer ensemble un livret. » Finalement, Prévert proposa un scénario qu’il avait élaboré tout seul et que Roland trouva fantastique. Il voulut qu’on demande à Mayo de dessiner les costumes, car il avait déjà travaillé au cinéma avec lui. Il tint aussi à ce que ce fût son ami Brassaï, le génial photographe, qui fournisse les photos qui serviraient au décor. Quant à la musique, c’est également lui qui songea à la demander à Kosma. Plus personne aujourd’hui ne sait que c’est le thème du grand pas de deux qui est devenu la chanson « Les Feuilles mortes ». Fabien Lauris chantait aussi une très belle chanson, « Les enfants qui s’aiment », et Roger Blin jouait le rôle de la mort. Brassaï arriva avec des photos superbes. Prévert et Roland choisirent ce qui convenait le mieux au livret. Pour une scène qui se déroulait sous le métro aérien, ils prirent une très belle photo représentant les piliers du métro la nuit. Pour une autre scène où l’on voyait des gens sortir d’un bistrot, ils utilisèrent une photo de bistrot, agrandie, où ils découpèrent une porte. Ils procédèrent ainsi pour chaque scène. Ce n’était pas un travail bien compliqué. Le ballet eut beaucoup de succès, mais ne fut jamais repris. « J’avais réalisé une chorégraphie assez particulière, proche de l’expressionnisme allemand de Joss que je n’avais pourtant jamais vu, explique Roland Petit. C’était très germanique et en même temps très parisien. Je ne sais comment l’idée m’en était venue, mais j’avais trouvé des expressions un peu poussées, avec des danseurs en pantalon et qui n’exécutaient pas vraiment les pas habituels des ballets classiques. »
Roland Petit : un chorégraphe et ses peintres

Sans dialogue, c’est bien sûr grâce à la chorégraphie de Roland Petit et à l’art des danseurs que le spectateur comprend que le personnage principal a rencontré « la plus belle fille du monde ».

Vous pouvez consulter les documents suivants à la bibliothèque :

- Brassaï, Jacques Prévert, Roland Petit préparent le ballet "Le Rendez-vous"

- Brassaï repiquant son décor photographique pour le ballet "Le Rendez-vous"

- J'ai dansé sur les flots, Roland Petit (biographie)

- Roland Petit

La Bibliothèque nationale possède un programme de l’Opéra de Paris où figurent d’autres renseignements sur Le Rendez-vous en cherchant en auteur, "Petit, Roland". Vous trouverez des analyses de l’œuvre présentée, l'argument du ballet et des notices biographiques sur les interprètes.

Par rapport aux différences entre l’argument de Prévert pour le ballet et le scénario des Portes de la nuit, nous n’avons pas trouvé davantage de renseignements, le livret n'a probablement jamais été édité.
Pour compléter votre recherche, vous pouvez aussi contacter la médiathèque du Centre national de la danse (fermée jusqu’au 2 août) au 01 41 83 98 00.
Nous n'avons pas trouvé les coordonnées de la compagnie mais c'est sans doute, en la contactant directement que vous pourriez trouver davantage de réponses à vos questions.

user posted image

Commentaire de elilautar : Publié le 01/09/2005 à 12:37

Merci beaucoup pour votre réponse, très complète a propos de ma question concernant le ballet Le Rendez-vous http://www.guichetdusavoir.org/ipb/index.php?showtopic=11264 Cependant, une nouvelle question en découle : vous dites qu'en danse " l’argument donne l’histoire, la trame de la pièce chorégraphique. Il n’y a pas de dialogue" et que "Sans dialogue, c’est bien sûr grâce à la chorégraphie de Roland Petit et à l’art des danseurs que le spectateur comprend que le personnage principal a rencontré « la plus belle fille du monde ». mais plus loin, il est question de chanson : Fabien Lauris chantait aussi une très belle chanson, « Les enfants qui s’aiment » Donc, s'il y a chanson, il y a des paroles, et on peut imaginer que les personnages se parlaient en chantant... Ce serait donc une comédie musicale

Pour ce qui concerne les photographies de Ronis : j'habite en bretagne, savez-vous s'il serait possible de prendre connaissance des ces photographies sans me rendre à Lyon, voire d'en obtenir une reproduction ? (même photocopie) Sinon, pouvez-vous me renseigner ? Je pensais connaître toutes les photographies qui avaient servi aux décors du Rendez-vous, au nombre de cinq : 1 - réverbère 2 - Bal 3- Hôtel 4 - Pilier de métro 5 - Escalier du pont de l'Ourcq Or dans le texte que vous m'avez envoyez, il est question d'un bistrot

Après avoir bien regardé les rares images de ce ballet, je me dit qu'effectivement, il est possible que les photographies que brassaï a réalisées de ses décors (photos de photos, donc) ne les montre pas en entier et qu'en hors champ figurent sans doute d'autres photos. POurriez-vous me décrire les décors visibles sur les deux photographies de Ronis conservées à Lyon ? Notamment, je sais que pour le premier décor, au moins trois photos (mais sans doute 5, si comme je le crois, le décor était symétrique) ont été utilisés (1 ; 2; 3) mais pour les deuxième et troisième décors (pilier et escaliers) y avait-il une seule photographie où plusieurs, comme pour le premier décor. Je vous joins le lien de la RMN pour vous donner une idée de ces décors : http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchT.as...6&NoR=500&New=T Merci de votre aide

Réponse du Guichet

bml_spec - Département : Arts Vivants

Le 06/09/2005 à 07h40

Réponse du département Arts Vivants

Il ne nous a pas été possible de trouver davantage de renseignements sur le
ballet mais nous pouvons vous dire qu'a priori, un argument en danse ne
contient pas de scènes de dialogues ni de scènes parlées. Par contre, il est
fréquent de voir que les danseurs évoluent sur de la musique, que celle-ci
soit instrumentale ou chantée, cela ne signifie en aucun cas que ce sont
forcément les danseurs qui chantent !
Nous espérons que vous trouverez ailleurs (peut-être en contactant la
médiathèque du centre national de la danse ou la bibliothèque nationale de
France qui possède le programme) un descriptif du ballet.
Pour les deux photographies de Ronis, contactez madame Aznavourian au
département Arts et loisirs de la bibliothèque de la Part-Dieu pour savoir
si une reproduction est envisageable sachant qu'il y a une question de
droits. Voici le numéro : 04 78 62 18 00.

Bonne chance dans vos recherches