Question d'origine :
²Bonjour.Je cherche des informations relatives à la formation des instituteurs de la IIIéme République.J'aimerais surtout savoir s'il existait un "code de bonne conduite",des instructions concernant la vie privée de ceux-ci.Amicalement.
Réponse du Guichet
bml_soc
- Département : Société
Le 20/10/2005 à 13h09
Les instituteurs, surtout ceux qui sont passés par les écoles normales (les autres suppléants recrutés au cas par cas, peuvent être issus de l’enseignement secondaire et d’une origine moins modeste), sont très massivement fils du peuple (…)
Majoritairement fils de paysans, à la fin du XIXe siécle ; puis de plus en plus souvent , fils d’employés ou d’ouvriers.
Le plus souvent, on devient instituteur, parce que bon élève à la
Ensuite, les trois années
(Extrait de L’argent, 6e Cahier de la Quinzaine de la 14e série, 16 février 1913.)
connaisseur de l’univers des «Primaires », auxquels il rend ici un hommage
appuyé par une formule appelée à un grand devenir, Les hussards noirs. Ses louanges
vont toutefois plus à l’école des années 1880-1890 qu’à celle des deux décennies suivantes,
empêtrée dans un esprit bureaucratique et prétentieux, contre lequel il luttera
farouchement.
« De tout ce peuple les meilleurs étaient peut-être encore ces bons citoyens qu’étaient nos instituteurs. Il est vrai que ce n’était point pour nous des instituteurs, ou à peine. C’étaient des maîtres d’école. C’était le temps où les contributions étaient encore des impôts. J’essaierai de rendre un jour si je le puis ce que c’était alors que le personnel de l’enseignement primaire. C’était le civisme même, le dévouement sans mesure à l’intérêt commun ; notre jeune École normale était le foyer de la vie laïque de l’invention laïque dans tout le département, et même j’ai comme une idée qu’elle était un modèle et en cela et en tout pour et en tout pour les autres départements, au moins pour les départements limitrophes (…)
Nos jeunes maîtres étaient beaux comme des hussards noirs. Sveltes ; sévères ; sanglés, sérieux, et un peu tremblants de leur précoce, de leur soudaine
omnipotence. Un long pantalon noir, mais, je pense, avec un liséré violet. Le violet n’est pas seulement la couleur des évêques, il est aussi la couleur de l’enseignement primaire. Un gilet noir, une longue redingote noire, bien droite, bien tombante, mais deux croisements de Palmes violettes aux revers. Une casquette plate, noire, mais un croisement de palmes violettes au-dessus du front. Cet uniforme civil était une sorte d’uniforme militaire encore plus sévère, encore plus militaire, étant un uniforme civique (…)
Source : Les Hussards noirs (doc. CNDP)
Les instituteurs et institutrices qui encadrent l’école du peuple de la IIIe république ont un rôle politique éminent à jouer, dans l’enceinte scolaire elle-même : affermir la République.
Certes, il ne saurait être question qu’ils s’engagent sur le terrain de « la politique militante et quotidienne, la politique de parti, de personnes, de coterie » ; ils ne doivent pas être des
Mais pour Ferry, il est non moins clair qu’ils doivent s’engager fermement dans leur enseignement même pour la République et la Révolution française.
« Il est un terrain sur lequel je vous autorise, que dis-je ? Je vous recommande de vous tenir
fermes dans votre droit, de vous barricader dans votre indépendance : c’est le terrain de la politique militante et quotidienne ! Ne souffrez pas qu’on fasse jamais de vous des agents politiques !(…)
Vous avez été affranchis comme citoyens par la Révolution française, vous allez être émancipés comme instituteurs par la République de 1880 : comment n’aimeriez vous pas et ne feriez vous pas aimer dans votre enseignement et la Révolution et la République ?(…) »
La grande aventure des écoles normales d'instituteurs / Christian Bouyer, 2003
Jules Ferry : la République éducatrice / Claude Lelièvre, 1999
Histoire générale de l'enseignement et de l'éducation en France De la Révolution à l'école républicaine / par Françoise Mayeur, 1982
L'école en France, XIXe-XXe siècle [Livre] : de la maternelle à l'université / Pierre Albertini, 1992
Les Ecoles normales primaires en France : 1879-1979 : splendeurs et misères de la formation des maîtres / Gilles Laprévote, 1984
1881-1882 : Lois Ferry Ecole publique gratuite, laïque et obligatoire
Jules Ferry politique scolaire
Lettre de Jules Ferry aux instituteurs
Vers l’enseignement primaire public, laïque et obligatoire
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