Question d'origine :
Bonjour, et merci pour cette initiative géniale que je découvre ! Je fais des recherches en ce moment sur le service du travail obligatoire, car j'essaie de remonter la piste du carnet de notes d'une personne qui a été en STO dans les années 40. Or, j'ai trouvé ce qui me semblent être les deux références majeures en la matière sur le STO en Allemagne, les ouvrages de Patrice Arnaud et de Raphaël Spina. Mais le hic, c'est que la personne dont je détiens le carnet a été en Allemagne, mais surtout dans deux camps en Norvège, Porsgrunn et Saudasjoen. Or je trouve très peu d'informations sur le STO dans ces lieux, en auriez-vous plus que moi ? Comment se fait-ce qu'il y ait aussi peu d'information sur ces camps norvégiens ? Merci encore, et bonne recherche ! Morgane
Réponse du Guichet
En effet, il n’est pas simple de trouver des informations précises sur les camps de travail que vous citez dans votre question. On peut néanmoins, en s’appuyant sur les forums spécialisés, dénicher quelques éléments.
Rappelons tout d’abord avec Patrice Arnaud le contexte plus global du STO. Présentant la répartition géographique des Français envoyés au travail obligatoire, il indique que « d’autres Français sont envoyés hors du territoire allemand, dans les Balkans, voire […] en Italie […]. On pourrait estimer leur nombre à environ 15000 requis. Le plus gros contingent, trois mille Français, travaille en Norvège pour l’Organisation Todt. Près de 650 furent affectés à des travaux de terrassement de douze heures à 70° de latitude nord, à 100 km au sud-ouest de Narvik, dans une région où la neige tombe à partir du 20 août, tandis que la température descend souvent sous – 25° ».
La région évoquée ne correspond toutefois ni au camp de Saudasjoen, ni à celui Porsgrunn, tous deux bien plus au sud du pays.
Dans son Chemin de la trahison, la Norvège à l’heure de Quisling, Eric Eydoux explique comment l’économie norvégienne s’est peu à peu mise au service de l’Allemagne sous la houlette de son dirigeant collaborationniste, Vidkun Quisling. A cette occasion, Eydoux évoque les chantiers de production d’aluminium ouverts dans le pays. « Ce fut surtout l’aluminium qui focalisa l’attention […]. Dès lors, des sociétés mixtes, où étaient spécialement impliquées Norsk Hydro et IG Farben, ouvrirent des chantiers d’une exceptionnelle ampleur.
Le chantier d’Heroya se trouve adossé à la commune de Porsgrunn. Sans certitude absolue, on pourrait faire l’hypothèse que le camp de Porsgrunn et ses travailleurs ont contribué à ce chantier.
Cela dit, les informations les plus claires que l’on ait pu trouver sur le STO en Norvège proviennent plutôt des forums comme ww2postalhistory.fr.
On y trouve un article sur les travailleurs STO en Norvège qui donne des éléments assez précis sur le travail obligatoire près de Saudasjoen :
« L'AS Nordag, société de droit Norvégien, était une filiale de la Nordische Aluminium AG, elle même une société dépendant de l'armée de l'air allemande (Luftwaffe). Le rôle de cette société était de construire une usine d'aluminium dans la région des Fjords pour exploiter l'aluminium norvégien. En effet cet aluminium avait une importance stratégique considérable pour la Luftwaffe qui en avait grand besoin pour la construction d'avions de guerre.
Les STO affectés à la construction de l'AS Nordag étaient avant tout Norvégiens (La Norvège est d'ailleurs le premier pays où les Allemands ont réquisitionné la main d'œuvre). Les travailleurs français étaient semble-t-il des STO transférés d'Allemagne pour des raisons disciplinaires.
Les conditions de vie pour les STO de l'AS Nordag étaient très dures : les baraquements sont décrits comme des camps entourés de barbelés, les travailleurs devaient subir les bombardements incessants de RAF (d'ailleurs l'usine ne fut jamais terminée pour les Allemands : sa construction a été achevée après la guerre), et le travail en lui-même était très pénible ».
Le site prisonniers-de-guerre.fr reprend les mêmes éléments.
Pour poursuivre plus avant vos recherches, nous vous conseillons vivement de parcourir le site https://www.requis-deportes-sto.fr/ qui propose notamment une histoire du STO. Il y est question des travailleurs déportés hors d'Allemagne, entre autres en Norvège.
Vous trouverez également sur ce site une page très complète de contacts pour retrouver la trace d’un déporté, victime du travail forcé en Allemagne nazie.
Bonne continuation dans vos recherches !