Question d'origine :
Bonjour, Je remarque souvent que les femmes sourient plus que les hommes… Est-ce une croyance ou bien réel ? Ou est-ce que c’est lié à nos vies de femmes des cavernes et le besoin de montrer nos dents pour signifier notre agressivité car inférieures en force ? Et si c’était le cas, pourquoi avons nous transformé ces sourires «agressifs » en vrais sourires, pour trouver notre place au sein de ce monde d’hommes? Merci de vos recherches et idées sur le sujet Nadine
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 12/05/2021 à 16h27
Bonjour,
Nous n’avons hélas pas trouvé d’étude confirmant ou infirmant le fait que les femmes sourient naturellement plus que les hommes. Par contre, l’injonction à sourire imposée aux femmes est souvent mise en avant, notamment au nom de la lutte contre le sexisme, par exemple dans cet article issu du blog Egalitaria ou dans cet article de Nadia Daam sur Slate intitulé Pourquoi les femmes sont-elles toujours obligées de sourire?.
En ce qui concerne les origines du sourire, il n’y a pas à proprement parler de consensus. Ainsi, Steven Légaré détaille les différentes conceptions du sourire, dans un mémoire de maîtrise intitulé Les origines évolutionnistes du rire et de l'humour :
D’aucuns n’éprouvent de difficulté à reconnaître ses manifestations et pourtant, les nombreuses tentatives de définir le rire ont soulevé des débats longtemps irrésolus. Plusieurs auteurs ont proposé des définitions fondées sur sa distinction avec le sourire, lesquelles soulignent tantôt que ce sont des comportements qualitativement différents (Buytendijk, 1947; Eibl-Eibesfeldt, 1967), tantôt qu’ils ne sont que des variations expressives suscitées par des émotions semblables (Darwin, 1872; Plessner, 1953; Andrew, 1963).La principale raison de cette mésentente réside dans une confusion entre l’origine évolutionniste de ces comportements et leur manifestation physiologique chez Homo sapiens. Différentes analyses phylogénétiques (Van Hooff, 1972; Lockard et al. 1977; Van Hooff et Preuschoft 1997) démontrent que le rire humain est homologue à l’expression faciale primate déployée en contexte de jeu social (play face ou relaxed open-mouth display), tandis que le sourire trouve sa source dans la grimace de peur (grin-face ou silent bared teeth display). Alors que chez les primates ces expressions faciales signalent des états émotionnels distincts, elles ont convergé considérablement chez l’humain moderne, rendant difficile toute description sur une base anatomique et physiologique (Andrew, 1972). Souvent associés – et même parfois contextuellement interchangeables – le rire et le sourire humain s’hybrident dans une quantité d’expressions intermédiaires, conduisant Andrew (1963)à les conceptualiser comme des variantes expressives situées sur un même continuum. À l’un de ses pôles, le sourire léger exécuté la bouche fermée; à l’autre, le fou rire incontrôlable, où le corps entier rentre en convulsion, le diaphragme se contracte violemment, la respiration est perturbée, la tête se gorge de sang et des larmes sont sécrétées.
Enfin, en fonction des époques et des cultures, le sourire peut remplir un rôle et renvoyer à des émotions et des sentiments biens différents.
Colin Jones consacre un chapitre au Sourire dans le premier tome de L’histoire des émotions, dirigé par Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello.
Il y revient tant sur l’universalité de l’usage du sourire que sur l’ambiguïté de celui-ci, qui peut « accompagner pratiquement tous les états émotionnels concevables : le plaisir sensoriel, la délectation, la gaîté, l’amusement, le contentement, la satisfaction, le sentiment de supériorité, l’affection, la séduction et le soulagement de la douleur ou l’affaiblissement du stress, d’une part ; la gêne, la tristesse, la nervosité, la honte, la supériorité, la peur et le mépris, d’autre part. »
David Le Breton confirme l’étendue de la gamme des significations du sourire dans son ouvrage Les passions ordinaires (p.115 notamment).
Vous pouvez également écouter l’anthropologue parler des différentes facettes du sourire sur rts.
Le magazine Psychologies détaille également les différents types de sourires.
Nous n’avons pas pu consulter les deux ouvrages suivants, qui contiennent certainement des informations en lien avec votre question :
Rire : une anthropologie du rieur, de David Le Breton
Le rire des femmes, de Sabine Melchiot-Bonnet. Vous pouvez avoir un aperçu de cet ouvrage grâce à une Interview sur Le Figaro et une chronique dans Le Monde.
Vous souhaitant bonnes lectures,
Le département civilisation
Nous n’avons hélas pas trouvé d’étude confirmant ou infirmant le fait que les femmes sourient naturellement plus que les hommes. Par contre, l’injonction à sourire imposée aux femmes est souvent mise en avant, notamment au nom de la lutte contre le sexisme, par exemple dans cet article issu du blog Egalitaria ou dans cet article de Nadia Daam sur Slate intitulé Pourquoi les femmes sont-elles toujours obligées de sourire?.
En ce qui concerne les origines du sourire, il n’y a pas à proprement parler de consensus. Ainsi, Steven Légaré détaille les différentes conceptions du sourire, dans un mémoire de maîtrise intitulé Les origines évolutionnistes du rire et de l'humour :
D’aucuns n’éprouvent de difficulté à reconnaître ses manifestations et pourtant, les nombreuses tentatives de définir le rire ont soulevé des débats longtemps irrésolus. Plusieurs auteurs ont proposé des définitions fondées sur sa distinction avec le sourire, lesquelles soulignent tantôt que ce sont des comportements qualitativement différents (Buytendijk, 1947; Eibl-Eibesfeldt, 1967), tantôt qu’ils ne sont que des variations expressives suscitées par des émotions semblables (Darwin, 1872; Plessner, 1953; Andrew, 1963).La principale raison de cette mésentente réside dans une confusion entre l’origine évolutionniste de ces comportements et leur manifestation physiologique chez Homo sapiens. Différentes analyses phylogénétiques (Van Hooff, 1972; Lockard et al. 1977; Van Hooff et Preuschoft 1997) démontrent que le rire humain est homologue à l’expression faciale primate déployée en contexte de jeu social (play face ou relaxed open-mouth display), tandis que le sourire trouve sa source dans la grimace de peur (grin-face ou silent bared teeth display). Alors que chez les primates ces expressions faciales signalent des états émotionnels distincts, elles ont convergé considérablement chez l’humain moderne, rendant difficile toute description sur une base anatomique et physiologique (Andrew, 1972). Souvent associés – et même parfois contextuellement interchangeables – le rire et le sourire humain s’hybrident dans une quantité d’expressions intermédiaires, conduisant Andrew (1963)à les conceptualiser comme des variantes expressives situées sur un même continuum. À l’un de ses pôles, le sourire léger exécuté la bouche fermée; à l’autre, le fou rire incontrôlable, où le corps entier rentre en convulsion, le diaphragme se contracte violemment, la respiration est perturbée, la tête se gorge de sang et des larmes sont sécrétées.
Enfin, en fonction des époques et des cultures, le sourire peut remplir un rôle et renvoyer à des émotions et des sentiments biens différents.
Colin Jones consacre un chapitre au Sourire dans le premier tome de L’histoire des émotions, dirigé par Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello.
Il y revient tant sur l’universalité de l’usage du sourire que sur l’ambiguïté de celui-ci, qui peut « accompagner pratiquement tous les états émotionnels concevables : le plaisir sensoriel, la délectation, la gaîté, l’amusement, le contentement, la satisfaction, le sentiment de supériorité, l’affection, la séduction et le soulagement de la douleur ou l’affaiblissement du stress, d’une part ; la gêne, la tristesse, la nervosité, la honte, la supériorité, la peur et le mépris, d’autre part. »
David Le Breton confirme l’étendue de la gamme des significations du sourire dans son ouvrage Les passions ordinaires (p.115 notamment).
Vous pouvez également écouter l’anthropologue parler des différentes facettes du sourire sur rts.
Le magazine Psychologies détaille également les différents types de sourires.
Nous n’avons pas pu consulter les deux ouvrages suivants, qui contiennent certainement des informations en lien avec votre question :
Rire : une anthropologie du rieur, de David Le Breton
Le rire des femmes, de Sabine Melchiot-Bonnet. Vous pouvez avoir un aperçu de cet ouvrage grâce à une Interview sur Le Figaro et une chronique dans Le Monde.
Vous souhaitant bonnes lectures,
Le département civilisation
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