réponse sur le support aérien allié aux français
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 02/12/2013 à 14h49
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Question d'origine :
J'ai lu dans ses mémoires ou celles de De Gaulle, je ne sais plus qu'il aurait percé plus fort et plus vite que les américains à travers les lignes allemandes, au moins à matériel et troupes comparables et sans couverture aérienne ou réduite à sa plus simple expression par des alliés retords et égoïstes quand est-il exactement ? Si c'était le cas ce serait une belle réussite, est-ce vrai ? Merci d'éclairer ma lanterne.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 05/12/2013 à 12h54
En décembre 1943, il[de Lattre] commande l’Armée B, qui devient la Première Armée française. Il débarque avec Roland Doyen en tenue coloniale en Provence le 16 août 1944, prend Toulon et Marseille, remonte la vallée du Rhône en prenant Lyon et les Vosges au passage, puis le Rhin, libère l’Alsace où il remporte des victoires autour de Strasbourg et surtout à Colmar où Doyen prit le commandement pour libérer Strasbourg, et entre en Allemagne (où Doyen resta à Naudau, formé le QG et la contre offensive), jusqu'au Danube. De Lattre prend Karlsruhe, la Forêt-Noire et Stuttgart où de très nombreux soldats allemands sont capturés. Il représente la France à la signature de la capitulation allemande du 8 mai 1945 à Berlin au quartier général du maréchal Joukov.
Extrait de
Jean de Lattre de Tassigny.
« Formée et entraînée en Afrique du Nord par le Général de Lattre de Tassigny, l'armée « B », la future « Première Armée française », commence à s'illustrer dans la campagne d'Italie et lors de la conquête de l'île d'Elbe.
Le 15 août 1944, l'armée de Latte débarque sur les côtes de Provence. Toulon est libérée le 27 août et Marseille le 28. Il n'aura fallu que treize jours aux premiers éléments de cette armée, moins de 30 000 hommes, pour remporter simultanément deux batailles d'importance, sur un front de quatre vingt dix kilomètres.
Aussitôt, le Général de Lattre de Tassigny, qui a reçu mission de remonter le Rhône, entend exploiter son succès. En une nuit, un pont est jeté près d'Avignon. Commence alors la " course poursuite ", avec l'aide de la population et des FFI. Ces derniers s'intègrent progressivement dans l'armée régulière, opérant ainsi l' « amalgame » voulu par le Général de Lattre de Tassigny.
Bientôt, le 12 septembre, un peloton de la 1ère D.F.L. envoyé à Montbard, voit arriver un peloton du 1er Régiment de marche de Spahis marocains, le régiment de reconnaissance de la Deuxième D.B. du Général Leclerc, venant de Paris libéré. Une liaison capitale est ainsi effectuée.
Le 19 septembre 1944, «l'Armée B» prend le nom de «Première Armée française». La décision est ratifiée par le Général de Gaulle le 24 septembre.
Après un temps de repos et de réorganisation, la campagne reprend en direction des Vosges et de l'Alsace. La Trouée de Belfort est forcée le 17 novembre et le Rhin est atteint deux jours plus tard, le 19 novembre. La poche de Colmar est réduite le 9 février 1945.
Le 30 mars, la «Première Armée française» franchit le Rhin en six points, dont celui de Germersheim, au sud de Spire, sous un feu intense. Elle s'empare, le 21 avril de Stuttgart, le 24 d'Ulm et le 26 de Constance. Elle atteint le Voralberg le 8 mai 1945. Au soir de ce même jour, le Général de Latte de Tassigny, sur instruction du Général de Gaulle, signe, au nom de la France, à Berlin, l'acte de capitulation inconditionnelle du Reich allemand.
Ainsi, en 8 mois et 23 jours, « la Première Armée Française » a parcouru 1500 km, de la Méditerranée à l'Autriche. Elle a libéré le tiers du territoire métropolitain. Elle a envahi 80 000 km² de l'Allemagne ; elle a anéanti deux armées allemandes, les 19ème et 24ème armées. Son action victorieuse, la ferveur, les efforts et l'héroïsme de ses soldats ont contribué à redonner à la France son rang de grande puissance".
Extrait de Fondation Marechal de Lattre.
Que ce soit dans les du Général De Gaulle Mémoires, Charles De Gaulle ou dans Histoire de la première armée française. Rhin et Danube,de Jean de Lattre de Tassigny, on retrouve l’appréciation que vous évoquez d’un engagement particulièrement important et efficace de cette armée française malgré des conditions difficiles ( carburants, munitions, couverture aérienne..); mais surtout aussi de la volonté politique d’affirmer l’importance de cet engagement pour la victoire et pour que la France retrouve sa place dans le concert des nations.
Lire notamment les p 609et suivantes des Mémoires.
Quelques extraits :
« Mon désir était naturellement que la progression allât aussi vite que possible , qu’elle menât les armées alliées directement au cœur de l’Allemagne et que les forces françaises eussent leur large part dans les opérations. C’est que dès le 6 septembre , j’avais écrit à Eisenhower, en le pressant de hâter le mouvement de notre 1° armée , en lui rendant la disposition de notre 2° division blindée, et en lui faisant connaître la volonté du gouvernement français de voir nos troupes pénétrer en territoire allemand en même temps que celles des Am »ricains et des britanniques »
« Ainsi s’achevait l’extraordinaire poursuite que Français et Américains avaient mené en trois semaines sur 700 kilomètres. Ils eussent été plus vite encore si le manque de carburants ne les avait pas constamment retardés. »
« Ces servitudes doivent rentrer en compte pour juger à sa valeur le record que représenta a la progression accomplie depuis la Méditerranée jusqu’à l’entrée de l’Alsace. En revanche la marche en avant fut grandement facilitée par l’action des maquisards. »
Dans l’histoire de la première Armée française Rhin et Danube, on retrouve la même volonté politique affirmée,
P 131
« Enfin , nul n’aurait compris qu’en un moment si rare de notre histoire les décisions militaires du commandant français de l’Armée libératrice puissent faire abstraction des réflexes de notre fierté nationale qui nous incitaient à tout faire pour arriver premiers dans la course à l’objectif essentiel, constitué par l’Alsace et le Rhin, en passant par l’objectif intermédiaire de Lyon. »
Pour compléter :
- l’extraordinaire épopée de la première armée française,
- ECPAD fonds de la seconde guerre mondiale,
Et pour approfondir :
Histoire militaire de la France, de André Corivisier Volume 4 de 1940 à nos jours
" Les experts militaires s’interrogent toujours sur telle ou telle décision du général de Lattre de Tassigny, « le roi jean », dont le comportement a suscité bien des controverses. Il serait injuste d’oublier qu’il a fait entrer l’armée française dans la logique du système militaire allié, saisi au débarquement l’opportunité d’une offensive foudroyante, refusé de se laisser enfermer dans la « trappe », réussi l’amalgame et conduit la 1° Armée française au cœur de l’Allemagne. De gaulle écrira de son ancien « De Lattre , passionné, mobile, portant ses vues au loin et de toutes parts ; s’imposant aux intelligences par la fougue de son esprit et s’attachant les sentiments à force de prodiguer son âme , marchant vers le but par bonds soudains et inattendus quoique souvent bien calculés…Ayant discerné tout à coup , quand, de quel façon l’évènement pouvait surgir , il déployait alors pour le crée et l’exploiter , toutes les ressources d’un riche talent et d’une énergie extrême, exigeant l’effort sans limites de ceux qu’il y engageait mais sachant faire sonner pour eux les fanfares de la réussite."
Commentaire de
reptile :
Publié le 05/12/2013 à 15:57
c'est pourtant le point essentiel. Cette armée a-t-elle été protégé au même titre que les autres armées alliées, ou moins bien ou pas du tout, comme je l'avait lu ? Si oui a progression égale elle aurait donc bien été supérieure a celles des alliés vu l'aspect décisif de l'aviation dans un combat moderne type 2 ème Guerre Mondiale, merci.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 07/12/2013 à 10h35
Manifestement, vous avez une thèse sur la question que vous souhaitez étayer.
Nous vous avons conseillé un certain nombre de lectures que nous ne pouvons pas faire pour vous.
En parcourant le livre de De Lattre de Tassigny , cité précédemment, livre qui décrit en détail cette offensive de la 1° Armée, cette absence supposée de couverture aérienne n’est pas mise en avant. Ce sont les problèmes du carburant, de la logistique, du ravitaillement …qui reviennent régulièrement.
Quand au général De Gaulle, c’est aussi sur la carence en armement lourd qu’il insiste :
« …nous étions donc contraints de recourir au bon vouloir des Etats-Unis.
Ce bon vouloir était mince. Il faut dire que nos alliés éprouvaient d’incontestables difficultés à transporter, depuis l’Amérique, l’énorme tonnage de matériel qui alimentait la bataille. Ils se souciaient donc fort peu d’y ajouter, à l’improviste, des lots à livrer aux Français.
[…]
Depuis le jour du débarquement jusqu’à celui de la capitulation allemande, nos alliés ne nous procurèrent pas de quoi équiper une seule grande unité de plus. Dès octobre, le général Marshall, passant nous voir à Paris, ne nous avait laissé sur ce point aucune illusion. »
Lire l’intégralité p 618 et 619 des Mémoires déjà citées dans notre première réponse.
Nous n'avons pas trouvé d'analyse de cette offensive mettant en avant la question de la couverture aérienne.
Commentaire de
reptile :
Publié le 04/10/2020 à 10:11
Suite à ma question sur le support aérien allié aux français en France et en Allemagne, je n'avais pas pu vous répondre sur le moment mais si j'avais bien fait d'affirmer que les alliés nous avez fourni aucun support aérien sauf une foi à Dompaire, certes mais qui confirme le principe. Voyez page 341 du livre de Gaulle mon père, de Philippe De gaulle entretien avec Michel Tauriac en parlant de la deuxième DB: "Depuis les tous premiers jours en Normandie et sauf de façon massive à Dompaire au passage de la Moselle en Lorraine, notre division n'a bénéficié d'aucun appui aérien, ni à Paris, ni en Alsace ni ailleurs."
Merci, bonne journée
"
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