Question d'origine :
Bonjour, Je cherche à savoir si homo ergaster est réellement un ancêtre direct de homo sapiens ? merci d'avance de votre réponse.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 24/07/2020 à 10h31
Bonjour,
En l’état actuel des connaissances sur la lignée humaine, nous serions bien en peine de vous apporter une réponse tranchée. Il est en effet très difficile d’établir une phylogénie consensuelle de l’enchaînement des différentes espèces humaines, faute de fossiles en nombre suffisant. Par ailleurs, même si deux espèces humaines sont apparentées, cela ne signifie pas nécessairement que la plus ancienne est « l’ancêtre » de la plus récente, mais plutôt qu’elles possèdent toutes les deux un ancêtre commun : on représente volontiers l’arbre phylogénétique comme un buisson foisonnant aux multiples branches divergentes.
Et cet arbre, de plus en plus complexe, est encore compliqué par les hybridations entre espèces humaines…
« Nos idées sur l'évolution humaine ont beaucoup changé au cours de la dernière cinquantaine d'années. On ne pense plus, par exemple, que la célèbre Lucy, et pas même plus généralement les australopithèques, soient des représentants d'une branche des hominines qui aurait donné en évoluant le genre Homo. Lui-même est devenu buissonnant avec de nombreuses branches collatérales et pour compliquer le tableau, il est devenu de plus en plus clair en ce début du XXIe siècle que des hybridations sont intervenues.
Par contre, il est toujours vrai qu'il reste difficile de trouver l'ancêtre commun de deux espèces pour des organismes vivants de grande taille, alors que ce n'est pas le cas pour des organismes beaucoup plus petits, en particulier les micro-organismes planctoniques (foraminifères, radiolaires, ostracodes, etc.). Les raisons en sont simples dans ce dernier cas, ces êtres vivants sont beaucoup plus nombreux et sont naturellement présents dans des milieux qui conduisent facilement à la conservation de formes fossilisées.
Il semble aussi que les grands organismes vivants ont une évolution qui est bien décrite par la théorie des « équilibres ponctués ». Les espèces y resteraient stables sur des durées de l'ordre de quelques milliers ou millions d'années, avant d'en donner des nouvelles en quelques centaines ou dizaines de milliers d'années tout au plus. Difficile dans ces conditions de conserver un grand nombre d'enregistrements de la spéciation. »
Source : Homo sapiens : le crâne de l'ancêtre commun enfin révélé ? futura-sciences.com
Pour certains chercheurs, Homo ergaster serait l’ancêtre d’Homo erectus. Pour d’autres, ils forment une même espèce :
« L'espèce Homo erectus n'a pas de définition consensuelle dans la communauté scientifique. Il existe parmi les chercheurs trois grandes tendances autour de cette appellation.
Selon la première, Homo erectus rassemble la plupart des fossiles africains et asiatiques connus depuis environ 2 millions d'années et qui présentent une forme plus ou moins intermédiaire entre Homo habilis et Homo heidelbergensis. Plusieurs appellations modernes seraient alors à considérer comme des synonymes, comme des formes ancestrales, ou comme des variétés locales de la même espèce. Cette première école est constituée d'auteurs réticents à trop subdiviser le genre Homo, et on y trouve notamment de nombreux chercheurs américains.
Une deuxième école considère qu'Homo ergaster et Homo georgicus, voire Homo gautengensis, sont des appellations valides et représentent des formes humaines plus anciennes qu'Homo erectus. Le périmètre de cette dernière appellation n'engloberait alors que les fossiles asiatiques et les fossiles africains datés entre environ 1,5 million et 600 000 ans, en raison des ressemblances morphologiques constatées entre les spécimens d'âge intermédiaire trouvés sur ces deux continents.
Pour une troisième école, les fossiles asiatiques devraient être classés dans leur propre groupe, sous le nom d'Homo erectus, dans la mesure où une divergence phylogénétique présumée devrait être sanctionnée par des appellations distinctes, même si elle n'apparait pas clairement dans la morphologie. De plus, une subdivision poussée du genre Homo aide à y voir plus clair entre les différentes formes et permet de proposer des analyses plus précises. On trouve notamment dans cette troisième tendance l'équipe de chercheurs français du Musée de l'Homme, à Paris.
Pour se comprendre et réconcilier autant que faire se peut les différents points de vue, les chercheurs emploient souvent les expressions d'Homo erectus sensu lato (au sens large) et d'Homo erectus sensu stricto (au sens strict). »
Source : Wikipedia
« Homo ergaster et Homo erectus
Le premier Homo erectus (le fameux Pithecanthropus erectus) fut mis au jour à Java à la fin du xixe siècle et son âge a considérablement vieilli, puisqu’en l’espace d’une vingtaine d’années, il est passé de 800 000 ans à 1,7 Ma (mais a-t-on bien daté les niveaux qui ont livré les hommes anciens ?). Puis il est trouvé sur le continent africain dans les années 1960 avec la fameuse calotte crânienne d’Olduvai, OH 9. Des spécimens sont aujourd’hui connus sur tout le continent africain, et principalement en Afrique orientale. Si, dans les années 1970, on croyait encore que les Homo habilis s’étaient transformés vers 1,7 Ma en Homo erectus qui allaient envahir tout l’Ancien Monde vers 1,5 Ma, le scénario apparaît aujourd’hui bien plus complexe.
Les découvertes de terrain se multipliant, l’espèce erectus était devenue une sorte de fourre-tout où l’on entassait toute pièce postérieure à 2 millions d’années et qui ne pouvait pas être classée dans les australopithèques ou rapportée à Homo habilis.
Puis, en 1975, des paléontologues créent une nouvelle espèce, H. ergaster, à partir d’une mandibule trouvée à Koobi Fora dans le Turkana oriental. On y rapporte généralement les pièces les plus anciennes (1,8 à 1,5 Ma), les pièces les plus récentes restant attribuées à H. erectus (1,2 à 0,5 Ma). Certains auteurs préconisent de n’utiliser le terme d’Homo erectus que pour les fossiles asiatiques.
En résumé, ces attributions sont loin de faire l’unanimité aujourd’hui car la distinction notamment entre les deux espèces H. ergaster et H. erectus est loin d’être claire. Le groupe des Homo erectus-Homo ergaster dans le Rift est représenté par des crânes kényans (KNM ER 3733 et KNM ER 3883) ainsi que par de très nombreux fragments à Olduvai en Tanzanie, par le squelette quasi complet de Nariokotome dans le Turkana occidental, par un crâne complètement écrasé provenant de Nyabusosi en Ouganda et par plusieurs restes de Melka Kunturé en Éthiopie. Les Homo erectus se répartissent sur tout le continent du nord au sud : on les retrouve en Afrique du Sud (Swartkrans), en Afrique du Nord (au Maroc avec l’Homme de Rabat et en Algérie à Ternifine) vers 500 000 ans.
Actuellement, la multiplication des espèces d’Homo anciens met surtout en évidence nos différentes perceptions de la spéciation. De plus, les restes sont encore trop peu nombreux pour permettre de maîtriser les variations intérêt intra-spécifiques pour ces périodes anciennes. Par ailleurs, les limites entre espèces sont souvent très floues. Certains caractères d’Homo erectus sont assez clairs : crâne bas, aplatissement de la région frontale et nucale, parois crâniennes épaisses (celles de l’Homme de Nyabusosi en Ouganda sont épaisses de 11 mm), capacité crânienne beaucoup plus importante que celle des autres hominidés anciens. Leur bipédie est clairement attestée. Une pièce pose aujourd’hui problème : il s’agit d’un très beau crâne trouvé en Érythrée par une équipe italienne, le fameux Homme de Buia. Daté de 1,4 million d’années, il ne présente pas de caractères classiques d’Homo erectus, qu’ils soient africains ou asiatiques ; ainsi la pièce érythréenne a une forme en tente aux parois crâniennes divergentes vers le bas et l’épaisseur de l’os est faible. S’agirait-il d’un très ancien Homo sapiens ? Quoi qu’il en soit, il semble bien qu’Homo erectus se soit adapté à des milieux très différents. Ainsi, les différences observées entre les diverses pièces ne sont pas forcément des variations spécifiques, mais peut-être tout simplement des adaptations à des environnements et/ou des habitats différents. »
Source : L’évolution de l’homme, Brigitte Senut, in Le Rift est-africain, Bertrand Hirsch, Bernard Roussel
Voici plusieurs écrits récents qui s’intéressent à l’évolution de la lignée humaine, et qui vous permettront d’en savoir plus sur l’état actuel des connaissances sur l’origine d’Homo sapiens :
- Evolution biologique et culturelle de la lignée humaine, Florent Détroit et David Pleurdeau (Maîtres de Conférences, MNHN)
- Les phylogénies, Jean-Claude Hervé
- L’ADN mitochondrial et l’origine d’Homo sapiens, Jean-Claude Hervé
Bonne journée.
En l’état actuel des connaissances sur la lignée humaine, nous serions bien en peine de vous apporter une réponse tranchée. Il est en effet très difficile d’établir une phylogénie consensuelle de l’enchaînement des différentes espèces humaines, faute de fossiles en nombre suffisant. Par ailleurs, même si deux espèces humaines sont apparentées, cela ne signifie pas nécessairement que la plus ancienne est « l’ancêtre » de la plus récente, mais plutôt qu’elles possèdent toutes les deux un ancêtre commun : on représente volontiers l’arbre phylogénétique comme un buisson foisonnant aux multiples branches divergentes.
Et cet arbre, de plus en plus complexe, est encore compliqué par les hybridations entre espèces humaines…
« Nos idées sur l'évolution humaine ont beaucoup changé au cours de la dernière cinquantaine d'années. On ne pense plus, par exemple, que la célèbre Lucy, et pas même plus généralement les australopithèques, soient des représentants d'une branche des hominines qui aurait donné en évoluant le genre Homo. Lui-même est devenu buissonnant avec de nombreuses branches collatérales et pour compliquer le tableau, il est devenu de plus en plus clair en ce début du XXIe siècle que des hybridations sont intervenues.
Par contre, il est toujours vrai qu'il reste difficile de trouver l'ancêtre commun de deux espèces pour des organismes vivants de grande taille, alors que ce n'est pas le cas pour des organismes beaucoup plus petits, en particulier les micro-organismes planctoniques (foraminifères, radiolaires, ostracodes, etc.). Les raisons en sont simples dans ce dernier cas, ces êtres vivants sont beaucoup plus nombreux et sont naturellement présents dans des milieux qui conduisent facilement à la conservation de formes fossilisées.
Il semble aussi que les grands organismes vivants ont une évolution qui est bien décrite par la théorie des « équilibres ponctués ». Les espèces y resteraient stables sur des durées de l'ordre de quelques milliers ou millions d'années, avant d'en donner des nouvelles en quelques centaines ou dizaines de milliers d'années tout au plus. Difficile dans ces conditions de conserver un grand nombre d'enregistrements de la spéciation. »
Source : Homo sapiens : le crâne de l'ancêtre commun enfin révélé ? futura-sciences.com
Pour certains chercheurs, Homo ergaster serait l’ancêtre d’Homo erectus. Pour d’autres, ils forment une même espèce :
« L'espèce Homo erectus n'a pas de définition consensuelle dans la communauté scientifique. Il existe parmi les chercheurs trois grandes tendances autour de cette appellation.
Selon la première, Homo erectus rassemble la plupart des fossiles africains et asiatiques connus depuis environ 2 millions d'années et qui présentent une forme plus ou moins intermédiaire entre Homo habilis et Homo heidelbergensis. Plusieurs appellations modernes seraient alors à considérer comme des synonymes, comme des formes ancestrales, ou comme des variétés locales de la même espèce. Cette première école est constituée d'auteurs réticents à trop subdiviser le genre Homo, et on y trouve notamment de nombreux chercheurs américains.
Une deuxième école considère qu'Homo ergaster et Homo georgicus, voire Homo gautengensis, sont des appellations valides et représentent des formes humaines plus anciennes qu'Homo erectus. Le périmètre de cette dernière appellation n'engloberait alors que les fossiles asiatiques et les fossiles africains datés entre environ 1,5 million et 600 000 ans, en raison des ressemblances morphologiques constatées entre les spécimens d'âge intermédiaire trouvés sur ces deux continents.
Pour une troisième école, les fossiles asiatiques devraient être classés dans leur propre groupe, sous le nom d'Homo erectus, dans la mesure où une divergence phylogénétique présumée devrait être sanctionnée par des appellations distinctes, même si elle n'apparait pas clairement dans la morphologie. De plus, une subdivision poussée du genre Homo aide à y voir plus clair entre les différentes formes et permet de proposer des analyses plus précises. On trouve notamment dans cette troisième tendance l'équipe de chercheurs français du Musée de l'Homme, à Paris.
Pour se comprendre et réconcilier autant que faire se peut les différents points de vue, les chercheurs emploient souvent les expressions d'Homo erectus sensu lato (au sens large) et d'Homo erectus sensu stricto (au sens strict). »
Source : Wikipedia
« Homo ergaster et Homo erectus
Le premier Homo erectus (le fameux Pithecanthropus erectus) fut mis au jour à Java à la fin du xixe siècle et son âge a considérablement vieilli, puisqu’en l’espace d’une vingtaine d’années, il est passé de 800 000 ans à 1,7 Ma (mais a-t-on bien daté les niveaux qui ont livré les hommes anciens ?). Puis il est trouvé sur le continent africain dans les années 1960 avec la fameuse calotte crânienne d’Olduvai, OH 9. Des spécimens sont aujourd’hui connus sur tout le continent africain, et principalement en Afrique orientale. Si, dans les années 1970, on croyait encore que les Homo habilis s’étaient transformés vers 1,7 Ma en Homo erectus qui allaient envahir tout l’Ancien Monde vers 1,5 Ma, le scénario apparaît aujourd’hui bien plus complexe.
Les découvertes de terrain se multipliant, l’espèce erectus était devenue une sorte de fourre-tout où l’on entassait toute pièce postérieure à 2 millions d’années et qui ne pouvait pas être classée dans les australopithèques ou rapportée à Homo habilis.
Puis, en 1975, des paléontologues créent une nouvelle espèce, H. ergaster, à partir d’une mandibule trouvée à Koobi Fora dans le Turkana oriental. On y rapporte généralement les pièces les plus anciennes (1,8 à 1,5 Ma), les pièces les plus récentes restant attribuées à H. erectus (1,2 à 0,5 Ma). Certains auteurs préconisent de n’utiliser le terme d’Homo erectus que pour les fossiles asiatiques.
En résumé, ces attributions sont loin de faire l’unanimité aujourd’hui car la distinction notamment entre les deux espèces H. ergaster et H. erectus est loin d’être claire. Le groupe des Homo erectus-Homo ergaster dans le Rift est représenté par des crânes kényans (KNM ER 3733 et KNM ER 3883) ainsi que par de très nombreux fragments à Olduvai en Tanzanie, par le squelette quasi complet de Nariokotome dans le Turkana occidental, par un crâne complètement écrasé provenant de Nyabusosi en Ouganda et par plusieurs restes de Melka Kunturé en Éthiopie. Les Homo erectus se répartissent sur tout le continent du nord au sud : on les retrouve en Afrique du Sud (Swartkrans), en Afrique du Nord (au Maroc avec l’Homme de Rabat et en Algérie à Ternifine) vers 500 000 ans.
Actuellement, la multiplication des espèces d’Homo anciens met surtout en évidence nos différentes perceptions de la spéciation. De plus, les restes sont encore trop peu nombreux pour permettre de maîtriser les variations intérêt intra-spécifiques pour ces périodes anciennes. Par ailleurs, les limites entre espèces sont souvent très floues. Certains caractères d’Homo erectus sont assez clairs : crâne bas, aplatissement de la région frontale et nucale, parois crâniennes épaisses (celles de l’Homme de Nyabusosi en Ouganda sont épaisses de 11 mm), capacité crânienne beaucoup plus importante que celle des autres hominidés anciens. Leur bipédie est clairement attestée. Une pièce pose aujourd’hui problème : il s’agit d’un très beau crâne trouvé en Érythrée par une équipe italienne, le fameux Homme de Buia. Daté de 1,4 million d’années, il ne présente pas de caractères classiques d’Homo erectus, qu’ils soient africains ou asiatiques ; ainsi la pièce érythréenne a une forme en tente aux parois crâniennes divergentes vers le bas et l’épaisseur de l’os est faible. S’agirait-il d’un très ancien Homo sapiens ? Quoi qu’il en soit, il semble bien qu’Homo erectus se soit adapté à des milieux très différents. Ainsi, les différences observées entre les diverses pièces ne sont pas forcément des variations spécifiques, mais peut-être tout simplement des adaptations à des environnements et/ou des habitats différents. »
Source : L’évolution de l’homme, Brigitte Senut, in Le Rift est-africain, Bertrand Hirsch, Bernard Roussel
Voici plusieurs écrits récents qui s’intéressent à l’évolution de la lignée humaine, et qui vous permettront d’en savoir plus sur l’état actuel des connaissances sur l’origine d’Homo sapiens :
- Evolution biologique et culturelle de la lignée humaine, Florent Détroit et David Pleurdeau (Maîtres de Conférences, MNHN)
- Les phylogénies, Jean-Claude Hervé
- L’ADN mitochondrial et l’origine d’Homo sapiens, Jean-Claude Hervé
Bonne journée.
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