Question d'origine :
Bonjour
Un de mes ancêtre portait comme titre Grand valet de pieds du Roy et était aussi Capitaine du régiment de Picardie et cela au 17° siècle
Pouvait on être issu de milieu" modeste " ou fallait il faire partie de la noblesse ou petite bourgeoisie ou être fils de ……….?
Merci d'avance
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 15/06/2020 à 15h17
Bonjour,
Selon le dictionnaire Furetière, les valets de pied « sont des valets qui servent à pied, et qui portent les livrées. Il y a 42 grands et 15 valets de pied chez le roi ». Assez curieusement, si les charges de grand valet de chambre (titre extrêmement honorifique) sont clairement définies dans de nombreux ouvrages – comme le Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France De Nicolas Viton de Saint Allais, celle de valet de pied n’est pas clairement précisée. Toujours est-il qu’elle est considérée comme assez importante pour donner lieu à une livrée voyante :
« La grande livrée (fig. 7) habille les charges les plus importantes : pages, valets de pieds, cochers, postillons, porteurs de chaise, suisses et garçons des châteaux. La moyenne habille presque exclusivement le personnel des jardins : la personne qui « a soin de la Pièce des Suisses », le maître jardinier de la Ménagerie, le maître fontainier de Marly ou encore les jardiniers de Fontainebleau. »
(Source : François Lafabrié, « L’habit de livrée dans la Maison civile du roi : entre prestige et servitude », Bulletin du centre de recherches du château de Versailles, 2011, lisible sur openedition.org)
Pourtant, quand on trouve des mentions de grands valets de pied (dans des minutes de procèrs, lettres de vétérance (c’est-à-dire états de service, permettant de garder les privilèges de sa charge après la fin de son service), ce sont à l’évidence des noms de roturiers que l’on trouve ! Aucune obligation de noblesse donc pour exercer cette charge.
Pas plus que pour être capitaine : dans l’ouvrage La maison militaire du roi [Livre] : prestige et valeur à la cour de Versailles / Alexandre Loire et Gabriele Mendella, le grade de capitaine est décrit comme de rang inférieur :
« Plusieurs compagnies peuvent être regroupées dans un régiment. […] Un colonel en est le commandant, assisté d’un colonel-lieutenant.
A l’échelon inférieur, se trouvent un major et ses aides-majors […]. Puis viennent les lieutenants, qui organisent militairement la troupe, sous les ordres du capitaine. […] »
Et de fait, dans son article « La question sociale dans l’armée française au XVIIIe siècle », Annales, 1948, lisible sur Persée, l’historien Emile Léonard cite le témoignage d’un certain colonel Reboul, qui précise que nombre de capitaines sont roturiers :
« Ils sont ainsi quarante capitaines, commandants ou à ' la suite ; parmi eux quinze noms roturiers ; le dernier a dix-neuf ans. Sur trente-neuf lieutenants, vingt-deux roturiers : le (plus ancien, M. Charpignon, âgé de trente-cinq ans, en compte dix-sept de service ; un autre, le Sr. Gratignole, « pourra, par la suite, mériter une compagnie », le Sr. Sufîret, vingt-six ans, « bon et joli officier, sage ; mais il a médiocrement de bien, ce qui ne l'empêcherait pas, dit l'inspecteur, d'avoir une compagnie à son tour ». Enfin trente-neuf sous-lieutenants, s'échelonnant de dix-huit à vingt-cinq ans, sans parler du dernier, âgé de quatorze. »
Vous aurez relevé l’aspect financier ; de fait, l’ouvrage Dictionnaire du Grand Siècle [Livre] / sous la dir. de François Bluche précise qu’il était en théorie possible de faire une carrière « au mérite », et d’enseigne, monter en grade jusqu’à maréchal de camp (grade supérieur à capitaine), mais que c’était tellement long qu’il était rarissime qu’un homme du rang devienne officier sans acheter de charge : « La carrière rapide, elle, supposait la possibilité financière d’achat d’une compagnie (pour être capitaine) […] ». Il était donc assez probable que votre ancêtre avait quelque bien…
Pour en savoir plus sur les domestiques du roi, quelques lectures :
- Les Domestiques commensaux du roi de France au XVIIe siècle / Sophie de Laverny
- Au service du roi - Les métiers à la cour de Versailles / Mathieu da Vinha
- Au service du roi : dans les coulisses de Versailles / Mathieu Da Vinha
- Galerie des carrosses : grande écurie du roi
- « L’habit de livrée dans la Maison civile du roi : entre prestige et servitude » / François Lafabrié, Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, Articles et études, mis en ligne le 09 août 2011
Bonne journée.
Selon le dictionnaire Furetière, les valets de pied « sont des valets qui servent à pied, et qui portent les livrées. Il y a 42 grands et 15 valets de pied chez le roi ». Assez curieusement, si les charges de grand valet de chambre (titre extrêmement honorifique) sont clairement définies dans de nombreux ouvrages – comme le Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France De Nicolas Viton de Saint Allais, celle de valet de pied n’est pas clairement précisée. Toujours est-il qu’elle est considérée comme assez importante pour donner lieu à une livrée voyante :
« La grande livrée (fig. 7) habille les charges les plus importantes : pages, valets de pieds, cochers, postillons, porteurs de chaise, suisses et garçons des châteaux. La moyenne habille presque exclusivement le personnel des jardins : la personne qui « a soin de la Pièce des Suisses », le maître jardinier de la Ménagerie, le maître fontainier de Marly ou encore les jardiniers de Fontainebleau. »
(Source : François Lafabrié, « L’habit de livrée dans la Maison civile du roi : entre prestige et servitude », Bulletin du centre de recherches du château de Versailles, 2011, lisible sur openedition.org)
Pourtant, quand on trouve des mentions de grands valets de pied (dans des minutes de procèrs, lettres de vétérance (c’est-à-dire états de service, permettant de garder les privilèges de sa charge après la fin de son service), ce sont à l’évidence des noms de roturiers que l’on trouve ! Aucune obligation de noblesse donc pour exercer cette charge.
Pas plus que pour être capitaine : dans l’ouvrage La maison militaire du roi [Livre] : prestige et valeur à la cour de Versailles / Alexandre Loire et Gabriele Mendella, le grade de capitaine est décrit comme de rang inférieur :
« Plusieurs compagnies peuvent être regroupées dans un régiment. […] Un colonel en est le commandant, assisté d’un colonel-lieutenant.
A l’échelon inférieur, se trouvent un major et ses aides-majors […]. Puis viennent les lieutenants, qui organisent militairement la troupe, sous les ordres du capitaine. […] »
Et de fait, dans son article « La question sociale dans l’armée française au XVIIIe siècle », Annales, 1948, lisible sur Persée, l’historien Emile Léonard cite le témoignage d’un certain colonel Reboul, qui précise que nombre de capitaines sont roturiers :
« Ils sont ainsi quarante capitaines, commandants ou à ' la suite ; parmi eux quinze noms roturiers ; le dernier a dix-neuf ans. Sur trente-neuf lieutenants, vingt-deux roturiers : le (plus ancien, M. Charpignon, âgé de trente-cinq ans, en compte dix-sept de service ; un autre, le Sr. Gratignole, « pourra, par la suite, mériter une compagnie », le Sr. Sufîret, vingt-six ans, « bon et joli officier, sage ; mais il a médiocrement de bien, ce qui ne l'empêcherait pas, dit l'inspecteur, d'avoir une compagnie à son tour ». Enfin trente-neuf sous-lieutenants, s'échelonnant de dix-huit à vingt-cinq ans, sans parler du dernier, âgé de quatorze. »
Vous aurez relevé l’aspect financier ; de fait, l’ouvrage Dictionnaire du Grand Siècle [Livre] / sous la dir. de François Bluche précise qu’il était en théorie possible de faire une carrière « au mérite », et d’enseigne, monter en grade jusqu’à maréchal de camp (grade supérieur à capitaine), mais que c’était tellement long qu’il était rarissime qu’un homme du rang devienne officier sans acheter de charge : « La carrière rapide, elle, supposait la possibilité financière d’achat d’une compagnie (pour être capitaine) […] ». Il était donc assez probable que votre ancêtre avait quelque bien…
Pour en savoir plus sur les domestiques du roi, quelques lectures :
- Les Domestiques commensaux du roi de France au XVIIe siècle / Sophie de Laverny
- Au service du roi - Les métiers à la cour de Versailles / Mathieu da Vinha
- Au service du roi : dans les coulisses de Versailles / Mathieu Da Vinha
- Galerie des carrosses : grande écurie du roi
- « L’habit de livrée dans la Maison civile du roi : entre prestige et servitude » / François Lafabrié, Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, Articles et études, mis en ligne le 09 août 2011
Bonne journée.
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