Question d'origine :
Bonjour,
D'abord merci pour vos réponses toujours très intéressantes. Je cherche des informations sur l'histoire de cosa nostra. Ses origines notamment (j'ai vu le traitre et je cherche à comprendre l'origine du mouvement et de cette organisation en lien avec l'histoire de l'Italie)
Je vois remercie infiniment
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 05/11/2019 à 10h18
Bonjour,
En guise d’introduction, vous pourriez consulter l’article mafia, publié dans l’Encyclopedia Universalis, qui indique que « L'origine est assurément sicilienne, le mot [Cosa Nostra] venant du dialecte palermitain » et dresse un bref panorama de ce qu’est la mafia : « Bien avant d'avoir un nom particulier, comme élément de la conscience populaire d'abord, puis comme esprit associé à l'évolution du système féodal, la mafia était en puissance en Sicile. Ce phénomène se rattache à l'évolution des formes sociales et romanesques du banditisme et se comprend dans l'histoire de la criminalité.
Le héros populaire et la loi
Tout d'abord s'est élaboré le mythe du bandit héros populaire. Cette attitude se retrouve dans l'expression : uomo d'onore (homme d'honneur), appliquée au mafioso. On voyait en lui l'homme « capable de connaître le juste et disposant de tous les moyens de l'imposer même aux plus puissants ». En Italie, cette perception du bandit a été plus durable qu'ailleurs. Face à la tyrannie des princes et des seigneurs, l'esprit de résistance habituait à vivre illégalement.
(…)
Dans le Mezzogiorno, le brigandage était perçu comme une forme élémentaire, fruste et individuelle de révolte sociale. En Sicile, la fonction, en quelque sorte sociale, du banditisme a donc, pour des raisons historiques, duré plus qu'ailleurs.
L'esprit de mafia repose sur la conviction qu'on doit avoir le courage de s'opposer, en cas de besoin, à la loi, pour imposer son destin personnel, son ascension sociale.
Cette perception s'est renforcée par l'image du pauvre chevalier-bandit ou du serf-bandit. La conscience populaire y exprimait son besoin de mobilité sociale. Le bandit chevaleresque pouvait devenir un prince.
Formation de l'esprit de mafia
Le besoin d'ascension sociale s'est manifesté par la suite dans le comportement de certains mafiosi qui cherchaient soit à s'ériger en classe bourgeoise, soit à s'emparer de la fonction aristocratique, perçue comme « possibilité d'user de la force à titre privé ». Ainsi le système féodal maintenait en vigueur des modèles sociaux basés sur l'arbitraire, la violence et l'audace.
Le banditisme ne pouvait naturellement pas devenir un processus social. Tout d'abord, l'esprit de mafia était surtout hyperindividualiste et adoptait purement et simplement l'adage : « Qui veut la fin prend les moyens. » Les mafiosi représentaient un net progrès sur « l'explosion immédiate et élémentaire qu'est le brigandage ». Le mafioso n'a pas tardé à se présenter, non plus comme un vengeur ou un justicier, mais comme un conciliateur, le fameux uomo d'onore, que l'on savait disposé à aller jusqu'au bout pour atteindre le but choisi ».
L’article rappelle que Cosa Nostra contrôle alors presque toute la Sicile : d'origine rurale, elle a étendu son emprise sur les villes par la suite.
L’ouvrage de John Dickie, Cosa Nostra. L’histoire de la mafia sicilienne, vous permettra de comprendre l’émergence de Cosa Nostra en l’inscrivant notamment dans le rattachement de la Sicile à l’Italie en 1860 :
« L’intégration de deux millions quatre cent mille Siciliens dans la nouvelle nation italienne entraîna une épidémie de complots, de vols, de meurtres et de règlements de comptes mais aussi d’insurrections contre les troupes de Garibaldi ; l’auteur rappelle alors que « ce fut au cours de ces années troublées du milieu du XIXe siècle que la classe dirigeante italienne entendit parler pour la première fois de la mafia sicilienne (…) on peut dire que la Mafia et la nouvelle nation italienne sont nées en même temps ».
L’auteur poursuit en expliquant que « les méthodes de la mafia se sont affinées durant la période de croissance rapide de la culture industrielle des agrumes (…) la combinaison entre la vulnérabilité des vergers et le profit considérable qu’ils génèrent créa un environnement idéal pour les rackets de protection organisés par la Mafia ».
Nous vous laissons poursuivre cette lecture qui vous permettra de suivre l’histoire de la mafia sicilienne.
Par ailleurs, des recherches dans la base de données Europresse fournit de très nombreux articles pour la période contemporaine. Ainsi, le décès en novembre 2017 du parrain redouté de la mafia sicilienne toto Riina a donné lieu à de nombreux articles retraçant son parcours et donc celui de Cosa Nostra dans les années 1980, débutant avec la victoire de riina devenu chef de la coupole, l’exécution de Cosa Nostra en 1982. Cette période fut, rappelons-le, rythmée par une campagne de violence contre les représentants de l’Etat avec les meurtres des juges antimafia Giovanni Falcone (1992) et Paolo Borsellino (1993).
Pour approfondir la question, il existe une abondante littérature disponible à la Bibliothèque municipale dont Cosa Nostra [Livre] : un siècle d'histoire / Eric Frattini ; trad. de l'espagnol par Alex et Nelly Lhermillier, 2003
En ligne, vous pourrez consulter divers articles dont :
• Pezzino Paolo, La mafia, l'Etat et la société dans la Sicile contemporaine (XIXe et XXe siècles), Politix, vol. 13, n°49, Premier trimestre 2000. Les mafias, sous la direction de Jean-Louis Briquet . pp. 13-33.
• Muti Giuseppe, Mafias et trafics de drogue : le cas exemplaire de Cosa Nostra sicilienne , Hérodote, 2004/1 (N°112), p. 157-177.
En guise d’introduction, vous pourriez consulter l’article mafia, publié dans l’Encyclopedia Universalis, qui indique que « L'origine est assurément sicilienne, le mot [Cosa Nostra] venant du dialecte palermitain » et dresse un bref panorama de ce qu’est la mafia : « Bien avant d'avoir un nom particulier, comme élément de la conscience populaire d'abord, puis comme esprit associé à l'évolution du système féodal, la mafia était en puissance en Sicile. Ce phénomène se rattache à l'évolution des formes sociales et romanesques du banditisme et se comprend dans l'histoire de la criminalité.
Le héros populaire et la loi
Tout d'abord s'est élaboré le mythe du bandit héros populaire. Cette attitude se retrouve dans l'expression : uomo d'onore (homme d'honneur), appliquée au mafioso. On voyait en lui l'homme « capable de connaître le juste et disposant de tous les moyens de l'imposer même aux plus puissants ». En Italie, cette perception du bandit a été plus durable qu'ailleurs. Face à la tyrannie des princes et des seigneurs, l'esprit de résistance habituait à vivre illégalement.
(…)
Dans le Mezzogiorno, le brigandage était perçu comme une forme élémentaire, fruste et individuelle de révolte sociale. En Sicile, la fonction, en quelque sorte sociale, du banditisme a donc, pour des raisons historiques, duré plus qu'ailleurs.
L'esprit de mafia repose sur la conviction qu'on doit avoir le courage de s'opposer, en cas de besoin, à la loi, pour imposer son destin personnel, son ascension sociale.
Cette perception s'est renforcée par l'image du pauvre chevalier-bandit ou du serf-bandit. La conscience populaire y exprimait son besoin de mobilité sociale. Le bandit chevaleresque pouvait devenir un prince.
Formation de l'esprit de mafia
Le besoin d'ascension sociale s'est manifesté par la suite dans le comportement de certains mafiosi qui cherchaient soit à s'ériger en classe bourgeoise, soit à s'emparer de la fonction aristocratique, perçue comme « possibilité d'user de la force à titre privé ». Ainsi le système féodal maintenait en vigueur des modèles sociaux basés sur l'arbitraire, la violence et l'audace.
Le banditisme ne pouvait naturellement pas devenir un processus social. Tout d'abord, l'esprit de mafia était surtout hyperindividualiste et adoptait purement et simplement l'adage : « Qui veut la fin prend les moyens. » Les mafiosi représentaient un net progrès sur « l'explosion immédiate et élémentaire qu'est le brigandage ». Le mafioso n'a pas tardé à se présenter, non plus comme un vengeur ou un justicier, mais comme un conciliateur, le fameux uomo d'onore, que l'on savait disposé à aller jusqu'au bout pour atteindre le but choisi ».
L’article rappelle que Cosa Nostra contrôle alors presque toute la Sicile : d'origine rurale, elle a étendu son emprise sur les villes par la suite.
L’ouvrage de John Dickie, Cosa Nostra. L’histoire de la mafia sicilienne, vous permettra de comprendre l’émergence de Cosa Nostra en l’inscrivant notamment dans le rattachement de la Sicile à l’Italie en 1860 :
« L’intégration de deux millions quatre cent mille Siciliens dans la nouvelle nation italienne entraîna une épidémie de complots, de vols, de meurtres et de règlements de comptes mais aussi d’insurrections contre les troupes de Garibaldi ; l’auteur rappelle alors que « ce fut au cours de ces années troublées du milieu du XIXe siècle que la classe dirigeante italienne entendit parler pour la première fois de la mafia sicilienne (…) on peut dire que la Mafia et la nouvelle nation italienne sont nées en même temps ».
L’auteur poursuit en expliquant que « les méthodes de la mafia se sont affinées durant la période de croissance rapide de la culture industrielle des agrumes (…) la combinaison entre la vulnérabilité des vergers et le profit considérable qu’ils génèrent créa un environnement idéal pour les rackets de protection organisés par la Mafia ».
Nous vous laissons poursuivre cette lecture qui vous permettra de suivre l’histoire de la mafia sicilienne.
Par ailleurs, des recherches dans la base de données Europresse fournit de très nombreux articles pour la période contemporaine. Ainsi, le décès en novembre 2017 du parrain redouté de la mafia sicilienne toto Riina a donné lieu à de nombreux articles retraçant son parcours et donc celui de Cosa Nostra dans les années 1980, débutant avec la victoire de riina devenu chef de la coupole, l’exécution de Cosa Nostra en 1982. Cette période fut, rappelons-le, rythmée par une campagne de violence contre les représentants de l’Etat avec les meurtres des juges antimafia Giovanni Falcone (1992) et Paolo Borsellino (1993).
Pour approfondir la question, il existe une abondante littérature disponible à la Bibliothèque municipale dont Cosa Nostra [Livre] : un siècle d'histoire / Eric Frattini ; trad. de l'espagnol par Alex et Nelly Lhermillier, 2003
En ligne, vous pourrez consulter divers articles dont :
• Pezzino Paolo, La mafia, l'Etat et la société dans la Sicile contemporaine (XIXe et XXe siècles), Politix, vol. 13, n°49, Premier trimestre 2000. Les mafias, sous la direction de Jean-Louis Briquet . pp. 13-33.
• Muti Giuseppe, Mafias et trafics de drogue : le cas exemplaire de Cosa Nostra sicilienne , Hérodote, 2004/1 (N°112), p. 157-177.
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