Question d'origine :
Madame, Monsieur,
J'ai identifié mon exemplaire sans page de titre grâce à la numérisation du Catalogue European Library comme appartenant à l'édition suivante :
Universi iuris civilis in quatuor tomos distributi Corpus: Vna Cvm Veterum & Neotericorum Iurisc. Glossis, Facti speciebus ... Variis lectionibus .., 1593. Lvgdvni: Balexerdi
Visible au lien suivant :
http://reader.digitale-sammlungen.de/re ... 63267.html
Cet éditeur lyonnais est référencé nulle part (BNF, VIAF, CERL Thesaurus).
Je vous serais très reconnaissante si vous pouviez m'en dire un peu plus afin de créer sa notice autorité dans le sudoc.
En vous remerciant par avance pour votre réponse, je vous prie de bien vouloir agréer, Madame, Monsieur, l'expression de ma considération.
Hélène Layotte
Pôle Patrimoine
Service commun de Documentation
Limoges
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 19/03/2016 à 13h57
Bonjour,
concernant le tome dont vous parlez, il s’agit bien de l’édition mentionnée ci-dessus et numérisée par l’équipe de la bibliothèque de Bavière. Nous conservons un exemplaire des deux tomes de cet ouvrage, d’ailleurs plus complet que celui qui est numérisé. Si votre volume est exactement le même que celui numérisé par la bibliothèque de Bavière, il s’agit du tome II de cet ouvrage.
Notre exemplaire a été numérisé par google, mais seul le premier tome est en ligne, alors que votre exemplaire et la version numérisée de l’exemplaire bavarois que vous mentionnez est celui du tome 2 « volumen alterum » comme cela est indiqué. Toutefois, sur la page de titre du tome 1, vous trouvez toutes les informations bibliographiques, qui sont les mêmes que pour le deuxième tome (vérification faite livre en main).
En réalité, la notice de la bibliothèque de Bavière est lacunaire. Trois noms sont cités, et celui de « Balexerdi » n’est pas le principal :
1) Gabriel Cartier, comme imprimeur («excudebat Gabriel Carterius »),
2) aux frais de / pour Jeanne Fournier (« Sumptibus Ioannae Furnerianae »),
3) veuve de Gabriel Balexert (« viduae Gabrielis Balexerdi »).
Si les trois personnages sont mentionnés par Baudrier dans le premier tome de sa Bibliographie lyonnaise, les mentions sont lacunaires, et reposent, dans le Baudrier, sur ce seul ouvrage.
Reprenons un à un les personnages cités.
1) L’imprimeur Gabriel Cartier semble connu. Plusieurs notices d’autorités sont repérées dans VIAF, et vous trouverez la notice d’autorité réalisée par la BnF ici. En reprenant les mentions cités dans la notice, on peut compléter un peu les informations sur ce personnage :
a. Gaullieur (p. 176), s’intéresse principalement à sa devise (« Tout art et tout force s’use. / Qui à saper ce roc s’amuse »), sa marque principale (un quartier de roc), et une autre marque (une femme armée d’un compas).
b. Chaix (p. 157-158) indique qu’il était pressier, avant de quitter Lyon en 1562. Il est reçu bourgeois de Genève en 1573, et la première impression qui lui est entièrement attribuée date de 1580. Il cite par ailleurs 5 marques d’imprimeurs et non deux (les marques ont été repérés dans le Heitz–n° 24 à 27- et le Sylvestre –n°939-).
c. Haag (tome 3, colonne 801) indique quant à lui que sa période d’activité ne commence qu’en 1590 et mentionne son testament rédigé en 1611, dans lequel il lègue à son fil Daniel son matériel typographique.
d. Bremme (p. 127) est finalement le plus complet : Gabriel Cartier ou Quartier, est né à Chatillon près de Cursville sans doute en 1542, fils de François Cartier. En 1560-61, il travaille à Lyon chez François Gaillard, puis en 1562 chez Michel Blanchier à Genève, avant de revenir à Lyon. En 1565, il revient à Genève où il travaille pour Zacharie Durant et Jean Berjon, avant d’être accusé en 1567 d’avoir appartenu à la compagnie lyonnaise des Griffarins. Il devient bourgeois de la ville en 1573. Il achète une maison rue Saint-Christoffle à Genève en 1576, puis il rachète du matériel typographique à Jean de Laon, imprimeur genevois, et débute sa carrière d’imprimeur à son nom à partir de 1580. Il meurt dans sa maison en 1618.
Notons aussi qu’il est mentionné dans le Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVIIe siècle (tome 22 : Lyon troisième partie : Carret-Durelle), de Marie-Anne Merland, p. 21, qui n’apprend pas grand-chose de nouveau si ce n’est que Romeo Arbour cite 18 de ses éditions de textes littéraires.
L’USTC mentionne 124 éditions à son nom, dont le Digeste de Justinien qui nous concerne ici, édité en 1593. Toutefois, comme c’est souvent le cas pour les imprimeurs genevois exilés de Lyon, il indique la fausse-adresse de « Lyon » sur son livre (en réalité imprimé à Genève), afin d’atteindre plus facilement le marché lyonnais, dominé par les catholiques depuis la reprise en main de la ville au début des années 1560.
2) et 3) Concernant Gabriel Balexerd ou sa veuve Jeanne Fournier, le VIAF ne donne aucun résultat. Toutefois :
a. l’USTC indique 14 éditions pour « veuve Balexerd » et 5 éditions pour « Jeanne Fournier », avec sans doute quelques recoupements, qui diminuerait le nombre réel d’édition réalisées aux frais de Jeanne Fournier. Il s’agit toujours de corpus juridiques de droit civil. Les éditions datent toutes de la période 1591-1600. Elles sont toutes imprimées chez Gabriel Cartier, et sont toutes genevoises, bien que parfois la mention « Lyon » soit trompeuse. L’indication est toujours la même : « sumptibus » ou « pour » Jeanne Fournier ou la veuve Balexerd. Il est donc peu probable que Jeanne Fournier soit véritablement libraire ou éditrice. Il demeure difficile d'expliquer ce goût pour le droit.
b. Une mention dans Chaix (p. 239) de Gabriel Balexert nous éclaire un peu : il est mentionné comme papetier genevois dans des actes de 1562 et 1563.
c. Mais c’est surtout dans les Notices généalogiques sur les familles genevoises de Jacques Galiffe (tome 2, pp. 27-31), que l’on apprend davantage de choses sur Gabriel Balexert et sur sa femme. L’ouvrage (exemplaire de l’université du Michigan) est disponible sur Notices généalogiques sur google books.
d. Ces informations sont par ailleurs partiellement reprises et complétées dans le Dictionnaire historique de la Suisse.
Au final, il apparaît que la famille de Bellexert, devenue Ballexert au début du XVIe siècle, est originaire du pays de Gex, dont un des membres, Guillaume Ballexert, boucher, fut reçu bourgeois de Genève en 1471. Ses descendants, membre de la puissante corporation des bouchers donnèrent différents conseillers de la ville de Genève. Un Gabriel Ballexert était conseiller en 1529, mais cela paraît un peu tôt pour qu’il s’agisse de la personne qui nous intéresse. Un autre (ou le même ?) Gabriel Ballexert, sans doute fils de Claude Ballexert et frère d’un Pierre Ballexert, rédige son testament en 1572, par lequel il lègue une tour (aujourd’hui sise sur la commune de Vernier) à ses enfants Pierre et Daniel. En 1584, sa femme, Jeanne Fournier est déjà dite veuve et agit au nom de ces mêmes Pierre et Daniel.
Ces informations généalogiques sont les seules, avec la mention de la profession de papetier de Gabriel Ballexert, dont nous ayons pu trouver la trace. Rien n’explique notamment la raison pour laquelle Jeanne Fournier s’intéresse au droit et fait imprimer de tels ouvrages chez Gabriel Cartier, imprimeur genevois.
En espérant avoir été utile,
concernant le tome dont vous parlez, il s’agit bien de l’édition mentionnée ci-dessus et numérisée par l’équipe de la bibliothèque de Bavière. Nous conservons un exemplaire des deux tomes de cet ouvrage, d’ailleurs plus complet que celui qui est numérisé. Si votre volume est exactement le même que celui numérisé par la bibliothèque de Bavière, il s’agit du tome II de cet ouvrage.
Notre exemplaire a été numérisé par google, mais seul le premier tome est en ligne, alors que votre exemplaire et la version numérisée de l’exemplaire bavarois que vous mentionnez est celui du tome 2 « volumen alterum » comme cela est indiqué. Toutefois, sur la page de titre du tome 1, vous trouvez toutes les informations bibliographiques, qui sont les mêmes que pour le deuxième tome (vérification faite livre en main).
En réalité, la notice de la bibliothèque de Bavière est lacunaire. Trois noms sont cités, et celui de « Balexerdi » n’est pas le principal :
1) Gabriel Cartier, comme imprimeur («excudebat Gabriel Carterius »),
2) aux frais de / pour Jeanne Fournier (« Sumptibus Ioannae Furnerianae »),
3) veuve de Gabriel Balexert (« viduae Gabrielis Balexerdi »).
Si les trois personnages sont mentionnés par Baudrier dans le premier tome de sa Bibliographie lyonnaise, les mentions sont lacunaires, et reposent, dans le Baudrier, sur ce seul ouvrage.
Reprenons un à un les personnages cités.
1) L’imprimeur Gabriel Cartier semble connu. Plusieurs notices d’autorités sont repérées dans VIAF, et vous trouverez la notice d’autorité réalisée par la BnF ici. En reprenant les mentions cités dans la notice, on peut compléter un peu les informations sur ce personnage :
a. Gaullieur (p. 176), s’intéresse principalement à sa devise (« Tout art et tout force s’use. / Qui à saper ce roc s’amuse »), sa marque principale (un quartier de roc), et une autre marque (une femme armée d’un compas).
b. Chaix (p. 157-158) indique qu’il était pressier, avant de quitter Lyon en 1562. Il est reçu bourgeois de Genève en 1573, et la première impression qui lui est entièrement attribuée date de 1580. Il cite par ailleurs 5 marques d’imprimeurs et non deux (les marques ont été repérés dans le Heitz–n° 24 à 27- et le Sylvestre –n°939-).
c. Haag (tome 3, colonne 801) indique quant à lui que sa période d’activité ne commence qu’en 1590 et mentionne son testament rédigé en 1611, dans lequel il lègue à son fil Daniel son matériel typographique.
d. Bremme (p. 127) est finalement le plus complet : Gabriel Cartier ou Quartier, est né à Chatillon près de Cursville sans doute en 1542, fils de François Cartier. En 1560-61, il travaille à Lyon chez François Gaillard, puis en 1562 chez Michel Blanchier à Genève, avant de revenir à Lyon. En 1565, il revient à Genève où il travaille pour Zacharie Durant et Jean Berjon, avant d’être accusé en 1567 d’avoir appartenu à la compagnie lyonnaise des Griffarins. Il devient bourgeois de la ville en 1573. Il achète une maison rue Saint-Christoffle à Genève en 1576, puis il rachète du matériel typographique à Jean de Laon, imprimeur genevois, et débute sa carrière d’imprimeur à son nom à partir de 1580. Il meurt dans sa maison en 1618.
Notons aussi qu’il est mentionné dans le Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVIIe siècle (tome 22 : Lyon troisième partie : Carret-Durelle), de Marie-Anne Merland, p. 21, qui n’apprend pas grand-chose de nouveau si ce n’est que Romeo Arbour cite 18 de ses éditions de textes littéraires.
L’USTC mentionne 124 éditions à son nom, dont le Digeste de Justinien qui nous concerne ici, édité en 1593. Toutefois, comme c’est souvent le cas pour les imprimeurs genevois exilés de Lyon, il indique la fausse-adresse de « Lyon » sur son livre (en réalité imprimé à Genève), afin d’atteindre plus facilement le marché lyonnais, dominé par les catholiques depuis la reprise en main de la ville au début des années 1560.
2) et 3) Concernant Gabriel Balexerd ou sa veuve Jeanne Fournier, le VIAF ne donne aucun résultat. Toutefois :
a. l’USTC indique 14 éditions pour « veuve Balexerd » et 5 éditions pour « Jeanne Fournier », avec sans doute quelques recoupements, qui diminuerait le nombre réel d’édition réalisées aux frais de Jeanne Fournier. Il s’agit toujours de corpus juridiques de droit civil. Les éditions datent toutes de la période 1591-1600. Elles sont toutes imprimées chez Gabriel Cartier, et sont toutes genevoises, bien que parfois la mention « Lyon » soit trompeuse. L’indication est toujours la même : « sumptibus » ou « pour » Jeanne Fournier ou la veuve Balexerd. Il est donc peu probable que Jeanne Fournier soit véritablement libraire ou éditrice. Il demeure difficile d'expliquer ce goût pour le droit.
b. Une mention dans Chaix (p. 239) de Gabriel Balexert nous éclaire un peu : il est mentionné comme papetier genevois dans des actes de 1562 et 1563.
c. Mais c’est surtout dans les Notices généalogiques sur les familles genevoises de Jacques Galiffe (tome 2, pp. 27-31), que l’on apprend davantage de choses sur Gabriel Balexert et sur sa femme. L’ouvrage (exemplaire de l’université du Michigan) est disponible sur Notices généalogiques sur google books.
d. Ces informations sont par ailleurs partiellement reprises et complétées dans le Dictionnaire historique de la Suisse.
Au final, il apparaît que la famille de Bellexert, devenue Ballexert au début du XVIe siècle, est originaire du pays de Gex, dont un des membres, Guillaume Ballexert, boucher, fut reçu bourgeois de Genève en 1471. Ses descendants, membre de la puissante corporation des bouchers donnèrent différents conseillers de la ville de Genève. Un Gabriel Ballexert était conseiller en 1529, mais cela paraît un peu tôt pour qu’il s’agisse de la personne qui nous intéresse. Un autre (ou le même ?) Gabriel Ballexert, sans doute fils de Claude Ballexert et frère d’un Pierre Ballexert, rédige son testament en 1572, par lequel il lègue une tour (aujourd’hui sise sur la commune de Vernier) à ses enfants Pierre et Daniel. En 1584, sa femme, Jeanne Fournier est déjà dite veuve et agit au nom de ces mêmes Pierre et Daniel.
Ces informations généalogiques sont les seules, avec la mention de la profession de papetier de Gabriel Ballexert, dont nous ayons pu trouver la trace. Rien n’explique notamment la raison pour laquelle Jeanne Fournier s’intéresse au droit et fait imprimer de tels ouvrages chez Gabriel Cartier, imprimeur genevois.
En espérant avoir été utile,
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter