Question d'origine :
bien chers vous, la vie humaine des gens qui nous ont précédé ayant été de courte durée,comment nos ancêtres ont ils pu les premiers déterminer une durée de l année établie à 365 jours..quelle civilisation établit elle la première cette durée et sur quelle base d observation fiable??Merci d avoir la gentillesse de vous pencher sur cette question épineuse
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 21/10/2016 à 11h19
Bonjour
La mesure du temps se retrouve dans toutes les sociétés. Un calendrier permet d’organiser les activités de l’homme telles que l’agriculture mais aussi les activités spirituelles comme les fêtes, les rites … :
« Calendriers maya, aztèque, gaulois, grec, romain, chinois, hébreu, copte, musulman … L’effort pour ordonner le temps concerne toutes les sociétés. En effet, pour vivre ensemble, il est nécessaire de créer un cadre de références temporelles, le même pour tous, qui permette de coordonner les activités humaines.
Le calendrier, système de découpage du temps en jours, mois, années, élaboré à partir de cycles astronomiques, répond à ce besoin vital des sociétés. […]
Il remplit deux fonctions principales : rythmer et mesurer le temps. Rythmer le temps, c’est fournir un cadre de vie et de fêtes, déterminer les jours de travail et les jours fériés, fixer les traditions et créer ainsi un lien symbolique entre les membres d’une communauté. Chaque société a son propre calendrier qui exprime son identité.
Mesurer le temps, c’est établir les durées, les plus objectives possibles, longueur de l’année, du mois, des divisions intermédiaires et les vérifier. Autrement dit, c’est instaurer un ordre, celui des régularités temporelles choisies, et le maintenir. »
Le calendrier, maitre du temps ? / Jacqueline de Bourgoing
Pour mesurer la durée de l’année mais aussi des jours et des heures, les civilisations de l’Antiquité se sont appuyées sur les astres :
« Tous les calendriers se fondent sur l’observation des mouvements célestes et prennent comme unité de base un cycle naturel dont chacun peut reconnaître les régularités. Trois cycles astronomiques servent de référence : la rotation de la terre sur elle-même, qui définit la durée du jour, la rotation de la lune autour de la terre, la lunaison, et la rotation de la terre autour du soleil qui définit l’année. […]
Prenons l’année. On peut la mesurer de plusieurs façons et obtenir des durées différentes.
L’année sidérale correspond au temps à compter duquel le soleil revient en face d’une étoile donnée. Elle dure environ 365j 6h 9min 9.54s. L’année tropique représente la révolution de la terre autour du soleil, d’un équinoxe de printemps à l’autre. Actuellement, elle dure en moyenne 365j 5h 48min 45.96s, mais comme la rotation de la terre ralentit peu à peu, l’année tropique raccourcit régulièrement, de cinq secondes tous les 1000 ans, ce qui rend impossible l’établissement d’un calendrier parfait à très long terme. [...]
Les premiers calendriers ont été lunaires
Comment décompter le temps ? A partir de la lune ? du soleil ? Peut-on concilier cycle lunaire et cycle solaire dans un même calendrier ?
La mesure du temps à partir des lunaisons est un phénomène très ancien. Le cycle de la lune est facile à observer. Ses phases se repèrent aisément aux changements de forme de l’astre. On peut établir des équivalences avec l’année solaire : 12 lunaisons (354 jours) correspondent à peu près à la marche des saisons. En Mésopotamie, en Egypte, en Grèce, à Rome, en Chine, on s’est d’abord servi de calendriers lunaires, qui en général comportaient 12 mois de 30 et 29 jours alternés, de façon à suivre les lunaisons (29.53 jours). A Babylone, quand l’écart avec l’année solaire devenait gênant, le souverain promulguait l’adjonction d’un mois supplémentaire. »
Le calendrier, maitre du temps ? / Jacqueline de Bourgoing
« De surcroît, la lune a donné leur année à Hésiode et à tous les Grecs de l’Antiquité. Ils l’ont divisé en douze mois lunaires, d’une durée moyenne proche de vingt-neuf jours et demi, avec un total de trois cent cinquante-quatre jours. Ils n’étaient pas les seuls en cela : depuis les anciens Sumériens et Chinois jusqu’à la civilisation disparue des Anasazis de l’Arizona, c’est bien l’année lunaire de douze mois, trois cent cinquante-quatre jours (à quelques menues variations près) qui allait prédominer de toutes parts dans la période allant de l’âge de pierre au néolithique. […]
Hélas, la lune n’était qu’une perfide tentatrice et elle a conduit les inventeurs des calendriers sur une mauvaise piste, dès la première étape de la recherche difficile d’un instrument de mesure cohérent et précis. […] Les Grecs de l’Antiquité et tous ceux qui les imitèrent en se fiant à la lune allaient se retrouver avec un calendrier avançant d’environ onze jours, un écart qui, en peu d’années, rendrait le calendrier déraisonnable par rapport aux saisons véritables, intervertissant les solstices d’hiver et d’automne en seize ans tout juste. »
Le temps conté : la grande aventure de la mesure du temps / David Ewing Ducan
Pierre du Soleil
By El Comandante (Own work) [GFDL or CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons
Ainsi, les premiers calendriers lunaires, dont l’année ne dure que 354 jours, sont vite en contradiction avec le cycle de la nature. C’est avec les premiers calendriers solaires que la durée d’une année devient de 365 jours :
« Les premiers calendriers solaires sont chez les Mayas et les Egyptiens
Les calendriers solaires, qui découpent le temps en fonction des mouvements apparents du soleil, sont nécessaires pour les activités agricoles qui obligent à une stricte discipline du temps annuel. Il faut pouvoir synchroniser les cultures avec les saisons, semer en fonction des précipitations prévisibles, gérer les réserves alimentaires d’une récolte à l’autre. Les calendriers maya et égyptien sont les deux plus anciens calendriers solaires connus.
Les Mayas avaient deux calendriers, l’un religieux, le tzolkin , l’autre civil, le haab , tous deux fondés sur le système vigésimal (en base 20). Le calendrier religieux comptait 260 jours, le calendrier civil, celui qui nous intéresse ici, 365 jours. L’année était découpée en 18 périodes de 20 jours, l’ensemble de ces 360 jours formant le tun , chaque jour portant un nom. S’y ajoutaient cinq jours dits vides ou fantômes, des jours de malheur qui n’avaient pas de nom. Les Mayas comptabilisaient régulièrement les jours qui manquaient à l’année pour que le calendrier reste en parfaite conformité avec le soleil. Sans disposer d’instruments perfectionnés, en utilisant des points de repères fixes, ils avaient établi un calendrier solaire d’une extrême précision.
Les Egyptiens ont réalisé des avancées décisives en matière de décompte du temps. Premier peuple de la Méditerranée à se servir d’un calendrier solaire (attesté depuis le IIIe millénaire av. J.-C.), ils l’ont élaboré de la façon la plus simple possible, créant ainsi un outil efficace et accessible à tous. A l’origine, la constatation d’une coïncidence : une fois par an, l’étoile Sirius se levait à l’aplomb du soleil levant, et cela précédait de peu la crue du Nil. Ce phénomène se reproduisait tous les 365 jours pendant trois ans de suite, et un jour plus tard, l’année suivante. Les Egyptiens divisèrent l’année en 12 mois de 30 jours, auxquels ils ajoutaient cinq jours, dits épagomènes. Ils l’appelèrent l’année vague parce que, tous les quatre ans, le lever de Sirius se produisait un jour plus tard. L’année étant trop courte d’un quart de jour, elle dérivait par rapport aux saisons, la concordance ne se rétablissant qu’au bout d’environ 1460 ans. »
Le calendrier, maitre du temps ? / Jacqueline de Bourgoing
« La civilisation égyptienne fut la première à redresser les erreurs de la théorie lunaire par l’utilisation du soleil,et elle y parvient remarquablement tôt, il y a près de six mille ans, lorsque les populations vivant sur les rives du Nil estimèrent que l’année solaire était tout à fait proche de trois cent soixante-cinq jours. Cela les amena à l’adoption d’un calendrier de douze mois de trente jours, plus cinq jours supplémentaires dont ils prétendaient que c’était le dieu Thot qui les avait ajoutés. Ces jours-là devinrent les dates anniversaires des cinq divinités majeures, Osiris, Isis, Horus, Nephtys et Seth.
Le temps conté : la grande aventure de la mesure du temps / David Ewing Ducan
Plafond astronomique de la tombe de Senmout
By NebMaatRa (selbst) [GPL], via Wikimedia Commons
Bien que plus précis que les calendriers lunaires, les calendriers solaires de 365 jours se décalent également du cycle de la nature (moins rapidement, il est vrai). C’est Jules César qui rectifiera cette erreur :
« Suivant les recommandations des astronomes d’Alexandrie, les plus hautes autorités scientifiques de son temps, César établit un calendrier solaire [jusque-là les romains utilisaient un calendrier lunaire auquel ils intercalaient des mois supplémentaires pour coller avec la réalité ndlr].La durée de l’année solaire étant alors estimée à 365 jours un quart, César introduit un cycle de 4 ans : les trois premières années comportent 365 jours et la quatrième 366. Le jour supplémentaire est ajouté au mois de février, en doublant le 24 février, le sixième jour avant les calendes de mars. Il est appelé bis sextus (double six), d’où l’expression bissextile. Les mois sont alternativement de 30 et 31 jours, sauf février qui en compte 28 ou 29. César rajoute des jours fastes pour stimuler l’activité.
Rome dispose enfin d’un instrument efficace. Même si le nouveau calendrier manque de précision – l’année solaire est légèrement plus courte que l’estimation retenue -, il est clair, accessible à tous et permet de prévoir et d’organiser les activités futures. […]
Avec cette réforme, Jules César met en place une architecture temporelle solide : le calendrier julien restera en vigueur jusqu’en 1582 ! »
Le calendrier, maitre du temps ? / Jacqueline de Bourgoing
C’est le pape Grégoire XIII qui réformera le calendrier julien :
« Dans le calendrier julien, l’année est trop longue de 11 minutes et 4 secondes. […]
La commission chargée de ce travail, confrontée aux difficultés structurelles de l’exercice (l’année solaire ne compte pas un nombre entier de jours), choisit d’adopter une solution simple, proposée par un médecin calabrais, Luigi Lillio : annuler trois jours du calendrier tous les 400 ans en supprimant les journées bissextiles de trois années séculaires sur quatre. Seules les années divisibles par 400 (c’est-à-dire 1600, 2000, 2400) resteraient bissextiles. Les autres années séculaires (1700, 1800, 1900) compteraient 365 jours. Pour éliminer le décalage accumulé, Lillio suggérait de supprimer 10 jours. […]
La bulle pontificale Inter Gravissimas , signée le 14 février 1582, reprend tous ces points. Grégoire XIII ordonne la suppression de 10 jours du calendrier, au mois d’octobre 1582, sans toucher à l’ordre des jours de la semaine, le jour suivant le jeudi 4 octobre devant être le vendredi 15 octobre. […]
La méthode choisie, que l’on peut qualifier d’approchée, avait le grand mérite d’être à la fois simple – le calendrier julien n’était que très légèrement modifié – et efficace – l’année grégorienne n’avançait que de 26 secondes par an par rapport à l’année tropique. Actuellement, le décalage est de trois heures, il atteindra une journée aux alentours de l’an 4700 ! […]
Quatre siècles plus tard, ce calendrier est toujours le nôtre. »
Le calendrier, maitre du temps ? / Jacqueline de Bourgoing
Pour aller plus loin :
• La bibliothèque éphémère proposée par les départements Civilisation, Sciences et Techniques et Silo moderne, porte sur le thème « Le temps vous est conté … »
• L’histoire du temps / sous la direction de Kristen Lippincott
• De temps en temps : histoires de calendriers : situer le temps, compter le temps, inscrire le temps, réformer le temps / sous la direction de Claude Naudin
• Rythmes du temps : astronomie et calendriers / Emile Biémont
• Calendrier et calcul du temps en Mésopotamie / Vincent Charpentier (in Le Salon noir – France Culture)
Bonne journée
La mesure du temps se retrouve dans toutes les sociétés. Un calendrier permet d’organiser les activités de l’homme telles que l’agriculture mais aussi les activités spirituelles comme les fêtes, les rites … :
« Calendriers maya, aztèque, gaulois, grec, romain, chinois, hébreu, copte, musulman … L’effort pour ordonner le temps concerne toutes les sociétés. En effet, pour vivre ensemble, il est nécessaire de créer un cadre de références temporelles, le même pour tous, qui permette de coordonner les activités humaines.
Le calendrier, système de découpage du temps en jours, mois, années, élaboré à partir de cycles astronomiques, répond à ce besoin vital des sociétés. […]
Il remplit deux fonctions principales : rythmer et mesurer le temps. Rythmer le temps, c’est fournir un cadre de vie et de fêtes, déterminer les jours de travail et les jours fériés, fixer les traditions et créer ainsi un lien symbolique entre les membres d’une communauté. Chaque société a son propre calendrier qui exprime son identité.
Mesurer le temps, c’est établir les durées, les plus objectives possibles, longueur de l’année, du mois, des divisions intermédiaires et les vérifier. Autrement dit, c’est instaurer un ordre, celui des régularités temporelles choisies, et le maintenir. »
Le calendrier, maitre du temps ? / Jacqueline de Bourgoing
Pour mesurer la durée de l’année mais aussi des jours et des heures, les civilisations de l’Antiquité se sont appuyées sur les astres :
« Tous les calendriers se fondent sur l’observation des mouvements célestes et prennent comme unité de base un cycle naturel dont chacun peut reconnaître les régularités. Trois cycles astronomiques servent de référence : la rotation de la terre sur elle-même, qui définit la durée du jour, la rotation de la lune autour de la terre, la lunaison, et la rotation de la terre autour du soleil qui définit l’année. […]
Prenons l’année. On peut la mesurer de plusieurs façons et obtenir des durées différentes.
L’année sidérale correspond au temps à compter duquel le soleil revient en face d’une étoile donnée. Elle dure environ 365j 6h 9min 9.54s. L’année tropique représente la révolution de la terre autour du soleil, d’un équinoxe de printemps à l’autre. Actuellement, elle dure en moyenne 365j 5h 48min 45.96s, mais comme la rotation de la terre ralentit peu à peu, l’année tropique raccourcit régulièrement, de cinq secondes tous les 1000 ans, ce qui rend impossible l’établissement d’un calendrier parfait à très long terme. [...]
Les premiers calendriers ont été lunaires
Comment décompter le temps ? A partir de la lune ? du soleil ? Peut-on concilier cycle lunaire et cycle solaire dans un même calendrier ?
La mesure du temps à partir des lunaisons est un phénomène très ancien. Le cycle de la lune est facile à observer. Ses phases se repèrent aisément aux changements de forme de l’astre. On peut établir des équivalences avec l’année solaire : 12 lunaisons (354 jours) correspondent à peu près à la marche des saisons. En Mésopotamie, en Egypte, en Grèce, à Rome, en Chine, on s’est d’abord servi de calendriers lunaires, qui en général comportaient 12 mois de 30 et 29 jours alternés, de façon à suivre les lunaisons (29.53 jours). A Babylone, quand l’écart avec l’année solaire devenait gênant, le souverain promulguait l’adjonction d’un mois supplémentaire. »
Le calendrier, maitre du temps ? / Jacqueline de Bourgoing
« De surcroît, la lune a donné leur année à Hésiode et à tous les Grecs de l’Antiquité. Ils l’ont divisé en douze mois lunaires, d’une durée moyenne proche de vingt-neuf jours et demi, avec un total de trois cent cinquante-quatre jours. Ils n’étaient pas les seuls en cela : depuis les anciens Sumériens et Chinois jusqu’à la civilisation disparue des Anasazis de l’Arizona, c’est bien l’année lunaire de douze mois, trois cent cinquante-quatre jours (à quelques menues variations près) qui allait prédominer de toutes parts dans la période allant de l’âge de pierre au néolithique. […]
Hélas, la lune n’était qu’une perfide tentatrice et elle a conduit les inventeurs des calendriers sur une mauvaise piste, dès la première étape de la recherche difficile d’un instrument de mesure cohérent et précis. […] Les Grecs de l’Antiquité et tous ceux qui les imitèrent en se fiant à la lune allaient se retrouver avec un calendrier avançant d’environ onze jours, un écart qui, en peu d’années, rendrait le calendrier déraisonnable par rapport aux saisons véritables, intervertissant les solstices d’hiver et d’automne en seize ans tout juste. »
Le temps conté : la grande aventure de la mesure du temps / David Ewing Ducan
By El Comandante (Own work) [GFDL or CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons
Ainsi, les premiers calendriers lunaires, dont l’année ne dure que 354 jours, sont vite en contradiction avec le cycle de la nature. C’est avec les premiers calendriers solaires que la durée d’une année devient de 365 jours :
« Les premiers calendriers solaires sont chez les Mayas et les Egyptiens
Les calendriers solaires, qui découpent le temps en fonction des mouvements apparents du soleil, sont nécessaires pour les activités agricoles qui obligent à une stricte discipline du temps annuel. Il faut pouvoir synchroniser les cultures avec les saisons, semer en fonction des précipitations prévisibles, gérer les réserves alimentaires d’une récolte à l’autre. Les calendriers maya et égyptien sont les deux plus anciens calendriers solaires connus.
Les Mayas avaient deux calendriers, l’un religieux, le tzolkin , l’autre civil, le haab , tous deux fondés sur le système vigésimal (en base 20). Le calendrier religieux comptait 260 jours, le calendrier civil, celui qui nous intéresse ici, 365 jours. L’année était découpée en 18 périodes de 20 jours, l’ensemble de ces 360 jours formant le tun , chaque jour portant un nom. S’y ajoutaient cinq jours dits vides ou fantômes, des jours de malheur qui n’avaient pas de nom. Les Mayas comptabilisaient régulièrement les jours qui manquaient à l’année pour que le calendrier reste en parfaite conformité avec le soleil. Sans disposer d’instruments perfectionnés, en utilisant des points de repères fixes, ils avaient établi un calendrier solaire d’une extrême précision.
Les Egyptiens ont réalisé des avancées décisives en matière de décompte du temps. Premier peuple de la Méditerranée à se servir d’un calendrier solaire (attesté depuis le IIIe millénaire av. J.-C.), ils l’ont élaboré de la façon la plus simple possible, créant ainsi un outil efficace et accessible à tous. A l’origine, la constatation d’une coïncidence : une fois par an, l’étoile Sirius se levait à l’aplomb du soleil levant, et cela précédait de peu la crue du Nil. Ce phénomène se reproduisait tous les 365 jours pendant trois ans de suite, et un jour plus tard, l’année suivante. Les Egyptiens divisèrent l’année en 12 mois de 30 jours, auxquels ils ajoutaient cinq jours, dits épagomènes. Ils l’appelèrent l’année vague parce que, tous les quatre ans, le lever de Sirius se produisait un jour plus tard. L’année étant trop courte d’un quart de jour, elle dérivait par rapport aux saisons, la concordance ne se rétablissant qu’au bout d’environ 1460 ans. »
Le calendrier, maitre du temps ? / Jacqueline de Bourgoing
« La civilisation égyptienne fut la première à redresser les erreurs de la théorie lunaire par l’utilisation du soleil,et elle y parvient remarquablement tôt, il y a près de six mille ans, lorsque les populations vivant sur les rives du Nil estimèrent que l’année solaire était tout à fait proche de trois cent soixante-cinq jours. Cela les amena à l’adoption d’un calendrier de douze mois de trente jours, plus cinq jours supplémentaires dont ils prétendaient que c’était le dieu Thot qui les avait ajoutés. Ces jours-là devinrent les dates anniversaires des cinq divinités majeures, Osiris, Isis, Horus, Nephtys et Seth.
Le temps conté : la grande aventure de la mesure du temps / David Ewing Ducan
By NebMaatRa (selbst) [GPL], via Wikimedia Commons
Bien que plus précis que les calendriers lunaires, les calendriers solaires de 365 jours se décalent également du cycle de la nature (moins rapidement, il est vrai). C’est Jules César qui rectifiera cette erreur :
« Suivant les recommandations des astronomes d’Alexandrie, les plus hautes autorités scientifiques de son temps, César établit un calendrier solaire [jusque-là les romains utilisaient un calendrier lunaire auquel ils intercalaient des mois supplémentaires pour coller avec la réalité ndlr].La durée de l’année solaire étant alors estimée à 365 jours un quart, César introduit un cycle de 4 ans : les trois premières années comportent 365 jours et la quatrième 366. Le jour supplémentaire est ajouté au mois de février, en doublant le 24 février, le sixième jour avant les calendes de mars. Il est appelé bis sextus (double six), d’où l’expression bissextile. Les mois sont alternativement de 30 et 31 jours, sauf février qui en compte 28 ou 29. César rajoute des jours fastes pour stimuler l’activité.
Rome dispose enfin d’un instrument efficace. Même si le nouveau calendrier manque de précision – l’année solaire est légèrement plus courte que l’estimation retenue -, il est clair, accessible à tous et permet de prévoir et d’organiser les activités futures. […]
Avec cette réforme, Jules César met en place une architecture temporelle solide : le calendrier julien restera en vigueur jusqu’en 1582 ! »
Le calendrier, maitre du temps ? / Jacqueline de Bourgoing
C’est le pape Grégoire XIII qui réformera le calendrier julien :
« Dans le calendrier julien, l’année est trop longue de 11 minutes et 4 secondes. […]
La commission chargée de ce travail, confrontée aux difficultés structurelles de l’exercice (l’année solaire ne compte pas un nombre entier de jours), choisit d’adopter une solution simple, proposée par un médecin calabrais, Luigi Lillio : annuler trois jours du calendrier tous les 400 ans en supprimant les journées bissextiles de trois années séculaires sur quatre. Seules les années divisibles par 400 (c’est-à-dire 1600, 2000, 2400) resteraient bissextiles. Les autres années séculaires (1700, 1800, 1900) compteraient 365 jours. Pour éliminer le décalage accumulé, Lillio suggérait de supprimer 10 jours. […]
La bulle pontificale Inter Gravissimas , signée le 14 février 1582, reprend tous ces points. Grégoire XIII ordonne la suppression de 10 jours du calendrier, au mois d’octobre 1582, sans toucher à l’ordre des jours de la semaine, le jour suivant le jeudi 4 octobre devant être le vendredi 15 octobre. […]
La méthode choisie, que l’on peut qualifier d’approchée, avait le grand mérite d’être à la fois simple – le calendrier julien n’était que très légèrement modifié – et efficace – l’année grégorienne n’avançait que de 26 secondes par an par rapport à l’année tropique. Actuellement, le décalage est de trois heures, il atteindra une journée aux alentours de l’an 4700 ! […]
Quatre siècles plus tard, ce calendrier est toujours le nôtre. »
Le calendrier, maitre du temps ? / Jacqueline de Bourgoing
• La
• L’histoire du temps / sous la direction de Kristen Lippincott
• De temps en temps : histoires de calendriers : situer le temps, compter le temps, inscrire le temps, réformer le temps / sous la direction de Claude Naudin
• Rythmes du temps : astronomie et calendriers / Emile Biémont
• Calendrier et calcul du temps en Mésopotamie / Vincent Charpentier (in Le Salon noir – France Culture)
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