Question d'origine :
bonjour a tous, ravi de vous rencontrer, je passe l’épreuve de l'hda dans 2 semaines et j'ai choisi une oeuvre en plastique qui s'apelle "policeman and rioter" mai je nai pas assez d'information sur cette d'oeuvre. pouvez vous m'aider?
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 01/06/2016 à 08h08
Nous vous rappelons que l’épreuve « Histoire des arts » est une épreuve orale, au cours de laquelle les professeurs vont tester les connaissances que vous possédez, mais aussi votre capacité à les exploiter. Non seulement ils examineront ce que vous avez recueilli comme informations déjà toutes faites, mais aussi et surtout ce que
On vous conseille en outre de présenter votre sujet sous une forme structurée :
- Carte d’identité de l’artiste : domaines de prédilection, mouvement.
- Présentation de l’œuvre : nature, genre, titre, date, dimensions.
- Description iconique de l’œuvre : ce que montre l’œuvre.
- Description plastique de l’œuvre : constituants plastiques (lignes, valeurs, matières, couleurs [oppositions, contrastes], supports), moyens plastiques (facture, technique), l’espace de représentation (figuration, abstraction), la composition (lignes fortes).
- Sens de l’œuvre : sens de l’œuvre en elle-même et par rapport au contexte socio-historique (références, influences) ; sens dénoté [ce qui est donné à voir] et connoté [sens caché : métaphorique, symbolique, allégorique…].
- Approche subjective : ce qu’on ressent face à l’œuvre.
L’exposé devra être cohérent et clair, contenu dans le temps imparti.
Vous trouverez des renseignements nombreux, détaillés et pertinents, sur le site « Histoire de l’art collective », dans l’article intitulé « Duane Hanson : un sculpteur hyperréaliste », ainsi que sur le site Koregos dans l’article « l’art c’est la vie et la vie c’est réaliste », écrit par Thomas Buchsteiner, à propos de l’ exposition Duane Hanson, sculptures du rêve américain.
Dans le livre Duane Hanson, le rêve américain : exposition, Paris, La Villette, Pavillon Delouvrier, 21 avril-15 août 2010 / textes de Bruce Begout, l’auteur précise dans son introduction le passage des personnages gisants aux personnages debout, puis analyse le message social délivré par les œuvres ultérieures les plus connues.
Sculpteur américain, né en 1925 à Alexandria (Minnesota).
D’une famille de fermiers, il est diplômé de l’Académie d’art de Cranbrook (Michigan). Il fut d’abord professeur de beaux-arts aux États-Unis et en Allemagne, avant de se consacrer à la sculpture.
Il part en Europe dans les années 50. En 1959, l’artiste allemand George Grygo lui fera découvrir ses matériaux de prédilection : la résine polyester et la fibre de verre. En 1967, il réalise War où il utilise ces matériaux. En 1968, sa première exposition scandalise les spectateurs par le réalisme des thèmes abordés et leur apparence : guerre du Vietnam, accidents de la route, luttes raciales, sans-abris.Bowery Derelicts, 1969.
Connu en Europe dès 1972, à la suite de sa participation à la Documenta V de Kassel, il s’est imposé comme l’un des chefs de file de l’hyperréalisme américain.
A partir de moules en plâtre réalisés sur des corps d’amis, il tire des positifs en polyester, en résine et en fibre de verre. Il peint la sculpture de couleur chair, en représentant les moindres détails naturels : les poils, les replis de la peau, la saleté sous les ongles, les varices. Il l’habille ensuite de véritables vêtements et accessoires.
Au milieu des années 60, aux États-Unis, des artistes produisent des images peintes qui ressemblent à de gigantesques photographies. On appelle le mouvement « Photoréalisme ». Les artistes copient minutieusement leurs photos sur des toiles. Ils travaillent de manière traditionnelle durant de longs mois à leurs tableaux parfaits. Certains peignent à l’aérographe.
Les sujets sont puisés dans la banalité de la vie américaine : rues de New-York, pavillons de banlieue, enseignes et néons, vitrines, snack-bars, voitures. Images véhiculées par la publicité, les magazines, la télévision.
Les sculpteurs réalisent des moulages sur des personnes vivantes.
Néanmoins ces œuvres ressemblent « trop » au réel : l’art appartient au quotidien et, en même temps, il est toujours au-delà de notre réalité. Richard Estes prend plusieurs clichés de la même scène pour réaliser un tableau. Il reconstitue la réalité à sa manière : il corrige les flous et accentue les couleurs. Le tableau donne davantage à voir que ce qu’il y avait dans les photos de départ. « La peinture est supérieure à la photographie ».
L’ambition de ces artistes n’est pas de réaliser un trompe-l’œil, comme Zeuxis l’a fait en peignant une grappe de raisins tellement ressemblante que les oiseaux venaient la picorer.
Les tableaux rendent compte de l’uniformisation des sociétés de consommation.
La société de consommation bat son plein. Elle produit des objets en masse et, pour les vendre, doit séduire les acheteurs par l’image : publicités sur papier glacé ou sur d’immenses panneaux d’affichage, au cinéma ou à la télévision en couleurs. La virtuosité des peintres est tout aussi séduisante.
dans l’article intitulé « Duane Hanson : un sculpteur hyperréaliste » :
«
Alors qu’une photographie montre la réalité telle qu’elle est, elle empêche cependant d’y accéder pleinement à cause de sa bi-dimensionnalité. La représentation hyperréaliste de la scène, permise en partie par l’introduction d’objets employés selon leur usage premier et provenant directement de la vie réelle, permet quant à elle de renforcer le pouvoir de la scène en la rendant concrète aux yeux du spectateur. »
Plus loin, dans le même article :
« Les thématiques qu’il aborde dans ses sculptures sont certes nombreuses mais ont toutes en commun la volonté de rendre compte de la violence sociale tout en la dénonçant. Dans une première phase de son travail qui s’étend de 1965 à 1970, Hanson met en scène une violence explicite au travers de thèmes sociaux et urbains toujours en lien étroit avec l’actualité. L’année 1967 est particulièrement marquée par la multiplication d’émeutes raciales et les protestations contre la Guerre du Vietnam. Ces sujets ne laissant pas l’artiste indifférent, il les illustre respectivement dans
… Les premières œuvres de Duane Hanson sont caractérisées par deux aspects : la représentation de thèmes violents mais également par la position de ces personnages étroitement liée à la mort. Il met en effet majoritairement en scène des personnes gisant au sol comme dans War… Une œuvre, comme toutes celles de la première période, qui souligne pour Bruce Bégout l’horreur d’une mort violente: « Les personnages gisent sans exprimer la moindre solennité. Bien au contraire, ce sont des victimes non des héros. Victimes de la violence sociale, de la guerre, de la misère, ils jonchent le sol. Corps tombés sans gloire ni courage ». »
Dans l’article « l’art c’est la vie et la vie c’est réaliste » :
« En 1967, les réactions très contradictoires de ses contemporains à propos de l’engagement des Etats-Unis dans la guerre du Vietnam l’amènent à produire War (Guerre), un groupe sculpté qui constitue aussi pour lui une sorte de déclaration contre la guerre et la violence en général, à l’appui de tous ceux qui souffrent directement ou indirectement à cause des conflits armés. War présente cinq soldats en uniforme, morts ou blessés, qui pourraient « être en service » dans n’importe quelle armée du monde et qui gisent maintenant sur un champ de bataille, quelque part, couverts de terre et de sang. Une autre œuvre de 1967 – également un moulage d’après nature – traite de la violence pure dans la rue : dans Race Riot (Émeute raciale), Hanson entend représenter l’idée de la justice person- nelle, la criminalité, les troubles raciaux et les attaques directes et brutales des représentants d’une soi-disant démocratie contre les minorités et les citoyens sans défense. Sept figures sont impliquées dans un combat violent et armé. Un robuste agent de police, entouré de citoyens agressifs prêts à se faire justice eux-mêmes, frappe un Noir sur la tête avec sa matraque. C’est là une scène qui est loin d’être exceptionnelle en Amérique à cette époque et à l’occasion d’une exposition au Whitney Museum de New York à laquelle Hanson participe en 1969, le critique David L. Shirey désigne cette œuvre comme l’une des représentations les plus vigoureuses. Mais Hanson considèrera plus tard ces figures comme trop « rigides » et il détruira cinq d’entre elles, ne conservant que la figure du policier debout avec sa matraque et le Noir recroquevillé et allongé par terre. »
Les personnages de Hanson semblent pris sur le vif dans leur vie quotidienne : une femme qui fait ses courses, des touristes, un joueur de base-ball. Ses sculptures représentent des figures types des classes moyenne et populaire américaines.
Son regard est à la fois tendre et ironique. Préoccupé par les travers de la société, facteur de morosité et de solitude, Duane Hanson exprime aussi la dignité qu’il reconnaît à chaque être humain.
Ses premières sculptures sont des œuvres aux sujets forts et violents : avortement, violence, émeute, guerre, misère sociale, etc. Puis les sujets s’apaisent. On passe du cauchemar américain à son rêve, sous sa forme vulgaire et publicitaire. L’œuvre évolue vers des thèmes du quotidien qui exhibent une banalité commune.
Les personnages de Hanson sont figés à l’arrêt, ils sont désœuvrés, ils n’ont rien à faire, à dire, à penser. Hanson représente l’épuisement des forces, l’extinction de la volonté, la liquidation du désir.
Les yeux baissés prolongent cette impression de défaite. Ils n’attendent rien de l’avenir, ils n’ont plus qu’une apparence de vie, que soulignent leurs postures figées. L’intériorité est aussi vide que l’extériorité massive.
En aucun cas la restitution techniquement fidèle du réel ne l’intéresse en soi. Le réalisme de Hanson est au service d’une vision tragique de l’existence. Ses œuvres attaquent de l’intérieur l’americanway of life. Elles en montrent la vanité, la vacuité, le masque mélancolique, l’excès et le manque, l’abondance et la misère.
Hanson dépeint la société sous ses aspects les plus ridicules et outranciers : consommation, propagande commerciale, tourisme de masse, travail sans joie, obésité, idiotie, apathie, violence, etc. Il proteste contre ce qu’elle produit chez les individus : ennui, abattement, désillusion, solitude.
Hanson a pris dans le pop art la figuration directe d’un monde ordinaire dominé par l’esthétique marchande et le design publicitaire. Mais il s’attache à représenter la vulnérabilité de la vie quotidienne elle-même, écartelée entre naissance et mort, amour et haine.
Les personnages de Hanson, la tête inclinée, les yeux baissés, le corps impassible, rêvent. Mais le rêve américain est vide : la rêverie exprime la tentative pathétique d’évasion de ceux qui ne savent vers où se tourner. Alors faute de mieux, ils regardent dans le vide, et le vide leur montre qu’il n’y a rien à découvrir.
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