Question d'origine :
Avant d'être couronné comme empereur romain germanique en 1433, Sigismond de Luxembourg devint "roi des Romains" en 1411 puis aussi "roi des Lombards" 1431.
je voudrais savoir à quoi correspondaient ces titres de roi des romains et roi des Lombards et quels pouvoirs ils donnaient.
Merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 06/04/2016 à 14h28
Bonjour,
Sigismond "roi des romains" et "roi des Lombards".
Les empereurs du Saint Empire Romain Germanique dirigeaient l’Allemagne et l’Italie et quelques régions limitrophes.La couronne n’était pas héréditaire mais se faisait par l’élection des princes électeurs . Le titre de roi des romains correspondait à celui de roi de Germanie et donc désignait l’empereur du Saint Empire. Le titre de roi des Lombards correspondait à celui de roi d’Italie, et était donc lié au titre d’empereur . Les dates d’obtention de ces titres correspondent aux moments précis où les souverains se déplaçaient sur les territoires concernés et étaient couronnés.
Voici quelques extraits pour préciser notre réponse :
« Le 20 septembre 1410, trois princes électeurs allemands –dont lui-même en tant que margrave de Brandebourg- l’élirentroi des Romains, donc de Germanie , et en juillet 1411 tous les électeurs (au nombre de sept) se rallièrent à cette décision. Dès lors, Sigismond n’était plus seulement roi de Hongrie, il était également souverain du saint-empire romain germanique […] A long terme, l’un des objectifs principaux de Sigismond fut l’obtention du titre d’empereur. Les souverains germaniques avaient traditionnellement le droit, depuis le Xe siècle, de se faire couronner par le pape et de passer de « roi romain », titre obtenu par élection, à empereur. Par le couronnement, le roi devenait empereur romain-germanique, et donc le premier prince de la Chrétienté. Mais pour cela, il devait obtenir le consentement du pape et arriver jusqu’à Rome, ce qui au fil du temps était devenu une entreprise dangereuse et coûteuse, et donc de plus en plus rare […].
Au cours de l’été 1430 il quitta la Hongrie pour y revenir seulement pendant un an et demi entre octobre 1434 et mai 1436. Après la défaite d’une armée allemande face aux Tchèques en mars 1431 il se rendit en Italie.En novembre il se fit couronner à Milan avec la couronne lombarde. Il arriva jusqu’à Rome, mais avec difficulté… C’est seulement le 21 mai 1433 qu’il put entrer à Rome, et, dix jours plus tard, le pape Eugène IV, posa sur sa tête la couronne impériale tant désirée. »
Source : Histoire de la Hongrie médiévale, tome 2 Des angevins aux Habsbourgs, chapitre IV : Sigismond le premier roi-empereur.
Autre source : les articles de l’Encyclopédie Universalis (ressource en ligne sur les postes de la BML) sur Sigismond de Luxembourg et le Saint Empire romain germanique :
« Les assises territoriales de cet empire étaient toutefois différentes dès l'origine, puisqu'il allait comprendre essentiellement leroyaume de Germanie (réparti en six duchés : la Saxe, la Bavière, la Franconie, la Souabe, la Lorraine, la Bohême, devenue royaume au XIIe siècle) et celui d'Italie (encore que l'action du monarque fût pratiquement nulle dans les contrées méridionales), auxquels viendra s'ajouter en 1038 le royaume de Bourgogne (c'est-à-dire les pays compris entre la Saône et le Rhône à l'ouest, les sommets alpins et les confins germaniques en Bavière et Souabe à l'est, et la plaine suisse, le Jura, les régions alpines de France, la Provence au nord). Le royaume de France n'y était pas intégré et le centre de gravité politique était, plus encore que naguère, établi en Allemagne. »
« L'inachèvement territorial de l'Empire ne constituait pas en soi une faiblesse ; il était en effet illusoire de vouloir gouverner alors des pays très étendus ; en revanche, l'inorganisation des institutions ne cessa de nuire au maintien de la cohésion. En dehors de l'empereur lui-même et de sa chancellerie (issue des chancelleries d'Allemagne et d'Italie), il n'y eut en effet jamais d'institution purement impériale.Le souverain gouvernait l'Allemagne en tant que roi avec des services peu développés (quelques officiers et ministériaux, la Diète, ou Reichstag, qui réunissait tous les seigneurs et hauts prélats), sans même disposer des ressources d'un domaine royal spécifique (il n'avait que ses biens propres), ayant en sa faveur le pouvoir qui lui était reconnu d'exercer l'office public en matière judiciaire et de faire régner l'ordre et la paix. Quant à l'Italie et à la Bourgogne, il les régissait aussi en vertu de son titre royal, mais ses moyens d'action y étaient encore plus limités. Bien plus, aucune succession héréditaire n'était admise : on devenait empereur en étant élu roi de Germanie par les princes (choisi généralement dans une famille ducale), ce qui donnait droit à la titulature de roi des Romains ; après quoi, il fallait être couronné à Rome par le pape et recevoir, à l'occasion, les couronnes royales d'Italie et de Bourgogne. À chaque changement de règne, le rôle des princes allemands et du pape risquait donc d'être déterminant.
Cela permit à l'empereur Charles IV de Luxembourg de laïciser l'Empire par la Bulle d'or de 1356, qui donna en fait à l'Allemagne sa première constitution. En vertu de cet édit, le nombre des princes électeurs (qui, depuis Frédéric Barberousse et Frédéric II, n'avait cessé de diminuer, ces monarques tenant à favoriser seulement les plus puissants) est fixé à sept : les archevêques de Mayence, de Cologne et de Trèves, le roi de Bohême, le duc de Saxe, le margrave de Brandebourg et le comte palatin du Rhin. Ces sept personnages élisent le roi de Germanie et roi des Romains, mais aucune allusion n'est faite à une quelconque intervention du pape par la suite. Ainsi, par le système de désignation du souverain,l'Empire est devenu purement allemand. Son territoire est celui de l'Allemagne. Cependant, sur le plan politique, dès cette époque, il ne représente rien de plus qu'un titre creux, l'élu ne recevant aucun pouvoir et ne disposant que de ses États propres et de ses qualités personnelles qui peuvent lui permettre parfois d'entreprendre de grandes choses ; ainsi, Sigismond convoqua le concile de Constance en 1414 pour mettre fin au grand schisme d'Occident. La Bulle d'or déclare en outre que les électorats sont indivisibles et pourvus de droits régaliens. Cette disposition, s'ajoutant aux privilèges obtenus par les princes depuis Frédéric II et aux habitudes ensuite contractées, fit de l'Empire un conglomérat de principautés : les Allemagnes . »
Les pouvoirs de l'empereur sont donc comme vous pouvez le constater, à la fois grands par l'étendue des territoires concernés et limités dans les faits.
Bonnes lectures !
Sigismond "roi des romains" et "roi des Lombards".
Les empereurs du Saint Empire Romain Germanique dirigeaient l’Allemagne et l’Italie et quelques régions limitrophes.
Voici quelques extraits pour préciser notre réponse :
« Le 20 septembre 1410, trois princes électeurs allemands –dont lui-même en tant que margrave de Brandebourg- l’élirent
Au cours de l’été 1430 il quitta la Hongrie pour y revenir seulement pendant un an et demi entre octobre 1434 et mai 1436. Après la défaite d’une armée allemande face aux Tchèques en mars 1431 il se rendit en Italie.
Source : Histoire de la Hongrie médiévale, tome 2 Des angevins aux Habsbourgs, chapitre IV : Sigismond le premier roi-empereur.
Autre source : les articles de l’Encyclopédie Universalis (ressource en ligne sur les postes de la BML) sur Sigismond de Luxembourg et le Saint Empire romain germanique :
« Les assises territoriales de cet empire étaient toutefois différentes dès l'origine, puisqu'il allait comprendre essentiellement le
« L'inachèvement territorial de l'Empire ne constituait pas en soi une faiblesse ; il était en effet illusoire de vouloir gouverner alors des pays très étendus ; en revanche, l'inorganisation des institutions ne cessa de nuire au maintien de la cohésion. En dehors de l'empereur lui-même et de sa chancellerie (issue des chancelleries d'Allemagne et d'Italie), il n'y eut en effet jamais d'institution purement impériale.
Cela permit à l'empereur Charles IV de Luxembourg de laïciser l'Empire par la Bulle d'or de 1356, qui donna en fait à l'Allemagne sa première constitution. En vertu de cet édit, le nombre des princes électeurs (qui, depuis Frédéric Barberousse et Frédéric II, n'avait cessé de diminuer, ces monarques tenant à favoriser seulement les plus puissants) est fixé à sept : les archevêques de Mayence, de Cologne et de Trèves, le roi de Bohême, le duc de Saxe, le margrave de Brandebourg et le comte palatin du Rhin. Ces sept personnages élisent le roi de Germanie et roi des Romains, mais aucune allusion n'est faite à une quelconque intervention du pape par la suite. Ainsi, par le système de désignation du souverain,
Les pouvoirs de l'empereur sont donc comme vous pouvez le constater, à la fois grands par l'étendue des territoires concernés et limités dans les faits.
Bonnes lectures !
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