Question d'origine :
Bonjour
Je souhaiterai savoir de quelles baies ai composé la décoction pour les réductions de tête.
Merci de votre aide
Réponse du Guichet

Bonjour,
On trouve en effet plusieurs occurrences sur internet de ces « baies » par exemple dans l’article :
Tête réduite, Wikipedia : “Le « masque » est mis à tremper dans une décoction de baies pendant près de deux heures, une prolongation de ce traitement pouvant entraîner la chute des cheveux. »
Nous sommes donc partis à la recherche de textes décrivant la fabrication de ces têtes autrement nommées tsantsas en utilisant les références de deux spécialistes des indiens jivaros : Philippe Descola et Anne-Christine Taylor. Or, elles sont d’une part difficiles à trouver (ce sont souvent des références anglo-saxonnes ou espagnoles), et d’autre part, quand on les trouve, elles ne parlent pas de ces « baies » !
Voici quelques exemples :
Civilization of the south American Indian, Karsten, p. 63.
Au cœur du sens, p. 204-205
L’ouvrage The Scientific Study of Mummies, précise même en se référant à Harner, une référence pour la description de la réduction de tête, qu’il n’y a que de l’eau : « boil the skin in water (without herbs) »
Le livre Haut-Amazone : trois français chez les indiens réducteurs de têtes de Bertrand Flornoy, daté de 1939, décrit précisément le processus de réduction de tête des indiens Jivaro, mais ne mentionne ni baies ni herbes pour la confection de la décoction dans laquelle est plongé le scalp de la victime.
De l’eau aussi seulement dans la description de la réduction de tête de l’ouvrage de Peter Baumann et Erwin Patzelt, Mémoires d’un coupeur de têtes en Amazonie
Le texte : Description of a Tsantsa in the Ethnological Collection of the Academy, with Notes on Another Specimen, H. Newell Wardle, Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia
Vol. 66, No. 1 (Jan. - Mar., 1914), pp. 197-205 aborde tout de même la question d’une substance végétale : « Afterwards the head is dipped in the hot infusion of herbs” p. 204, mais malheureusement sans dire exactement de quelles “herbs” il s’agit.
Dans le n° XIX d’Anthropologie, le français le plus souvent cité en référence, Paul Rivet, ne parle pas non plus que d’eau pure : « Cette peau est mise à bouillir dans l’eau pour aseptiser les tissus et les cheveux. A cette eau, sans doute dans le but d’augmenter le pouvoir désinfectant de l’ébullition, l’indien ajoute certaines herbes de la forêt ».
Herbes que l’on retrouvent à nouveau dans de nombreuses descriptions :
- Zeitschrift für Ethnologie und ihre Hülfswissenschaften als Lehre, p. 236 : « soak it in bitter vegetable oils »
- An idol Human Head from Ecuador, Proceedings of the Society of Antiquaries of Scotland, mars 1886 sur Forgotten Books P. 163 : “The head is removed, and after being boiled for some time with an infusion of herbs”, (citation de Lubbock) puis p. 164, des suppositions de mixture.
Plus intéressant pour vous, on peut lire p. 160 : “When a Mundurucii has been fortunate enough to kill an enemy, he cuts off the head with his bamboo knife, removes the brain, soaks the whole head in a bitter vegetable oil called ' andi roba,' and dries it over the fire or in the sun.”
« L’andiroba, de son nom scientifique Carapa guianensis, est un arbre qui pousse sur des sols marécageux de bord de mer et sur les îles, malgré qu'il s'adapte très bien en sol de terre ferme.[…] Le fruit est une capsule ronde formée de quatre valves de 3 à 4 mm d'épaisseur, dure, de couleur grise. Quand le fruit est mur, il s'ouvre et laisse tomber au sol les noix qu'il recouvrait. Celles-ci sont au nombre de 7 à 9, assez grosses, polygonales, plates dans leur partie interne et convexes dans leur partie externe, à l'écorce lisse un peu spongieuse, marrons, recouvrant une masse blanche légèrement rosé, compacte et oléagineuse. » Définition de Andiroba sur le site alterafrica
Autre piste sur le site Jivaro info : “After the dipping, the skin of the head is boiled in a large pot. (The liquid the head is boiled in is said to be from the juice of the huito plant.)”, plante que l’on retrouve dans Old Civilization of Inca Land, Charles W. Mead, p. 72 :
“The skin and remaining soft parts are dipped into the juice of the huito fruit, which stains them black “
Voir ce fruit à l’article Genipa Americana, Jagua ou huito sur Wikipedia
Enfin, autre proposition :
“A large earthenware pot is then half filled with water. In this is placed the juice from a parasitic vine called chinchipi. This mixture is brought to the point of boiling and the head placed in it for two hours. The astringent qualities of the chinchipi, according to the Jivaros, prevent the hair from falling out.”
Historical and ethnographical material on the Jivaro Indians,By M. W. Stirling, SMITHSONIAN INSTITUTION BUREAU OF AMERICAN ETHNOLOGY, BULLETIN 117.
En cherchant « chinchipi » sur Google Livres, on trouve de nombreuses occurrences qui disent peu ou prou la même chose. Mais quant à savoir ce qu’est le chinchipi, à part une plante de la jungle amazonienne aux propriétés astringentes … Mission impossible !
A noter que ces trois plantes ont sensiblement les mêmes vertus.
Dans A propos de tsantsa Paul Rivet, dans le Journal de la Société des Américanistes Année 1932 Volume 24 Numéro 1 pp. 213-214 cite de nombreux auteurs ayant fait la description de l’opération de réduction de têtes ce qui vous permettra de poursuivre l’enquête si le cœur vous en dit.
Bonnes recherches !
On trouve en effet plusieurs occurrences sur internet de ces « baies » par exemple dans l’article :
Tête réduite, Wikipedia : “Le « masque » est mis à tremper dans une décoction de baies pendant près de deux heures, une prolongation de ce traitement pouvant entraîner la chute des cheveux. »
Nous sommes donc partis à la recherche de textes décrivant la fabrication de ces têtes autrement nommées tsantsas en utilisant les références de deux spécialistes des indiens jivaros : Philippe Descola et Anne-Christine Taylor. Or, elles sont d’une part difficiles à trouver (ce sont souvent des références anglo-saxonnes ou espagnoles), et d’autre part, quand on les trouve, elles ne parlent pas de ces « baies » !
Voici quelques exemples :
Civilization of the south American Indian, Karsten, p. 63.
Au cœur du sens, p. 204-205
L’ouvrage The Scientific Study of Mummies, précise même en se référant à Harner, une référence pour la description de la réduction de tête, qu’il n’y a que de l’eau : « boil the skin in water (without herbs) »
Le livre Haut-Amazone : trois français chez les indiens réducteurs de têtes de Bertrand Flornoy, daté de 1939, décrit précisément le processus de réduction de tête des indiens Jivaro, mais ne mentionne ni baies ni herbes pour la confection de la décoction dans laquelle est plongé le scalp de la victime.
De l’eau aussi seulement dans la description de la réduction de tête de l’ouvrage de Peter Baumann et Erwin Patzelt, Mémoires d’un coupeur de têtes en Amazonie
Le texte : Description of a Tsantsa in the Ethnological Collection of the Academy, with Notes on Another Specimen, H. Newell Wardle, Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia
Vol. 66, No. 1 (Jan. - Mar., 1914), pp. 197-205 aborde tout de même la question d’une substance végétale : « Afterwards the head is dipped in the hot infusion of herbs” p. 204, mais malheureusement sans dire exactement de quelles “herbs” il s’agit.
Dans le n° XIX d’Anthropologie, le français le plus souvent cité en référence, Paul Rivet, ne parle pas non plus que d’eau pure : « Cette peau est mise à bouillir dans l’eau pour aseptiser les tissus et les cheveux. A cette eau, sans doute dans le but d’augmenter le pouvoir désinfectant de l’ébullition, l’indien ajoute certaines herbes de la forêt ».
Herbes que l’on retrouvent à nouveau dans de nombreuses descriptions :
- Zeitschrift für Ethnologie und ihre Hülfswissenschaften als Lehre, p. 236 : « soak it in bitter vegetable oils »
- An idol Human Head from Ecuador, Proceedings of the Society of Antiquaries of Scotland, mars 1886 sur Forgotten Books P. 163 : “The head is removed, and after being boiled for some time with an infusion of herbs”, (citation de Lubbock) puis p. 164, des suppositions de mixture.
Plus intéressant pour vous, on peut lire p. 160 : “When a Mundurucii has been fortunate enough to kill an enemy, he cuts off the head with his bamboo knife, removes the brain, soaks the whole head in a bitter vegetable oil called ' andi roba,' and dries it over the fire or in the sun.”
« L’andiroba, de son nom scientifique Carapa guianensis, est un arbre qui pousse sur des sols marécageux de bord de mer et sur les îles, malgré qu'il s'adapte très bien en sol de terre ferme.[…] Le fruit est une capsule ronde formée de quatre valves de 3 à 4 mm d'épaisseur, dure, de couleur grise. Quand le fruit est mur, il s'ouvre et laisse tomber au sol les noix qu'il recouvrait. Celles-ci sont au nombre de 7 à 9, assez grosses, polygonales, plates dans leur partie interne et convexes dans leur partie externe, à l'écorce lisse un peu spongieuse, marrons, recouvrant une masse blanche légèrement rosé, compacte et oléagineuse. » Définition de Andiroba sur le site alterafrica
Autre piste sur le site Jivaro info : “After the dipping, the skin of the head is boiled in a large pot. (The liquid the head is boiled in is said to be from the juice of the huito plant.)”, plante que l’on retrouve dans Old Civilization of Inca Land, Charles W. Mead, p. 72 :
“The skin and remaining soft parts are dipped into the juice of the huito fruit, which stains them black “
Voir ce fruit à l’article Genipa Americana, Jagua ou huito sur Wikipedia
Enfin, autre proposition :
“A large earthenware pot is then half filled with water. In this is placed the juice from a parasitic vine called chinchipi. This mixture is brought to the point of boiling and the head placed in it for two hours. The astringent qualities of the chinchipi, according to the Jivaros, prevent the hair from falling out.”
Historical and ethnographical material on the Jivaro Indians,By M. W. Stirling, SMITHSONIAN INSTITUTION BUREAU OF AMERICAN ETHNOLOGY, BULLETIN 117.
En cherchant « chinchipi » sur Google Livres, on trouve de nombreuses occurrences qui disent peu ou prou la même chose. Mais quant à savoir ce qu’est le chinchipi, à part une plante de la jungle amazonienne aux propriétés astringentes … Mission impossible !
A noter que ces trois plantes ont sensiblement les mêmes vertus.
Dans A propos de tsantsa Paul Rivet, dans le Journal de la Société des Américanistes Année 1932 Volume 24 Numéro 1 pp. 213-214 cite de nombreux auteurs ayant fait la description de l’opération de réduction de têtes ce qui vous permettra de poursuivre l’enquête si le cœur vous en dit.
Bonnes recherches !
Réponse du Guichet

Re-bonjour !
Pour compléter notre précédente réponse :
Le "chinchipi" pourrait bien être le shimpishi mentionné dans La nature domestique, Philippe Descola, nom local du Solanum americanum, davantage décrit ici, où l'on peut voir ses petites baies colorées.
Bonne journée !
Pour compléter notre précédente réponse :
Le "chinchipi" pourrait bien être le shimpishi mentionné dans La nature domestique, Philippe Descola, nom local du Solanum americanum, davantage décrit ici, où l'on peut voir ses petites baies colorées.
Bonne journée !
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