Question d'origine :
bonjour,
oh la, la t que de contradiction sur le net a propos de l'organisation des études au moyen âge ( XIV) ce n'est pas clair du tout. Ici, au guichet du savoir, au moins tout est clair, d'où ma question du jour: A Paris ( en france) , à quel âge peut-on obtenir le bac, puis la licence et la maitrise ( qu est le doctorat si j'ai bien compris).
merci bien
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 02/02/2016 à 14h19
Bonjour,
L’affirmation de Paris comme capitale de la France s’appuya sur le développement et le rayonnement de l’Université de Paris. Celle-ci vit le jour au cours du XIIe siècle au terme d’une croissance continue des écoles parisiennes regroupées sur la Montagne Sainte-Geneviève. Ces écoles dispensaient un enseignement qui préparait à trois grades : le baccalauréat (grammaire, dialectique, rhétorique), la licence (arithmétique, géométrie, astronomie, musique) et le doctorat (médecine, droit canonique, théologie)…Fondation de la Sorbonne
Les statuts universitaires réglaient l’organisation des études, ils définissaient la durée des études, les programmes de cours, les conditions d’examens.
Si les appellations des « grades » sont similaires à ceux d’ aujourd’hui, il faut bien sûr rejeter l’image de nos universités contemporaines et des cursus actuels et saisir l’ essence de cette corporation d’intellectuels érudits .
Pour répondre le plus précisément possible à votre question, lisons dans
Les universités au moyen Age par Jacques Verger, l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire de l’université médiévale :
Grades :
Non seulement les universités distribuaient un certain enseignement mais elles le sanctionnaient par l’octroi de grades qui garantissaient la capacité de leurs titulaires. A l’origine, ces grades étaient de nature corporative : à l’intérieur des universités, ils permettaient aux étudiants d’enseigne à leur tour. Mais en pratique, peu de gradués devenaient professeurs ou, en tous cas, le restaient plus de quelques années. Leurs titres servaient surtout, en garantissant leur formation intellectuelle, à faciliter leur carrière ultérieure dans des branches tout à fait étrangères a l’enseignement.
Le système des grades universitaires et l’organisation détaillée se précisèrent au cour du XIIIe siècle.
Le grade le plus ancien, à l’origine le seul, était. La licence (« licencia docendi ») ; après avoir examiné si le candidat remplissait les conditions de scolarité requises, un jury de maîtres l’écoutait faire une leçon et répondre à ses questions ; s’ils le jugeaient apte, les maîtres, les maîtres présentaient alors le candidat au chancelier qui automatiquement lui conféraient la licence.
Par la suite, apparurent des grades qui ne relevaient que de l’université et y introduisirent une hiérarchie interne (étudiants, bacheliers, docteurs) analogue à celle d’autres métiers (apprentis, valets, maîtres). Le baccalauréat se fixa lentement ; il se passait souvent comme à la faculté des arts de Paris, en deux temps (avent et Carême) ; après avoir trouvé, en répondant (« responsiones » aux questions d’un docteur, qu’il possédait les principaux textes de son programme, le candidat devait montrer, devant un jury de quatre maîtres, qu’il était capable d’argumenter et de faire lui-même un cours (« determinatio » ; Le baccalauréat avait donc pour but de faire passer l’étudiant du stade d’auditeur passif à celui d’assistant de son maître, capable d’assurer lui-même certaines cultures et d’intervenir dans les disputes.
Le doctorat ou maîtrise suivait la licence Il prit de plus en plus l’allure d’une cérémonie solennelle de réception (« inceptio ») ; du point de vue scolaire, c’était une simple formalité ; Après avoir fait la preuve de son brio dans deux disputes successives avec des bacheliers puis avec ses futurs pairs, le nouveau docteur, en présence de toute la faculté, recevait du chancelier les insignes de son grade (barrette, anneau d’or, livre) ; puis il offrait à tous les assistants un somptueux banquet, accompagné de divertissements et de cadeaux, ce qui revenait fort cher et l’obligeait souvent à s’endetter. Pour cette raison, beaucoup d’étudiants, s’ils ne se destinaient pas à enseigner, renonçaient au doctorat et se contentaient de la licence, beaucoup moins coûteuse.
Il fallait avoir 21 ans pour devenir maître ès arts. En théorie, on ne pouvait accèder aux facultés supérieures sans être passé par celle des arts. En arts, en droit, en médecine, 6 à 8 ans d’étude étaient nécessaires pour arriver à la licence.Il en fallait jusqu’à 15 en théologie et on ne pouvait devenir docteur en théologie avant l’âge de 35 ans ; après avoir été 7 ans étudiant, le bachelier en théologie devait en effet « lire » pendant 2 ans des livres de la Bible, comme « bachelier biblique » ; puis, pendant 2 ans encore, les « sentences » de Pierre Lombard comme « bachelier sententiaire » ; enfin, participer pendant 3 ans aux disputes comme « bachelier formé » ; ce n’est qu’ensuite qu’il pouvait se présenter à la licence ; ces chiffres étonnent, surtout à une époque où. La vie était plus brève qu’aujourd’hui ; signe du sérieux des études sans doute ; signe aussi des lenteurs dues à la grande place gardée par l’oral dans l’enseignement.
Il faudrait d’ailleurs savoir dans quelle mesure ces durées statutaires étaient respectées. Il est certain aussi que seule une minorité parvenait aux grades et que beaucoup d’étudiants ne restaient que quelques années à l’université. Pour la fin du moyen Age, on a pu calculer, dans diverses universités, quelques proportions, valables au moins pour les facultés de droit ; en gros ;il semble qu’environ 1 étudiant sur 3 ou 4 devenait bachelier, i sur 15 ou 20 licencié. Sans doute, les proportions étaient-elles du même ordre au XIIe siècle, mais les documents manquent pou des calculs statistiques précis.
Même constat pour Jacques Le Goff dans Les intellectuels au moyen Age , p. 80 et suivantes .
Voir aussi :
Naissance des universités médiévales, un site assez concis et bien documenté
Education au Moyen-Age
Pour approfondir :
Des nains sur des épaules de géants
L’essor des universités au XIIIe siècle
L’honneur des universitaires au moyen Age
L’affirmation de Paris comme capitale de la France s’appuya sur le développement et le rayonnement de l’Université de Paris. Celle-ci vit le jour au cours du XIIe siècle au terme d’une croissance continue des écoles parisiennes regroupées sur la Montagne Sainte-Geneviève. Ces écoles dispensaient un enseignement qui préparait à trois grades : le baccalauréat (grammaire, dialectique, rhétorique), la licence (arithmétique, géométrie, astronomie, musique) et le doctorat (médecine, droit canonique, théologie)…Fondation de la Sorbonne
Les statuts universitaires réglaient l’organisation des études, ils définissaient la durée des études, les programmes de cours, les conditions d’examens.
Si les appellations des « grades » sont similaires à ceux d’ aujourd’hui, il faut bien sûr rejeter l’image de nos universités contemporaines et des cursus actuels et saisir l’ essence de cette corporation d’intellectuels érudits .
Pour répondre le plus précisément possible à votre question, lisons dans
Les universités au moyen Age par Jacques Verger, l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire de l’université médiévale :
Grades :
Non seulement les universités distribuaient un certain enseignement mais elles le sanctionnaient par l’octroi de grades qui garantissaient la capacité de leurs titulaires. A l’origine, ces grades étaient de nature corporative : à l’intérieur des universités, ils permettaient aux étudiants d’enseigne à leur tour. Mais en pratique, peu de gradués devenaient professeurs ou, en tous cas, le restaient plus de quelques années. Leurs titres servaient surtout, en garantissant leur formation intellectuelle, à faciliter leur carrière ultérieure dans des branches tout à fait étrangères a l’enseignement.
Le système des grades universitaires et l’organisation détaillée se précisèrent au cour du XIIIe siècle.
Le grade le plus ancien, à l’origine le seul, était. La licence (« licencia docendi ») ; après avoir examiné si le candidat remplissait les conditions de scolarité requises, un jury de maîtres l’écoutait faire une leçon et répondre à ses questions ; s’ils le jugeaient apte, les maîtres, les maîtres présentaient alors le candidat au chancelier qui automatiquement lui conféraient la licence.
Par la suite, apparurent des grades qui ne relevaient que de l’université et y introduisirent une hiérarchie interne (étudiants, bacheliers, docteurs) analogue à celle d’autres métiers (apprentis, valets, maîtres). Le baccalauréat se fixa lentement ; il se passait souvent comme à la faculté des arts de Paris, en deux temps (avent et Carême) ; après avoir trouvé, en répondant (« responsiones » aux questions d’un docteur, qu’il possédait les principaux textes de son programme, le candidat devait montrer, devant un jury de quatre maîtres, qu’il était capable d’argumenter et de faire lui-même un cours (« determinatio » ; Le baccalauréat avait donc pour but de faire passer l’étudiant du stade d’auditeur passif à celui d’assistant de son maître, capable d’assurer lui-même certaines cultures et d’intervenir dans les disputes.
Le doctorat ou maîtrise suivait la licence Il prit de plus en plus l’allure d’une cérémonie solennelle de réception (« inceptio ») ; du point de vue scolaire, c’était une simple formalité ; Après avoir fait la preuve de son brio dans deux disputes successives avec des bacheliers puis avec ses futurs pairs, le nouveau docteur, en présence de toute la faculté, recevait du chancelier les insignes de son grade (barrette, anneau d’or, livre) ; puis il offrait à tous les assistants un somptueux banquet, accompagné de divertissements et de cadeaux, ce qui revenait fort cher et l’obligeait souvent à s’endetter. Pour cette raison, beaucoup d’étudiants, s’ils ne se destinaient pas à enseigner, renonçaient au doctorat et se contentaient de la licence, beaucoup moins coûteuse.
Il fallait avoir 21 ans pour devenir maître ès arts. En théorie, on ne pouvait accèder aux facultés supérieures sans être passé par celle des arts. En arts, en droit, en médecine, 6 à 8 ans d’étude étaient nécessaires pour arriver à la licence.Il en fallait jusqu’à 15 en théologie et on ne pouvait devenir docteur en théologie avant l’âge de 35 ans ; après avoir été 7 ans étudiant, le bachelier en théologie devait en effet « lire » pendant 2 ans des livres de la Bible, comme « bachelier biblique » ; puis, pendant 2 ans encore, les « sentences » de Pierre Lombard comme « bachelier sententiaire » ; enfin, participer pendant 3 ans aux disputes comme « bachelier formé » ; ce n’est qu’ensuite qu’il pouvait se présenter à la licence ; ces chiffres étonnent, surtout à une époque où. La vie était plus brève qu’aujourd’hui ; signe du sérieux des études sans doute ; signe aussi des lenteurs dues à la grande place gardée par l’oral dans l’enseignement.
Il faudrait d’ailleurs savoir dans quelle mesure ces durées statutaires étaient respectées. Il est certain aussi que seule une minorité parvenait aux grades et que beaucoup d’étudiants ne restaient que quelques années à l’université. Pour la fin du moyen Age, on a pu calculer, dans diverses universités, quelques proportions, valables au moins pour les facultés de droit ; en gros ;il semble qu’environ 1 étudiant sur 3 ou 4 devenait bachelier, i sur 15 ou 20 licencié. Sans doute, les proportions étaient-elles du même ordre au XIIe siècle, mais les documents manquent pou des calculs statistiques précis.
Même constat pour Jacques Le Goff dans Les intellectuels au moyen Age , p. 80 et suivantes .
Voir aussi :
Naissance des universités médiévales, un site assez concis et bien documenté
Education au Moyen-Age
Pour approfondir :
Des nains sur des épaules de géants
L’essor des universités au XIIIe siècle
L’honneur des universitaires au moyen Age
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