Question d'origine :
bonjour,
en lisant un aricle sur le célèbre enlumineur jean ( jehannin) le noir, je découvre qu'il a fait de la prison ( oh, le vilain !) et que son nom est sur le registre criminel de la justice de saint martin des champs de paris en 1332.
Qu'est ce que c'est que cette justice ? ecclésiastique? royale ? et dans quelle prison aboutissait les condamnés ? au châtelet ?
merci d'avance
sylvie
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 26/01/2016 à 08h56
Bonjour,
Le Registre criminel de la justice de Saint-Martin-des-Champs, à Paris, au XIVe siècle... qui est entièrement consultable sur Gallica, nous présente de manière claire et détaillée l'histoire de la Justice de Saint-Martin-des-Champs. En voici quelques extraits :
La justice de Saint-Martin-des-Champs est l'une des nombreuses justices seigneuriales qui partagèrent, pendant plusieurs siècles, avec la justice royale, le territoire même de la ville de Paris.
[...]
Les justices seigneuriales de Paris étaient toutes entre les mains du clergé régulier ou séculier. Mais il importe de remarquer qu’elles ne différaient nullement de celles qui appartenaient ailleurs aux seigneurs laïques, et qu’elles n’avaient rien de commun avec les justices ecclésiastiques proprement dites. C’est en tant que seigneurs temporels, et à raison de leur domaine féodal, que l’évêque, les ordres monastiques, ou les églises de Paris, en avaient l’exercice. Alors même qu’un seigneur ecclésiastique réunissait, comme l’évêque, en sa personne, la juridiction spirituelle, à raison de sa dignité, et une juridiction temporelle, à raison de son domaine, aucune confusion ne s’établissait entre elles. Ni leur composition, ni leur compétence, ni leur procédure, ni les peines qu’elles appliquaient, n’étaient semblables ; et elles revendiquaient leurs justiciables, l’une vis-à-vis de l’autre, comme des juridictions entièrement étrangères.
source : page IV
L'origine du prieuré est présentée :
L'église de Saint-Martin-des-Champs fut fondée, ou, pour mieux dire, relevée, en 1060, par le roi Henri Ier. Elle forma d'abord une collégiale abbatiale, desservie par des chanoines, sous le gouvernement d'un abbé, du nom d'Engelhard. Cette collégiale fut donnée aux religieux de Cluny, par le roi Philippe Ier, en 1079, du consentement des chanoines eux-mêmes. Elle devient ainsi un prieuré, et la troisième fille de l'abbaye de Cluny.
source : page VI
Lui est ensuite conféré le droit de justice. Une prison a été construite au sein du prieuré.
L'étendue du fief du prieuré est décrit au chapitre II.
Les différentes peines prononcées font l'objet du chapitre VI. Quelques extraits :
La prison ne figure, dans notre recueil, que dans des cas assez rares. C’est qu’elle n’était pas considérée comme une véritable peine. Elle n’était guère appliquée, à ce titre, qu’à ceux qui se trouvaient dans l’impossibilité d’acquitter l’amende.
[...]
La prison ou geôle du prieuré était, comme l’échelle, sur la Cour Saint-Martin. Elle existait encore à cette place en 1532 ; car la déclaration de temporel de cette époque, énumérant les maisons de la Cour Saint-Martin, mentionne la première comme tenant à la geôle. Cette prison est une de celles qui furent envahies, le 12 juin 1518, à la suite de la sédition soulevée à Paris, contre la domination des Armagnacs, par l’approche du parti des Bourguignons. Les séditieux, pour la plupart gens de petit état, se portèrent sur les prisons du Palais, du Châtelet, du Temple, de Saint-Martin, et plusieurs autres, qui avaient reçu un grand nombre d’Armagnacs ; ils forcèrent les portes, et massacrèrent tous les prisonniers indistinctement, sauf quelques uns qui échappèrent d’aventure.
Cette première geôle du prieuré devint insuffisante, ou reçut une autre destination en 1575 ; car une nouvelle prison fut construite à cette époque, sur la rue Saint-Martin, en face de l’échelle de l’abbaye de Saint-Magloire, c’est-à-dire en face et à la hauteur de la rue Grenéta.
Source : page CXIX
L'arrestation de Jean Lenoir est mentionnée au bas de la page 17.
Il est dit que Jehannin Lenoir a été "détenu en nostre prison".
Jean Lenoir a donc bien été détenu au sein du prieuré de Saint-Martin-des-Champs et non à Châtelet.
Nous vous invitons également à consulter le document intitulé "Histoire des justices des anciennes églises et communautés monastiques de Paris : suivie des registres inédits de Saint-Maur-des-Fossés, Sainte-Geneviève, Saint-Germain-des-Prés, et du registre de Saint-Martin-des-Champs" écrit par L. Tanon.
Bonne journée.
Le Registre criminel de la justice de Saint-Martin-des-Champs, à Paris, au XIVe siècle... qui est entièrement consultable sur Gallica, nous présente de manière claire et détaillée l'histoire de la Justice de Saint-Martin-des-Champs. En voici quelques extraits :
La justice de Saint-Martin-des-Champs est l'une des nombreuses justices seigneuriales qui partagèrent, pendant plusieurs siècles, avec la justice royale, le territoire même de la ville de Paris.
[...]
Les justices seigneuriales de Paris étaient toutes entre les mains du clergé régulier ou séculier. Mais il importe de remarquer qu’elles ne différaient nullement de celles qui appartenaient ailleurs aux seigneurs laïques, et qu’elles n’avaient rien de commun avec les justices ecclésiastiques proprement dites. C’est en tant que seigneurs temporels, et à raison de leur domaine féodal, que l’évêque, les ordres monastiques, ou les églises de Paris, en avaient l’exercice. Alors même qu’un seigneur ecclésiastique réunissait, comme l’évêque, en sa personne, la juridiction spirituelle, à raison de sa dignité, et une juridiction temporelle, à raison de son domaine, aucune confusion ne s’établissait entre elles. Ni leur composition, ni leur compétence, ni leur procédure, ni les peines qu’elles appliquaient, n’étaient semblables ; et elles revendiquaient leurs justiciables, l’une vis-à-vis de l’autre, comme des juridictions entièrement étrangères.
source : page IV
L'origine du prieuré est présentée :
L'église de Saint-Martin-des-Champs fut fondée, ou, pour mieux dire, relevée, en 1060, par le roi Henri Ier. Elle forma d'abord une collégiale abbatiale, desservie par des chanoines, sous le gouvernement d'un abbé, du nom d'Engelhard. Cette collégiale fut donnée aux religieux de Cluny, par le roi Philippe Ier, en 1079, du consentement des chanoines eux-mêmes. Elle devient ainsi un prieuré, et la troisième fille de l'abbaye de Cluny.
source : page VI
Lui est ensuite conféré le droit de justice. Une prison a été construite au sein du prieuré.
L'étendue du fief du prieuré est décrit au chapitre II.
Les différentes peines prononcées font l'objet du chapitre VI. Quelques extraits :
La prison ne figure, dans notre recueil, que dans des cas assez rares. C’est qu’elle n’était pas considérée comme une véritable peine. Elle n’était guère appliquée, à ce titre, qu’à ceux qui se trouvaient dans l’impossibilité d’acquitter l’amende.
[...]
La prison ou geôle du prieuré était, comme l’échelle, sur la Cour Saint-Martin. Elle existait encore à cette place en 1532 ; car la déclaration de temporel de cette époque, énumérant les maisons de la Cour Saint-Martin, mentionne la première comme tenant à la geôle. Cette prison est une de celles qui furent envahies, le 12 juin 1518, à la suite de la sédition soulevée à Paris, contre la domination des Armagnacs, par l’approche du parti des Bourguignons. Les séditieux, pour la plupart gens de petit état, se portèrent sur les prisons du Palais, du Châtelet, du Temple, de Saint-Martin, et plusieurs autres, qui avaient reçu un grand nombre d’Armagnacs ; ils forcèrent les portes, et massacrèrent tous les prisonniers indistinctement, sauf quelques uns qui échappèrent d’aventure.
Cette première geôle du prieuré devint insuffisante, ou reçut une autre destination en 1575 ; car une nouvelle prison fut construite à cette époque, sur la rue Saint-Martin, en face de l’échelle de l’abbaye de Saint-Magloire, c’est-à-dire en face et à la hauteur de la rue Grenéta.
Source : page CXIX
L'arrestation de Jean Lenoir est mentionnée au bas de la page 17.
Il est dit que Jehannin Lenoir a été "détenu en nostre prison".
Jean Lenoir a donc bien été détenu au sein du prieuré de Saint-Martin-des-Champs et non à Châtelet.
Nous vous invitons également à consulter le document intitulé "Histoire des justices des anciennes églises et communautés monastiques de Paris : suivie des registres inédits de Saint-Maur-des-Fossés, Sainte-Geneviève, Saint-Germain-des-Prés, et du registre de Saint-Martin-des-Champs" écrit par L. Tanon.
Bonne journée.
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