Question d'origine :
Bonjour,
Dans des fresques du XIIe siècle représentant la Passion du Christ, le peintre a représenté un diable chuchotant à l'oreille de Ponce Pilate lorsque Jésus est amené devant lui.
Pourriez-vous me dire si cette représentation est habituelle ? S'il existe d'autres exemples, s'il existe des travaux universitaires traitant de ce sujet ?
En vous remerciant par avance
Bonnes fêtes à vous.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 24/12/2015 à 13h16
Bonjour,
Pilate est généralement admis comme « le prototype du responsable hésitant qui finit par rallier l’avis du plus grand nombre ».
“La vérité sur Ponce Pilate", Le Monde de la Bible, N° 182 mars-avril 2008)
L’idée que sa décision ait pu être inspirée par le Malin - malgré son geste qui revient à ne pas décider (« Du sang de cet homme je me lave les mains ») -, c’est-à-dire au fond qu’il aurait pu sauver le Christ de son destin, semble peu courante théologiquement.
Nous trouvons trace de l’intervention du diable dans les scènes médiévale mais de manière indirecte : celle qui se penche vers l’oreille de Pilate est son épouse ([url]Ikonographie der christlichen Kunst. 2, Die Passion Jesu Christi [= Iconography of Christian Arts volume II (1972), Gertrud Schiller[/url]), à qui le diable serait apparu en rêve.
Cet épisode du rêve de Claudia Procula existe dans les Mystères de York, ensemble de 48 pièces de théâtre sacré, et est reprise au XIX siècle par Charlotte Brontë dans son poème "Pilate's Wife's Dream".
Mais le message envoyé par le diable n’est pas celui de la mise à mort comme on pourrait le croire : « Son rêve lui est dicté par le diable, qui réfléchit d'abord en se disant que si Jésus meurt, lui, le démon, perdra son emprise sur les âmes des hommes. Il essaie donc de la convaincre que Jésus est innocent et que s'il est condamné, elle et Pilate perdront leur position sociale. » (« Claudia Procula », Wikipedia).
On trouve dans le livre très complet de Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, la mention de l’intervention de la femme de Pilate :
« Enfin, le v. 19 [Mt 27, 15-23] concernant l’intervention de la femme de Pilate est l’œuvre de Matthieu ; qu’il emprunte des éléments à une légende ou qu’il les crée lui-même, peu importe pour notre recherche. » (p. 167)
Le verset mentionne en effet « Pendant qu'il était assis sur le tribunal, sa femme lui fit dire: Qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste; car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. » (Sainte Bible), mais nulle mention du diable.
Sans trouver d’autres représentations du diable soufflant à l’oreille de Pilate (ni d'ailleurs la fresque médiévale que vous avez vue), nous trouvons une source qui peut expliquer leur existence, dans « Les Actes de Pilate, plus tard appelés Évangile de Nicodème » (du IV-Ve siècle), un curieux dialogue entre Hadès et Satan fait affirmer à ce dernier :
« O enfer, gueule toujours béante, tu as donc si peur lorsqu'on te parle de notre ennemi commun ? Moi, je n'ai pas tremblé; j'ai excité les Juifs et ils l'ont crucifié […] »
A quoi Hadès répond :
« Belzébuth, héritier du feu et du châtiment, ennemi des saints, qu'est-ce qui t'a poussé à faire crucifier le roi de gloire ? […] Quel vice trouvais-tu en Jésus pour désirer sa perte ? Comment as tu osé lui nuire ? Pourquoi as-tu cherché à faire choir dans les ténèbres un homme qui t'a enlevé tous ceux qui depuis l'origine étaient morts ? »
(Les Actes de Pilate)
Voir aussi :
Évangiles de Nicodème [Acta Pilati]
Pilate est généralement admis comme « le prototype du responsable hésitant qui finit par rallier l’avis du plus grand nombre ».
“La vérité sur Ponce Pilate", Le Monde de la Bible, N° 182 mars-avril 2008)
L’idée que sa décision ait pu être inspirée par le Malin - malgré son geste qui revient à ne pas décider (« Du sang de cet homme je me lave les mains ») -, c’est-à-dire au fond qu’il aurait pu sauver le Christ de son destin, semble peu courante théologiquement.
Nous trouvons trace de l’intervention du diable dans les scènes médiévale mais de manière indirecte : celle qui se penche vers l’oreille de Pilate est son épouse ([url]Ikonographie der christlichen Kunst. 2, Die Passion Jesu Christi [= Iconography of Christian Arts volume II (1972), Gertrud Schiller[/url]), à qui le diable serait apparu en rêve.
Cet épisode du rêve de Claudia Procula existe dans les Mystères de York, ensemble de 48 pièces de théâtre sacré, et est reprise au XIX siècle par Charlotte Brontë dans son poème "Pilate's Wife's Dream".
Mais le message envoyé par le diable n’est pas celui de la mise à mort comme on pourrait le croire : « Son rêve lui est dicté par le diable, qui réfléchit d'abord en se disant que si Jésus meurt, lui, le démon, perdra son emprise sur les âmes des hommes. Il essaie donc de la convaincre que Jésus est innocent et que s'il est condamné, elle et Pilate perdront leur position sociale. » (« Claudia Procula », Wikipedia).
On trouve dans le livre très complet de Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, la mention de l’intervention de la femme de Pilate :
« Enfin, le v. 19 [Mt 27, 15-23] concernant l’intervention de la femme de Pilate est l’œuvre de Matthieu ; qu’il emprunte des éléments à une légende ou qu’il les crée lui-même, peu importe pour notre recherche. » (p. 167)
Le verset mentionne en effet « Pendant qu'il était assis sur le tribunal, sa femme lui fit dire: Qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste; car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. » (Sainte Bible), mais nulle mention du diable.
Sans trouver d’autres représentations du diable soufflant à l’oreille de Pilate (ni d'ailleurs la fresque médiévale que vous avez vue), nous trouvons une source qui peut expliquer leur existence, dans « Les Actes de Pilate, plus tard appelés Évangile de Nicodème » (du IV-Ve siècle), un curieux dialogue entre Hadès et Satan fait affirmer à ce dernier :
« O enfer, gueule toujours béante, tu as donc si peur lorsqu'on te parle de notre ennemi commun ? Moi, je n'ai pas tremblé; j'ai excité les Juifs et ils l'ont crucifié […] »
A quoi Hadès répond :
« Belzébuth, héritier du feu et du châtiment, ennemi des saints, qu'est-ce qui t'a poussé à faire crucifier le roi de gloire ? […] Quel vice trouvais-tu en Jésus pour désirer sa perte ? Comment as tu osé lui nuire ? Pourquoi as-tu cherché à faire choir dans les ténèbres un homme qui t'a enlevé tous ceux qui depuis l'origine étaient morts ? »
(Les Actes de Pilate)
Voir aussi :
Évangiles de Nicodème [Acta Pilati]
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