Question d'origine :
Bonjour,
Je recherche des infos sur le jardin botanique de Lorient, fondé par la Compagnie des Indes en 1724.
Quels ouvrages de la bibliothèque me conseillez vous sur ce sujet?
Merci beaucoup,
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 07/12/2015 à 13h49
Bonjour,
La bibliothèque municipale de Lyon ne dispose pas d’ouvrage traitant du jardin botanique de Lorient mais des livres ayant pour sujet la Compagnie des Indes peuvent néanmoins vous intéresser :
- Les compagnies des Indes, sous la direction de René Estienne.
- Les compagnies des Indes orientales : trois siècles de rencontre entre Orientaux et Occidentaux (1600-1858), Philipppe Haudrère.
- La Compagnie française des Indes au XVIIIe siècle, Philippe Haudrère.
Pour obtenir des détails sur le jardin botanique de Lorient, nous vous conseillons la lecture de la conférence de Claude-Youenn Roussel Le jardin de la Compagnie des Indes à l’Orient :
« Lorient, vouée toute entière à la Compagnie des Indes, ne possédait pas de corporation à caractère médical, médecins, chirurgiens et pharmaciens étant tous des employés de la Compagnie des Indes. En 1724, soit soixante ans après sa création, la Compagnie ne souhaitait plus s’adresser à des apothicaires extérieurs fort coûteux pour s’approvisionner en produits. Elle organisa une première culture de simples (près de son petit hôpital du centre ville, à l’angle de la rue de Bretagne et la rue des Prophètes et à proximité de l’enclos de la Compagnie ). L’année suivante, 1725, une impressionnante apothicairerie dotée de forts moyens financiers et de très gros stocks est fondée dans l’enclos du port, près du nouvel hôpital de l'hôtel Dieu (établissement civil de la Compagnie des Indes puis de l’État). Des logements sont construits pour les médecins, et chirurgiens, et pour le chef apothicaire qui dirige un énorme service autonome, indépendant de tout autre notamment de celui de l’hôpital. Bientôt, le premier terrain de cultures trop petit et mal situé, est abandonné pour un grand jardin botanique créé près de l’apothicairerie. Le regretté docteur Romieux avait trouvé la trace de plantes, graines et arbustes de Madagascar, réexpédiés par Poireau (chirurgien à Lorient en 1760) à Jussieu pour le jardin du roi de Paris. Malheureusement, les appellations vernaculaires utilisées sont peu identifiables.
Quinze ans plus tard, au jardin de Monplaisir à l’Isle-de-France, l’Intendant Pierre Poivre introduit l’arbre à pain, le mûrier à gros fruit vert de Madagascar, l’arbre à huile essentielle de rose, l’arbre à suif, le thé, le bois de campêche, le bois immortel ou nouroucocuyé, le cannelier de Ceylan et de la Cochinchine, plusieurs variétés de cocotier, dattier, manguier, du chêne, sapin, vigne, pommier, pêcher d’Europe, avocat des Antilles, mabolo des Philippines, le sagoutier, le savonnier de Chine, le mangoustan dont le fruit est renommé dans toute l’Asie, le muscadier et le giroflier, etc. Il organise l’envoi de ces espèces vers le jardin de l’Orient (plus de nombreuses plantes sèches pour l’apothicairerie) où l’acclimatation dépend du médecin Galloys. Le frère de ce dernier, aumônier de la Compagnie, passionné de botanique, fait le voyage à la Chine du 20 février 1764 au 10 juillet 1765, sur le Berryer, avec pour mission de rapporter à Lorient des espèces indigènes. Au retour d’un autre voyage, il écrit une lettre de protestation au ministre de la Marine, le duc de Praslin (1712-1785), pour avoir du faire redescendre sur l’île, sur ordre de Poivre, les plantes qu’il avait fait embarquer sur le Berryer.
[…]
Malgré ces témoignages, le ministre réclame une enquête complémentaire. Jussieu et Thouin envoient de nouvelles lettres de soutien mais Galloys doit renouveler sa démarche à deux reprises. Bientôt sa mort survenu en 1779 va résoudre le problème de son indemnité. Un an après, le problème du financement est théoriquement résolu, car un personnage très riche, cultivé et amateur de botanique, se présente pour obtenir la place flatteuse de directeur du Jardin. Il s’agit de Charles-Denis Dodun de Neuvry, écuyer, ancien directeur des fermes du Roy à Lorient. Il est choisi, mais ne va pas répondre aux espoirs soulevés.
Une lettre adressée au ministère, le 29 janvier 1787, donne des informations peu connues sur la catastrophique situation lorientaise de cette époque :
« Il existe dans la seconde enceinte de l’arsenal un Jardin appartenant au Roi et dont la jouissance a été accordée en 1780. à M. Dodun ancien directeur des fermes à L’Orient. Feu M. Galloys médecin de la marine qui en jouissoit à ce titre y avoit formé un jardin botanique. Il lui étoit alloué à cet effet 1200 L. pour l’entretien d’une serre-chaude destinée à la conservation des plantes exotiques dont il devoit garnir le Jardin du Roi à Paris... Les plantes précieuses ont été enlevées ou péries faute de soins ; ce qui ne laisse aucun doute encore, c’est que la serre qui n’a jamais été chauffée ni entretenue est entièrement brisée ; pourrie et hors de service ; en un lot ce jardin est dans un état de délabrement tel qu’il n’offre plus qu’un amas de plâtrages et de décombres [ramenés] des maisons de M. Dodun.
Dans cet état de chose, Monseigneur, nous vous supplions d’ordonner que la jouissance de ce jardin cesse d’appartenir à M. Dodun. » […] »
Ce texte est extrait de Jardins botaniques de la Marine en France de Claude-Youenn Roussel. La consultation de cet ouvrage vous sera utile pour vos recherches. Ce document ne fait pas partie des collections de la bibliothèque mais vous pouvez le trouver en vente sur de nombreux sites.
Vous pouvez aussi consulter le site du Musée de la Compagnie des Indes de Lorient qui propose des éclairages sur des points précis comme Les marchandises ou Lorient et la compagnie des Indes.
Nous vous invitons à contacter le musée pour obtenir une bibliographie car le musée propose une librairie en ligne.
Vous pouvez aussi contacter la Société d’archéologie et d’histoire du pays de Lorient qui pourra certainement vous accompagner dans votre recherche.
Bonne journée.
La bibliothèque municipale de Lyon ne dispose pas d’ouvrage traitant du jardin botanique de Lorient mais des livres ayant pour sujet la Compagnie des Indes peuvent néanmoins vous intéresser :
- Les compagnies des Indes, sous la direction de René Estienne.
- Les compagnies des Indes orientales : trois siècles de rencontre entre Orientaux et Occidentaux (1600-1858), Philipppe Haudrère.
- La Compagnie française des Indes au XVIIIe siècle, Philippe Haudrère.
Pour obtenir des détails sur le jardin botanique de Lorient, nous vous conseillons la lecture de la conférence de Claude-Youenn Roussel Le jardin de la Compagnie des Indes à l’Orient :
« Lorient, vouée toute entière à la Compagnie des Indes, ne possédait pas de corporation à caractère médical, médecins, chirurgiens et pharmaciens étant tous des employés de la Compagnie des Indes. En 1724, soit soixante ans après sa création, la Compagnie ne souhaitait plus s’adresser à des apothicaires extérieurs fort coûteux pour s’approvisionner en produits. Elle organisa une première culture de simples (près de son petit hôpital du centre ville, à l’angle de la rue de Bretagne et la rue des Prophètes et à proximité de l’enclos de la Compagnie ). L’année suivante, 1725, une impressionnante apothicairerie dotée de forts moyens financiers et de très gros stocks est fondée dans l’enclos du port, près du nouvel hôpital de l'hôtel Dieu (établissement civil de la Compagnie des Indes puis de l’État). Des logements sont construits pour les médecins, et chirurgiens, et pour le chef apothicaire qui dirige un énorme service autonome, indépendant de tout autre notamment de celui de l’hôpital. Bientôt, le premier terrain de cultures trop petit et mal situé, est abandonné pour un grand jardin botanique créé près de l’apothicairerie. Le regretté docteur Romieux avait trouvé la trace de plantes, graines et arbustes de Madagascar, réexpédiés par Poireau (chirurgien à Lorient en 1760) à Jussieu pour le jardin du roi de Paris. Malheureusement, les appellations vernaculaires utilisées sont peu identifiables.
Quinze ans plus tard, au jardin de Monplaisir à l’Isle-de-France, l’Intendant Pierre Poivre introduit l’arbre à pain, le mûrier à gros fruit vert de Madagascar, l’arbre à huile essentielle de rose, l’arbre à suif, le thé, le bois de campêche, le bois immortel ou nouroucocuyé, le cannelier de Ceylan et de la Cochinchine, plusieurs variétés de cocotier, dattier, manguier, du chêne, sapin, vigne, pommier, pêcher d’Europe, avocat des Antilles, mabolo des Philippines, le sagoutier, le savonnier de Chine, le mangoustan dont le fruit est renommé dans toute l’Asie, le muscadier et le giroflier, etc. Il organise l’envoi de ces espèces vers le jardin de l’Orient (plus de nombreuses plantes sèches pour l’apothicairerie) où l’acclimatation dépend du médecin Galloys. Le frère de ce dernier, aumônier de la Compagnie, passionné de botanique, fait le voyage à la Chine du 20 février 1764 au 10 juillet 1765, sur le Berryer, avec pour mission de rapporter à Lorient des espèces indigènes. Au retour d’un autre voyage, il écrit une lettre de protestation au ministre de la Marine, le duc de Praslin (1712-1785), pour avoir du faire redescendre sur l’île, sur ordre de Poivre, les plantes qu’il avait fait embarquer sur le Berryer.
[…]
Malgré ces témoignages, le ministre réclame une enquête complémentaire. Jussieu et Thouin envoient de nouvelles lettres de soutien mais Galloys doit renouveler sa démarche à deux reprises. Bientôt sa mort survenu en 1779 va résoudre le problème de son indemnité. Un an après, le problème du financement est théoriquement résolu, car un personnage très riche, cultivé et amateur de botanique, se présente pour obtenir la place flatteuse de directeur du Jardin. Il s’agit de Charles-Denis Dodun de Neuvry, écuyer, ancien directeur des fermes du Roy à Lorient. Il est choisi, mais ne va pas répondre aux espoirs soulevés.
Une lettre adressée au ministère, le 29 janvier 1787, donne des informations peu connues sur la catastrophique situation lorientaise de cette époque :
« Il existe dans la seconde enceinte de l’arsenal un Jardin appartenant au Roi et dont la jouissance a été accordée en 1780. à M. Dodun ancien directeur des fermes à L’Orient. Feu M. Galloys médecin de la marine qui en jouissoit à ce titre y avoit formé un jardin botanique. Il lui étoit alloué à cet effet 1200 L. pour l’entretien d’une serre-chaude destinée à la conservation des plantes exotiques dont il devoit garnir le Jardin du Roi à Paris... Les plantes précieuses ont été enlevées ou péries faute de soins ; ce qui ne laisse aucun doute encore, c’est que la serre qui n’a jamais été chauffée ni entretenue est entièrement brisée ; pourrie et hors de service ; en un lot ce jardin est dans un état de délabrement tel qu’il n’offre plus qu’un amas de plâtrages et de décombres [ramenés] des maisons de M. Dodun.
Dans cet état de chose, Monseigneur, nous vous supplions d’ordonner que la jouissance de ce jardin cesse d’appartenir à M. Dodun. » […] »
Ce texte est extrait de Jardins botaniques de la Marine en France de Claude-Youenn Roussel. La consultation de cet ouvrage vous sera utile pour vos recherches. Ce document ne fait pas partie des collections de la bibliothèque mais vous pouvez le trouver en vente sur de nombreux sites.
Vous pouvez aussi consulter le site du Musée de la Compagnie des Indes de Lorient qui propose des éclairages sur des points précis comme Les marchandises ou Lorient et la compagnie des Indes.
Nous vous invitons à contacter le musée pour obtenir une bibliographie car le musée propose une librairie en ligne.
Vous pouvez aussi contacter la Société d’archéologie et d’histoire du pays de Lorient qui pourra certainement vous accompagner dans votre recherche.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter