THERMES
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 26/10/2015 à 15h07
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Question d'origine :
Les thermes romains étaient-ils mixtes à la fin de l'Empire romain (signe de déclin) ou au contraire au début au moins de l'Empire jusqu'à l'interdiction d'Hadrien (Signe au contraire de vie saine) ?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 27/10/2015 à 11h22
Bonjour,
Il semble que les deux soient possibles…
Voici ce que dit Alain Bouet à propos de la fréquentation des thermes dans son article Thermes et pratique balnéaire en Gaule romaine (Les dossiers d’archéologie n°323, sept. -oct. 2007) :
Au-delà de la pratique, le problème de la fréquentation des thermes doit être soulevé. La documentation de la Gaule n’apporte pas d’élément supplémentaire, mais il n’y a pas d’argument pour penser que la situation était différente que dans le reste de l’empire. Jusque dans la première moitié du Ier s. ap. J.-C., les ensembles thermaix construits comprennent deux sections thermales, à l’instar de ceux antérieurs à la Maison au Buste en Argent de Vaison-la-Romaine (Vaucluse) : l’un est réservé aux hommes l’autre aux femmes. La mixité apparaît au milieu du Ier siècle (Pline l’Ancien, HN, XXXIII, 153), et l’on voit alors des monuments ne comportant qu’une aile thermale. Plusieurs solutions sont à envisager : les bâtiments étaient fréquentés aux mêmes horaires par les deux sexes. Cet état de fait avait été interdit par Hadrien (Hist. Aug., Vie d’Hadrien, 18, 10) et Antonin le Pieux (Hist. Aug., Vie de Marc Antonin, 28 3), avant qu’Elagabal ne lève cette interdiction, rétablie à nouveau par Alexandre Sévère (Hist. Aug.,Vie d’Alexandre Sévère, 24, 2). Les interventions impériales répétées prouvent que la règle avait du mal à être appliquée. On peut aussi imaginer que certains bâtiments étaient réservés spécifiquement aux femmes. Les découvertes d’objets féminins dans les égouts de certains bâtiments ont poussé certains chercheurs à y voir des édifices de cette nature. Ultime solution, les horaires différenciés. Les bâtiments pouvaient être ouverts aux femmes le matin, aux hommes l’après-midi.
Il mentionne aussi des différences de fréquentation d’ordre social : certains édifices pouvaient être réservés aux membres de certains collèges professionnels ou religieux. Durant l’Antiquité tardive, on voit réapparaître les complexes à deux sections, preuve du développement du christianisme et du nouveau rapport de l’homme avec son corps.
Voici en outre ce que nous lisons dans Les femmes en Gaule romaine : Ier siècle avant J.-C.-Ve siècle après J.-C. :
Nous ne connaissons pas les modalités de fonctionnement des thermes publics gaulois, mais nous savons qu’à Rome, le plus souvent, le même bâtiment servait aux femmes et aux hommes qui se baignaient ensemble (Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, 33, 153) jusqu’à ce qu’un décret d’Hadrien fixe des heures différentes d’accès aux uns et aux autres. Toutefois, nous pourrions peut-être déduire d’une épitaphe de Lyon que la décision du Prince n’a pas été appliquée dans la capitale des Trois Gaules, puisque, à la fin du IIe s. ou au IIIe s., Pompeius Catussa regrette amèrement de ne plus pouvoir aller aux thermes d’Apollon avec Blandinia Martiola, sa tendre femme défunte (CIL XIII 1983). Peut-être y avait-il parfois des bâtiments séparés ou des thermes doubles, avec une section pour les femmes et une pour les hommes ; c’est apparemment le cas des bains de la Maison du Buste en argent à Vaison […].
Pour aller plus loin :
- Les thermes privés et publics en Gaule Narbonnaise, Alain Bouet
- Le thermalisme romain en Italie : aspects sociaux et culturels aux deux premiers siècles de l'Empire, Marie Guérin-Beauvois
- Se nettoyer à Rome : IIe siècle av. J.-C. - IIe siècle ap. J.-C. : pratiques et enjeux, par Michel Blonski
Bonne journée.
Il semble que les deux soient possibles…
Voici ce que dit Alain Bouet à propos de la fréquentation des thermes dans son article Thermes et pratique balnéaire en Gaule romaine (Les dossiers d’archéologie n°323, sept. -oct. 2007) :
Au-delà de la pratique, le problème de la fréquentation des thermes doit être soulevé. La documentation de la Gaule n’apporte pas d’élément supplémentaire, mais il n’y a pas d’argument pour penser que la situation était différente que dans le reste de l’empire. Jusque dans la première moitié du Ier s. ap. J.-C., les ensembles thermaix construits comprennent deux sections thermales, à l’instar de ceux antérieurs à la Maison au Buste en Argent de Vaison-la-Romaine (Vaucluse) : l’un est réservé aux hommes l’autre aux femmes. La mixité apparaît au milieu du Ier siècle (Pline l’Ancien, HN, XXXIII, 153), et l’on voit alors des monuments ne comportant qu’une aile thermale. Plusieurs solutions sont à envisager : les bâtiments étaient fréquentés aux mêmes horaires par les deux sexes. Cet état de fait avait été interdit par Hadrien (Hist. Aug., Vie d’Hadrien, 18, 10) et Antonin le Pieux (Hist. Aug., Vie de Marc Antonin, 28 3), avant qu’Elagabal ne lève cette interdiction, rétablie à nouveau par Alexandre Sévère (Hist. Aug.,Vie d’Alexandre Sévère, 24, 2). Les interventions impériales répétées prouvent que la règle avait du mal à être appliquée. On peut aussi imaginer que certains bâtiments étaient réservés spécifiquement aux femmes. Les découvertes d’objets féminins dans les égouts de certains bâtiments ont poussé certains chercheurs à y voir des édifices de cette nature. Ultime solution, les horaires différenciés. Les bâtiments pouvaient être ouverts aux femmes le matin, aux hommes l’après-midi.
Il mentionne aussi des différences de fréquentation d’ordre social : certains édifices pouvaient être réservés aux membres de certains collèges professionnels ou religieux. Durant l’Antiquité tardive, on voit réapparaître les complexes à deux sections, preuve du développement du christianisme et du nouveau rapport de l’homme avec son corps.
Voici en outre ce que nous lisons dans Les femmes en Gaule romaine : Ier siècle avant J.-C.-Ve siècle après J.-C. :
Nous ne connaissons pas les modalités de fonctionnement des thermes publics gaulois, mais nous savons qu’à Rome, le plus souvent, le même bâtiment servait aux femmes et aux hommes qui se baignaient ensemble (Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, 33, 153) jusqu’à ce qu’un décret d’Hadrien fixe des heures différentes d’accès aux uns et aux autres. Toutefois, nous pourrions peut-être déduire d’une épitaphe de Lyon que la décision du Prince n’a pas été appliquée dans la capitale des Trois Gaules, puisque, à la fin du IIe s. ou au IIIe s., Pompeius Catussa regrette amèrement de ne plus pouvoir aller aux thermes d’Apollon avec Blandinia Martiola, sa tendre femme défunte (CIL XIII 1983). Peut-être y avait-il parfois des bâtiments séparés ou des thermes doubles, avec une section pour les femmes et une pour les hommes ; c’est apparemment le cas des bains de la Maison du Buste en argent à Vaison […].
- Les thermes privés et publics en Gaule Narbonnaise, Alain Bouet
- Le thermalisme romain en Italie : aspects sociaux et culturels aux deux premiers siècles de l'Empire, Marie Guérin-Beauvois
- Se nettoyer à Rome : IIe siècle av. J.-C. - IIe siècle ap. J.-C. : pratiques et enjeux, par Michel Blonski
Bonne journée.
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