Question d'origine :
Bonjour,
Je dois faire des recherches sur le "pluralisme juridique". Malheureusement, je ne trouve pas de définition, ni d'explication précises de ce phénomène. Pouvez-vous m'aider ?
Merci
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 25/09/2015 à 07h52
Bonjour,
Pour bien commencer ses recherches, rien de tel qu’un petit coup d’œil dans les dictionnaires juridiques. Notons notamment les explications très précises apportées dans le Dictionnaire de la culture juridique dont voici un extrait :
L’idée selon laquelle l’Etat serait la source unique du droit est souvent présentée par la plupart des juristes et des théoriciens du droit comme une vérité première. Elle laisse pourtant perplexe. Prétendre qu’il existe entre l’Etat et le droit un lien consubstantiel revient, en effet, non seulement à affirmer que les sociétés sans Etats sont des sociétés sans droit, mais également à nier que le droit puisse avoir une réalité sociale ; aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Etat. Or, depuis plus d’un siècle déjà, de nombreux auteurs, principalement issus de la sociologie et de l’anthropologie du droit, sont venus contester cette représentation unitaire. Sans former une école de pensée homogène, ils s’inscrivent tous dans un mouvement doctrinal promouvant une théorie pluraliste censée rendre davantage compte de la réalité sociale. Loin d’être un tout uniforme, identifié à l’Etat, le droit est pour eux essentiellement multiple et hétérogène, au sens où, sur un territoire donné, à un même moment, peuvent coexister plusieurs ordres juridiques distincts plus ou moins dépendants les uns des autres, et éventuellement concurrents. S’il existe indéniablement de réelles différences entre le monisme et le pluralisme juridique, la controverse théorique entre ces deux conceptions est porteuses de malentendus...
Nous vous laissons poursuivre cette lecture. Dans cet article, Hugues Moutouh propose d'ailleurs une importante bibliographie.
Par ailleurs, dans Méthodologie du pluralisme juridique, Hassan Abdelhamid,Ghislain Otis s’intéressent aussi à cette notion :
Pour les anthropologues du droit, c’est la confrontation aux cultures « non modernes », et spécialement dans le contexte colonial qui a fait éclater l’idéologie du « centralisme juridique » (legal centralism) et a ouvert les portes d’une prise de conscience du pluralisme juridique. Selon John Griffiths, dans son texte fondateur sur le pluralisme juridique, le centralisme juridique est la perspective du juriste selon laquelle seul existe le droit de l’Etat à l’exclusion de tout autre ? C’est une idéologie en ce sens qu’elle véhicule une vision du monde du juriste qui ne correspond pas à la réalité factuelle observable (…) Ces approches font écho à l’ancienne définition du pluralisme juridique de jacques Vanderlinden qui continue à être souvent citée, bien que réfutée depuis par son auteur, et selon laquelle : « le pluralisme juridique est l’existence, au sein d’une société déterminée, de mécanismes juridiques différents s’appliquant à des situations identiques ». Le problème avec ce genre d’approche est que le pluralisme est postulé à l’intérieur d’un champ perçu comme homogène ….
Nous vous laissons aussi parcourir :
* Les pluralismes juridiques / Jacques Vanderlinden, 2013.
* Les Constitutions Arabes et L'Islam: Les Enjeux du Pluralisme Juridique par Sabine Lavorel, 2005.
* Les pluralismes juridiques, 2004.
N’hésitez pas à interroger le catalogue universitaire Sudoc afin de compléter ces premières références. Bon travail.
Pour bien commencer ses recherches, rien de tel qu’un petit coup d’œil dans les dictionnaires juridiques. Notons notamment les explications très précises apportées dans le Dictionnaire de la culture juridique dont voici un extrait :
L’idée selon laquelle l’Etat serait la source unique du droit est souvent présentée par la plupart des juristes et des théoriciens du droit comme une vérité première. Elle laisse pourtant perplexe. Prétendre qu’il existe entre l’Etat et le droit un lien consubstantiel revient, en effet, non seulement à affirmer que les sociétés sans Etats sont des sociétés sans droit, mais également à nier que le droit puisse avoir une réalité sociale ; aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Etat. Or, depuis plus d’un siècle déjà, de nombreux auteurs, principalement issus de la sociologie et de l’anthropologie du droit, sont venus contester cette représentation unitaire. Sans former une école de pensée homogène, ils s’inscrivent tous dans un mouvement doctrinal promouvant une théorie pluraliste censée rendre davantage compte de la réalité sociale. Loin d’être un tout uniforme, identifié à l’Etat, le droit est pour eux essentiellement multiple et hétérogène, au sens où, sur un territoire donné, à un même moment, peuvent coexister plusieurs ordres juridiques distincts plus ou moins dépendants les uns des autres, et éventuellement concurrents. S’il existe indéniablement de réelles différences entre le monisme et le pluralisme juridique, la controverse théorique entre ces deux conceptions est porteuses de malentendus...
Nous vous laissons poursuivre cette lecture. Dans cet article, Hugues Moutouh propose d'ailleurs une importante bibliographie.
Par ailleurs, dans Méthodologie du pluralisme juridique, Hassan Abdelhamid,Ghislain Otis s’intéressent aussi à cette notion :
Pour les anthropologues du droit, c’est la confrontation aux cultures « non modernes », et spécialement dans le contexte colonial qui a fait éclater l’idéologie du « centralisme juridique » (legal centralism) et a ouvert les portes d’une prise de conscience du pluralisme juridique. Selon John Griffiths, dans son texte fondateur sur le pluralisme juridique, le centralisme juridique est la perspective du juriste selon laquelle seul existe le droit de l’Etat à l’exclusion de tout autre ? C’est une idéologie en ce sens qu’elle véhicule une vision du monde du juriste qui ne correspond pas à la réalité factuelle observable (…) Ces approches font écho à l’ancienne définition du pluralisme juridique de jacques Vanderlinden qui continue à être souvent citée, bien que réfutée depuis par son auteur, et selon laquelle : « le pluralisme juridique est l’existence, au sein d’une société déterminée, de mécanismes juridiques différents s’appliquant à des situations identiques ». Le problème avec ce genre d’approche est que le pluralisme est postulé à l’intérieur d’un champ perçu comme homogène ….
Nous vous laissons aussi parcourir :
* Les pluralismes juridiques / Jacques Vanderlinden, 2013.
* Les Constitutions Arabes et L'Islam: Les Enjeux du Pluralisme Juridique par Sabine Lavorel, 2005.
* Les pluralismes juridiques, 2004.
N’hésitez pas à interroger le catalogue universitaire Sudoc afin de compléter ces premières références. Bon travail.
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