Question d'origine :
Bonjour Madame, Monsieur,
Comment peut-on définir de manière synthétique la notion d’« espace public » ?
Tant dans un sens historique que pour une définition actuelle, à l’aune de l’année 2015.
Je vous remercie beaucoup par avance pour vos précisions.
Bien cordialement.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 13/04/2015 à 09h44
Bonjour,
Le terme espace public recouvre différentes réalités, sa définition est donc complexe.
Le site Hypergéo précise la multiplicité des sens de ce terme et propose une définition actuelle du terme :
« L’espace public est un terme polysémique qui désigne un espace à la fois métaphorique et matériel. Comme espace métaphorique, l’espace public est synonyme de sphère publique ou du débat public. Comme espace matériel, les espaces publics correspondent tantôt à des espaces de rencontre et d’interaction sociales, tantôt à des espaces géographiques ouverts au public, tantôt à une catégorie d’action.
[…]
Les espaces publics ont donc d’abord renvoyé à des lieux appartenant au domaine public.Cependant, le terme d’espace public tend aujourd’hui à s’imposer pour désigner plus généralement les lieux que le public fréquente, indépendamment de leur statut. Ainsi, les lieux privés ouverts au public – comme un centre commercial ou une galerie marchande – sont souvent qualifiés d’espaces publics. Car il y a bien dans la ville des usages publics de certains espaces privés. Mais à l’inverse, il y a aussi des usages privés du domaine public : une autoroute urbaine, une rue d’enclave résidentielle ressemblent à des espaces publics mais en sont-ils encore ? L’emploi du terme demeure donc controversé, si bien que d’autres ont été proposés. Certains proposent le terme d’« espace commun », défini comme « un agencement qui permet la coprésence des acteurs sociaux, sortis de leur cadre domestique » et englobé par l’« espace public » considéré comme « l’une des modalités d’organisation possibles de l’interaction sociale » (Lussault, 2001). D’autres proposent des classifications plus poussées permettant de caractériser les « espaces créés de toutes pièces dont le caractère privé est présent dès le départ » : « espaces privés accessibles au public » et « espaces privés (communautaires) d’allure publique » (Dessouroux, 2003). »
Ainsi, Thierry Paquot dans l’introduction de son ouvrage L’espace public montre les ambigüités du terme et les réalités qu’il recouvre :
« L'espace public est un singulier dont le pluriel – les espaces publics – ne lui correspond pas. En effet, l'espace public évoque non seulement le lieu du débat politique, de la confrontation des opinions privées que la publicité s'efforce de rendre publiques, mais aussi une pratique démocratique, une forme de communication, de circulation des divers points de vue ; les espaces publics, quant à eux, désignent les endroits accessibles au(x) public(s), arpentés par les habitants, qu'ils résident ou non à proximité. Ce sont des rues et des places, des parvis et des boulevards, des jardins et des parcs, des plages et des sentiers forestiers, campagnards ou montagneux, bref, le réseau viaire et ses à-côtés qui permettent le libre mouvement de chacun, dans le double respect de l'accessibilité et de la gratuité. Toutefois, depuis quelques années, les espaces publics sont ceux que le public – ou des publics – fréquente indépendamment de leurs statuts juridiques. Ainsi, des lieux privés ouverts à un certain public sont qualifiés d'espaces publics, comme par exemple un centre commercial ou une galerie marchande. Il est indispensable de faire le point sur cette expression (au singulier et au pluriel) qui désigne des réalités différentes – parfois même inconciliables entre elles – et par conséquent de commencer à en établir l'historique, puis d'en repérer leurs possibles devenirs.
Au singulier, l'espace public relève du vocabulaire de la philosophie politique et aussi depuis peu de celui des sciences de la communication, tandis que les espaces publics trouvent leur emplacement dans le glossaire des édiles, ingénieurs, urbanistes, architectes et plus récemment des paysagistes. Pourtant, outre leur parenté étymologique, ces deux expressions concernent la communication, au sens large du mot, c'est pourquoi nous allons les traiter à la fois ensemble et séparément. Ensemble, car ils ont en commun l'idée du partage, de la liaison, de la relation, de l'échange, de la circulation. Séparément, car ils possèdent également certaines spécificités qui empêchent de les assimiler l'un à l'autre. L'espace public n'est pas géographique ou territorial, tandis que les espaces publics sont dans leur grande majorité physiques, localisés, délimités géographiquement.[…] »
Dans la suite de l’introduction, l’auteur relate l’historique du terme et les notions qu’il a pu recouvrir au cours des années.
Les sciences sociales ne proposent pas une seule définition de l’espace public car il recouvre de nombreuses réalités comme l’indique la définition d’espace dans le Dictionnaire des sciences humaines :
« Du point de vue des sciences sociales, le terme d’espace recouvre des significations et des enjeux différents, qui correspondent à des moments de l’histoire de la géographie :
- L’espace de l’étendue terrestre.
- L’espace organisé, produit des acteurs économiques.
- L’espace (sous) produit social des rapports de production
- L’espace comme territoire. »
D’un point de vue légal, l’espace public correspond à des lieux clairement identifiés. La circulaire du 2 mars 2011 définit ainsi l’étendue l’espace public :
« La définition de l'espace public
L'article 2 de la loi précise que « l'espace public est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public ou affectés à un service public ».
La notion de voies publiques n'appelle pas de commentaire.
Constituent des lieux ouverts au public les lieux dont l'accès est libre (plages, jardins publics, promenades publiques...) ainsi que les lieux dont l'accès est possible, même sous condition, dans la mesure où toute personne qui le souhaite peut remplir cette condition (paiement d'une place de cinéma ou de théâtre par exemple). Les commerces (cafés, restaurants, magasins), les établissements bancaires, les gares, les aéroports et les différents modes de transport en commun sont ainsi des espaces publics.
Les lieux affectés à un service public désignent les implantations de l'ensemble des institutions, juridictions et administrations publiques ainsi que des organismes chargés d'une mission de service public. Sont notamment concernés les diverses administrations et établissements publics de l'Etat, les collectivités territoriales et leurs établissements publics, les mairies, les tribunaux, les préfectures, les hôpitaux, les bureaux de poste, les établissements d'enseignement (écoles, collèges, lycées et universités), les caisses d'allocations familiales, les caisses primaires d'assurance maladie, les services de Pôle emploi, les musées et les bibliothèques. »
Si vous souhaitez ne conserver qu’une seule définition de l’espace public, la définition législative vous permet de lier les différentes réalités recouvertes par le terme « espace public » tout en vous donnant des exemples concrets. Cette définition montre que l’espace public comprend des espaces de communication (rues, plages, parcs…) mais aussi des lieux clos mais ouverts au public (commerces, administrations, écoles, lieux culturels…).
Bonne journée.
Le terme espace public recouvre différentes réalités, sa définition est donc complexe.
Le site Hypergéo précise la multiplicité des sens de ce terme et propose une définition actuelle du terme :
« L’espace public est un terme polysémique qui désigne un espace à la fois métaphorique et matériel. Comme espace métaphorique, l’espace public est synonyme de sphère publique ou du débat public. Comme espace matériel, les espaces publics correspondent tantôt à des espaces de rencontre et d’interaction sociales, tantôt à des espaces géographiques ouverts au public, tantôt à une catégorie d’action.
[…]
Les espaces publics ont donc d’abord renvoyé à des lieux appartenant au domaine public.
Ainsi, Thierry Paquot dans l’introduction de son ouvrage L’espace public montre les ambigüités du terme et les réalités qu’il recouvre :
« L'espace public est un singulier dont le pluriel – les espaces publics – ne lui correspond pas. En effet, l'espace public évoque non seulement le lieu du débat politique, de la confrontation des opinions privées que la publicité s'efforce de rendre publiques, mais aussi une pratique démocratique, une forme de communication, de circulation des divers points de vue ; les espaces publics, quant à eux, désignent les endroits accessibles au(x) public(s), arpentés par les habitants, qu'ils résident ou non à proximité. Ce sont des rues et des places, des parvis et des boulevards, des jardins et des parcs, des plages et des sentiers forestiers, campagnards ou montagneux, bref, le réseau viaire et ses à-côtés qui permettent le libre mouvement de chacun, dans le double respect de l'accessibilité et de la gratuité. Toutefois, depuis quelques années, les espaces publics sont ceux que le public – ou des publics – fréquente indépendamment de leurs statuts juridiques. Ainsi, des lieux privés ouverts à un certain public sont qualifiés d'espaces publics, comme par exemple un centre commercial ou une galerie marchande. Il est indispensable de faire le point sur cette expression (au singulier et au pluriel) qui désigne des réalités différentes – parfois même inconciliables entre elles – et par conséquent de commencer à en établir l'historique, puis d'en repérer leurs possibles devenirs.
Au singulier, l'espace public relève du vocabulaire de la philosophie politique et aussi depuis peu de celui des sciences de la communication, tandis que les espaces publics trouvent leur emplacement dans le glossaire des édiles, ingénieurs, urbanistes, architectes et plus récemment des paysagistes. Pourtant, outre leur parenté étymologique, ces deux expressions concernent la communication, au sens large du mot, c'est pourquoi nous allons les traiter à la fois ensemble et séparément. Ensemble, car ils ont en commun l'idée du partage, de la liaison, de la relation, de l'échange, de la circulation. Séparément, car ils possèdent également certaines spécificités qui empêchent de les assimiler l'un à l'autre. L'espace public n'est pas géographique ou territorial, tandis que les espaces publics sont dans leur grande majorité physiques, localisés, délimités géographiquement.[…] »
Dans la suite de l’introduction, l’auteur relate l’historique du terme et les notions qu’il a pu recouvrir au cours des années.
Les sciences sociales ne proposent pas une seule définition de l’espace public car il recouvre de nombreuses réalités comme l’indique la définition d’espace dans le Dictionnaire des sciences humaines :
« Du point de vue des sciences sociales, le terme d’espace recouvre des significations et des enjeux différents, qui correspondent à des moments de l’histoire de la géographie :
- L’espace de l’étendue terrestre.
- L’espace organisé, produit des acteurs économiques.
- L’espace (sous) produit social des rapports de production
- L’espace comme territoire. »
D’un point de vue légal, l’espace public correspond à des lieux clairement identifiés. La circulaire du 2 mars 2011 définit ainsi l’étendue l’espace public :
« La définition de l'espace public
La notion de voies publiques n'appelle pas de commentaire.
Constituent des lieux ouverts au public les lieux dont l'accès est libre (plages, jardins publics, promenades publiques...) ainsi que les lieux dont l'accès est possible, même sous condition, dans la mesure où toute personne qui le souhaite peut remplir cette condition (paiement d'une place de cinéma ou de théâtre par exemple). Les commerces (cafés, restaurants, magasins), les établissements bancaires, les gares, les aéroports et les différents modes de transport en commun sont ainsi des espaces publics.
Les lieux affectés à un service public désignent les implantations de l'ensemble des institutions, juridictions et administrations publiques ainsi que des organismes chargés d'une mission de service public. Sont notamment concernés les diverses administrations et établissements publics de l'Etat, les collectivités territoriales et leurs établissements publics, les mairies, les tribunaux, les préfectures, les hôpitaux, les bureaux de poste, les établissements d'enseignement (écoles, collèges, lycées et universités), les caisses d'allocations familiales, les caisses primaires d'assurance maladie, les services de Pôle emploi, les musées et les bibliothèques.
Si vous souhaitez ne conserver qu’une seule définition de l’espace public, la définition législative vous permet de lier les différentes réalités recouvertes par le terme « espace public » tout en vous donnant des exemples concrets. Cette définition montre que l’espace public comprend des espaces de communication (rues, plages, parcs…) mais aussi des lieux clos mais ouverts au public (commerces, administrations, écoles, lieux culturels…).
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter