Question d'origine :
Selon les auteurs et les périodes la destruction majeure de la bibliothèque d'Alexandrie est attribuées à Théodose (~391) ou à Omar (~642). On impute aussi à ce dernier la volonté de jeter à l'eau d'autres textes antiques.
Avons nous actuellement un avis scientifique sur la question de ces destructions? Quel est-il? ( ou comment puis-je m' informer de l'état actuel de la science à ce sujet? )
Avec es remerciements
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 01/04/2015 à 13h42
Bonjour,
L’article Bibliothèque d’Alexandrie. Destructions sur Wikipédia présente la plupart des hypothèses ainsi qu’une importante bibliographie.
Un autre petit rappel des thèses en présence dans le paragraphe La destruction de la Bibliothèque d’Alexandrie, dans Les inventeurs de dictionnaires, par Jean-Claude Boulanger
La thèse de la destruction par Omar des livres d’Alexandrie semble aujourd’hui controversée et parfois même pas évoquée ou pour être aussitôt révoquée :
« Peut-on parler de la bibliothèque d'Alexandrie sans évoquer sa triste fin? Comment alors faire la part du mythe et de la réalité? Revenons un instant à J. Lipse: au lieu d'imputer à César l'incendie qui brisa définitivement le rêve des Ptolémées, l'érudit flamand accuse l'empereur chrétien Théodose (388-395) qui, par intolérance religieuse, aurait mis le feu à la bibliothèque. Mais que dit-on de César? Qu'il aurait incendié l'une des deux bibliothèques d'Alexandrie, celle du Musée, la plus importante, alors que celle du Sérapéion, où auraient été entreposés les textes hébreux, et qui comptait tout de même 42800 papyrus, aurait été sauvegardée. Ces éléments que l'on doit à Tertullien et à Plutarque sont sujets à caution.
Suivons en effet L. Canfora (Préfaces 1989) dans son argumentation: la légende de la destruction apocalyptique d'une bibliothèque unique au monde, celle du Musée, lors de la guerre alexandrine (48-47 av. J.-C.) est démentie essentiellement par le fait que Strabon y travaille en 25-20 av. J.-C. et qu'il donne une description du Musée dans sa Géographie. La destruction est en réalité plus tardive: 270-275 ap. J.-C. probablement, au cours du conflit qui opposa Aurélien à Zénobie et qui se déroula entre autres dans les rues d'Alexandrie. »
Source : La bibliothèque d’Alexandrie, Yvette Auriac, CNDP
Voir Luciano Canfora, qui semble faire référence, notamment ce texte en ligne :
La véritable fin de la bibliothèque d’Alexandrie, dans La Bibliothèque d’Alexandrie et l’histoire des textes, Luciano Canfora, Cahiers du CEDOPAL et La véritable histoire de la Bibliothèque d’Alexandrie.
« Destruction de la bibliothèque
Peu d’éléments permettent de dater la disparition de la grande bibliothèque d’Alexandrie. Selon certaines sources, elle fut ravagée par un incendie pendant la campagne de Jules César en 48 avant J.-C. D’autres auteurs font remarquer que le don de Marc Antoine est la preuve manifeste que la bibliothèque a survécu à cette campagne et suggèrent qu’elle fut détruite lors des batailles livrées par l’empereur Aurélien, en 270 après J.-C. D’autres encore émettent l’hypothèse d’une destruction par les envahisseurs arabes en 641, lors de la conquête de la ville par l’émir Amr ibn al-As. […]
Cette histoire ressort probablement de la propagande chrétienne. Les papyrus ne durent pas des siècles, surtout dans l’atmosphère humide d’Alexandrie. A moins que la Bibliothèque ait employé des équipes de scribes pour recopier les livres en permanence, ils ont dû se désagréger peu à peu. C’est certainement ce qui explique la disparition de la grande bibliothèque d’Alexandrie. L’Empire romain perdant son pouvoir au fil du temps, les crédits de fonctionnement se sont sans doute taris et la bibliothèque, souffrant de négligence, s’est délabrée progressivement. L’hypothèse la plus plausible est que ce qu’il en restait a tout simplement pourri. »
Source : Bibliothèques, une histoire mondiale, James W. P. Campbell, Will Pryce.
Cette hypothèse est due notamment à Roger S. Bagnall dans Alexandria : library of dreams, 2002
A lire aussi le chapitre Apogée et fin de la bibliothèque d’Alexandrie dans Histoire universelle de la destruction des livres, Fernando Baez p. 71 à 84.
Rappelons que dés 1923, P. Casanova dénonce le « mythe » de la destruction par les Arabes dans L’incendie de la Bibliothèque d’Alexandrie par les arabes. Il parle aussi de la « légende » qui attribuerait à Omar d’avoir voulu jeter les livres perses à l’eau.
Le texte La bibliothèque d’Alexandrie lors du califat Rashidun d’Omar ibn al-Khatab est le même que celui de Wikipedia mais permet d'isoler les références à votre sujet. Vous trouverez en ligne la recension par Martine Poulain du livre d’El-Abbadie qui est cité après la note 17.
Quelques références supplémentaires :
What happened to the great Library of Alexandria ?, Ancient History Encyclopedia
The Great Library of Alexandria, qui cite tous les textes antiques sources et fournit une biblibographie de textes contemporains conséquente dont le texte Ashes to ashes ?The Library of Alexandria after 48 BC de Myrto Hatzimichali. publié en 2013, il reprend lui aussi la thèse de R. S. Bagnall.
Bonnes lectures.
L’article Bibliothèque d’Alexandrie. Destructions sur Wikipédia présente la plupart des hypothèses ainsi qu’une importante bibliographie.
Un autre petit rappel des thèses en présence dans le paragraphe La destruction de la Bibliothèque d’Alexandrie, dans Les inventeurs de dictionnaires, par Jean-Claude Boulanger
La thèse de la destruction par Omar des livres d’Alexandrie semble aujourd’hui controversée et parfois même pas évoquée ou pour être aussitôt révoquée :
« Peut-on parler de la bibliothèque d'Alexandrie sans évoquer sa triste fin? Comment alors faire la part du mythe et de la réalité? Revenons un instant à J. Lipse: au lieu d'imputer à César l'incendie qui brisa définitivement le rêve des Ptolémées, l'érudit flamand accuse l'empereur chrétien Théodose (388-395) qui, par intolérance religieuse, aurait mis le feu à la bibliothèque. Mais que dit-on de César? Qu'il aurait incendié l'une des deux bibliothèques d'Alexandrie, celle du Musée, la plus importante, alors que celle du Sérapéion, où auraient été entreposés les textes hébreux, et qui comptait tout de même 42800 papyrus, aurait été sauvegardée. Ces éléments que l'on doit à Tertullien et à Plutarque sont sujets à caution.
Suivons en effet L. Canfora (Préfaces 1989) dans son argumentation: la légende de la destruction apocalyptique d'une bibliothèque unique au monde, celle du Musée, lors de la guerre alexandrine (48-47 av. J.-C.) est démentie essentiellement par le fait que Strabon y travaille en 25-20 av. J.-C. et qu'il donne une description du Musée dans sa Géographie. La destruction est en réalité plus tardive: 270-275 ap. J.-C. probablement, au cours du conflit qui opposa Aurélien à Zénobie et qui se déroula entre autres dans les rues d'Alexandrie. »
Source : La bibliothèque d’Alexandrie, Yvette Auriac, CNDP
Voir Luciano Canfora, qui semble faire référence, notamment ce texte en ligne :
La véritable fin de la bibliothèque d’Alexandrie, dans La Bibliothèque d’Alexandrie et l’histoire des textes, Luciano Canfora, Cahiers du CEDOPAL et La véritable histoire de la Bibliothèque d’Alexandrie.
« Destruction de la bibliothèque
Peu d’éléments permettent de dater la disparition de la grande bibliothèque d’Alexandrie. Selon certaines sources, elle fut ravagée par un incendie pendant la campagne de Jules César en 48 avant J.-C. D’autres auteurs font remarquer que le don de Marc Antoine est la preuve manifeste que la bibliothèque a survécu à cette campagne et suggèrent qu’elle fut détruite lors des batailles livrées par l’empereur Aurélien, en 270 après J.-C. D’autres encore émettent l’hypothèse d’une destruction par les envahisseurs arabes en 641, lors de la conquête de la ville par l’émir Amr ibn al-As. […]
Cette histoire ressort probablement de la propagande chrétienne. Les papyrus ne durent pas des siècles, surtout dans l’atmosphère humide d’Alexandrie. A moins que la Bibliothèque ait employé des équipes de scribes pour recopier les livres en permanence, ils ont dû se désagréger peu à peu. C’est certainement ce qui explique la disparition de la grande bibliothèque d’Alexandrie. L’Empire romain perdant son pouvoir au fil du temps, les crédits de fonctionnement se sont sans doute taris et la bibliothèque, souffrant de négligence, s’est délabrée progressivement. L’hypothèse la plus plausible est que ce qu’il en restait a tout simplement pourri. »
Source : Bibliothèques, une histoire mondiale, James W. P. Campbell, Will Pryce.
Cette hypothèse est due notamment à Roger S. Bagnall dans Alexandria : library of dreams, 2002
A lire aussi le chapitre Apogée et fin de la bibliothèque d’Alexandrie dans Histoire universelle de la destruction des livres, Fernando Baez p. 71 à 84.
Rappelons que dés 1923, P. Casanova dénonce le « mythe » de la destruction par les Arabes dans L’incendie de la Bibliothèque d’Alexandrie par les arabes. Il parle aussi de la « légende » qui attribuerait à Omar d’avoir voulu jeter les livres perses à l’eau.
Le texte La bibliothèque d’Alexandrie lors du califat Rashidun d’Omar ibn al-Khatab est le même que celui de Wikipedia mais permet d'isoler les références à votre sujet. Vous trouverez en ligne la recension par Martine Poulain du livre d’El-Abbadie qui est cité après la note 17.
Quelques références supplémentaires :
What happened to the great Library of Alexandria ?, Ancient History Encyclopedia
The Great Library of Alexandria, qui cite tous les textes antiques sources et fournit une biblibographie de textes contemporains conséquente dont le texte Ashes to ashes ?The Library of Alexandria after 48 BC de Myrto Hatzimichali. publié en 2013, il reprend lui aussi la thèse de R. S. Bagnall.
Bonnes lectures.
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