Question d'origine :
Bonjour.
J'ai entendu parler de l'histoire de Rosemary Brown, cette femme qui communiquait avec certains compositeurs morts et dont elle transmettait de nouvelles oeuvres. Je ne me suis pas énormément renseigné à vrai dire. C'est une belle histoire, qu'on se plait à croire.
Sauf que... d'après ce que j'ai pu lire/entendre, si cette histoire est si crédible et si les oeuvres transmises sont reconnues comme authentiques par les experts en la matière. Comment se fait-il que le cas de Rosemary Brown ne soit pas plus connu ?
Comment expliquer le peu d'enregistrements existants ?
On trouve ci et là quelques petites pièces pour piano.
Beethoven lui aurait dicté une dixième symphonie, et ça n'intéresserait personne ? On parle de plus de 800 oeuvres, où sont-elles ?
Je penche pour le gros canular journalistique qu'on ressort à l'occasion pour le côté sensationnel. Seulement, difficile de trouver des pistes pour éclairer ce mystère.
http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-di ... 7773625451
Je vous fais confiance pour nous apporter la vérité.
Merci !
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 25/08/2014 à 09h52
Bonjour,
Et pourtant ce mystère a fait couler beaucoup d’encre !
Rosemary Brown est née à Londres en 1916. A l’âge de 7 ans, un esprit avec de longs cheveux blancs et une soutane noir lui apparait et lui dit qu’il est un compositeur et qu’il fera d’elle une grande musicienne. Elle l’identifiera, 10 ans plus tard, comme étant Liszt.
C’est en 1964 que Liszt reprend contact avec Rosemary Brown et cette dernière commence à retranscrire des compositions originales qui lui seraient dictées par les plus grands musiciens du passé : Johannes Brahms, Jean Sébastien Bach, Sergei Rachmaninoff, Franz Schubert, Edvard Grieg, Claude Debussy, Frédéric Chopin, Robert Schumann, Ludwing van Beethoven et Wolfgang Amadeus Mozart ainsi que Liszt lui-même.
(Source : Rosemary Brown (spiritualist) / Wikipédia)
L’un après l’autre, ces grands maîtres ont dicté à Mme Brown des compositions originales, dont certaines vont paraître cette semaine [début avril 1970] sur son premier album. Lequel bénéficie d’une généreuse promotion chez Philips Records, qui l’a prudemment intitulé : “Musique de Rosemary Brown… inspirée par Liszt, Chopin, etc.” Cette prudence est compréhensible, même si personne ne met en doute la sincérité de Mme Brown.
Notre médium estime que ces grands compositeurs défunts l’utilisent à la fois comme récepteur et comme émetteur. Jusqu’ici, elle a reçu plus de 400 compositions, et quelque part dans l’au-delà les compositeurs font la queue pour lui en fournir davantage. “Il se présente toutes sortes de gens qui se disent compositeurs, explique-t-elle. Mais Liszt essaie de les canaliser, il joue le rôle de guichet d’accueil.
Chaque compositeur, assure Brown, a sa manière de travailler. “Liszt prend le contrôle de mes mains, poursuit-elle. Il s’en sert comme de gants. Je joue la musique plusieurs fois, puis je l’écris. Chopin me souffle les notes au piano et place mes doigts sur les bonnes touches. Si c’est un lied, Schubert essaie de le chanter, mais il n’a pas une très bonne voix. Beethoven et Bach préfèrent que je sois assise à table avec du papier et un crayon – puis ils me donnent la clé, le tempo, la main gauche et la main droite.”
(Source : Musique : quand Bach, Brahms et Chopin dictaient leurs œuvres depuis l’au-delà / Courrier International)
Le directeur du London College of Music se laisse convaincre pour juger du phénomène et déclare : "Un étudiant en musique pourrait imiter le style d'un compositeur du passé, mais sa musique à elle semble provenir d'une source inconnue." Des spécialistes accourent. Tel Humphrey Searle, lisztien reconnu : "Ce qu'elle m'a joué n'est pas un pastiche. On dirait une œuvre originale de Liszt." Richard Bennett, familier de toute l'œuvre de Debussy : "C'est du Debussy !" Ou Marie Firth, schubertienne patentée : "C'est le langage de Schubert." De passage à Londres, Léonard Bernstein.vient lui-même se faire une opinion et prête ses mains aux trouvailles de Rosemary Brown.
Elle enregistre même quelques pièces sur un disque (Philips n° 6500 093). Seule entorse à sa volonté de ne jamais tirer profit de ce miracle .
(Source : Opus posthume / Huffington Post)
On apprend dans sa nécrologie que les visites des compositeurs cessent au milieu des années 80 quand Rosemary Brown tombe gravement malade.
(Source : Rosemary Brown, a Friend of Dead Composers, Dies at 85 / The New York Times)
Toutefois, les critiques ne vont pas tarder.
Le psychologue Robert Kastenbaum a analysé les compositions musicales de Brown et a commencé à douter qu’elles lui aient été dictées par les esprits de grands compositeurs. […] Il suggérait que les compositeurs étaient des personnalités secondaires de Rosemary Brown elle-même.
Harry Edwards note les déclarations contradictoires de Rosemary Brown autour de sa connaissance musicale :
Au départ, elle déclarait qu’elle n’avait jamais reçue de formation musicale, plus tard, elle signalera qu’elle a suivi 2 ans de leçons et plus récemment, elle admettra que sa famille était férue de musique et qu’elle-même était une musicienne et une pianiste compétente.
(Source : Rosemary Brown (spiritualist) / Wikipédia)
John Sloboda revient sur ce cas, dans son ouvrage L’esprit musicien : la psychologie cognitive de la musique :
Le cas le plus convaincant de la « composition inconsciente » à grande échelle est celui de Rosemary Brown qui affirme recevoir sous forme de dictée des compositions de compositeurs morts. Les œuvres ainsi produites, principalement pour le piano, sont assurément cohérentes et caractéristiques des divers compositeurs qu’elle nomme. Bien qu’elle soit une pianiste raisonnablement compétente, accoutumée au répertoire pianistique classique et romantique, elle ne possède aucune formation formelle à la composition. Ses récits oraux et sa technique d’écriture sont compatibles avec un processus de dictée littérale note par note, aussi, à moins qu’elle ne soit l’auteur d’un canular élaboré qui perdure depuis plusieurs années, ses compositions fournissent-elles la preuve irréfutable de la possibilité de composer inconsciemment sur une grande échelle.
A la lumière des commentaires d’Hindemith, il devient plus facile de comprendre les accomplissements de quelqu’un comme Rosemary Brown. L’on peut considérer qu’elle comprend certaines des règles de construction utilisées dans la musique des maîtres classiques et romantiques. Les compositions qu’elle produit, sont, toutefois, principalement de forme épisodique simple, et il leur manque al maîtrise organique à laquelle parviennent parfois les compositeurs dont elle prétend transmettre le message. Elle est une bonne – encore qu’inconsciente – imitatrice des styles de surface. Si les processus compositionnels n’étaient pas complètement isolés de la conscience, elle ne serait pas plus digne d’attention que les innombrables épigones oubliés de chaque domaine ou effort créateur. Il y absence de la « vision » que ses compositeurs eurent en abondance dans leur vie.
Bonne journée
Et pourtant ce mystère a fait couler beaucoup d’encre !
Rosemary Brown est née à Londres en 1916. A l’âge de 7 ans, un esprit avec de longs cheveux blancs et une soutane noir lui apparait et lui dit qu’il est un compositeur et qu’il fera d’elle une grande musicienne. Elle l’identifiera, 10 ans plus tard, comme étant Liszt.
C’est en 1964 que Liszt reprend contact avec Rosemary Brown et cette dernière commence à retranscrire des compositions originales qui lui seraient dictées par les plus grands musiciens du passé : Johannes Brahms, Jean Sébastien Bach, Sergei Rachmaninoff, Franz Schubert, Edvard Grieg, Claude Debussy, Frédéric Chopin, Robert Schumann, Ludwing van Beethoven et Wolfgang Amadeus Mozart ainsi que Liszt lui-même.
(Source : Rosemary Brown (spiritualist) / Wikipédia)
L’un après l’autre, ces grands maîtres ont dicté à Mme Brown des compositions originales, dont certaines vont paraître cette semaine [début avril 1970] sur son premier album. Lequel bénéficie d’une généreuse promotion chez Philips Records, qui l’a prudemment intitulé : “Musique de Rosemary Brown… inspirée par Liszt, Chopin, etc.” Cette prudence est compréhensible, même si personne ne met en doute la sincérité de Mme Brown.
Notre médium estime que ces grands compositeurs défunts l’utilisent à la fois comme récepteur et comme émetteur. Jusqu’ici, elle a reçu plus de 400 compositions, et quelque part dans l’au-delà les compositeurs font la queue pour lui en fournir davantage. “Il se présente toutes sortes de gens qui se disent compositeurs, explique-t-elle. Mais Liszt essaie de les canaliser, il joue le rôle de guichet d’accueil.
Chaque compositeur, assure Brown, a sa manière de travailler. “Liszt prend le contrôle de mes mains, poursuit-elle. Il s’en sert comme de gants. Je joue la musique plusieurs fois, puis je l’écris. Chopin me souffle les notes au piano et place mes doigts sur les bonnes touches. Si c’est un lied, Schubert essaie de le chanter, mais il n’a pas une très bonne voix. Beethoven et Bach préfèrent que je sois assise à table avec du papier et un crayon – puis ils me donnent la clé, le tempo, la main gauche et la main droite.”
(Source : Musique : quand Bach, Brahms et Chopin dictaient leurs œuvres depuis l’au-delà / Courrier International)
Le directeur du London College of Music se laisse convaincre pour juger du phénomène et déclare : "Un étudiant en musique pourrait imiter le style d'un compositeur du passé, mais sa musique à elle semble provenir d'une source inconnue." Des spécialistes accourent. Tel Humphrey Searle, lisztien reconnu : "Ce qu'elle m'a joué n'est pas un pastiche. On dirait une œuvre originale de Liszt." Richard Bennett, familier de toute l'œuvre de Debussy : "C'est du Debussy !" Ou Marie Firth, schubertienne patentée : "C'est le langage de Schubert." De passage à Londres, Léonard Bernstein.vient lui-même se faire une opinion et prête ses mains aux trouvailles de Rosemary Brown.
Elle enregistre même quelques pièces sur un disque (Philips n° 6500 093).
(Source : Opus posthume / Huffington Post)
On apprend dans sa nécrologie que les visites des compositeurs cessent au milieu des années 80 quand Rosemary Brown tombe gravement malade.
(Source : Rosemary Brown, a Friend of Dead Composers, Dies at 85 / The New York Times)
Toutefois, les critiques ne vont pas tarder.
Le psychologue Robert Kastenbaum a analysé les compositions musicales de Brown et a commencé à douter qu’elles lui aient été dictées par les esprits de grands compositeurs. […] Il suggérait que les compositeurs étaient des personnalités secondaires de Rosemary Brown elle-même.
Harry Edwards note les déclarations contradictoires de Rosemary Brown autour de sa connaissance musicale :
Au départ, elle déclarait qu’elle n’avait jamais reçue de formation musicale, plus tard, elle signalera qu’elle a suivi 2 ans de leçons et plus récemment, elle admettra que sa famille était férue de musique et qu’elle-même était une musicienne et une pianiste compétente.
(Source : Rosemary Brown (spiritualist) / Wikipédia)
John Sloboda revient sur ce cas, dans son ouvrage L’esprit musicien : la psychologie cognitive de la musique :
Le cas le plus convaincant de la « composition inconsciente » à grande échelle est celui de Rosemary Brown qui affirme recevoir sous forme de dictée des compositions de compositeurs morts. Les œuvres ainsi produites, principalement pour le piano, sont assurément cohérentes et caractéristiques des divers compositeurs qu’elle nomme. Bien qu’elle soit une pianiste raisonnablement compétente, accoutumée au répertoire pianistique classique et romantique, elle ne possède aucune formation formelle à la composition. Ses récits oraux et sa technique d’écriture sont compatibles avec un processus de dictée littérale note par note, aussi, à moins qu’elle ne soit l’auteur d’un canular élaboré qui perdure depuis plusieurs années, ses compositions fournissent-elles la preuve irréfutable de la possibilité de composer inconsciemment sur une grande échelle.
A la lumière des commentaires d’Hindemith, il devient plus facile de comprendre les accomplissements de quelqu’un comme Rosemary Brown. L’on peut considérer qu’elle comprend certaines des règles de construction utilisées dans la musique des maîtres classiques et romantiques. Les compositions qu’elle produit, sont, toutefois, principalement de forme épisodique simple, et il leur manque al maîtrise organique à laquelle parviennent parfois les compositeurs dont elle prétend transmettre le message. Elle est une bonne – encore qu’inconsciente – imitatrice des styles de surface. Si les processus compositionnels n’étaient pas complètement isolés de la conscience, elle ne serait pas plus digne d’attention que les innombrables épigones oubliés de chaque domaine ou effort créateur. Il y absence de la « vision » que ses compositeurs eurent en abondance dans leur vie.
Bonne journée
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