Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais savoir comment on peut connaître le nombre des espèces vivant sur terre. Et surtout, comment peut-on dire que dans le temps mis à découvrir une nouvelle espèce, 4 ou 5 espèces disparaissent avant que nous ayons eu le temps de les découvrir. Comment peut-on calculer cette proportion?
Merci d'avance!
Philippe
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 18/02/2015 à 10h16
Bonjour,
Pour ce qui concerne le nombre d’espèces :
« Il existe 1 800 000 espèces d’êtres vivants qui sont connues et décrites. le nombre réel, selon des estimations vraisemblables, est compris entre 5 et 10 millions, car des groupes entiers comme les insectes et les champignons sont encore bien mal connus. On peut raisonnablement admettre que le nombre d’espèces connues est très proche du nombre réel chez les Mammifères et les oiseaux. Par contre, le nombre d’espèces connues de Bactéries, d’Insectes, d’Arachnides, de Champignons, de Nématodes, de Crustacés, représente seulement une faible partie du nombre réel d’espèces. De 1758, date de parution du Systema naturae de LINNE et du début de la description des espèces, à 1843 la moitié des espèces d’oiseaux ont été décrites [sic], et il a fallu 125 ans pour découvrir et décrire l’autre moitié, ce qui montre que les espèces sont de plus en plus difficiles à découvrir et que l’inventaire est presque terminé. Dans le cas des Arachnides et des crustacés, on a découvert de 1960 à 1970 autant d’espèces que depuis 1758 soit en 202 ans. Ces chiffres indiquent qu’il existe encore beaucoup d’espèces inconnues dans ces deux groupes. De nouvelles découvertes ont encore lieu tous les jours, même parmi les espèces de grande taille ou chez celles qui vivent dans les contrées proches des grands centres de recherche. »
(La Biodiversité)
L’ouvrage donne ensuite de nombreux exemples concernant différentes espèces. Vous voyez en tout cas que les biologistes procèdent par évaluations, par rapport aux espèces découvertes et aux périodes de découverte.
Quant à la disparition des espèces, L’Extinction d’espèce est entièrement consacré à ce concept et à son histoire, de l’Antiquité au XXe siècle. Il précise en préambule que malgré l’alarmisme autour de la crise de la biodiversité :
« Il est cependant surprenant de constater combien les données scientifiques factuelles qui appuient ces propos sont fragiles, sinon inexistantes. Ainsi, la « Liste Rouge » de l’UICN recense à peine 1000 espèces animales et végétales éteintes au cours des cinq derniers siècles. Dans le même temps, la magnitude de la biodiversité est évaluée à 10 millions d’espèces environ, et les systématiciens continuent de décrire chaque année 16 000 nouvelles espèces, qui s’ajoutent aux 1,9 millions déjà connues. »
L’auteure, « spécialiste d’un groupe d’invertébrés particulièrement exposé à l’extinction » expose que « les outils de mesure de l’érosion de la biodiversité sont essentiellement les vertébrés supérieurs (oiseaux, mammifères) qui ne constituent que 1% du total des espèces. De fait, l’essentiel de la biodiversité n’est ni médiatique ni charismatique : il s’agit pour l’essentiel d’invertébrés petits et rares, qui n’ont pas reçu de noms scientifiques et/ou n’ont pas fait l’objet de recherches sur le terrain depuis 30, 50 ou même 100 ans. »
« Le tigre vaudra, semble-t-il, toujours plus que 400 000 coléoptères.»
« Au-delà de l’approche comptable », les scientifiques, biogéographes notamment, ont d’autres moyens d’évaluation, notamment un rapport aires-espèces qui établit des relations entre la surface, la spécificité du milieu et le nombre d’espèces potentielles :
« Les relations aires-espèces appliquées à la déforestation des forêts tropicales suggèrent que la perte de 50% des forêts tropicales entraîne l’extinction de 10% de leur biodiversité ; s’il existe 30 millions d’espèces d’arthropodes dans la forêt tropicale, alors la perte de 50% des forêts entraînerait la perte de 3 millions d’espèces. Rapporté à une période de 50 ans, ce modèle prévoit donc l’extinction de 60 000 espèces par an. La force de ce modèle est son pouvoir prédictif, même si ces 60 000 espèces sont des arthropodes non décrits, éteints avant même d’avoir été collectés, décrits et nommés. »
La destruction des milieux naturels étant, elle, visible et quantifiable, ses conséquences sur la biodiversité le sont par un calcul de proportion, nonobstant la destruction de la biodiversité végétale elle-même.
Nous vous recommandons ces deux livres, tout à fait passionnants.
Bonne journée.
Brinckiella arboricola, Adult female from Goegap Nature Reserve, South Africa
Source : The Smallest majority
©P. Naskrecki
Pour ce qui concerne le nombre d’espèces :
« Il existe 1 800 000 espèces d’êtres vivants qui sont connues et décrites. le nombre réel, selon des estimations vraisemblables, est compris entre 5 et 10 millions, car des groupes entiers comme les insectes et les champignons sont encore bien mal connus. On peut raisonnablement admettre que le nombre d’espèces connues est très proche du nombre réel chez les Mammifères et les oiseaux. Par contre, le nombre d’espèces connues de Bactéries, d’Insectes, d’Arachnides, de Champignons, de Nématodes, de Crustacés, représente seulement une faible partie du nombre réel d’espèces. De 1758, date de parution du Systema naturae de LINNE et du début de la description des espèces, à 1843 la moitié des espèces d’oiseaux ont été décrites [sic], et il a fallu 125 ans pour découvrir et décrire l’autre moitié, ce qui montre que les espèces sont de plus en plus difficiles à découvrir et que l’inventaire est presque terminé. Dans le cas des Arachnides et des crustacés, on a découvert de 1960 à 1970 autant d’espèces que depuis 1758 soit en 202 ans. Ces chiffres indiquent qu’il existe encore beaucoup d’espèces inconnues dans ces deux groupes. De nouvelles découvertes ont encore lieu tous les jours, même parmi les espèces de grande taille ou chez celles qui vivent dans les contrées proches des grands centres de recherche. »
(La Biodiversité)
L’ouvrage donne ensuite de nombreux exemples concernant différentes espèces. Vous voyez en tout cas que les biologistes procèdent par évaluations, par rapport aux espèces découvertes et aux périodes de découverte.
Quant à la disparition des espèces, L’Extinction d’espèce est entièrement consacré à ce concept et à son histoire, de l’Antiquité au XXe siècle. Il précise en préambule que malgré l’alarmisme autour de la crise de la biodiversité :
« Il est cependant surprenant de constater combien les données scientifiques factuelles qui appuient ces propos sont fragiles, sinon inexistantes. Ainsi, la « Liste Rouge » de l’UICN recense à peine 1000 espèces animales et végétales éteintes au cours des cinq derniers siècles. Dans le même temps, la magnitude de la biodiversité est évaluée à 10 millions d’espèces environ, et les systématiciens continuent de décrire chaque année 16 000 nouvelles espèces, qui s’ajoutent aux 1,9 millions déjà connues. »
L’auteure, « spécialiste d’un groupe d’invertébrés particulièrement exposé à l’extinction » expose que « les outils de mesure de l’érosion de la biodiversité sont essentiellement les vertébrés supérieurs (oiseaux, mammifères) qui ne constituent que 1% du total des espèces. De fait, l’essentiel de la biodiversité n’est ni médiatique ni charismatique : il s’agit pour l’essentiel d’invertébrés petits et rares, qui n’ont pas reçu de noms scientifiques et/ou n’ont pas fait l’objet de recherches sur le terrain depuis 30, 50 ou même 100 ans. »
« Le tigre vaudra, semble-t-il, toujours plus que 400 000 coléoptères.»
« Au-delà de l’approche comptable », les scientifiques, biogéographes notamment, ont d’autres moyens d’évaluation, notamment un rapport aires-espèces qui établit des relations entre la surface, la spécificité du milieu et le nombre d’espèces potentielles :
« Les relations aires-espèces appliquées à la déforestation des forêts tropicales suggèrent que la perte de 50% des forêts tropicales entraîne l’extinction de 10% de leur biodiversité ; s’il existe 30 millions d’espèces d’arthropodes dans la forêt tropicale, alors la perte de 50% des forêts entraînerait la perte de 3 millions d’espèces. Rapporté à une période de 50 ans, ce modèle prévoit donc l’extinction de 60 000 espèces par an. La force de ce modèle est son pouvoir prédictif, même si ces 60 000 espèces sont des arthropodes non décrits, éteints avant même d’avoir été collectés, décrits et nommés. »
La destruction des milieux naturels étant, elle, visible et quantifiable, ses conséquences sur la biodiversité le sont par un calcul de proportion, nonobstant la destruction de la biodiversité végétale elle-même.
Nous vous recommandons ces deux livres, tout à fait passionnants.
Bonne journée.
Brinckiella arboricola, Adult female from Goegap Nature Reserve, South Africa
Source : The Smallest majority
©P. Naskrecki
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