Question d'origine :
Cher guichet,
Pouvait-on être un bon courtisan à la Cour de Louis XIV si l'on était myope ? Comment faisait-on pour reconnaître les personnages importants et éviter les faux pas diplomatiques sans pouvoir les distinguer à plus de quelques centimètres ?
Merci pour votre réponse !
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 29/01/2015 à 14h33
Bonjour,
Les courtisans binoclards étaient-ils en vue à la cour de Louis XIV ? Ne serait-ce pas plutôt la question ?
Les lunettes que vous portez peut-être pour nous lire sont le fruit de l’évolution de divers procédés nés au fil des siecles :
L’histoire des lunettes se confond avec celle des sciences. La vision humaine est un phénomène complexe difficile à comprendre. Les différents défauts de l’œil (surtout la myopie) sont connus relativement tôt. En attendant l’invention des lunettes, au XIIIe siècle, on cherche surtout à grossir les textes à l’aide de perles de verre. L’accès à la lecture restant encore très confidentiel, la vue et la lumière intéressent avant tout l’élite. En cherchant à expliquer les mécanismes de sa vision, l’homme fait progresser de nombreuses disciplines : la philosophie, l’anatomie et la médecine et ce qui deviendra l’optique.
Les penseurs de l’antiquité étudient et analysent la vision de manière relativement détaillée : Aristote (IXe siècle av. J.-C.) comprend le rôle de la lumière dans le mécanisme de la vision et la définit comme un phénomène physique.
L’anatomiste romain Galien, (IIe siècle), précurseur de la chirurgie, a l’intuition de l’influx nerveux. Il comprend que le nerf optique transporte l’information recueillie par la rétine jusqu’au cerveau, qui analyse cette information en vision. Gallien comprend également le phénomène de la cataracte (opacification du cristallin) et met au point une technique opératoire permettant de faire basculer le cristallin opacifié.
Au Moyen Âge, les principales avancées scientifiques sont réalisées dans le monde islamique. Alhazen (XIe siècle) est considéré comme le père de l’optique moderne. Il étudie l’œil, son anatomie, ses maladies et leurs traitements. Il considère également la lumière comme un phénomène physique et étudie sa propagation dans différents milieux. Il introduit ainsi les notions de réfraction, de réflexion et de transmission de la lumière. Son traité d’optique tiendra lieu de référence dans le monde connu jusqu’à Newton. Chicago, 1976.
Les lunettes, quant à elles, apparaissent au XIIIe siècle en Occident. Dans un premier temps, aussi appelées bésicles, elles se limitent à deux verres grossissants maintenus ensemble par un clou. À partir du XIIIe siècle elles font ainsi des apparitions dans des tableaux et des gravures représentants des lettrés. Léonard de Vinci (XVe siècle) consacre un traité d’optique resté célèbre pour ses schémas anatomiques très détaillés.
Galilée perfectionne la lunette astronomique inventée en Hollande et corrige ses imperfections optiques. Grâce à cet outil, il réalise des observations qui lui permettent d’étayer sa fameuse théorie héliocentriste.
La révolution dans le domaine survient au XVIIe siècle avec Newton. Sa théorie de la gravité aborde également les propriétés de la lumière. Les lois physiques élaborées par Newton restent appliquées dans l’optique moderne, même si la théorie de la relativité d’Einstein relie la lumière à la notion d’espace-temps.
Source: Lunetterie en France.
Dès le Ier siècle, le philosophe Sénèque constate qu'un objet observé à travers un ballon de verre rempli d'eau apparaît plus gros. À la même époque, Pline l'Ancien décrit l'utilisation d'une émeraude par l'empereur Néron pour suivre les combats de gladiateurs ; il est possible que ce soit là une lentille optique pour corriger la myopie, mais l'usage de l'émeraude peut s'expliquer également par la croyance en la vertu de la couleur, voire de la pierre elle-même.
Le Moyen Âge voit se développer, dans les monastères en particulier, l'usage de la pierre de lecture, loupe grossissante posée sur le texte écrit, destinée à combattre les effets de la presbytie. Leur invention est parfois attribuée à Abbas Ibn Firnas, berbère andalou du IXe siècle, connu pour avoir mis au point la technique de taille du cristal de roche. Les travaux d'Alhazen, fondateur de l'optique physiologique, autour de l'an mille, donnent un fondement scientifique à cette technologie. Son traité a été traduit en latin au XIIe siècle, peu avant l'invention des lunettes de correction de la vue en Italie, sans que le lien entre les deux évènements soit cependant clairement attesté. Avant d'être en verre, les « pierres de lecture » étaient réalisées en pierre semi-précieuse (lentille surfacée de béryl) ou en cristal de roche, la technique de fabrication du verre produisant encore trop de bulles et d'impuretés5.
Le moine franciscain Roger Bacon s'appuie sur les travaux d'Alhazen pour expérimenter des « pierres de lecture » en verre : dans son Opus Majus de 1268, il apporte la preuve scientifique que le surfaçage particulier de verres lenticulaires permet d'agrandir les petites lettres. Son invention aurait été vulgarisée par les moines dominicains Spina et Giordano rencontrés lors de son séjour à Pise6. C'est au XIIIe siècle à Florence que le physicien Salvino degli Armati met au point une paire de verres enchassée dans un cercle de bois, dont l'épaisseur et la courbure permettent de grossir les objets et les textes. La lunetterie et l'ophtalmologie se développent dès lors en Italie7. Les premières besicles, lunettes sans branches et qui se fixent sur le nez, apparaissent à Venise à la fin du XIIIe siècle. Elles consistent en deux lentilles convexes rondes, en verre de Murano aux qualités optiques supérieures, enchâssées dans des cercles en bois, en corne ou en cuir, et attachées individuellement à des manchons rivetés par un clou : ces lourdes « besicles clouantes », principalement utilisées par les moines copistes, permettent ainsi la vision binoculaire mais n'améliorent que la presbytie. Les besicles clouantes symbolisent progressivement l'érudition, de nombreuses œuvres d'art représentant philosophes, moines ou médecins portant ces « clouants ». L’invention de l’imprimerie accroît la demande en lunettes. Au XVe siècle, les besicles évoluent avec le remplacement du clou par un pont qui peut être en bois, en métal, en corne, en cuir, en écaille de tortue ou en fanon de baleine : ce sont les « besicles à pont arrondi ». Elles seront munies, dans les siècles suivants, d'un ruban noué derrière le crâne ou d'une ficelle autour de l'oreille pour assurer un meilleur maintien.
Les verres concaves apparaissent pour les myopes à Florence en 1440 et leur première description se trouve dans l'ouvrage De Beryllo de Nicolas de Cues9. En 1645, Jacques Bourgeois améliore les besicles en imaginant des verres concaves d'un côté de l'œil et convexes de l'autre. En 1728, l'opticien anglais Edward Scarlett (en) crée les premières montures avec de courtes branches terminées par un anneau métallique (parfois recouvert de velours) qui se plaque sur les tempes : ces « lunettes à tempes » sont portées essentiellement par les nobles, les courtes branches permettant le retrait des lunettes sans déranger la perruque. Lorsque la perruque cesse d'être à la mode, Scarlett innove encore en rallongeant les branches et en les courbant aux extrémités de façon qu'elles se fixent derrière les oreilles : les lunettes modernes sont nées.
Les bourgeois quant à eux utilisent plutôt le binocle au XVIIe siècle puis le face à main au XVIIIe siècle, ce dernier étant concurrencé par le monocle et le pince-nez au XIXe siècle4,12. En France, sieur Thomin, miroitier lunetier parisien, fabrique en 1746 ces « lunettes à tempes » appelées « lunettes à tempes permettant de respirer à l'aise » car elles remplacent les pince-nez. Toutefois, leur pression provoque des maux de tête13. En 1752, l'opticien anglais James Ayscough (en) crée les premières lunettes à verres teintés. Ce sont pour lui des lunettes correctrices et non des lunettes de soleil car il pensait que les teintes bleues ou vertes corrigeaient la vision. Elles sont munies de branches articulées par une charnière, ce qui diminue l'inconfort de la pression des branches sur le nez et les tempes. Ces lunettes dont les branches passent par-dessus les oreilles sont appelées « lunettes à oreilles ».
Les verres étaient ronds jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, qui voit alors se développer la mode des verres ovales venue d'Angleterre : plus petits et de meilleure qualité optique, ces verres allègent considérablement la monture. Les lunettes à double foyer sont créées en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle4. En 1796, Pierre-Hyacinthe Caseaux maître-cloutier à Morez s'inspire des Anglais qui produisent déjà des montures en métal et adapte des techniques propres à l'art du métal pour réaliser une fine monture : du fil de fer encercle les verres et des tenons (faisant également office de charnière) soudés de chaque côté des cercles de la monture sont traversés par une vis qui permet de serrer les cercles autour du verre. Ces lunettes « fils » ont un grand succès et Morez est depuis devenue la capitale de la lunetterie française, représentant à elle seule 55 % de son chiffre d'affaires. Ensemble, les villes de Morez et Oyonnax, cette dernière étant spécialisée dans les montures plastiques, représentent 80 % de la lunetterie française.
Au XIXe siècle, les lunettes se démocratisent mais sont encore jugées inesthétiques. Leur production en masse grâce à la mécanisation supplante désormais la fabrication artisanale jusque alors effectuée par des orfèvres et forgerons qui créaient des lunettes sur mesure ou en série et qui étaient vendues par des colporteurs9. En 1825, le physicien George Airy invente les verres correcteurs corrigeant l'astigmatisme. Cinq cents ans après l'apparition des besicles fixées sur le nez, on voit apparaître aux alentours de 1840 des pince-nez plus légers. Portés par les femmes comme par les hommes, ces objets statutaires appelés aussi « lunettes en fil de fer de Nuremberg » sont populaires et portés jusque vers 19355. Les « lunettes à oreilles » sont vendues jusqu'en 1857, année au cours de laquelle l'opticien parisien Poulot invente le support nasal.
En 1959, Bernard Maitenaz crée Varilux, le premier verre progressif pour corriger la presbytie.Lunettes sur Wikipédia.
Voir aussi cet article plus détaillé : Histoire des lunettes et lorgnettes insolites de Marcel Gilson.
Pour les formes et matériaux utilisés, voir : l’évolution de la mode optique
Sur le site Ma mutuelle, quelques bigleux célèbres.
Quelques documents pour y voir plus clair :
A vue d’oeil
Prothèses lunatiques
Le Moyen Age sur le bout du nez
De quand ça date ?
L’érotique des lunettes :
Professeur de lettres à l'université, F. Evrard propose de se pencher sur la charge érotique des lunettes, qui en servant à se dissimuler, mais aussi à se protéger, font naître mystère et fantasme. Il aura recours à des oeuvres littéraires (La Fontaine, Poe, Hoffman, Raymond Jean...) ainsi qu'à des oeuvres cinématographiques (Hitchcock, Woody Allen, Kubrick...).
Source: Florence.Apnl.
Les courtisans binoclards étaient-ils en vue à la cour de Louis XIV ? Ne serait-ce pas plutôt la question ?
Les lunettes que vous portez peut-être pour nous lire sont le fruit de l’évolution de divers procédés nés au fil des siecles :
L’histoire des lunettes se confond avec celle des sciences. La vision humaine est un phénomène complexe difficile à comprendre. Les différents défauts de l’œil (surtout la myopie) sont connus relativement tôt. En attendant l’invention des lunettes, au XIIIe siècle, on cherche surtout à grossir les textes à l’aide de perles de verre. L’accès à la lecture restant encore très confidentiel, la vue et la lumière intéressent avant tout l’élite. En cherchant à expliquer les mécanismes de sa vision, l’homme fait progresser de nombreuses disciplines : la philosophie, l’anatomie et la médecine et ce qui deviendra l’optique.
Les penseurs de l’antiquité étudient et analysent la vision de manière relativement détaillée : Aristote (IXe siècle av. J.-C.) comprend le rôle de la lumière dans le mécanisme de la vision et la définit comme un phénomène physique.
L’anatomiste romain Galien, (IIe siècle), précurseur de la chirurgie, a l’intuition de l’influx nerveux. Il comprend que le nerf optique transporte l’information recueillie par la rétine jusqu’au cerveau, qui analyse cette information en vision. Gallien comprend également le phénomène de la cataracte (opacification du cristallin) et met au point une technique opératoire permettant de faire basculer le cristallin opacifié.
Au Moyen Âge, les principales avancées scientifiques sont réalisées dans le monde islamique. Alhazen (XIe siècle) est considéré comme le père de l’optique moderne. Il étudie l’œil, son anatomie, ses maladies et leurs traitements. Il considère également la lumière comme un phénomène physique et étudie sa propagation dans différents milieux. Il introduit ainsi les notions de réfraction, de réflexion et de transmission de la lumière. Son traité d’optique tiendra lieu de référence dans le monde connu jusqu’à Newton. Chicago, 1976.
Les lunettes, quant à elles, apparaissent au XIIIe siècle en Occident. Dans un premier temps, aussi appelées bésicles, elles se limitent à deux verres grossissants maintenus ensemble par un clou. À partir du XIIIe siècle elles font ainsi des apparitions dans des tableaux et des gravures représentants des lettrés. Léonard de Vinci (XVe siècle) consacre un traité d’optique resté célèbre pour ses schémas anatomiques très détaillés.
Galilée perfectionne la lunette astronomique inventée en Hollande et corrige ses imperfections optiques. Grâce à cet outil, il réalise des observations qui lui permettent d’étayer sa fameuse théorie héliocentriste.
La révolution dans le domaine survient au XVIIe siècle avec Newton. Sa théorie de la gravité aborde également les propriétés de la lumière. Les lois physiques élaborées par Newton restent appliquées dans l’optique moderne, même si la théorie de la relativité d’Einstein relie la lumière à la notion d’espace-temps.
Source: Lunetterie en France.
Dès le Ier siècle, le philosophe Sénèque constate qu'un objet observé à travers un ballon de verre rempli d'eau apparaît plus gros. À la même époque, Pline l'Ancien décrit l'utilisation d'une émeraude par l'empereur Néron pour suivre les combats de gladiateurs ; il est possible que ce soit là une lentille optique pour corriger la myopie, mais l'usage de l'émeraude peut s'expliquer également par la croyance en la vertu de la couleur, voire de la pierre elle-même.
Le Moyen Âge voit se développer, dans les monastères en particulier, l'usage de la pierre de lecture, loupe grossissante posée sur le texte écrit, destinée à combattre les effets de la presbytie. Leur invention est parfois attribuée à Abbas Ibn Firnas, berbère andalou du IXe siècle, connu pour avoir mis au point la technique de taille du cristal de roche. Les travaux d'Alhazen, fondateur de l'optique physiologique, autour de l'an mille, donnent un fondement scientifique à cette technologie. Son traité a été traduit en latin au XIIe siècle, peu avant l'invention des lunettes de correction de la vue en Italie, sans que le lien entre les deux évènements soit cependant clairement attesté. Avant d'être en verre, les « pierres de lecture » étaient réalisées en pierre semi-précieuse (lentille surfacée de béryl) ou en cristal de roche, la technique de fabrication du verre produisant encore trop de bulles et d'impuretés5.
Le moine franciscain Roger Bacon s'appuie sur les travaux d'Alhazen pour expérimenter des « pierres de lecture » en verre : dans son Opus Majus de 1268, il apporte la preuve scientifique que le surfaçage particulier de verres lenticulaires permet d'agrandir les petites lettres. Son invention aurait été vulgarisée par les moines dominicains Spina et Giordano rencontrés lors de son séjour à Pise6. C'est au XIIIe siècle à Florence que le physicien Salvino degli Armati met au point une paire de verres enchassée dans un cercle de bois, dont l'épaisseur et la courbure permettent de grossir les objets et les textes. La lunetterie et l'ophtalmologie se développent dès lors en Italie7. Les premières besicles, lunettes sans branches et qui se fixent sur le nez, apparaissent à Venise à la fin du XIIIe siècle. Elles consistent en deux lentilles convexes rondes, en verre de Murano aux qualités optiques supérieures, enchâssées dans des cercles en bois, en corne ou en cuir, et attachées individuellement à des manchons rivetés par un clou : ces lourdes « besicles clouantes », principalement utilisées par les moines copistes, permettent ainsi la vision binoculaire mais n'améliorent que la presbytie. Les besicles clouantes symbolisent progressivement l'érudition, de nombreuses œuvres d'art représentant philosophes, moines ou médecins portant ces « clouants ». L’invention de l’imprimerie accroît la demande en lunettes. Au XVe siècle, les besicles évoluent avec le remplacement du clou par un pont qui peut être en bois, en métal, en corne, en cuir, en écaille de tortue ou en fanon de baleine : ce sont les « besicles à pont arrondi ». Elles seront munies, dans les siècles suivants, d'un ruban noué derrière le crâne ou d'une ficelle autour de l'oreille pour assurer un meilleur maintien.
Les verres concaves apparaissent pour les myopes à Florence en 1440 et leur première description se trouve dans l'ouvrage De Beryllo de Nicolas de Cues9. En 1645, Jacques Bourgeois améliore les besicles en imaginant des verres concaves d'un côté de l'œil et convexes de l'autre. En 1728, l'opticien anglais Edward Scarlett (en) crée les premières montures avec de courtes branches terminées par un anneau métallique (parfois recouvert de velours) qui se plaque sur les tempes : ces « lunettes à tempes » sont portées essentiellement par les nobles, les courtes branches permettant le retrait des lunettes sans déranger la perruque. Lorsque la perruque cesse d'être à la mode, Scarlett innove encore en rallongeant les branches et en les courbant aux extrémités de façon qu'elles se fixent derrière les oreilles : les lunettes modernes sont nées.
Les bourgeois quant à eux utilisent plutôt le binocle au XVIIe siècle puis le face à main au XVIIIe siècle, ce dernier étant concurrencé par le monocle et le pince-nez au XIXe siècle4,12. En France, sieur Thomin, miroitier lunetier parisien, fabrique en 1746 ces « lunettes à tempes » appelées « lunettes à tempes permettant de respirer à l'aise » car elles remplacent les pince-nez. Toutefois, leur pression provoque des maux de tête13. En 1752, l'opticien anglais James Ayscough (en) crée les premières lunettes à verres teintés. Ce sont pour lui des lunettes correctrices et non des lunettes de soleil car il pensait que les teintes bleues ou vertes corrigeaient la vision. Elles sont munies de branches articulées par une charnière, ce qui diminue l'inconfort de la pression des branches sur le nez et les tempes. Ces lunettes dont les branches passent par-dessus les oreilles sont appelées « lunettes à oreilles ».
Les verres étaient ronds jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, qui voit alors se développer la mode des verres ovales venue d'Angleterre : plus petits et de meilleure qualité optique, ces verres allègent considérablement la monture. Les lunettes à double foyer sont créées en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle4. En 1796, Pierre-Hyacinthe Caseaux maître-cloutier à Morez s'inspire des Anglais qui produisent déjà des montures en métal et adapte des techniques propres à l'art du métal pour réaliser une fine monture : du fil de fer encercle les verres et des tenons (faisant également office de charnière) soudés de chaque côté des cercles de la monture sont traversés par une vis qui permet de serrer les cercles autour du verre. Ces lunettes « fils » ont un grand succès et Morez est depuis devenue la capitale de la lunetterie française, représentant à elle seule 55 % de son chiffre d'affaires. Ensemble, les villes de Morez et Oyonnax, cette dernière étant spécialisée dans les montures plastiques, représentent 80 % de la lunetterie française.
Au XIXe siècle, les lunettes se démocratisent mais sont encore jugées inesthétiques. Leur production en masse grâce à la mécanisation supplante désormais la fabrication artisanale jusque alors effectuée par des orfèvres et forgerons qui créaient des lunettes sur mesure ou en série et qui étaient vendues par des colporteurs9. En 1825, le physicien George Airy invente les verres correcteurs corrigeant l'astigmatisme. Cinq cents ans après l'apparition des besicles fixées sur le nez, on voit apparaître aux alentours de 1840 des pince-nez plus légers. Portés par les femmes comme par les hommes, ces objets statutaires appelés aussi « lunettes en fil de fer de Nuremberg » sont populaires et portés jusque vers 19355. Les « lunettes à oreilles » sont vendues jusqu'en 1857, année au cours de laquelle l'opticien parisien Poulot invente le support nasal.
En 1959, Bernard Maitenaz crée Varilux, le premier verre progressif pour corriger la presbytie.Lunettes sur Wikipédia.
Voir aussi cet article plus détaillé : Histoire des lunettes et lorgnettes insolites de Marcel Gilson.
Pour les formes et matériaux utilisés, voir : l’évolution de la mode optique
Sur le site Ma mutuelle, quelques bigleux célèbres.
Quelques documents pour y voir plus clair :
A vue d’oeil
Prothèses lunatiques
Le Moyen Age sur le bout du nez
De quand ça date ?
L’érotique des lunettes :
Professeur de lettres à l'université, F. Evrard propose de se pencher sur la charge érotique des lunettes, qui en servant à se dissimuler, mais aussi à se protéger, font naître mystère et fantasme. Il aura recours à des oeuvres littéraires (La Fontaine, Poe, Hoffman, Raymond Jean...) ainsi qu'à des oeuvres cinématographiques (Hitchcock, Woody Allen, Kubrick...).
Source: Florence.Apnl.
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