Question d'origine :
Je télécharge parfois des ebooks gratuits et je suis tombé sur un auteur étrange, plus étrange que ses romans d'ailleurs.
Il se fait appeler Al-Thana, et l'invraisemblance de sa biographie laisse penser à un canular. A-t-on des informations plus claires, d'autant qu'il semble avoir été "importé" en France par un auteur qui semble aussi abracadabrantesque que lui: Vouk Voutcho, un playboy yougoslave vivant en Haute-Savoie.
La biographie d'Al-Thana est savoureuse et son autoportrait au stade embryonnaire est à voir.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 03/09/2014 à 10h03
Bonjour,
Vouk Voutcho, « l’introducteur » d’Al Thana en France, est dûment répertorié par la Bibliothèque nationale de France, service des langues slaves du Sud, comme « Écrivain et metteur en scène serbe », né en 1937 et qui vit à Paris depuis 1970. Ses romans sont publiés par L’âge d’homme et Seuil notamment.
Les Editions de chambre, dont le site ne mentionne que les publications de Vouk Voutcho, fondateur, et Al Thana, sont également le support du « Grand prix des œuvres posthumes ». A y regarder de plus près, le site présente Al Thana comme l’« alter ego » de Vouk Voutcho, soit littéralement un autre lui-même, ce qu’Ajar était à Jarry ou Vernon Sullivan à Vian.
Le « Grand prix » dont Al Thana est premier et seul lauréat est doté de la mirifique somme de 1.000.001 euros et « sera attribué à l’avenir, tous les 1er avril, à des auteurs trépassés, nous ayant remis personnellement leurs œuvres posthumes avant le 35 mars au cours de l’année. »
Le prix est d’autre part accompagné de la remise d’une « photo-de-la-photo de D. Bellon du célèbre objet-sculpture du surréaliste québécois Jean Benoît, Le nécrophile, 1965 », accompagné « d’un texte inédit du mystérieux Jean Benoît, publié dans le Dictionnaire général du surréalisme : " Être ou ne pas être, là n’est plus la question. [...] Être, paraître, pour accéder au bien-être... "
Jean Benoît était cité par André Breton en 1965 comme un des 10 auteurs les plus authentiques de son temps et Le Nécrophile, lui, est vrai : c’était un costume réalisé par Jean Benoît pour un pièce d’Arrabal, un temps surréaliste et longtemps pataphysicien.
Nous sommes dans la veine de « la mystification gratuite, le vrai poisson d’avril » littéraire, comme en réalisa Pascal Pia. Reste à savoir si les textes d’Al Thana relèvent, eux, du pastiche ? Le seul récit de leur découverte, par Madame Skinner, dans la mansarde où défunta le « clochard céleste », assorti d’un « autoportrait de l’artiste lors de sa vie embryonnaire », offre de nombreuses clés et références à la littérature surréaliste ou anticonformiste.
Sources :
Les mauvaises fréquentations, blog de Thierry Savatier
Sur les supercheries littéraires
Vouk Voutcho, « l’introducteur » d’Al Thana en France, est dûment répertorié par la Bibliothèque nationale de France, service des langues slaves du Sud, comme « Écrivain et metteur en scène serbe », né en 1937 et qui vit à Paris depuis 1970. Ses romans sont publiés par L’âge d’homme et Seuil notamment.
Les Editions de chambre, dont le site ne mentionne que les publications de Vouk Voutcho, fondateur, et Al Thana, sont également le support du « Grand prix des œuvres posthumes ». A y regarder de plus près, le site présente Al Thana comme l’« alter ego » de Vouk Voutcho, soit littéralement un autre lui-même, ce qu’Ajar était à Jarry ou Vernon Sullivan à Vian.
Le « Grand prix » dont Al Thana est premier et seul lauréat est doté de la mirifique somme de 1.000.001 euros et « sera attribué à l’avenir, tous les 1er avril, à des auteurs trépassés, nous ayant remis personnellement leurs œuvres posthumes avant le 35 mars au cours de l’année. »
Le prix est d’autre part accompagné de la remise d’une « photo-de-la-photo de D. Bellon du célèbre objet-sculpture du surréaliste québécois Jean Benoît, Le nécrophile, 1965 », accompagné « d’un texte inédit du mystérieux Jean Benoît, publié dans le Dictionnaire général du surréalisme : " Être ou ne pas être, là n’est plus la question. [...] Être, paraître, pour accéder au bien-être... "
Jean Benoît était cité par André Breton en 1965 comme un des 10 auteurs les plus authentiques de son temps et Le Nécrophile, lui, est vrai : c’était un costume réalisé par Jean Benoît pour un pièce d’Arrabal, un temps surréaliste et longtemps pataphysicien.
Nous sommes dans la veine de « la mystification gratuite, le vrai poisson d’avril » littéraire, comme en réalisa Pascal Pia. Reste à savoir si les textes d’Al Thana relèvent, eux, du pastiche ? Le seul récit de leur découverte, par Madame Skinner, dans la mansarde où défunta le « clochard céleste », assorti d’un « autoportrait de l’artiste lors de sa vie embryonnaire », offre de nombreuses clés et références à la littérature surréaliste ou anticonformiste.
Les mauvaises fréquentations, blog de Thierry Savatier
Sur les supercheries littéraires
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