Question d'origine :
Pourquoi vivons nous , dans quel but ?
Réponse du Guichet
avant d’être une pensée philosophique réfléchie et critique, la question du sens de la vie nous apparaît quand même, peut-être, au stade d’un sentiment. Sentiment de vivre, d’être. Et nous avons besoin de l’éclaircir. Nous construisons une pensée sur le monde et sur notre vie, cela nous donne une terreur psychologique déterminée, qui peut être plus ou moins joyeuse ou tragique. Ou bien, nous avons ce sentiment avant tout, et notre philosophie en découle.
L’idée même d’un sens de la vie reste la plupart du temps, chez nous tous, au stade de pré-compréhension, encore plus obscure que dans le cas des questions de l’Odéon (« où se trouve l’Odéon ? » peut avoir plusieurs significations selon la ville où l’on se trouve ndlr) ou de la baguette. Nous ressentons vaguement que la vie doit avoir un sens ; l’idée de non-sens nous révolte ou nous effraie ; mais nous ne pouvons pas préciser quel est ce sens ni en quoi cela peut consister précisément qu’il y ait un sens.
Daniel Ramirez
Bonjour,
Le Guichet a déjà tenté de répondre à cette question sur le sens de la vie !
Vous trouverez les piste de réflexion données par nos collègues du département Civilisation dans cette précédente réponse.
Daniel Ramirez, dans son ouvrage La vie a-t-elle un sens ?, se propose, lui aussi, d’explorer quelques raisonnements autour de sur cette question insolite (ce sont ces propres mots !) :
Ainsi, avant d’être une pensée philosophique réfléchie et critique, la question du sens de la vie nous apparaît quand même, peut-être, au stade d’un sentiment. Sentiment de vivre, d’être. Et nous avons besoin de l’éclaircir. Nous construisons une pensée sur le monde et sur notre vie, cela nous donne une terreur psychologique déterminée, qui peut être plus ou moins joyeuse ou tragique. Ou bien, nous avons ce sentiment avant tout, et notre philosophie en découle.
L’idée même d’un sens de la vie reste la plupart du temps, chez nous tous, au stade de pré-compréhension, encore plus obscure que dans le cas des questions de l’Odéon (« où se trouve l’Odéon ? » peut avoir plusieurs significations selon la ville où l’on se trouve ndlr) ou de la baguette. Nous ressentons vaguement que la vie doit avoir un sens ; l’idée de non-sens nous révolte ou nous effraie ; mais nous ne pouvons pas préciser quel est ce sens ni en quoi cela peut consister précisément qu’il y ait un sens.
Daniel Ramirez détaille dans ce livre, différentes pistes sur ce qu’est le sens de la vie :
Car que pourrait vouloir dire que la vie a un sens ? Qu’elle a une signification ? Qu’elle « veut dire » quelque chose ? […]
Pourtant la question nous parle. Elle nous parle plus simplement quand, par exemple, Camus commence Le mythe de Sisyphe en disant qu’« il n’y a qu’une question philosophique importante : le suicide » ( !), et il enchaîne : « juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie », et un peu plus loin : « je juge donc que le sens de la vie est la plus pressante des questions ».
L’auteur prend ici l’exemple de Mère Thérèsa ou de Nelson Mandela dont il ne viendrait à personne l’idée de se demander si leur vie a eu un sens.
Le sens dépasse la propre vie, se projette largement sur autrui. Dans la figure de l’accomplissement la vie ne s’arrête ni dans l’individu ni dans son entourage propre. Ces personnes donnent leur vie, non pas dans le sens d’un sacrifice, en mourant pour une cause, mais en vivant pour elle
Il faut remarquer que ce qui nous paraît ici comme une vie accomplie, n’est pas quelque chose comme le bonheur ou la « vie bonne » des Grecs, car Mandela a passé de nombreuses années en prison avant de pouvoir mettre en pratique ses idéaux.
La recherche d’un sens de la vie n’est donc pas l’aspiration au bonheur. Et encore moins ce qui peut être appelé le bien-être.
Si nous disons que le sens de la vie peut être quelque chose comme le fil conducteur qui donne intelligibilité et unité, intégration ou cohérence à un possible récit autobiographique, que dire de quelqu’un qui poursuivrait dans sa vie des fins contradictoires ? Peut-on parler d’une vie à contre-sens ?
Jadis le sens de la vie était assuré par les grandes religions . Mais le monde laïcisé d’aujourd’hui serait-il dépourvu de sens ? C’est ce que certains n’hésitent pas à affirmer, en tirant la leçon des grandes œuvres littéraires du XXe siècle : Kafka, Beckett, par exemple, mais aussi Camus, déjà mentionné, ne semblent écrire que cela : le monde est absurde, la vie n’a pas de sens.
Enfin, Daniel Ramirez donne sa conclusion sur cette question philosophique :
La vie […] a-t-elle un
Peut-être ne pouvons-nous pas répondre. Ceci ne veut pas dire pour autant que la question soit absurde ou impossible. Cela signifie seulement que
Nous ne savons plus y répondre parce que nous avons été coupés des sources du sens qui dans l’histoire se sont proposés à l’homme, comme nous l’avons vu. Et aussi parce que nous nous sommes coupés de nous-mêmes, ayant rompu les liens qui pouvaient nous intégrer dans une tradition ou une appartenance communautaire
Nous sommes devenus incapable de donner une réponse universelle, ou au moins collective, sans que cela devienne appartenance fanatique et fermeture.
Pour aller plus loin :
• La vie a-t-elle un sens ? / Philosophie Magazine
• L’existence / Laurent Cournarie
• Les Philosophies de l’existence et les limites des hommes
• Meaning of life / Wikipédia
Bonne journée