Question d'origine :
Pourquoi, lorsque je me documente sur les explorations extrêmes telles les incursions d'européens en Amérique avant Colomb, la circumnavigation de Magellan, l'approche de l'Antarctique par James Cook, ou à l'aube des civilisations (que les découvertes font reculer de plus en plus loin dans le temps) ou tout simplement quand je pense à l'étendue et la profondeur de l'océan ou de l'univers, pourquoi donc ces évocations me provoquent-elle des vertiges ou des maux de têtes qui me font cesser le temps d'une minute toute activité?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 17/07/2014 à 15h12
Bonjour,
Le sentiment que vous éprouvez pourrait s’approcher de ce que Romain Rolland a décrit dans sa correspondance avec Freud comme un « sentiment océanique ». C'est devenu une « notion de psychologie et de spiritualité qui se rapporte à l'impression ou à la volonté de se ressentir en unité avec l'univers (ou avec ce qui est « plus grand que soi ») parfois hors de toute croyance religieuse. » (Wikipédia)
Freud la qualifie de mystique et comprend mal cette expérience que Romain Rolland décrit comme « quelque chose d'illimité, d'infini, en un mot d'océanique ».
Dans son commentaire sur « l’idée de nature », Jean-Pierre Gourinat associe ce sentiment au rapport qu’on peut avoir avec la nature : « l'une des attitudes fondamentales de l'homme par rapport à la nature, celle que Pierre Hadot appelle « orphique », va apparaître à son tour comme une forme d'exercice spirituel, d'« oubli de soi » dans le sentiment océanique de la nature, éprouvé de manière cosmique. »
Le sentiment que vous éprouvez pourrait donc naître d’une relation à la nature, d’un rapport au monde que P. Hadot appelle « orphique », c'est-à-dire « contemplative et esthétique », contrairement à l’attitude « prométhéenne » basée sur « l’illusion orgueilleuse » de connaître et dominer la nature.
Sources :
Michel de CERTEAU, « MYSTIQUE », Encyclopædia Universalis.
Jean-Baptiste GOURINAT, « LE VOILE D'ISIS. ESSAI SUR L'HISTOIRE DE L'IDÉE DE NATURE (P. Hadot) », Encyclopædia Universalis.
Le sentiment que vous éprouvez pourrait s’approcher de ce que Romain Rolland a décrit dans sa correspondance avec Freud comme un « sentiment océanique ». C'est devenu une « notion de psychologie et de spiritualité qui se rapporte à l'impression ou à la volonté de se ressentir en unité avec l'univers (ou avec ce qui est « plus grand que soi ») parfois hors de toute croyance religieuse. » (Wikipédia)
Freud la qualifie de mystique et comprend mal cette expérience que Romain Rolland décrit comme « quelque chose d'illimité, d'infini, en un mot d'océanique ».
Dans son commentaire sur « l’idée de nature », Jean-Pierre Gourinat associe ce sentiment au rapport qu’on peut avoir avec la nature : « l'une des attitudes fondamentales de l'homme par rapport à la nature, celle que Pierre Hadot appelle « orphique », va apparaître à son tour comme une forme d'exercice spirituel, d'« oubli de soi » dans le sentiment océanique de la nature, éprouvé de manière cosmique. »
Le sentiment que vous éprouvez pourrait donc naître d’une relation à la nature, d’un rapport au monde que P. Hadot appelle « orphique », c'est-à-dire « contemplative et esthétique », contrairement à l’attitude « prométhéenne » basée sur « l’illusion orgueilleuse » de connaître et dominer la nature.
Michel de CERTEAU, « MYSTIQUE », Encyclopædia Universalis.
Jean-Baptiste GOURINAT, « LE VOILE D'ISIS. ESSAI SUR L'HISTOIRE DE L'IDÉE DE NATURE (P. Hadot) », Encyclopædia Universalis.
Commentaire de
andrehistoire :
Publié le 21/07/2014 à 09:55
L'immensité donne le tournis car nous ne pouvons concevoir concrètement l'infini. Paradoxalement, la vision de l'immensité nous renvoie à notre finitude, angoissante car l'espace renvoie au temps.
Petite expérience :
Allongez-vous sur le sol, pieds et jambes légèrement écartés, dans un champ permettant une très large vision de l'espace du ciel. Au bout de quelques instants, si vous laissez "vagabonder" votre esprit, vous aurez le tournis.
La vision de l'immensité (en haut d'une montagne, au fond d'un océan…) est d'abord du plaisir (jouissance), qui poussé à son extrême peut devenir trop fort et provoquer une angoisse qui peut se traduire par des vertiges, le tournis, voir la perte de connaissance.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 22/07/2014 à 08h19
Bonjour,
Nous remercions Andrehistoire pour cette contribution.
Le type d'expérience que vous décrivez peut également renvoyer dans certains cas aux symptômes de l'agoraphobie :
Des troubles anxieux se manifestant par des vertiges peuvent effectivement être provoqués dans des situations de peur de grands espaces ouverts.
Cet article de Doctissimo présente les troubles de l'agoraphobie. La peur des grands espaces en fait partie :
Les situations qui cristallisent les peurs des agoraphobes sont donc extrêmement variées. Elles correspondent à des lieux très fréquentés et/ou clos (manifestations, embouteillages, ascenseurs, grands magasins, transports en commun, réunions de travail en "vase clos"...) mais aussi, ce qui peut sembler paradoxal, à de grands espaces sans présence humaine (plaine désertique, paysage enneigé, pont très long, tunnel...).
Voir aussi :
- La peur des espaces (agoraphobie, claustrophobie)
- Psychologies.com
Nous remercions Andrehistoire pour cette contribution.
Le type d'expérience que vous décrivez peut également renvoyer dans certains cas aux symptômes de l'agoraphobie :
Des troubles anxieux se manifestant par des vertiges peuvent effectivement être provoqués dans des situations de peur de grands espaces ouverts.
Cet article de Doctissimo présente les troubles de l'agoraphobie. La peur des grands espaces en fait partie :
Les situations qui cristallisent les peurs des agoraphobes sont donc extrêmement variées. Elles correspondent à des lieux très fréquentés et/ou clos (manifestations, embouteillages, ascenseurs, grands magasins, transports en commun, réunions de travail en "vase clos"...) mais aussi, ce qui peut sembler paradoxal, à de grands espaces sans présence humaine (plaine désertique, paysage enneigé, pont très long, tunnel...).
Voir aussi :
- La peur des espaces (agoraphobie, claustrophobie)
- Psychologies.com
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Commentaires 1
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