Question d'origine :
Bonjour,
Je réalise une thématique sur les reporters photos de guerre pour mon travail et je cherche une information en particulier que je ne trouve nulle part...
J'aimerais connaître la différence du prix d'achat par les journaux entre une photo de guerre (prenons par exemple l'Ukraine ou la Syrie aujourd'hui) et une photo people (François Hollande et Julie Gayet par ex.) ;
Je pense au magazine Paris Match qui pourrait faire sa Une de l'une ou l'autre de ces photos.
Je ne cherche pas les prix exacts, bien évidemment, car ils peuvent varier énormément en fonction du sujet, je m'intéresse à une échelle de valeur ou à une moyenne , pour faire réagir mes lecteurs sur la rémunération insuffisante des photographes de guerre.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 12/03/2014 à 16h44
Bonjour,
Il est difficile de trouver les prix que les journaux payent aussi bien pour des photographies de conflits que pour des photographies de people. Les journaux et les photographes cherchant à dissimuler les sommes versées.
Il est cependant plus facile de trouver des estimations de prix pour les paparazzis que pour les reporters de guerre. Ainsi le journal Le Point a publié un article sur les photos de François Hollande et Julie Gayet dans lequel il indique le prix de ces photos :
« Le risque était gros, mais les gains sont indéniables. Closer peut se frotter les mains une semaine tout juste après avoir révélé la liaison cachée entre le président de la République et l'actrice Julie Gayet. Le journal s'est vendu comme des petits pains, il a même fallu réimprimer 150 000 exemplaires pour réapprovisionner certains kiosques. Les premières estimations indiqueraient un niveau de ventes presque multiplié par deux : de 330 000 exemplaires vendus en moyenne en janvier à près de 550 000 exemplaires espérés pour cette semaine historique. Soit un chiffre d'affaires supplémentaire de plus de 300 000 euros au bas mot.
Autour de 30 000 euros le scoop
Il faut rapporter ce chiffre au prix d'achat du scoop. Selon nos informations, Closer aurait acheté les photos au paparazzi autour de 30 000 euros, ce qui reste une bonne affaire. Pour information, les photos de Mazarine et de son père, publiées par Match en 1994 et réalisées par le même photographe, avaient coûté à l'époque 350 000 francs, soit près de 54 000 euros. "Ce genre de clichés n'est pas forcément très rentable, estime un photographe spécialisé, car il y a peu d'acheteurs sur le marché. Ils apportent finalement plus de problèmes que d'argent..." En réalité, il n'y a pas eu de mise en concurrence, puisque Closer a commandé directement les photos au paparazzi, chacun partageant ses infos pour obtenir l'image d'une rumeur qui courait depuis des mois dans Paris. »
Quand il s’agit d’une commande passée à un paparazzi par un journal, les sommes en jeu sont moins importantes que lorsque le paparazzi propose ses photos au plus offrant. Ces informations sont confirmées par le journal 20 minutes :
« Prix fixé à l'avance
«Quand un magazine passe commande à un photographe ou à une agence, ce qu'on appelle 'prendre en garantie', le prix est fixé à l'avance, ça peut être 1000 euros par jour de travail, plus les frais et quelques milliers d'euros pour les clichés», a encore expliqué M. Rostain.
«Le photographe ou l'agence, qui en général garde les droits sur les ventes internationales, peut ensuite 'se refaire' et gagner beaucoup plus en cédant les images à des journaux d'autres pays», a-t-il souligné, estimant que c'était sans doute le cas pour les photos de la duchesse de Cambridge.
«De telles photos, si elle avaient été faites avant puis proposées aux enchères entre 'Match', 'Closer' ou 'Voici', leur prix aurait pu être en centaines de milliers d'euros», a-t-il estimé. M. Rostain a par ailleurs dénoncé l'attitude de la presse populaire britannique, «père la pudeur hypocrite».
Les reporters de guerre ne semblent pas gagner beaucoup d’argent avec la vente de leurs clichés. C’est que souligne Patrick Chauvel, reporter de guerre, dans une interview au Huffington post :
«Argent.
Bien qu'il travaille pour des magazines réputés (Time, Newsweek) et une agence reconnue (Sygma), Patrick Chauvel ne semble pas gagner beaucoup d'argent. C'est à chaque fois une galère pour envoyer ses films, planqués dans la valise d'un touriste. En fait, il ne semble avoir de l'argent que lorsqu'il est en France.
« J'ai déniché un boulot pour me faire un peu de fric : je livre le Herald Tribune, en camionnette, jusque tard dans la nuit. Je dépose des paquets de journaux dans les postes, les gares, les aéroports. Je fonce dans le noir, transportant des milliers de reportages que j'aimerais tant couvrir. Mais, contrairement aux reporters, je suis payé pour le faire. »
Le photographe tente aussi un scoop people, qui se conclut par un échec comique. »
Une étude a été réalisée par la Scam auprès de plus 3400 journalistes sur leurs revenus, elle a été publiée sur le site Grand reporter. Les reporters photographes ont eux aussi interrogé, voici les résultats de l’enquête :
« > Les revenus des reporters de guerre sont significativement plus élevés que l’ensemble des journalistes ayant répondu à l’enquête mais sont aussi plus contrastés. Tout se passe comme si le fait de couvrir des conflits armés se traduisait par une rémunération supérieure, sauf pour les photographes et les réalisateurs.
Ainsi 14% des reporters de guerre perçoivent moins de 20000 € nets/an, 38% entre 20000 et 40000 € et 48% plus de 40000 € (contre respectivement 32%, 44%, 24% pour l’ensemble de l’enquête).Parmi les reporters de guerre, un photographe sur deux et un réalisateur sur trois perçoivent des revenus inférieurs ou équivalents au SMIC (13000 € nets/an), soit une proportion bien supérieure à celle des reporters de guerre en général (10%) et à celle de l’ensemble des répondants (12%).
Seul un tiers d’entre eux a déjà perçu une prime de risque ou une rémunération complémentaire pour couvrir un conflit armé. Il s’agit pour une très large majorité de journalistes TV.
> 25% des journalistes couvrant des conflits armés ne sont pas assurés. Cette proportion est encore plus élevée chez les photographes (50%) et les réalisateurs (44%). Cela signifie que nombre de journalistes partent sur des zones de conflit par leurs propres moyens, sans contrat de travail. > 90% des journalistes ayant déjà couvert un conflit armé ont une carte de presse. Les disparités sont toutefois immenses entre les journalistes radio (100%) ou TV (97%) et les photographes (60%) et les réalisateurs (43%). > 73% des journalistes couvrant les conflits armés trouvent leur métier significativement plus difficile et 49% plus dangereux. De façon moins nette, ils le jugent aussi moins reconnu et moins rémunéré.»
Les photographes de guerre insistent sur le fait qu’ils ne sont pas là pour réaliser des scoops ou prendre la meilleure photo, celle qui sera bien vendue mais pour rendre compte de la réalité d’un conflit dans toutes ses dimensions.
Les photographes qu’ils soient paparazzis ou reporters de guerre ne font pas partie des métiers les mieux payés. En effet, ils travaillent la plupart sur demande de journaux qui prévoient une somme pour leur demande. Les seules possibilités pour vendre leurs photos plus chères sont de les réaliser librement, sans demande mais le risque de ne pas vendre ses photos est grand. Les photographes doivent donc faire un choix.
Pour finir, quelques pistes de lecture :
- Rapporteur de guerre de Patrick Chauvel.
- Voleuse d'images de Deborah Copaken Kogan.
- 40 ans de photo-journalisme : génération Sygma.
Bonne journée.
Il est difficile de trouver les prix que les journaux payent aussi bien pour des photographies de conflits que pour des photographies de people. Les journaux et les photographes cherchant à dissimuler les sommes versées.
Il est cependant plus facile de trouver des estimations de prix pour les paparazzis que pour les reporters de guerre. Ainsi le journal Le Point a publié un article sur les photos de François Hollande et Julie Gayet dans lequel il indique le prix de ces photos :
« Le risque était gros, mais les gains sont indéniables. Closer peut se frotter les mains une semaine tout juste après avoir révélé la liaison cachée entre le président de la République et l'actrice Julie Gayet. Le journal s'est vendu comme des petits pains, il a même fallu réimprimer 150 000 exemplaires pour réapprovisionner certains kiosques. Les premières estimations indiqueraient un niveau de ventes presque multiplié par deux : de 330 000 exemplaires vendus en moyenne en janvier à près de 550 000 exemplaires espérés pour cette semaine historique. Soit un chiffre d'affaires supplémentaire de plus de 300 000 euros au bas mot.
Il faut rapporter ce chiffre au prix d'achat du scoop. Selon nos informations, Closer aurait acheté les photos au paparazzi autour de 30 000 euros, ce qui reste une bonne affaire. Pour information, les photos de Mazarine et de son père, publiées par Match en 1994 et réalisées par le même photographe, avaient coûté à l'époque 350 000 francs, soit près de 54 000 euros. "Ce genre de clichés n'est pas forcément très rentable, estime un photographe spécialisé, car il y a peu d'acheteurs sur le marché. Ils apportent finalement plus de problèmes que d'argent..." En réalité, il n'y a pas eu de mise en concurrence, puisque Closer a commandé directement les photos au paparazzi, chacun partageant ses infos pour obtenir l'image d'une rumeur qui courait depuis des mois dans Paris.
Quand il s’agit d’une commande passée à un paparazzi par un journal, les sommes en jeu sont moins importantes que lorsque le paparazzi propose ses photos au plus offrant. Ces informations sont confirmées par le journal 20 minutes :
« Prix fixé à l'avance
«Quand un magazine passe commande à un photographe ou à une agence, ce qu'on appelle 'prendre en garantie', le prix est fixé à l'avance, ça peut être 1000 euros par jour de travail, plus les frais et quelques milliers d'euros pour les clichés», a encore expliqué M. Rostain.
«Le photographe ou l'agence, qui en général garde les droits sur les ventes internationales, peut ensuite 'se refaire' et gagner beaucoup plus en cédant les images à des journaux d'autres pays», a-t-il souligné, estimant que c'était sans doute le cas pour les photos de la duchesse de Cambridge.
Les reporters de guerre ne semblent pas gagner beaucoup d’argent avec la vente de leurs clichés. C’est que souligne Patrick Chauvel, reporter de guerre, dans une interview au Huffington post :
«
Bien qu'il travaille pour des magazines réputés (Time, Newsweek) et une agence reconnue (Sygma), Patrick Chauvel ne semble pas gagner beaucoup d'argent. C'est à chaque fois une galère pour envoyer ses films, planqués dans la valise d'un touriste. En fait, il ne semble avoir de l'argent que lorsqu'il est en France.
« J'ai déniché un boulot pour me faire un peu de fric : je livre le Herald Tribune, en camionnette, jusque tard dans la nuit. Je dépose des paquets de journaux dans les postes, les gares, les aéroports. Je fonce dans le noir, transportant des milliers de reportages que j'aimerais tant couvrir. Mais, contrairement aux reporters, je suis payé pour le faire. »
Le photographe tente aussi un scoop people, qui se conclut par un échec comique. »
Une étude a été réalisée par la Scam auprès de plus 3400 journalistes sur leurs revenus, elle a été publiée sur le site Grand reporter. Les reporters photographes ont eux aussi interrogé, voici les résultats de l’enquête :
« > Les revenus des reporters de guerre sont significativement plus élevés que l’ensemble des journalistes ayant répondu à l’enquête mais sont aussi plus contrastés. Tout se passe comme si le fait de couvrir des conflits armés se traduisait par une rémunération supérieure, sauf pour les photographes et les réalisateurs.
Ainsi 14% des reporters de guerre perçoivent moins de 20000 € nets/an, 38% entre 20000 et 40000 € et 48% plus de 40000 € (contre respectivement 32%, 44%, 24% pour l’ensemble de l’enquête).
Seul un tiers d’entre eux a déjà perçu une prime de risque ou une rémunération complémentaire pour couvrir un conflit armé. Il s’agit pour une très large majorité de journalistes TV.
> 25% des journalistes couvrant des conflits armés ne sont pas assurés. Cette proportion est encore plus élevée chez les photographes (50%) et les réalisateurs (44%). Cela signifie que nombre de journalistes partent sur des zones de conflit par leurs propres moyens, sans contrat de travail. > 90% des journalistes ayant déjà couvert un conflit armé ont une carte de presse. Les disparités sont toutefois immenses entre les journalistes radio (100%) ou TV (97%) et les photographes (60%) et les réalisateurs (43%). > 73% des journalistes couvrant les conflits armés trouvent leur métier significativement plus difficile et 49% plus dangereux. De façon moins nette, ils le jugent aussi moins reconnu et moins rémunéré.»
Les photographes de guerre insistent sur le fait qu’ils ne sont pas là pour réaliser des scoops ou prendre la meilleure photo, celle qui sera bien vendue mais pour rendre compte de la réalité d’un conflit dans toutes ses dimensions.
Les photographes qu’ils soient paparazzis ou reporters de guerre ne font pas partie des métiers les mieux payés. En effet, ils travaillent la plupart sur demande de journaux qui prévoient une somme pour leur demande. Les seules possibilités pour vendre leurs photos plus chères sont de les réaliser librement, sans demande mais le risque de ne pas vendre ses photos est grand. Les photographes doivent donc faire un choix.
Pour finir, quelques pistes de lecture :
- Rapporteur de guerre de Patrick Chauvel.
- Voleuse d'images de Deborah Copaken Kogan.
- 40 ans de photo-journalisme : génération Sygma.
Bonne journée.
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